SÉANCE 3 › Alphonse de Lamartine, « Le Vallon » (1820) Lord Byron, Le Captif de Chillon (1816)
Publié le 12/06/2015
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SÉANCE 3 › Alphonse de Lamartine,
« Le Vallon « (1820)
Lord Byron, Le Captif de Chillon (1816)
Figures de proue du romantisme, tant par leur destinée que par leur oeuvre, Lamartine et Byron se placent au centre de la séquence consacrée à la « rhétorique des larmes «.
Objectifs :
— Étude du registre lyrique.
— Étude de la versification.
— Rédaction d'un commentaire de texte.
Réponses aux questions [LIVRE ÉLÈVE, P. 105]
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1. Les cinq quatrains ne sont que le début d'un long poème élé-giaque caractérisé par une tonalité mélancolique et des rythmes har¬monieux : utilisation de sonorités assourdies (nasales), allitérations de consonnes liquides [r] et [1], rythme régulier de l'alexandrin (6/6), majoration des rimes féminines.
2. Le glissement de « coeur « à « âme « et le changement de rythme traduisent un apaisement, souligné par l'effet de sourdine de l'allité¬ration finale (en [m]). Le contraste entre le futur négatif (« Mon coeur [...] n'ira plus «) exprimant littéralement le désespoir et le présent paisible (« comme un enfant [...] mon âme s'assoupit «) souligne le rôle joué par la nature « maternelle «.
3. Outre les faits de style liés à la versification, déjà relevés dans la réponse à la question 1, le lyrisme est marqué dans la syntaxe : injonc¬tion atténuée (« prêtez-moi seulement «), nombreux participes passés
(« lassé «, « entremêlée «, « cachés «, « écoulée «, « troublée «, « bercé «), dans les images de l'emphase (périphrases et hyperboles) et les com¬paraisons valorisantes (« La source de mes jours comme eux s'est écoulée «).
4. Les correspondances entre la nature et l'état d'âme tiennent à la comparaison que le poète établit entre les ruisseaux qui « serpent[ent] les contours du vallon« et la vie du poète qui s'écoule, et à l'image de la nature, « asile « pour celui dont «l'âme troublée« attend la mort. C'est le « silence « et la « paix « de la nature qui finalement apporte¬ront le repos par l'assoupissement du trouble, lié au deuil.
Q Écrire
5. On conseillera de construire le développement selon une pro¬gression allant de l'expression du deuil et de la perte vers l'expres¬sion du sentiment panthéiste de la nature, par exemple :
I. Description d'un état d'âme : le désespoir (proximité de la mort ; réminiscences de l'enfance).
II. Rôle de la nature : la consolation (description du lieu — topo¬graphie, caractère harmonieux, équilibre des éléments naturels entre eux —; personnification de la nature — correspondances).
Conclusion sur les liens entre les lieux et l'affectivité, caractéristiques du lyrisme romantique.
Réponses aux questions [LIVRE ÉLÈVE, P. 95]
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1. Rien n'indique l'identité du prisonnier dans la prosopopée ; en revanche, sa qualité de prisonnier est sensible dans les activités dont il rend compte : « j'entrepris de creuser «, 1. 1 ; « aux barreaux de ma lucarne j'étais curieux de me hisser «, 1. 11-12 ; «je regrettai presque
d'avoir ainsi quitté ma chaîne «, I. 40-41 ; « l'ombre de mon obscur cachot retomba sur moi «, 1. 43-44.
2. Dans la 1" strophe, le réseau lexical dominant est celui de la perte (de la liberté, de l'amour, de l'espoir), explicite par le choix du voca¬bulaire et implicite par l'énonciation négative. Dans la 2 strophe domine le lexique de la nature. Celui des émotions remplace pro¬gressivement celui des sensations.
3. Le regard du prisonnier circonscrit le paysage en délimitant ce qui est le plus loin (les « cimes « des «hautes montagnes «), puis il se rapproche en descendant (le « lac à leur pied «), suit un moment la vallée (« le Rhône «) où se précipitent « les torrents « sur « les buissons brisés « ; le regard se relève vers le lac et découvre « la ville « lointaine, les «voiles qui glissaient« et une petite île, assez proche pour que le regard y distingue « trois grands arbres «, « de jeunes fleurs « et des « poissons «. Puis le regard s'élève à nouveau et suit l'aigle « porté par l'aquilon «. Le vol de l'aigle déclenche les larmes et interrompt la des¬cription. L'effet produit sur l'âme par la contemplation du paysage extérieur est d'abord celui de sensations voluptueuses liées au spec¬tacle de la nature (correspondances affectives). Mais ce spectacle fait prendre conscience de la discordance entre l'univers et l'homme, quand les perceptions deviennent tactiles et révèlent le mouvement : les arbres se dressent, le vent souffle, l'eau coule, les fleurs poussent, les poissons nagent, l'aigle se laisse porter par le vent... et le seul mouvement possible pour le prisonnier est la descente dans son cachot.
4. Le besoin de repos du prisonnier peut avoir été provoqué par l'émotion trop forte du spectacle du monde extérieur qui, au lieu d'apporter l'évasion par le regard, renforce le sentiment de l'enfer¬mement. Au lieu d'être gagné par la sérénité de la nature, le prison
nier, conscient d'en être exclu, préfère conserver la sérénité à laquelle il était parvenu dans ses chaînes, en ignorant le monde extérieur.
Écrire
5. Cette nature n'est pas sauvage : la trace de l'homme y est visible (« ville « et « voiles «) et visiblement idéalisée (« blanches murailles « et « plus blanches encore, des voiles «). On peut d'ailleurs supposer que les arbres dressés et les fleurs parfumées de l'« îlot verdoyant« relèvent d'une nature cultivée. Le regard du prisonnier prête à la nature les sentiments fraternels dont il a été privé. Mais son esprit, lucide, lui rappelle l'indifférence de la nature-univers à l'infiniment dérisoire animal condamné à la « fosse funèbre « alors qu'« elles [les montagnes] étaient les mêmes ; leur aspect n'avait pas changé «.
6. On pourrait proposer comme grille de lecture du Captifde Chillon la métaphore de Pascal décrivant la misère de l'homme (Les Pensées, n° 434) et présenter la fin de La Condition humaine de Malraux comme l'actualisation de cette métaphore.
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7. Le cadre géographique (alpin) étant le même, on pourra vérifier une fois encore que le regard « fait « le paysage : les états d'âme des deux captifs sont diamétralement opposés. Paradoxalement, Fabrice découvre le bonheur en prison. En s'interrogeant sur les origines de ce curieux bonheur, on ne manquera pas de souligner les différences biographiques : Fabrice est jeune, amoureux et peut « voir « sa bien-aimée. Il se nourrit de ses rêves ; Bonnivard est sans doute trop épuisé pour rêver encore.
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