Savoie (région historique)

Savoie (région historique), ancienne province historique du sud-est de la France, qui recouvre les actuels départements de la Savoie et de la Haute-Savoie, limitée au nord par le lac Léman et à l'ouest en partie par le Rhône. Elle a longtemps été le centre de la maison de Savoie, famille qui a aussi régné sur le Piémont, la Sicile, la Sardaigne et même sur l'ensemble de l'Italie entre 1861 et 1946.

La Savoie est occupée dès le VII^e siècle av. J.-C. par les Allobroges. Conquise par les armées romaines en 121 av. J.-C., elle n’est définitivement pacifiée que sous Auguste. La région est alors partagée entre plusieurs provinces romaines : la Narbonnaise, la Viennoise et les Alpes grées. À la suite de la chute de l'Empire romain, au V^e siècle, elle passe sous domination burgonde, au siècle suivant, avant de connaître celle des envahisseurs francs. À partir de cette date, elle entre dans une période de partages successoraux des rois francs, mérovingiens et carolingiens, et passe successivement du royaume de Provence à celui de Bourgogne transjurane avant d'être rattachée au Saint Empire en 1032. C'est à partir du XI^e siècle que le développement de la féodalité permet la naissance de la maison de Savoie.

Bénéficiant d'abord du titre de comte, acquis par Humbert I^er aux Blanches Mains, la maison de Savoie profite de sa maîtrise sur les cols en direction de l'Italie pour asseoir son pouvoir sur la région. Ce rôle de « portier des Alpes « donne un pouvoir considérable aux comtes de Savoie, qui en usent sans modération en nouant alternativement des alliances avec leurs différents voisins. Signe du succès de cette politique, en 1416, le comté de Savoie est érigé en duché par l'empereur Sigismond. À cette époque, la cour de Savoie, à Chambéry, est l'une des plus prestigieuses d'Europe. Cependant, cette politique autonome vaut finalement bien des inimitiés à la Savoie, qui passe brièvement sous domination française au XV^e siècle. Déjà, en 1349, Humbert II, en mauvaise posture financière et surtout politique, avait dû se résoudre à céder le Dauphiné au roi de France, qui en avait fait l'apanage du prince héritier du trône de France. À partir du milieu des années 1470, en effet, Louis XI, profitant de la régence de sa sœur Yolande de France sur l'héritier de la maison de Savoie, exerce un véritable protectorat sur la région. Plus tard, la Savoie recouvre une partie de son autonomie, mais, en 1536, elle est envahie par François I^er. Commence alors une période de vingt-trois ans de domination française. Cette domination ne s'interrompt qu'en 1559, avec le traité du Cateau-Cambrésis consacrant l'abandon de l'Italie par la France. Le duc de Savoie recouvre enfin ses possessions et, tirant la leçon de la situation, transfère la capitale de son duché de Chambéry à Turin, moins exposée à la menace française. Ce transfert marque l'intérêt croissant de la maison de Savoie pour les affaires italiennes tandis que la France impose de plus en plus sa domination sur la région savoyarde.

Le XVII^e et le XVIII^e siècle voient la Savoie passer de main en main : occupée par les troupes d'Henri IV, elle subit également le passage des troupes de Louis XIII et de Louis XIV. En 1742, alors que la maison de Savoie règne sur la Sardaigne depuis 1718, la Savoie est occupée par les Espagnols alliés de la France dans la guerre de Succession d'Autriche. Le duc de Savoie ne retrouve ses possessions savoyardes qu'en 1748 avec le traité d'Aix-la-Chapelle. En 1792, les armées révolutionnaires françaises envahissent et occupent la Savoie. Celle-ci devient alors, en 1796, un département français sous le nom de département du Mont-Blanc. Ce n'est qu'en 1815 que la Savoie revient à la maison de Savoie, à la suite du traité de Paris. Mais, en 1860, à la suite d'un plébiscite, la Savoie devient française. Ce transfert avait été envisagé dès 1858, lorsque l'Italie proposait à la France de lui céder la Savoie et Nice en échange de l'aide française contre l'occupation autrichienne et à la condition que les populations concernées consentissent à ce transfert. En avril 1860, le plébiscite montre l'importance de l'accord savoyard : 130 533 votants s'expriment en faveur de la réunion à la France, contre seulement 235. Neuf années plus tard, Aristide Bergès met en place le premier aménagement industriel utilisant l'énergie hydraulique en construisant la première haute chute et en inventant la « houille blanche «.