Salvador: La fin d'une guerre civile de douze ans

1er février 1992 - Les Salvadoriens ont mis fin officiellement à douze années de guerre civile, à l'occasion de plusieurs cérémonies qui ont marqué l'entrée en vigueur, samedi 1 février, d'un cessez-le-feu supervisé par l'ONU. Les dirigeants de la guérilla, parmi lesquels MM. Joaquin Villalobos, Shafick Handal, Eduardo Sancho et Francisco Jovel, tout juste rentrés d'exil, se sont trouvés aux côtés des généraux de l'armée, au pied d'un monument formé d'un globe terrestre surmonté d'un Christ - le " Sauveur " - , qui a donné son nom à ce petit pays de près de six millions d'habitants. Autre scène étonnante : l'ambassadeur des Etats-Unis, M. William Walker, a donné une accolade au " comandante " Villalobos, ennemi juré de Washington. Le principal dirigeant du Front Farabundo Marti pour la libération nationale a mis en garde ceux qui " voient dans les accords de paix la poursuite de la guerre par d'autres méthodes ". Invitant ses partisans à rechercher la " concertation " pour favoriser la réforme agraire, il a déclaré que le FMLN, qui se transformera bientôt en parti politique, " continuera de défendre les intérêts des pauvres " mais dans le cadre d'une " révolution qui ne divise pas la nation ". Rompant avec les discours marxistes passés, les " comandantes " se sont prononcés " pour la libre entreprise, à condition que ce modèle ne profite pas qu'aux riches ". De son côté, le président Alfredo Cristiani a appelé ses concitoyens à un " gigantesque effort moral et spirituel " pour réussir la reconstruction. Une " flamme éternelle " de la paix a été allumée au son de l'Hymne à la joie. Depuis la signature des accords de paix, le 16 janvier, le climat a changé du tout au tout dans ce petit pays : les quelque 6 800 guérilleros, parmi lesquels au moins un Français, sortent progressivement de la clandestinité, misant sur le succès du processus de " réconciliation nationale " BULLETIN Le Monde du 4 février 1992