Saint Augustin - LES CONFESSIONS : Livre X, Chapitre VI
Publié le 16/03/2010
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Ce qui n'est pas douteux, ce dont ma conscience est certaine, Seigneur, c'est que je vous aime. Vous avez frappé mon coeur de votre parole, et je vous ai aimé. Mais le ciel, la terre et tout ce qu'ils renferment, de toutes parts me disent de vous aimer, et ils ne cessent de le dire à tous les hommes, "afin qu'ils soient sans excuse". Vous aurez plus profondément pitié de celui dont vous avez déjà eu pitié, et vous témoignerez votre miséricorde à celui pour qui vous vous serez montré miséricordieux. Autrement le ciel et la terre ne raconteraient vos louanges qu'à des sourds. Mais qu'est-ce que j'aime, en vous aimant ? Ce n'est pas la beauté des corps, ni leur éclat qui passe, ni la clarté du jour qu'aiment tant ces pauvres yeux, ni les douces mélodies des cantilènes variées, ni l'odeur suave des fleurs, des parfums et des aromates, ni la manne, ni le miel, ni les membres, délices des enlacements de la chair. Non ce n'est pas cela que j'aime, quand j'aime mon Dieu. Pourtant j'aime une clarté, une voix, un parfum, une nourriture, un enlacement quand j'aime mon Dieu : c'est la clarté, la voix, le parfum, l'enlacement de "l'homme intérieur" que je porte en moi, là où brille pour mon âme une clarté que ne borne aucun espace, où chantent des mélodies que le temps n'emporte pas, où embaument des parfums que ne dissipe pas le vent, où la table a des saveurs que n'émousse pas la voracité, et l'amour des enlacements que ne dénoue aucune satiété ; voilà ce que j'aime en aimant mon Dieu !
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