russo-turques, guerres
Publié le 09/02/2013
Extrait du document
1 | PRÉSENTATION |
russo-turques, guerres, série de conflits entre les Empires russe et ottoman à partir du XVIIe siècle, qui ont permis à la Russie d’annexer le littoral septentrional de la mer Noire et d’étendre son influence jusqu’aux Balkans.
2 | LES CINQ PREMIÈRES GUERRES RUSSO-TURQUES (1676-1739) |
La Russie et l’Empire ottoman s’affrontent une première fois entre 1676 et 1681, guerre au cours de laquelle la Russie s’adjuge la partie de l’Ukraine située à l’est du Dniepr. Lors de la guerre de 1687-1689, les Turcs repoussent les tentatives russes d’invasion de la Crimée. Le tsar Pierre Ier le Grand, qui accède au pouvoir en 1682, ne tarde pas à ranimer la lutte contre les Ottomans et s’empare de la forteresse d’Azov à l’issue de deux campagnes (1695-1696). Après que la Turquie a apporté son soutien à la Suède lors de la seconde guerre du Nord (1700-1721), le roi de Suède Charles XII incite ses alliés à une nouvelle guerre contre Pierre le Grand (1710). Au terme d’une désastreuse campagne russe en Moldavie, les Turcs récupèrent Azov par la paix du Pruth (21 juillet 1711). La Russie s’allie à l’Autriche pour riposter (1736-1739). Au traité de Belgrade (18 septembre 1739), Azov est cédée à la Russie, en même temps que la portion de steppe bordant la mer Noire entre le Donets et le Bug. Les Russes doivent raser les fortifications de la ville et maintenir leur flotte hors des eaux de la mer Noire.
3 | LES CONQUÊTES RUSSES : DE LA SIXIÈME À LA HUITIÈME GUERRE (1768-1812) |
Le règne de Catherine II la Grande est émaillé de spectaculaires conquêtes. Au cours de la sixième guerre (1768-1774), qui éclate après la violation de la paix du Pruth, les armées russes remportent des victoires capitales en Moldavie, en Valachie et en Crimée. L’armada russe de la Baltique met en outre le cap sur la Méditerranée, où elle anéantit la flotte ottomane au cours de l’été 1770. Par le traité de Kutchuk-Kaïnardji (21 juillet 1774), la Russie obtient de nouvelles portions de steppe le long de la mer Noire ainsi que le droit de naviguer sur celle-ci, tandis que la Turquie s’engage à assouplir sa domination sur les sujets chrétiens de Moldavie, Valachie et Bessarabie.
En 1783, Catherine enlève la Crimée et impose un protectorat sur la Géorgie. Après un ultimatum lancé en juillet 1787, la Turquie se lance à nouveau dans la guerre à partir de février 1788 mais est battue et contrainte, par le traité de Jassy (du nom ancien de Iaşi), le 9 janvier 1792, de céder le littoral de la mer Noire compris entre le Bug et le Dniestr. Au terme d’une nouvelle guerre, de 1806 à 1812, la Russie — déjà en guerre contre la Perse et ayant besoin de sa force de frappe pour contrer une éventuelle invasion napoléonienne — annexe néanmoins la Bessarabie et s’assure ainsi la maîtrise de toute la côte septentrionale de la mer Noire (traité de Bucarest du 28 mai 1812).
4 | L’INTERVENTION DES PUISSANCES EUROPÉENNES |
Au cours de la période suivante, les Russes cherchent à asseoir leur influence politique dans les Balkans et à prendre le contrôle des détroits séparant la mer Noire de la Méditerranée. Ils se heurtent néanmoins à une opposition grandissante de la part des autres puissances européennes, Grande-Bretagne et Autriche notamment, et ne connaissent de ce fait que des succès mitigés.
La crise engendrée par la lutte pour l’indépendance en Grèce entraîne la Russie dans une nouvelle guerre avec la Turquie (1828-1829). Appuyées par la France, les troupes russes traversent la chaîne des Balkans en 1829 et s’emparent, le 20 août, d’Andrinople (actuelle Edirne). Elles marchent sur Constantinople lorsque les Turcs entament des négociations de paix. Outre des territoires à l’embouchure du Danube et dans le Caucase, la Russie obtient, en vertu du traité d’Andrinople (14 septembre 1829), un protectorat sur la Moldavie et la Valachie, désormais autonomes. L’autonomie est également accordée à la Grèce et, dans une moindre mesure, à la Serbie. Trois ans plus tard, un contingent russe s’établit sur les rives du détroit des Dardanelles afin de protéger le sultan ottoman contre les troupes de Méhémet Ali, qui règne alors sur l’Égypte. Cet épisode se conclut par le traité d’Unkiar-Skelessi (1833), qui marque une étape importante dans l’établissement d’un protectorat russe sur l’ensemble de l’Empire ottoman ; la Russie obtient en outre la fermeture des détroits pour les bâtiments de guerre de pays non riverains de la mer Noire. Les nations européennes parviennent à se substituer aux Russes en proposant, par la convention de Londres (1841), leur protection globale.
5 | LA GUERRE DE CRIMÉE (1853-1856) |
Fort de ses acquis, le tsar Nicolas Ier affiche de nouvelles ambitions expansionnistes dès 1852. Ses erreurs d’appréciation sont à l’origine de la guerre de Crimée, qui oppose la Russie à une coalition formée par la Grande-Bretagne, la France, la Sardaigne et la Turquie, et reste un échec majeur pour la politique russe d’expansion vers l’ouest. Par le traité de Paris (30 mars 1856), la Russie perd ses possessions à l’embouchure du Danube ainsi que son protectorat sur la Moldavie et la Valachie. Elle doit également renoncer à maintenir une flotte sur la mer Noire. En 1870, cependant, la Russie révoque unilatéralement la clause de démilitarisation.
6 | LA GUERRE DE 1877-1878 |
En 1875-1876, un soulèvement populaire contre l’Empire ottoman dans l’ensemble des Balkans reçoit un écho favorable en Russie. Le tsar Alexandre II refuse tout d’abord de se lancer dans la bataille, craignant une réaction hostile des puissances européennes, mais l’échec des négociations diplomatiques le pousse finalement à déclarer la guerre à la Turquie le 24 avril 1877. La campagne du Caucase se déroule sans encombre, tandis que celle des Balkans se révèle, contre toute attente, laborieuse et sanglante. Pourtant, au début de l’année 1878, les troupes russes marchent sur Constantinople. Le traité de San Stefano (3 mars 1878) concède à la Russie de vastes territoires dans le Caucase, en Dobroudja, ainsi que le delta du Danube. Il consacre parallèlement l’indépendance de la Roumanie, de la Serbie et du Monténégro, et marque la création d’une vaste principauté bulgare. La Grande-Bretagne et l’Autriche-Hongrie ne voient pas d’un bon œil cet accroissement de la sphère d’influence russe et, en juin 1878, les nations européennes se réunissent au congrès de Berlin pour réviser le traité de San Stefano, ce qui se traduit essentiellement par un redécoupage de la principauté bulgare et une limitation du rôle joué par les Russes au sein de celle-ci.
La Russie ne s’oppose plus à la Turquie avant 1914, probablement consciente d’être trop faible pour s’emparer des détroits face à l’opposition des puissances européennes. Lors de la Première Guerre mondiale, la Grande-Bretagne et la France soutiennent son projet d’annexion de Constantinople et des détroits à l’issue du conflit, mais les défaites subies et la révolution annihilent ces espoirs.
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