Rome est tombée
Publié le 17/01/2022
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A Rome l'occupation allemande, commencée le 8 septembre 1943, s'était faite très pesante avec l'aide de la police fasciste.L'attentat de la via Rasella, en mars 1944 provoqué par les " groupes d'action partisans ", avait déclenché le massacre des troiscent trente-cinq otages des Fosses Ardéatines.
Ravagée autant par la famine que par le marché noir, la communauté des Romainsétait éclatée, déplacée à l'intérieur même de l'enceinte.
Quatre mille juifs étaient cachés dans les couvents et institutions religieuses.Les opposants politiques au fascisme ne dormaient pas chez eux.
Les principaux dirigeants des partis d'avant 1922 formaient leComité de libération nationale, réfugié à Saint-Jean de Latran, sous la protection du pape, à trois cents mètres des cellules de laGestapo, via Tasso.
Représentaient-il vraiment le destin de l'Italie ? La légalité, en cet instant, était à Bari entre les mains du roi Victor-Emmanuel IIIet du cabinet Badoglio, réformé en avril.
L'Italie résistante était dans le nord, à Milan, à Turin, dans les vallées des Alpes, où lesmaquis, surgis des formations militaires démobilisées, avaient tenu tout l'hiver.
La prise de Rome marqua pour les Italiens lemoment où glissa le fondement même du pouvoir.
Victor-Emmanuel III, tenant sa promesse, céda le sien le 5 juin à son fils, leprince de Piémont devenu lieutenant-général du royaume.
Le cabinet Badoglio, remanié en avril pour incorporer tous les partis,était responsable devant lui.
Mais le 8 juin dans un petit salon du Grand Hôtel, le Comité de libération nationale se constitua en gouvernement : leconservateur Ivanoe Bonomi en fut le chef.
Y figuraient notamment Croce, De Gasperi, Saragat, Togliatti.
Pas question deproclamer la République : les forces alliées avaient consigne de réprimer par la force une telle tentation.
Umberto, à l'étonnement d'une partie des membres du CLN, accepta ce transfert de Badoglio à Bonomi, consentant en fait auxdirigeants du CLN un rôle qui amputait les pouvoirs constitutionnels du souverain.
Le processus s'amorça ainsi, qui conduira à laRépublique deux ans plus tard.
Cette transition paisible tout comme l'absence de soulèvement des partisans dans Rome occupée furent très largement dues à lastratégie de Palmiro Togliatti, secrétaire général du parti communiste.
Son retour en Italie, le 27 mars, son affirmation d'un soutientotal à la monarchie et au cabinet Badoglio, ses consignes de prévention contre toute illusion révolutionnaire et républicainenourrie par les partisans du Nord, relevaient d'un marchandage global négocié, sur l'initiative italienne, avec l'URSS.
Reste la Rome de Pie XII, celle qui s'arrête ou commence à la démarcation symbolique des dalles de grès sur la place Saint-Pierre.
Depuis des mois, le pape a mené une bataille diplomatique pour obtenir que Rome soit proclamée " ville ouverte ", que lesforces allemandes n'y stationnent pas, que les Alliés ne bombardent pas.
De fait, si un tel statut n'a jamais été réalisé, lesbelligérants ont pris des ménagements.
Le 2 juin au soir, quand il a encore le choix entre le repli ou l'accrochage dans Rome,Kesselring, faute d'un accord avec les Alliés par l'entremise du Vatican pour maintenir la ville hors de la zone des combats,décide l'évacuation.
JACQUES NOBECOURTLe Monde du 10 juin 1984
CD-ROM L'Histoire au jour le jour © 2002, coédition Le Monde, Emme et IDM - Tous droits réservés.
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