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Robert Brasillach

Publié le 17/01/2022

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Mémoire 1987 - On sait que Robert Brasillach, normalien, romancier, critique littéraire puis rédacteur en chef de Je suis partout, avait prôné, plus encore que la collaboration avec l'Allemagne hitlérienne, une véritable alliance pour assurer l'avenir de la France aux côtés d'une Allemagne victorieuse. Alain Decaux, lors de son émission passionnée, mercredi sur Antenne 2, a bien expliqué en quoi avait consisté le pari perdu de Brasillach. Il s'était, en somme, trompé de vainqueur. L'écrivain qu'il avait été, le journaliste polémiste qu'il était devenu, le militant qu'il ne cesserait plus d'être seraient sanctionnés pour des mots. Pour des phrases tracées au fil d'une plume sans doute alerte, et d'une actualité qui l'était moins. En Brasillach, le 6 février 1945, au fort de Montrouge, on n'a pas fusillé un écrivain mais un journaliste militant. D'un grand talent ? Mais justement. D'où viendrait que le talent excuserait tout ? Et qu'il aurait fallu pardonner les mots, les paroles, les écrits, quand on ne pardonnait pas les actes des brutes qui suivaient à la lettre ces mots, ces paroles, ces écrits ? D'où viendrait qu'il aurait été plus grave de tirer avec une mitraillette que d'encourager des faibles d'esprit à le faire ? Pour les gens dont la plume est le métier, les mots sont des actes, les phrases des actions. Le talent, alors, n'est qu'une circonstance aggravante. Voilà pourquoi on pouvait condamner à mort Brasillach, les lois d'alors le permettant. Ce qui n'excuse pas son exécution : l'heure aurait dû venir, au contraire, de lui appliquer, par une magnanimité ironique, les principes qu'il aurait refusés à d'autres. Car la parole des vainqueurs de 1945 n'aurait pas dû être de la même conséquence que la sienne, s'il avait vaincu avec l'Allemagne, gagnant son pari fou. On hésite encore sur les raisons qui firent que de Gaulle, après avoir annoncé à Me Isorni qu'il gracierait Brasillach, son client, y renonça trois jours plus tard. Parce qu'on lui avait montré une photo au sujet de laquelle il se serait mépris, confondant les visages de Brasillach et de Doriot, ce dernier seul arborant (avec quelle fierté !) un uniforme allemand ? Peu croyable, en tout cas très léger. Pour donner des gages aux communistes ? Plus probable. " C'est un honneur d'être fusillé " Longtemps après, à Colombey, de Gaulle étant retiré des affaires (provisoirement...), on parle du cas de Rebatet, autre nazi français, qui vient d'être condamné à mort. Le président Vincent Auriol va-t-il le gracier ? Un convive évoque le souvenir de Brasillach. De Gaulle lâche : " Vous savez, Rebatet, ça n'est rien. C'est un honneur d'être fusillé. " Ainsi faisait-il écho à ce qu'avait dit Brasillach lui-même à son procès. Quand la sentence de mort fut annoncée, on avait entendu, dans la salle, ce cri : " C'est une honte ! " Brasillach avait répliqué : " Non, c'est un honneur. " En somme, quand on écrit, il faudrait faire très attention car on peut avoir tort, perdre la raison, celle des autres, la guerre et la vie. La manière de perdre rachète certains crimes. La fin de Brasillach fut digne et courageuse.


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