République des Conseils (Munich)
Publié le 21/02/2013
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1 | PRÉSENTATION |
République des Conseils (Munich), (Räterrepublik), forme de gouvernement fondé sur les Conseils d’ouvriers et de soldats. La République des Conseils a été instaurée brièvement en Bavière en avril 1919, après la proclamation de la République bavaroise en novembre 1918, et renversée dans le sang.
Au début de 1919, dans l’Empire allemand, les Conseils d’ouvriers et de soldats (Arbeiter- und Soldatenräte), qui se sont implantés dans la plupart des grandes villes et des ports en novembre 1918, sont déjà pour la plupart renversés ou sur le point de l’être. Mais en Bavière, la question de la forme de gouvernement et du rôle des conseils reste en suspens.
2 | DE LA PROCLAMATION DE LA RÉPUBLIQUE BAVAROISE… |
Le 7 novembre 1918, au cours de la révolution de novembre, un Conseil d’ouvriers et de soldats est fondé à Munich avec pour président Kurt Eisner, qui proclame la République bavaroise. Le 8 novembre, le Parti social-démocrate d’Allemagne (Sozialdemokratische Partei Deutschlands, SPD) et le Parti social-démocrate indépendant (Unabhängigen Sozialdemokratischen Partei Deutschlands, USPD) forment un gouvernement de coalition avec Eisner (USPD) comme ministre-président et ministre des Affaires étrangères et Erhard Auer (SPD) comme ministre de l’Intérieur. Le cabinet décide que de nouvelles élections au Landtag (le Parlement régional) auront lieu le 12 janvier 1919. Mais la gauche radicale — les communistes, les anarchistes et d’autres groupes avec à leur tête, entre autres, les écrivains Erich Mühsam, Ernst Toller et Gustav Landauer — se prononce contre la tenue d’élections et pour un système de conseils.
Les élections du 12 janvier 1919 donnent 33 p. 100 des voix au SPD et seulement 2,5 p. 100 des voix à l’USPD. Les communistes et les anarchistes ont boycotté les élections. Le 21 février, Eisner, qui se rend à la première séance du Landtag nouvellement élu, au cours de laquelle il compte annoncer sa démission du poste de ministre-président, est assassiné par le comte Anton von Arco-Valley. Au cours de la séance, un attentat commis par un membre du Conseil révolutionnaire des ouvriers (Revolutionären Arbeiterrat, RAR) blesse grièvement Auer et tue deux autres personnes. Le Landtag interrompt sa session. Le 28 février, le congrès des Conseils bavarois rejette la proposition de proclamation de la République des Conseils déposée par Mühsam.
3 | …À LA PROCLAMATION DE LA RÉPUBLIQUE DES CONSEILS |
Sur ces entrefaites, le 4 mars, le SPD, l’USPD et l’Union des paysans bavarois se mettent d’accord à Nuremberg sur la constitution d’un gouvernement de coalition, la convocation du Landtag et le renouvellement des conseils. Le congrès des Conseils rejette cet accord et ajourne ses travaux. Le 18 mars, le Landtag se réunit à nouveau, vote la confiance au gouvernement Hoffmann (SPD) et ajourne immédiatement, lui aussi, ses travaux.
Début avril, les Conseils d’ouvriers et de soldats réunis à Augsbourg et à Munich décident qu’il faut instituer la République des Conseils et, le 4 avril, Mühsam et Landauer sont chargés de la rédaction d’une proclamation allant dans ce sens. Le 6 avril, le Conseil central et les organisations révolutionnaires votent définitivement la proclamation de la République des Conseils et élisent les commissaires du peuple (les ministres). La majorité d’entre eux appartient à l’USPD, deux viennent des RAR et trois de l’Union des paysans bavarois. Mühsam ne se voit attribuer aucune fonction officielle, mais reste, en tant que membre du Conseil central et du RAR, l’un des personnages les plus influents de la République des Conseils. Ni les communistes, qui critiquent ouvertement la « soi-disant République des Conseils «, ni les forces socialistes modérées ne sont parties prenantes. Le 7 avril, la République des Conseils est proclamée officiellement à Munich.
Dans un premier temps, diverses autres villes de Bavière se rallient à la République des Conseils mais, au bout du compte, Munich se retrouve pratiquement isolée. Le gouvernement d’Hoffmann se retire à Bamberg et les ministres USPD démissionnent. Le 13 avril, des soldats républicains soutenus par le gouvernement de Bamberg tentent à Munich un putsch contre la République des Conseils et arrêtent treize membres du Conseil central, dont Mühsam. Les putschistes sont neutralisés et des Conseils d’ouvriers et de soldats proches des communistes annoncent la destitution du Conseil central et remettent le pouvoir aux mains d’un conseil exécutif dominé par les communistes et dirigé par Max Levien et Eugen Leviné. Le nouveau gouvernement des Conseils appelle immédiatement à la grève générale. Landauer, jusque-là commissaire à l’Information, prend acte de la nouvelle situation dans une allocution publique et se déclare prêt à coopérer. Toller fait de même.
4 | L’ÉCRASEMENT DE LA RÉPUBLIQUE DES CONSEILS |
Le 14 avril, le gouvernement Hoffmann annonce l’engagement de corps francs contre la République des Conseils, et le 15 avril les « troupes blanches « commencent à encercler Munich. Au début, l’« Armée rouge « des révolutionnaires réussit à se défendre, mais, le 17 avril, le ministre de la Guerre du Reich, Gustav Noske (SPD), décide de prendre des mesures draconiennes contre le gouvernement des Conseils et d’envoyer des troupes pour le renverser : l’étau se resserre rapidement autour de Munich.
Le 22 avril, la grève générale se termine par une grande manifestation. Peu après, la controverse née entre les communistes de Leviné et les révolutionnaires de Toller sur la manière de gouverner et de mener la guerre s’envenime. Le 27 avril, le comité d’action dirigé par Leviné cède la place à un comité provisoire nouvellement élu sous la direction de Toller. Ce dernier reprend immédiatement les négociations avec le gouvernement de Bamberg, mais celles-ci sont bientôt interrompues de nouveau sans résultats. Le 28 avril, un nouveau comité d’action est élu, dont ne font partie ni les communistes, ni Toller.
Les combats contre les Blancs, qui sont déjà dans les banlieues de Munich, s’intensifient alors de nouveau. À partir du 30 avril, ils font rage, tant autour de Munich que dans la ville elle-même. Des « gardes rouges « ainsi que des civils, qui ne participent pourtant pas au combat, sont massacrés et, le 2 mai, la ville est occupée par les troupes du gouvernement et des corps francs. Les combats font près de 1 000 morts. Par la suite, quelque 5 000 personnes sont traduites en justice pour leur participation à la République des Conseils. Landauer est arrêté le 1er mai et assassiné le lendemain. Leviné est condamné à mort le 3 juin et fusillé deux jours plus tard. Toller est condamné à cinq ans de forteresse et Mühsam à quinze ans. Le comte von Arco-Valley, d’abord condamné à mort, voit sa peine commuée en prison à vie, avant d’être finalement libéré en 1924. La République des Conseils a échoué ; Munich évoluera dès lors vers une opposition de centre-droit à la République de Weimar.
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