Relativisme nominaliste : la langue, science bien faite. ETIENNE DE CONDILLAC.
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
Les idées abstraites ne sont donc que des dénominations. Nous voulions absolument y supposer autre chose, nous ressemblerions à un peintre qui s'obstineroit à vouloir peindre l'homme en général, et qui cependant ne peindroit jamais que des individus.
Cette observation sur les idées abstraites et générales démontre que leur clarté et leur précision dépendent uniquement de l'ordre dans lequel nous avons fait les dénominations des classes ; et que par conséquent, pour déterminer ces sortes d'idées, il n'y a qu'un moyen : c'est de bien faire la langue.... Si nous ne raisonnons qu'avec le secours de ces dénominations, c'est une nouvelle preuve que nous ne raisonnons bien ou mal que parce que notre langue est bien ou mal faite. L'analyse ne nous apprendra donc à raisonner qu'autant qu'en nous apprenant à déter-miner les idées abstraites et générales, elle nous apprendra à bien faire notre langue ; et tout l'art de raisonner se réduit à l'art de bien parler....
L'art de raisonner ne se réduit à une langue bien faite, que parce que l'ordre dans nos idées n'est lui-même que la subordination qui est entre les noms donnés aux genres et aux especes....
Convaincus que les classes ne sont que des dénominations, nous n'imaginerons pas de supposer qu'il existe dans la nature des genres et des especes, et nous ne verrons dans ces mots genres et especes, qu'une maniere de classer les choses suivant les rapports qu'elles ont à nous et entre elles. Nous reconnoitrons que nous ne pouvons découvrir que ces rapports, et nous ne croirons pas pouvoir dire ce qu'elles sont. Nous éviterons par conséquent bien des erreurs.
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