Question 152: La rareté de vastes mouvements de grève sous le premier septennat de F.

Question 152: La rareté de vastes mouvements de grève sous le premier septennat de F. Mitterrand est symptomatique. La grève du secteur public, qui débute en décembre 1986, n'en est que plus remarquable. Quelle particularité offre-t-elle: A. d'être boudée par la C.G.T.? B. d'être la plus longue depuis mai 1968? C. d'être particulièrement contestée par la base? Réponse 152 B . D'être la plus longue depuis mai 1968. La grève débute le 12 décembre 1986 et ne se terminera que le 14 janvier 1987. Elle a concerné d'abord les agents de la SNCF, puis s'est étendue à la RATP, avant de gagner l'EDF et le GDF. Sans doute le service minimum a-t-il été assuré, mais la prolongation de la grève irrite au plus haut point l'opinion publique. Un sondage corrobore d'ailleurs l'impopularité du mouvement, indiquant que 59% des Français considèrent les agents des services publics comme des privilégiés. Indiquons aussi que le mouvement est parti de la base et non des syndicats. La longueur de la grève s'explique par le persistant refus du gouvernement de céder sur les revendications salariales, pour ne pas compromettre les heureux résultats d'une inflation réduite à 2,1%. Comme à l'accoutumée, un compromis interviendra et la grève cessera donc le 14 janvier. Elle aura entre-temps été relayée (le 12 janvier) par une grève affectant, cette fois, le corps enseignant: les instituteurs fâchés de se voir imposer des maîtres-directeurs. Si la rareté des conflits sociaux depuis le début du septennat pouvait s'expliquer par le fait d'une gestion socialiste, en dépit de l'instauration de l'austérité et d'un infléchissement vers une politique néo-libérale (les acquis sociaux étant cependant préservés et le chômage apparaissant de plus en plus comme une fatalité structurelle), il semblait inéluctable que le retour de la droite engendre la reprise de l'agitation sociale. L'étonnant est sans doute que celle-ci ait été initiée par la base, en dehors, donc, des syndicats, mais le plus surprenant reste que les conflits sociaux ne se multiplieront pas (sauf une grève de quinze semaines des contrôleurs aériens) sous le régime chiraquien, même dans la conjoncture des privatisations et dans celle du blocage des salaires. Doit-on en attribuer le mérite à la politique contractuelle, secteur par secteur, et au traitement social du chômage? Au fait que le niveau de vie tend à s'améliorer, en raison de la maîtrise de l'inflation? On hasardera une explication supplémentaire. Devant la recrudescence du terrorisme, la France profonde se serait imposée une trêve sociale, comme si elle était incapable de "digérer" deux violences à la fois.