Question 11: Le 8 janvier 1959, le général de Gaulle s'installe à l'Elysée.

Question 11: Le 8 janvier 1959, le général de Gaulle s'installe à l'Elysée. Qui sera dès lors le pensionnaire de Matignon: A. Maurice Couve de Murville? B. Michel Debré? C. Georges Pompidou? Réponse 11 B. Michel Debré, qui occupait jusque là le ministère de la Justice et avait été l'un des auteurs de la Constitution. Michel Debré est l'un des plus anciens compagnons du général de Gaulle. Sa fidélité est à toute épreuve et aura maintes occasions de s'affirmer, car le chef de l'Etat n'entend pas souscrire à une quelconque dyarchie. On notera d'ailleurs le changement de dénomination: le chef du gouvernement cesse d'être appelé président du Conseil (il ne saurait y avoir deux présidents) pour se nommer Premier ministre. C'est en effet ce qu'il est: le premier des ministres sous la tutelle du général de Gaulle, qui détermine les grandes orientations et qui s'est même circonscrit un "domaine réservé" relevant de sa seule compétence. Ce fameux domaine réservé concerne en tous cas la politique étrangère, mais peut englober à l'occasion -- le Général en est seul juge -- des problèmes de politique intérieure. A cet égard, la présence de membres du cabinet élyséen dans les nombreux comités interministériels indique la volonté d'omnipotence de l'Elysée. Arbitre selon la Constitution, le Président s'arroge sans vergogne le rôle de guide et d'animateur. En fait, dans l'apparente dyarchie de l'exécutif, le Premier ministre occupe une place subalterne: courroie de transmission avec l'Assemblée nationale (rappelons que le gouvernement est responsable devant elle) et régulateur des affaires courantes. Cette situation est pourtant en contradiction avec la Constitution qui déclare que "le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation". La souveraineté gaullienne ne s'embarrasse guère de scrupules institutionnels, la situation en Algérie justifiant son autoritarisme. Souvent même le général de Gaulle pratique la démocratie directe, multipliant les interventions sur les ondes (radio et télévision), les conférences de presse, quand ce ne sont les bains de foule où l'élu du peuple renouvelle sa consécration. Indiquons enfin que le choix de Michel Debré répond aussi à un désir de rassurer d'éventuels factieux. La sympathie du Premier ministre pour les tenants de l'Algérie française n'est un mystère pour personne. Dans ce domaine particulier surtout, la fidélité de Debré sera mise à rude épreuve, à mesure que s'infléchira vers une solution strictement algérienne la politique du chef de l'Etat.