Qu'est-ce qui s'incarne par l'art dans la matière sensible ?
Publié le 23/07/2010
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Introduction : L’art pour l’art est un leurre. L’art n’a pas à être décoratif. Le seul principe auquel il doit obéir se rapporte à une nécessité intérieure. L’imitation du monde matériel est une chose révolue. Or, il existe des canons de la beauté, des règles d’harmonie. L’artiste doit les respecter. Il n y a pas à chercher derrière les formes, quelque chose qui dépasserait la matière sensible. L’art ne révèle rien d’autre que ce qu’il matérialise. Ici, se pose un problème conceptuel : l’art incarne t il l’esprit ou une réalité intérieure à travers la matière sensible ? Dans un 1er temps, nous verrons que l’art doit s’affranchir du monde des objets. Son essence est l’incarnation d’une réalité intérieure. Puis, dans une 2ème partie, nous montrerons que l’art est dans l’harmonie des formes et de la surface des matériaux, il n’incarne rien d’autre que de la matière sensible. Thèse : Idée 1 : l’art a bien un but - Kandinsky : « l’art est une puissance dont le but doit être de développer et d’affiner l’âme humaine « (s’oppose à certaines conceptions de son temps) - L’art pour l’art est une idée vide - Toute création artistique digne de ce nom parle à l’âme, à ce qu’il y a de plus spirituel et de plus profond en l’homme Idée 2 : le beau n’obéit à aucune règle déterminée - un tableau « bien peint « n’est certainement pas un tableau qui copie fidèlement la nature, qui respecte à la lettre certains canons esthétiques - le tableau bien peint est l’expression d’une nécessité intérieure. - l’artiste est totalement libre de choisir ses moyens d’expressions. - Ce qui fait sa grandeur, mais aussi sa rigueur morale, c’est de manier les formes de la manière qu’il juge nécessaire pour atteindre ses buts. Idée 3 : le grand réalisme ignore les conventions esthétiques - la réalité matérielle n’a que peu de rapport avec ce que nous percevons. - Ce n’est pas l’imitation de la nature qui compte, mais bien cette spiritualité qui est source de toute beauté. - Les couleurs et les formes n’ont pas à figurer des objets existants. - Elles doivent extérioriser le changement ontologique, entrer en résonance avec l’âme. Antithèse : Idée 1 : l’homme doit se plier aux lois de la composition - léonard de Vinci : il défend l’infini beauté de la nature - l’œil du peintre doit s’exercer à reproduire de manière aussi fidèle que possible. - L’artiste doit étudier les couleurs, mais aussi la perspective, le mouvement, les proportions. - Un certain changement explique sa vocation de peintre, mais cette dernière doit se soumettre aux lois rigoureuses de la composition. Idée 2 : il faut se garder de trop spiritualiser l’art - à vouloir trouver dans l’œuvre d’art un sens caché, à croire qu’elle est l’expression d’un changement intime, tout intérieur, on finit par oublier que la création artistique n’a d’autre existence que matérielle. - François dagognet : l’analyse esthétique est avant tout une analyse des matériaux. - Spiritualiser l’art c’est le dématérialiser. Idée 3 : l’art est la vie des formes - Henri Focillon : analyse des œuvres d’art qui s’en tient aux matières, aux surfaces, aux matériaux. - En ce sens, il rompt avec une certaine tradition plus ou moins romantique, plus ou moins psychologisante. - Il n y a aucune nécessité intérieure qui pousse l’artiste à agencer des figures, abstraites ou non. - Ce sont les formes qui d’elles mêmes s’associent les unes aux autres. Conclusion : Le but de l’art est de s’adresser à l’âme. L’art doit s’affranchir du monde matériel, de toutes les règles académiques. Le seul moteur de l’artiste est le changement ontologique. C’est précisément cela qui nous touche et nous faut apprécier l’art plutôt que le pragmatisme du monde brut. L’art embellit ainsi le réel. Mais, il n y a pas réellement de changement dans l’homme incontournable. L’art est soumis à des lois esthétiques, des lois de composition. Ce sont les matériaux employés qui gouvernent la main de l’artiste et cela nous renvoie inexorablement à une concrétude. Cela n’empêche que cela provoque une émotion intérieure forte chez celui qui le contemple transcendant le réel, transporté vers un nouveau soi, l’avènement d’un homme nouveau (comme le désirait tant Nietzsche) quelque chose de plus intime. L’art permet de renouer avec le réel en le sublimant. ce qui s’incarne par l’art dans la matière sensible, ce serait l’esprit… Matière sensible. - Le mot matière peut être entendu en philosophie de deux façons différentes. Chez les Anciens, il était plutôt pris dans un sens relatif, par opposition à la forme : en ce sens, la matière c'est ce dont une chose est faite, c'est la substance d'Aristote, to hypokeimenon, la causa materialis des scolastiques : chez les Modernes, il est plutôt pris dans un sens absolu, par opposition à l'esprit : il désigne, non la substance en général, mais une certaine espèce de substance, la substance matérielle, celle qui se manifeste à nos sens en contraste avec notre activité consciente, l'objet en tant qu'on l'oppose au sujet. Pour mieux dire, les philosophes anciens, et en particulier Aristote, ne semblent pas avoir jamais démêlé cette équivoque; ils ont inextricablement confondu les deux sens, et c'est seulement croyons-nous, à partir de Descartes, que les deux notions de la matière et de l'esprit ont été nettement définies dans leur opposition réciproque.
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