Quelles connaissances le roman nous permet-il d'acquérir en tant que lecteur ?
Publié le 17/01/2022
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Le roman est un récit d’imagination en prose qui englobe de nombreux genres et courants littéraires. Toutefois les écrivains par leurs histoires, reflètent la société et les mentalités de leur époque, comme le dit Stendhal, « Un roman, c’est un miroir que l’on promène le long d’un chemin «. Mais le roman permet-il une vraie connaissance du monde ? Nous verrons en premier lieu, comment les écrivains parviennent à nous livrer des connaissances aussi bien géographiques et culturelles, qu’historiques, sociologiques ou même psychologiques. Nous montrerons par la suite que certains romans n’ont pas pour but de représenter le monde tel qu’il est, et qu’aucun romancier ne peut traduire l’exacte réalité sans y insérer des remarques subjectives et sa propre vision du monde.
Certes, le roman permet en premier lieu de connaître le monde en étant le reflet d’une société, d’une époque, d’un lieu, d’une pensée…
Certains visent à nous faire visiter le monde et à nous dévoiler des régions et des cultures nouvelles. Les écrivains nous font voyager et nous amènent à la découverte de contrées réelles mais inconnues. Jules Verne par exemple, dans Le tour du monde en 80 jours, nous fait parcourir la Terre à travers ses personnages, et nous décrit les paysages et les modes de vie des pays qu’il parcourt. Il nous livre également des indices géographiques très précis, « Les uns se rendaient à Bombay, les autres à Calcutta, mais via Bombay, car depuis qu’un chemin de fer traverse dans toute sa largeur la péninsule indienne, il n’est plus nécessaire de doubler la pointe de Ceylan «. Les cultures et les traditions sont également des thèmes abordés dans cet ouvrage, et l’on apprend par exemple la terrible condition des veuves en Inde, qui devaient s’immoler en même temps que leur mari. Ce passage dans le livre montre la volonté de l’écrivain de dénoncer ce phénomène, en faisant de son héros, Phileas Fogg, le sauveur d’une jeune veuve.
D’autres s’appuient sur des connaissances historiques et nous permettent à travers un récit de comprendre certaines époques et évènements antérieurs. C’est le cas d’Alexandre Dumas, qui écrivit plusieurs romans historiques, comme par exemple Les Trois Mousquetaires, se déroulant au début du 17ème siècle, et qui contient des repères spatio-temporels précis, « Le premier lundi du moi d’Avril 1625, le bourg de Meung […] «. Plus récemment, La jeune fille à la perle de Tracy Chevalier nous fait découvrir la vie austère des familles hollandaises du 17ème siècle avec celle du peintre Vermeer. Un siècle et un pays nous sont décrits à travers plusieurs milieux sociaux, avec en arrière-plan les conflits religieux de l’époque, la rivalité et l’antagonisme entre les catholiques et les protestants.
De nombreux romans cherchent au contraire à représenter la société de leur époque, à refléter le monde et ses habitants tels qu’ils sont. Le mouvement réaliste par exemple cherche à dépeindre la réalité sans artifices, en traitant de sujets se référant le plus souvent aux classes moyennes et populaires. Balzac entreprend d’écrire la Comédie Humaine, et veut en faire «le plus grand magasin de documents que nous ayons sur la nature humaine«. Par cet ambitieux projet, qui comporte 91 volumes, il veut devenir le « secrétaire « de la société française et « écrire l’histoire […] des mœurs. « Pour ce faire, il décrit des « Scènes de la vie privée «, comme Le père Goriot, des « Scènes de la vie de province « comportant Ursule Mirouët par exemple, ainsi que des Scènes de la vie parisienne, politique, militaire et de la vie de campagne. Stendhal, pareillement, a cherché à représenter le monde le plus justement possible, et pour Le Rouge et Le Noir, il s’est même inspiré de faits réels (l’aventure de Berthet). S’appuyer sur la réalité pour écrire un roman renforce le sentiment de vérité, et l’ascension sociale de Julien Sorel, le héros du livre décrit avec ses qualités mais aussi avec ses défauts, n’en paraît que plus authentique.
Ensuite, la psychologie est également une connaissance dont le roman peut nous apprendre quelques aspects, aussi bien au niveau des sentiments amoureux qu’à la compréhension de nous-mêmes. Madame de Staël, dans la préface de son roman Delphine, déclare que « Les fictions doivent nous expliquer, par nos vertus et nos sentiments, les mystères de notre sort «. Elle estime que les romans se doivent de nous montrer la vérité, qu’ils doivent montrer « l’influence de la morale sur la destinée «, et nous apprendre comment agir et penser vis-à-vis du reste du monde. Elle insiste particulièrement, pour ce faire, sur la psychologie des personnages.
Ainsi, les romans nous apportent de multiples connaissances dans de nombreux domaines (géographiques, culturelles, historiques, sociologiques, psychologiques…), et constituent un véritable apprentissage. Cependant, ceux-ci permettent-ils de se représenter le monde dans son ensemble ? Les écrivains peuvent-ils refléter toute la réalité avec objectivité et rigueur ?
Mais, certains romans n’ont pas pour objectif de refléter la réalité, et aucun écrivain ne peut nous livrer une vision du monde totalement vraie et objective.
Les romans fantastiques par exemple, font appel à des évènements surnaturels et ne peuvent se dérouler dans la réalité. L’épopée épique l’Iliade d’Homère, raconte la guerre que se livrèrent nombre de héros merveilleux, descendants des Dieux de la mythologie grecque. A travers ces représentations divines, on peut retrouver un cadre historique et des traditions propres à la civilisation hellénique, mais le but de cette histoire est de mettre en scène des personnages extraordinaires pour faire rêver et réfléchir les lecteurs. Dans Le Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien, rien ne semble s’accorder au monde réel, les lieux sont imaginaires, les héros sont merveilleux et même la langue et les différentes cultures sont inventées de toutes pièces. L’ambition de l’auteur n’est donc pas de retracer la réalité, mais bien de se libérer de ses contraintes pour écrire au gré de son imagination.
D’autres romans, bien que prenant place dans le monde réel, nous donnent une image idéalisée de la société. Les romans précieux du 17ème siècle par exemple, narrent la vie de personnages sublimes qui incarnent les idéaux de leur époque. C’est le cas du Duc de Nemours, dans La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette, qui est décrit comme « un chef d’œuvre de la nature «, il semble être « au-dessus des autres « par sa beauté, son intelligence, son honneur et sa galanterie. Autant de valeurs admirées et recherchées au 17ème siècle (bien que le roman ait pour cadre l’année 1558), mais qu’aucun homme ne peut posséder dans sa totalité. L’ensemble du livre, d’ailleurs, a pour protagonistes des hommes et des femmes plus vertueux les uns que les autres qui évoluent ensemble dans le cercle de la haute-aristocratie en respectant toujours les codes de l’honneur et de la préciosité. Ce genre de romans apporte une vision faussée du monde, comme le roman de Flaubert, Madame Bovary, peut en témoigner. En effet, durant toute sa jeunesse Emma Bovary a dévoré des romans d’amour « Ce n’étaient que […] forêts sombres, troubles du cœur, serments, sanglots, larmes et baisers «, lui donnant l’illusion que sa propre vie serait à l’image de ses lectures. Par la suite, elle a lu Walter Scott et ses récits historiques romantiques, qui ont accentué son identification aux nobles héroïnes qui ne vivaient que par l’amour. Cette dangereuse éducation par le roman fictif entraîne Madame Bovary à ressentir une attente puis une éternelle insatisfaction devant la médiocrité de la vie qu’elle mène, qui la conduira peu à peu à la déchéance et finalement au suicide.
Enfin, un roman ne peut permettre une entière connaissance du monde, un écrivain n’étant lui-même qu’une facette, il donnera toujours à ses écrits des impressions subjectives, des idées personnelles ou la seule vision du monde qu’il connaisse, la sienne. Même dans le naturalisme qui a pourtant une démarche scientifique, (il consiste à mettre des personnages dans différents lieux et situations et observer comment ils se comportent dans la société), l’écrivain ne peut être neutre, car c’est lui qui dirige les actes de ses personnages et lui seul qui privilégie arbitrairement certains agissements à d’autres. Zola, dans la série des Rougon-Macquart, insère cette notion de roman expérimental où les protagonistes sont livrés à eux-mêmes dans la société, mais il y ajoute sa théorie de l’hérédité où les actions et les pensées des hommes seraient déterminées selon leur généalogie. De nos jours cette théorie est largement controversée et semble avoir été exagérée par Zola, ce qui fausserait la connaissance du monde qu’il avait et qu’il nous faisait partager.
Pour conclure, aucun roman ne permet de se représenter le monde avec exactitude, le roman étant par définition un récit imaginaire, l’écrivain ne pourra pas refléter la réalité dans son ensemble, n’en étant lui-même qu’une facette.
Ainsi, chaque roman apporte de nouvelles connaissances à ses lecteurs sur les différentes régions du monde, les multiples cultures, sur la société ou sur la psychologie. Pour ma part, je pense que même un roman fantastique prenant place dans un univers imaginaire peut se transposer dans la réalité et nous amener à réfléchir. Cependant, certains écrivains ne cherchent pas à retranscrire fidèlement le monde tel qu’il est mais plutôt à l’idéaliser, tandis que d’autres en crée un de toutes pièces pour se libérer des contraintes liées au réel. Enfin, aucun roman ne décrit avec exactitude la réalité. Il reste le fruit de l’imagination et des choix de l’auteur, même si cela est involontaire, car l’on ne peut raconter chaque instant de la vie. Comme le dit si bien Maupassant dans la Préface de Pierre et Jean, « Nous portons chacun notre vérité dans notre pensée et dans nos organes «, et « chacun de nous se fait une illusion du monde «. Le rôle de l’écrivain consiste alors à « reproduire fidèlement cette illusion «.
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son honneur et sa galanterie.
Autant de valeurs admirées et recherchées au 17ème siècle (bien que le roman aitpour cadre l'année 1558), mais qu'aucun homme ne peut posséder dans sa totalité.
L'ensemble du livre, d'ailleurs, apour protagonistes des hommes et des femmes plus vertueux les uns que les autres qui évoluent ensemble dans lecercle de la haute-aristocratie en respectant toujours les codes de l'honneur et de la préciosité.
Ce genre deromans apporte une vision faussée du monde, comme le roman de Flaubert, Madame Bovary, peut en témoigner.
Eneffet, durant toute sa jeunesse Emma Bovary a dévoré des romans d'amour « Ce n'étaient que […] forêts sombres,troubles du cœur, serments, sanglots, larmes et baisers », lui donnant l'illusion que sa propre vie serait à l'image deses lectures.
Par la suite, elle a lu Walter Scott et ses récits historiques romantiques, qui ont accentué sonidentification aux nobles héroïnes qui ne vivaient que par l'amour.
Cette dangereuse éducation par le roman fictifentraîne Madame Bovary à ressentir une attente puis une éternelle insatisfaction devant la médiocrité de la viequ'elle mène, qui la conduira peu à peu à la déchéance et finalement au suicide.Enfin, un roman ne peut permettre une entière connaissance du monde, un écrivain n'étant lui-même qu'unefacette, il donnera toujours à ses écrits des impressions subjectives, des idées personnelles ou la seule vision dumonde qu'il connaisse, la sienne.
Même dans le naturalisme qui a pourtant une démarche scientifique, (il consiste àmettre des personnages dans différents lieux et situations et observer comment ils se comportent dans la société),l'écrivain ne peut être neutre, car c'est lui qui dirige les actes de ses personnages et lui seul qui privilégiearbitrairement certains agissements à d'autres.
Zola, dans la série des Rougon-Macquart, insère cette notion deroman expérimental où les protagonistes sont livrés à eux-mêmes dans la société, mais il y ajoute sa théorie del'hérédité où les actions et les pensées des hommes seraient déterminées selon leur généalogie.
De nos jours cettethéorie est largement controversée et semble avoir été exagérée par Zola, ce qui fausserait la connaissance dumonde qu'il avait et qu'il nous faisait partager.
Pour conclure, aucun roman ne permet de se représenter le monde avec exactitude, le roman étant par définition unrécit imaginaire, l'écrivain ne pourra pas refléter la réalité dans son ensemble, n'en étant lui-même qu'une facette.
Ainsi, chaque roman apporte de nouvelles connaissances à ses lecteurs sur les différentes régions du monde, lesmultiples cultures, sur la société ou sur la psychologie.
Pour ma part, je pense que même un roman fantastiqueprenant place dans un univers imaginaire peut se transposer dans la réalité et nous amener à réfléchir.
Cependant,certains écrivains ne cherchent pas à retranscrire fidèlement le monde tel qu'il est mais plutôt à l'idéaliser, tandisque d'autres en crée un de toutes pièces pour se libérer des contraintes liées au réel.
Enfin, aucun roman ne décritavec exactitude la réalité.
Il reste le fruit de l'imagination et des choix de l'auteur, même si cela est involontaire, carl'on ne peut raconter chaque instant de la vie.
Comme le dit si bien Maupassant dans la Préface de Pierre et Jean, «Nous portons chacun notre vérité dans notre pensée et dans nos organes », et « chacun de nous se fait une illusiondu monde ».
Le rôle de l'écrivain consiste alors à « reproduire fidèlement cette illusion »..
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