Quatre, Bande des

Quatre, Bande des, cercle informel de radicaux groupés autour de Jiang Qing, l’épouse du dirigeant chinois Mao Zedong, qui a mis en œuvre entre 1965 et 1976 une politique extrémiste et a été, sinon l’organisateur, du moins le vecteur de la Révolution culturelle en Chine.

La Bande des Quatre — le terme fut forgé par les adversaires du groupe — comprend Jian Qing, Yao Wenyuan, Wang Hongwen et Zhang Chunqiao. Jiang Qing, madame Mao, est l’instigatrice en tant que conseillère culturelle auprès de l’Armée rouge de la politique anti-intellectuelle qui caractérise la période. Elle contrôle probablement la naissance des premières organisations de Gardes rouges, à l’université Qinhuai de Pékin, en juin 1966. Avec l’aval de Mao, elle s’appuie sur Yao Wenyuan, fils d’un écrivain, qui se signale en novembre 1965 par des attaques contre une pièce du dramaturge Wu Han contenant des critiques à peine voilées contre Mao. Yao est surtout un censeur zélé et le diffuseur de la « pensée de Mao Zedong «, tandis que madame Mao est surtout l’accusatrice publique de tous ceux qui, jugés réformistes ou contre-révolutionnaires, deviennent les cibles désignées à la vindicte des Gardes rouges. Elle parvient en quelques années à détruire pratiquement le système éducatif chinois et toute vie intellectuelle. Il convient néanmoins de signaler qu’une directive est édictée, interdisant aux Gardes rouges de s’en prendre à l’armée et à la police secrète. Wang est l’un des leaders ouvriers des événements de juillet 1967 à Shanghai, quand Mao choisit d’étendre la Révolution culturelle prolétarienne aux usines. Tous partagent avec Mao la même opposition au gouvernement pragmatique de Liu Shaoqi et de Deng Xiaoping, qui a suivi l’expérience désastreuse du Grand Bond en avant de Mao.

Zhang est le vice-président du Groupe de la Révolution culturelle et il prend le pouvoir à Shanghai, en 1967, lorsque les événements qui s’y déroulent finissent dans l’anarchie. Zhang, Yao et Jiang sont admis au Bureau politique lors du IX^e Congrès du parti à la fin de cette même année. Au début des années 1970, ils lancent une campagne « anticonfucianiste « dirigée contre les modérés réhabilités et le retour aux normes et à la stabilité dans l’éducation. Au X^e Congrès du parti, en 1973, Wang devient le successeur désigné de Mao et de Zhou Enlai mais, au cours de ce même congrès, Deng et d’autres modérés rejoignent le Comité central. Après la mort de Zhou, le 8 janvier 1976, des manifestations spontanées en faveur des modérés ont lieu sur la place Tian’anmen, à Pékin. Elles sont dispersées par la police sur ordre de Jiang et Deng est à nouveau victime d’une purge.

La mort de Mao, le 9 septembre 1976, prive les Quatre de leur principale source de légitimité. Au terme d’une campagne de violentes critiques, ils sont arrêtés et jugés pour des motifs divers, dont la trahison et la falsification des instructions de Mao. C’est alors que l’expression « Bande des Quatre « sert à les désigner. Lors de son procès en 1980, Jiang Qing affirme avoir simplement suivi les ordres de Mao, ce qui est d’ailleurs tout à fait crédible, si l’on considère l’anti-intellectualisme de Mao. Elle est, ainsi que Zhang, condamnée à mort, mais la sentence est commuée en emprisonnement à vie ; Wang est emprisonné à vie (il meurt en 1992) et Yao condamné à une peine de vingt ans de prison (il meurt en 2006). Madame Jiang Qing se serait suicidée en prison le 14 mai 1991.

Les membres de la Bande des Quatre sont à juste titre considérés par leurs adversaires modérés, après la mort de Mao, comme les principaux instigateurs du chaos créé par la Révolution culturelle. Mais les observateurs s’accordent généralement à reconnaître qu’ils ont aussi servi de paravent, au milieu des années 1970, pour dévier les critiques contre celui qui restait le centre de la légitimité du système communiste chinois : Mao lui-même.