Pour une politique d'immigration juste et efficace
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
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dernier dans leur législation au milieu des années 80.
Ces droits, acquis ou conquis, ont contribué à une transformation tout à la fois du droit et de la politique de l'immigration (4).Les Etats s'y sont adaptés en inventant de nouvelles règles, les modifications législatives n'ont donc en elles-mêmes rien desurprenant.
La particularité française a été la politisation de cette question.
L'immigration est en France un enjeu politique crucial.
C'estpourquoi les changements prennent souvent l'aspect de ruptures avec les politiques précédentes.
C'est pourquoi aussi, àl'exception de l'instauration du titre unique en 1984, aucune modification de cette ordonnance n'a pu intervenir sans donner lieu àde fortes et violentes polémiques.
Toutes les modifications ont été présentées à gauche comme à droite comme une annulation de la modification précédente, cequi n'était jamais le cas en fait.
Les approches opposées "plus de contrôles", d'un côté; "plus de droits", de l'autre ne se sont pasannulées l'une l'autre, mais se sont entrelacées, sans considération pour la paralysie qu'elles contribuaient à créer sur le terrain ducontrôle et sur le terrain du droit.
Et le plus paradoxal est que toutes ces batailles furent organisées dans le cadre d'un discourstenu aussi bien à droite qu'à gauche, l'arrêt de l'immigration ou l'immigration zéro, qui, se refusant à reconnaître les faits,contribuait ainsi à accroître la confusion et la méfiance de nos concitoyens à l'égard de la législation républicaine.
Cette dramatisation doublée de non-dit n'est pas saine.
Dans le cadre de la mission qui nous a été confiée, nous avons décidé de procéder autrement : de partir de la loi telle qu'elle estet de dire ses résultats tels qu'ils sont.
Pour les recueillir, les comprendre, les vérifier et les discuter, nous sommes allés sur leterrain, dans huit différentes préfectures, nous avons rencontré des associations de défense des droits des étrangers, des juges etdes avocats, des syndicats, des représentants de toutes les administrations chargées de mettre en place cette politique, et enfindes responsables politiques de la majorité comme de l'opposition.
Au total, nous avons eu plus de deux cents entretiens.
Nousavons partout rencontré une très grande intelligence de la situation, une connaissance fine et apaisée des phénomènes etfinalement beaucoup de considération et de respect pour le travail des autres acteurs de terrain.
Ce qui est finalement le plus frappant pour celui ou celle qui ne verrait l'immigration que sous le prisme du débat politique, c'estla convergence sur l'analyse qui se manifeste entre tous les acteurs lorsqu'il s'agit d'établir ce qui ne fonctionne pas et ce qu'ilserait possible de changer pour améliorer la politique française de l'immigration.
Tous les acteurs, des policiers aux associations humanitaires en passant par les fonctionnaires de l'Etat, distinguent naturellemententre les catégories d'étrangers, entre ceux qui ont un droit d'entrer et de séjourner en France et ceux qui, en situation illégale,doivent en repartir, mais aussi au sein de ces grandes catégories entre le demandeur d'asile et l'immigré régulier, entre l'illégaldélinquant et celui qui ne l'est pas.
Or tous constatent que la loi que les uns sont chargés d'appliquer ou que les autres estimentdevoir combattre ne fait plus de distinction.
Le Français le plus attaché à la restriction de l'immigration ne verra pas d'inconvénient à ce qu'un de ses compatriotes, ayantépousé, par exemple, une Péruvienne, puisse vivre avec elle en France, ou qu'un chercheur étranger invité par un laboratoire del'Inserm pour passer un an en France, accompagné par sa famille, puisse venir se joindre à ses collègues français.
Aucuneassociation de défense des droits des étrangers ne défend le droit de rester en France d'un étranger délinquant, sans attachesfamiliales ou de vie privée en France, qui a été condamné en complément de sa peine de prison à l'interdiction du territoire.
Pourtant, trop de conjoints de Français sont empêchés de séjourner légalement en France.
Trop de laboratoires de recherchessont dans l'impossibilité de recevoir leurs collègues étrangers.
Et trop de délinquants sortant de prison restent sur le territoirenational.
D'où vient cette situation ?
"Tout s'est passé, nous a écrit un des corédacteurs de la législation de 1993, comme si le législateur, agissant sous la pressionde plus en plus forte des flux migratoires sur nos frontières, avait cherché à élever un mur sans cesse plus haut...
tout en acceptantl'idée qu'une fois entré l'étranger resterait dans notre pays." Partant de ces prémisses, la loi et surtout la pratique n'ont plus fait dedistinction : toute personne désireuse d'entrer en France pour tourisme, affaires, mariage, recherche, études, asile, regroupementou visite familiale a été considérée dans la pratique comme un illégal ou un fraudeur potentiel.
Avec quel résultat ?
Celui de rendre la politique de l'immigration peu lisible, contraire à l'intérêt national, injuste et finalement inefficace dans la lutte.
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