Port-Royal-des-Champs
Publié le 09/02/2013
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Port-Royal-des-Champs, abbaye féminine fondée en 1204 et restaurée par la famille Arnauld à la fin du XVIe siècle qui fut le foyer du jansénisme en France.
Située dans la vallée de Chevreuse, cette abbaye était devenue cistercienne en 1225. La mère Angélique de Saint-Jean, de son vrai nom Jacqueline Marie Angélique Arnauld, sœur de Robert Arnauld d'Andilly (1589-1674) et d'Antoine Arnauld, dit le Grand Arnauld, devint abbesse de l'abbaye en 1602 et la réforma en 1609. En 1625, elle acquit un couvent annexe, situé dans Paris, qui prit le nom de Port-Royal de Paris : les religieuses s'y installèrent jusqu'en 1648, alors que les bâtiments de Port-Royal-des-Champs devenaient un foyer du jansénisme, sous la direction de Saint-Cyran d'abord, à qui la mère Angélique avait confié la direction spirituelle de ses religieuses, puis de Singlin.
Saint-Cyran étant emprisonné en 1638, les Arnauld, gagnés à la cause du jansénisme, contribuèrent à son développement de façon remarquable. Après la publication de l'Augustinus de Jansénius, dont les jésuites obtinrent la condamnation par bulle papale, le Grand Arnauld attaqua ceux-ci sur des points précis de la doctrine chrétienne, telle que la fréquente communion. Pascal, dans ses polémiques Provinciales (1656-1657), rédigées à la demande d'Arnauld, allait dans le même sens. Dans cette controverse, ce furent les jésuites qui eurent le dessus, soutenus par Rome et par le roi qui ne pouvait admettre les critiques que les jansénistes faisaient de l'absolutisme. Les religieuses, bien qu'étrangères au débat théologique, furent impliquées dans la condamnation. Pensionnaires et novices furent expulsées de l'abbaye en 1661.
Comme les religieuses de Port-Royal refusaient de signer le formulaire par lequel Louis XIV cherchait à s'assurer de la soumission des jansénistes, elles furent installées dans d'autres couvents, en attendant qu'elles se décident à accepter la « paix clémentine « du pape Clément IX en 1669. C'est en 1669 que Port-Royal de Paris se sépara de Port-Royal-des-Champs.
Les dix années suivantes furent pour Port-Royal-des-Champs des années de grande activité intellectuelle. Ceux qu'on appelait les solitaires de Port-Royal, ou encore les messieurs de Port-Royal, vivaient dans une certaine austérité auprès de l'abbaye, à Paris, jusqu'en 1637, aux Champs ensuite. Les premiers de ces solitaires furent Antoine Lemaistre et ses frères, de Séricourt et de Sacy. Pierre Nicole et Lancelot enseignaient dans les Petites Écoles de Port-Royal (où ils eurent pour élèves Jean Racine et Tillemont) et menaient des recherches sur la langue : Grammaire générale et raisonnée, par Arnauld et Lancelot (1660) ; Logique de Port-Royal, par Arnauld et Nicole (1662). Les Écoles furent fermées en 1656 aux Granges et en 1660 au Chesnay. De Port-Royal sortirent également des ouvrages religieux (la Perpétuité de la foi de l'Église catholique touchant l'eucharistie ; 1669). Ces dix années furent aussi des années perturbées par les controverses et les oppositions. Lors de l'affaire de la Régale, les jansénistes se situèrent aux côtés de l'autorité romaine, contre le roi et le gallicanisme. En 1679, les persécutions reprirent. On interdit à l'abbaye de recevoir des novices et Arnauld et Nicole s'exilèrent aux Pays-Bas. Les controverses ne cessèrent cependant pas et, en 1705, une bulle papale condamna les jansénistes pour le « silence respectueux « avec lequel ils traitaient les textes qui les avaient condamnés. En 1709, les dernières religieuses qui refusaient un nouveau formulaire furent définitivement chassées des lieux avant qu'on ne démolisse l'abbaye en 1711.
Parmi les religieuses qui résidèrent à Port-Royal et jouèrent un rôle important dans les controverses qui impliquaient le jansénisme, la mère Angélique fut, en confiant la direction spirituelle de ses religieuses à Saint-Cyran, la véritable introductrice du jansénisme à Port-Royal ; la mère Agnès (Jeanne Catherine Agnès Arnauld), sa sœur, refusa avec fermeté de signer le formulaire en 1661 et fut enfermée au couvent de la Visitation de 1663 à 1665 ; Jacqueline Pascal (sœur Sainte-Euphémie), la sœur de Blaise Pascal, entrée à Port-Royal en 1652, fut l'une des plus fermes adversaires de tout compromis.
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