Pline le Jeune, Panégyrique de Trajan (extrait)
Publié le 13/04/2013
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Dans son Panégyrique de Trajan, Pline le Jeune dresse un portrait des plus flatteurs de l’empereur Trajan, qui a régné sur Rome de 98 à 117. Présentant la fonction impériale comme une charge délicate visant le bien commun, Pline rappelle l’intérêt de l’adoption — pratique courante dans l’Antiquité — qui permet au mérite de supplanter le privilège de la naissance. Il illustre ses propos avec l’adoption de l’« excellent prince « Trajan par l’empereur Nerva, qui fait également écho à la propre adoption de l’auteur par son oncle.
Panégyrique de Trajan de Pline le Jeune
Ô quel chemin nouveau et inouï vers le principat ! Ce n’est pas ton ambition personnelle, ta crainte personnelle qui t’ont fait prince, mais l’intérêt d’un autre, la crainte d’un autre. Certes tu peux paraître avoir acquis la situation la plus élevée qui soit chez les hommes ; plus heureuse cependant était celle que tu as laissée : tu as renoncé à être simple particulier sous le règne d’un bon prince. Tu as été appelé comme associé aux labeurs et aux soucis ; ce ne sont pas les avantages et les joies de cette situation, mais ses difficultés et ses peines qui t’ont poussé à l’accepter. Tu as reçu l’empire parce qu’un autre se repentait de l’avoir accepté. Il n’y a aucune parenté entre l’adopté et celui qui l’adoptait, aucun lien, si ce n’était que tous deux vous étiez les meilleurs, que l’un était digne d’être choisi et l’autre de choisir. Aussi n’as-tu pas été adopté, comme tel ou tel auparavant, pour faire plaisir à une épouse. Ce n’est pas un beau-père qui t’a pris pour fils, mais un prince, et le divin Nerva est devenu ton père dans ce même esprit qui le faisait le père de tous. Il n’est pas convenable en effet qu’un fils soit choisi d’une autre manière quand c’est un prince qui le choisit. Quand il faut léguer le Sénat et le peuple romain, l’armée, les provinces, les alliés, est-il bon d’accepter pour successeur un fils de sa femme, de ne rechercher qu’à l’intérieur de sa maison l’héritier du pouvoir suprême ? Ne devrait-on pas plutôt porter ses yeux sur l’ensemble des citoyens ; ne devrait-on pas estimer que celui qui vous est le plus proche, celui qui vous est uni par les liens les plus étroits c’est celui qui vous apparaîtrait comme le meilleur, comme le plus semblable aux dieux ? Celui qui doit commander à tous doit être choisi parmi tous. Ce n’est pas un maître à sa valetaille — ce pourquoi il suffit d’un héritier nécessaire —, mais un prince à ses concitoyens qu’un empereur doit donner. C’est une marque d’orgueil et de tyrannie que de ne pas adopter celui qui, même si on ne l’adoptait pas, deviendrait empereur de l’aveu de tous. C’est là ce qui fit Nerva, estimant qu’il n’y aurait aucune différence entre la génération et l’élection si l’on adoptait sans discernement des enfants de la même manière qu’ils naissent, sinon que les hommes supportent plus facilement celui que le prince a engendré avec peu de bonheur que celui qu’il a mal choisi.
Source : Rougé (Jean), les Institutions romaines, Paris, Armand Colin, coll. « U 2 «, 1969.
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