Pierre Laval l'Auvergnat
Publié le 22/02/2012
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Reste qu'il continuait de détonner parmi les grands de la Troisième.
Il demeurait l'homme mal dégrossi de Châteldon, lui-mêmejouait volontiers au paysan-châtelain, entre son donjon et demeure de maître côté jardin, avec une scierie, un moulin à papier etsa production d'eau de Sargantale, qu'il prétendra vendre à la France entière.
En 1935, déjà, il était devenu un repoussoir : non seulement les tenants du Front populaire le pendent en effigie le 14 juillet,mais une partie des modérés le trouve peu fiable on applaudira presque unanimement à sa chute.
De cet échec, il tirera desleçons assez stupéfiantes et qui vont peser sur l'avenir.
Il va estimer, en effet, que le destin de la France s'est scellé au moment oùil aurait eu toutes les bonnes cartes en main.
Le Laval de 1940 sera un homme de revanche sur tous ceux qu'il tient pourresponsables de l'échec de 1935 : les diplomates, les journalistes, les politiques qui manquent de courage, la démagogie du Frontpopulaire.
Il se surestimait facilement ainsi pensait-il avoir gardé de bonnes relations avec Mussolini, qui le refusa pourtant, plusieurs fois,comme intermédiaire entre l'Italie fasciste et la France.
Il pensera, de même, avoir mis Hitler dans sa poche, alors que le Führer,après Montoire, déclara à Mussolini que ce Laval était " un politicien malpropre, un marchand de tapis ".
Cet homme allait mener la politique de collaboration d'Etat au long de l'année 1940 et redevenir le chef du gouvernement de laFrance d'avril 1942 à août 1944.
Laval chercha tout de suite à utiliser Pétain sans sympathiser, les deux hommes s'étaient au moins connus dans le ministèreDoumergue en 1939, on le sait, Pétain avait presque posé comme condition à son entrée dans le gouvernement, la nomination deLaval comme ministre des affaires étrangères, parce qu'il serait à même de nouer de bonnes relations avec l'Italie.
Le 17 juin,sans l'opposition de Weygand, Pétain l'aurait chargé de ce ministère la politique étrangère.
A la tête de la " commune deBordeaux ", Laval avait joué un rôle décisif pour éviter le transfert du gouvernement en Afrique du Nord : il finit par entrercomme ministre d'Etat, le 23 juin, dans le gouvernement Pétain, et deviendra en juillet vice-président du conseil et surtout" dauphin " désigné.
Mais, même s'ils étaient tous deux des terriens secrets, tenaces et rancuniers, Pétain et Laval n'avaient entre eux guèred'affinités, ayant de la vie des jugements et des pratiques bien différents.
Du coup, après la guerre, les pétainistes de stricteobédience opposeront de façon systématique un bon Vichy, celui de Pétain, à un mauvais Vichy, celui de Laval, qui auraitmanipulé un vieillard.
Pareille thèse est tout à fait contestable, tout particulièrement pour l'année 1940.
Pétain méprisait Laval,détestait sa fumée perpétuelle, lui reprochait de ne pas l'informer suffisamment.
Mais ils avaient besoin l'un de l'autre.
Dans ce nouveau gouvernement, Laval était un des rares hommes qui ait déjà l'expériencedu pouvoir Pétain le savait utile, même s'il ne l'a jamais jugé indispensable.
Le premier mouvement de Laval avait été de traiter Pétain comme une potiche, car il était convaincu que c'était lui qui disposaitdes bonnes cartes.
Face à un entourage et à des ministres qui, ou le détestaient ou le méprisaient, lui reprochant d'être ancienparlementaire et de détonner dans cet aréopage bon genre, il pensait être en mesure de s'imposer.
Ce qu'il voulait, c'était avoir lescoudées franches à l'égard du Reich Pétain pouvait l'admettre, lui qui n'était pas obsédé par les relations franco-allemandes ets'occupait surtout de sa Révolution nationale.
Laval, persuadé que la paix serait allemande, voulait la signer le plus vite possible,et avant que la Grande-Bretagne ne dépose les armes pour y parvenir, il lui fallait rencontrer Hitler, qu'il espérait " rouler " dansune négociation en tête à tête il était prêt à donner le maximum de gages pour retirer, malgré la défaite de la France, le maximumd'avantages de l'Europe allemande.
De ce schéma, il ne démordra pas.
JEAN-PIERRE AZEMALe Monde du 15 août 1989
CD-ROM L'Histoire au jour le jour © 2002, coédition Le Monde, Emme et IDM - Tous droits réservés.
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