Philippe II d'Orléans
Publié le 11/02/2013
Extrait du document
1 | PRÉSENTATION |
Philippe II d'Orléans, dit le Régent (1674-1723), régent de France pendant la minorité du roi Louis XV, de 1715 à 1723.
Grand seigneur libertin et dissipé, le duc Philippe d’Orléans a fait de la Régence une époque de fête et de corruption. Il n’en demeure pas moins que son passage au pouvoir a également constitué une phase de libéralisme aristocratique, en réaction à l’absolutisme du règne de Louis XIV.
2 | UN PRINCE TURBULENT |
Né au château de Saint-Cloud, Philippe est le fils de Philippe Ier d’Orléans, dit Monsieur (le frère de Louis XIV), et de sa seconde épouse, Charlotte-Élisabeth de Bavière (la princesse Palatine). Enfant d’un couple mal assorti — son père, tenu en marge de la cour, multiplie les extravagances en compagnie de ses « mignons «, tandis que sa mère, obèse et d’apparence masculine, attire la moquerie par son accent tudesque, mais se fait craindre par son esprit mordant —, Philippe est élevé par un précepteur, l’abbé Dubois. Il reçoit parallèlement une formation militaire sur les champs de bataille, et acquiert une grande culture en chimie, en peinture et en musique (qu’il étudie auprès de Marc-Antoine Charpentier).
En 1692, Philippe est marié à Françoise-Marie de Bourbon, dite Mademoiselle de Blois (fille légitimée de Louis XIV et de Madame de Montespan), mais l’union, peu heureuse, précipite dans la débauche celui que l’on appelle le duc de Chartres jusqu’à la mort de son père (1701). Considéré avec méfiance par Louis XIV, qui craint d’éventuels complots venus de la branche cadette, Philippe d’Orléans, prince secret, cultivé et intelligent, ne peut se distinguer que dans le domaine militaire : il s’illustre notamment au siège de Mons (1691), à la bataille de Steinkerque (août 1692) et à celle de Neerwinden (juillet 1693).
Écarté du pouvoir, il adopte une attitude de plus en plus provocatrice et, héritier de l’immense fortune de la maison d’Orléans après la mort de son père, entretient une petite cour brillante et frondeuse dont l’atmosphère, de mœurs très libres, contraste avec l’ambiance austère régnant à la cour de Versailles.
Investi d’un commandement pendant la guerre de Succession d’Espagne (1701-1714), Philippe d’Orléans prend la tête de l’armée d’Italie (1706), mais, entouré de conseillers incompétents, est entraîné dans le désastre du siège de Turin. Nommé au commandement de l’armée d’Espagne, il est accusé d’avoir pris part à un complot soutenu par les Anglais et visant à le porter sur le trône d’Espagne à la place de Philippe V, ce qui lui vaut une nouvelle disgrâce royale. Banni de la cour, il est même accusé (après la série de décès qui frappe plusieurs membres de la descendance du roi, entre 1711 et 1712) d’avoir tenté d’empoisonner les héritiers le séparant de la couronne.
3 | LA RÉGENCE |
Bien que Louis XIV ait, dans son testament, tenté de limiter son pouvoir en confiant l’éducation du futur Louis XV à son fils légitimé, le duc du Maine, Philippe d’Orléans est, en tant que deuxième dans l’ordre de succession à la couronne, appelé à prendre la Régence du royaume dès le décès de son oncle. Le lendemain de la mort du vieux monarque, le 2 septembre 1715, il fait casser le testament du roi par le Parlement de Paris. Le lit de justice tenu le 12 septembre suivant l’investit de la totalité des pouvoirs, marquant la victoire du clan aristocratique (où se rencontrent notamment le duc de Saint-Simon et le maréchal de Villars) sur celui des dévots (regroupés autour de Madame de Maintenon et des enfants légitimés du roi défunt).
Les premières mesures du Régent se situent toutes en réaction contre la politique suivie par Louis XIV : le père Le Tellier, confesseur du roi et infatigable défenseur de la lutte contre les jansénistes, est écarté ; les jansénistes emprisonnés sont libérés ; Philippe d’Orléans s’appuie sur le cardinal de Noailles, favorable à l’ultramontanisme, contre le parti espagnol, soutenu par les jésuites et favorable au gallicanisme.
Il redonne au Parlement son droit de remontrance et, s’inspirant des plans de Fénelon, interprète fidèle des intérêts de la haute noblesse, il instaure un système de huit Conseils aristocratiques : la polysynodie. Ceux-ci remplacent les secrétaires d’État, ayant chacun la haute main sur un département, qui ont été les artisans du renforcement de l’administration royale sous Louis XIV. Enfin, en politique étrangère, la Triple-Alliance de La Haye, conclue en 1717 avec le Royaume-Uni et les Provinces-Unies, permet de faire pièce aux ambitions de Philippe V d’Espagne, qui doit renoncer définitivement, en 1720, à ses prétentions sur la couronne de France.
Confronté à un déficit vertigineux des finances publiques, Philippe d’Orléans fait appel à l’Écossais John Law. L’audacieux système que ce dernier met en place, fondé sur la déflation et le recours au crédit, l’introduction du papier-monnaie et la relance du commerce maritime grâce à la création de la Compagnie des Indes, donne des résultats appréciables, notamment en matière de réduction de la dette publique… jusqu’à la crise de confiance qui précipite sa chute, en 1720.
L’année 1720 marque précisément un infléchissement de la politique suivie, en partie sous l’influence du cardinal Dubois, ministre des Affaires étrangères (nommé Premier ministre d’État en août 1722) : la polysynodie, inefficace, est progressivement abandonnée ; la bulle Unigenitus, contre les jansénistes, est imposée comme loi du royaume malgré l’opposition du Parlement, un temps exilé ; enfin, la cour se réinstalle à Versailles.
Lorsque Louis XV est déclaré majeur, en février 1723, Philippe d’Orléans continue de gouverner, d’abord par l’entremise de Dubois puis, après la mort de ce dernier, comme Premier ministre en titre. Mais, usé par une vie d’excès, il succombe à une attaque d’apoplexie, en décembre 1723, à Versailles.
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