Pastoureaux, révolte des

Pastoureaux, révolte des, insurrection paysanne qui s’est étendue du nord-est au sud-ouest de la France en mai-juin 1250.

Le mouvement des Pastoureaux est déclenché par la nouvelle de la défaite subie par Louis IX lors de la septième croisade (8 février 1250 : siège de Mansoura ; 6 avril : Louis IX est fait prisonnier à Fariskur). Cette nouvelle entraîne une peur profonde chez les paysans les plus pauvres. Un moine cistercien nommé Jacob, et surnommé le « Maître de Hongrie «, regroupe alors une troupe hétéroclite de vagabonds, de mendiants et de bergers, afin de rejoindre et de délivrer le roi. D’abord encouragée par la reine Blanche de Castille, régente durant la captivité du roi, la troupe se livre rapidement à des pillages contre les propriétaires fonciers et massacre les Juifs. Ces jacqueries s’achèvent avec l’élimination des Pastoureaux par l’armée royale dans le Berry et dans le Languedoc.

Vers 1320, sous le règne de Philippe V, une nouvelle croisade des Pastoureaux dévaste le sud du royaume avec, pour même cible, les Juifs.

Devenue l’objet d’une fascination pour les écrivains romantiques, la révolte des Pastoureaux procède de plusieurs logiques. D’une part, c’est une révolte sociale, une lutte de classes inscrite dans la tradition des révoltes paysannes qui jalonnent l’histoire du Moyen Âge et opposent les serfs aux seigneurs. D’autre part, elle exprime une angoisse quasi millénariste devant un désastre qui marque la victoire de l’antéchrist sur le roi sacré de France. Enfin, elle signifie avec clarté la très grande popularité acquise par le roi auprès de ses sujets : il s’agit pour les plus déshérités d’entre eux d’aller délivrer leur souverain protecteur et de lui montrer leur adhésion à sa lutte contre l’hérésie. Louis IX a en effet pris toute une série de mesures contre les Juifs au nom de la croisade. Paradoxalement, cette jacquerie démontre, pour une large partie de la population, le poids considérable du roi dans l’imaginaire collectif (voir Monarchie).