Parcours de lecture : Magnus, Sylvie Germain Un récit des origines
Publié le 02/02/2013
Extrait du document
I) L’organisation du roman 1) Une construction en alternance A : Les formes textuelles et niveaux narratifs qui alternent dans les romans sont les suivantes : * Des fragments, qui content l’histoire du héros. C’est la forme textuelle la plus présente dans ce roman. * Des notules, qui donnent des informations sur des personnages ou lieux réels * Des échos, qui font référence à un certain moment de l’histoire. * Des résonnances, qui font aussi référence à une partie du récit, mais, cette fois en le commentant, et en faisant une ouverture sur le sujet. De plus, les résonnances finissent par la même citation : « Lait noir de l’aube… Nous creusons une tombe dans les airs… « * Des séquences, qui introduisent des citations, textes ou poèmes en rapport avec le récit * Un intercalaire qui parle de la phrase « il était une fois «. * Une éphéméride qui contient la biographie d’un des protagonistes : Dietrich Bonhoeffer. * Une litanie, qui énumère les personnes que Magnus connait et aime ? Qui montrent que Magnus se sent seul ? * Un palimpseste, qui cite d’anciens manuscrits. B : Les fragments et les autres formes textuelles alternent : entre deux fragments il y a toujours une autre forme textuelle.
Les fragments commencent sur une page de droite tandis que les autres formes narratives commencent à la suite (soit une page après) la fin du fragment qui le précède. C : Ces formes textuelles peuvent référer à la mémoire du personnage principal : éparpillés, les morceaux de mémoires du héros trouvent leur unité dans le roman, tout comme les niveaux narratifs. 2) Une construction circulaire A : Le titre de l’incipit s’appelle ouverture car il « ouvre « le texte : il est le début du texte et en donne de ce fait le ton. Mais il s’appelle aussi ouverture car il fait référence au sens musical du terme, comme l’ouverture d’un opéra (on parle plus loin de « polyphonie « dans cette ouverture) qui laisse entendre les thèmes de l’œuvre, ici du récit. B : Dans l’ouverture l’auteur se demande « quelle histoire peut-on écrire « « d’un homme à la mémoire lacunaire «. Le dernier fragment pourrait être considéré comme une réponse à cette question : « Cette histoire échappe à tout récit «. De plus, dans l’ouverture, Sylvie Germain explique que « la chronologie d’une vie humaine n’est jamais aussi linéaire qu’on ne le croit «, ce qui provoque un « désordre « dans le récit, tandis que dans le dernier fragment, on parle d’un « précipité de vie dans le réel si condensé que tous les mots se brisent à son contact «.
Comme l’ouverture et le dernier fragment se font échos, on peut dire que la construction est circulaire. II) Un personnage en quête de soi : « Un homme à la mémoire lacunaire « 1) Magnus A : Au départ, ce prénom désignait l’ourson du personnage principal, qui était le meilleur ami et le principal confident de ce dernier B : Ce prénom devient ensuite le nom du personnage principal, qui, suite à la lecture de Pedro Páramo, décide de se débarrasser de son nom, qui était un « leurre « : Adam Schmalker, pour celui de Magnus. C : Magnus signifie « grand « en latin. Ce nom est donc flatteur pour le héros éponyme. Peut être cela signifie que Magnus est un grand homme, surtout au niveau de son esprit de son âme, mais on sait aussi que Magnus a « des épaules massives « et qu’il « émane de lui une impression de puissance «. Ainsi, on peut considérer qu’il est grand au sens large du terme : il est du moins imposant. 2) Quels sont les signes de la quête de soi chez le héros ? Le héros est en quête de soi car il n’a pas vraiment d’identité. Il a oublié sa petite enfance, et sa jeunesse a été parsemée de mensonge ; en fait elle n’a été qu’une illusion, car l’enfant ne comprenait pas vraiment ce qui l’entourait. Lorsqu’il comprit que Clemens n’était pas qui il croyait. Le héros entama
sa quête de foi en allant au Mexique : ville dans laquelle Clemens était censé avoir fini sa vie. Ensuite, lorsqu’il comprit que celui-ci n’était pas son vrai père, il retourna auprès de Lothar pour en apprendre plus sur son passé. En fait, durant tout le livre, le héros est en quête d’une identité puisqu’il n’en a pas de véritable. Magnus se forge son identité aussi à travers l’amour (May et Peggy) mais Magnus se retrouve a nouveau seul après la mort de ces deux femmes. 3) Que découvre-t-il au cours de celle-ci ? Qu’apprend-il ? Magnus apprends d’abord que toute son enfance est un mensonge, que tout ce que lui a raconté sa mère était faux, et que son père n’est pas un médecin mais un assassin qui a tué de nombreux juifs dans les camps d’extermination. Puis, en lisant Pedro Páramo ce qui provoqua un événement extraordinaire, il comprend que Franz-Georg Dunkeltal n’est pas son vrai nom, puisque Théa et Clemens ne sont pas ses vrais parents. En réalité, ceux-ci l’ont recueilli lorsqu’il avait perdu la mémoire, et sa véritable mère serait morte incinérée, même si ce scénario n’est pas une certitude. De ce fait, Lothar n’est pas son oncle et Magnus n’a pas de famille. La seule chose qui le relie à son passé est l’ourson Magnus, c’est pourquoi le héros à choisi de s’appeler Magnus lui aussi.
4) L’expérience mystique A : Frère Jean est un prêtre qui s’appelle en réalité Blaise Mauperthuis. C’est un vieil homme, sage mais fou, sur lequel on ne sait finalement que peu de choses. Magnus pense d’abord que frère Jean est une femme, et il est dit qu’il a une démarche d’enfant. Il est aussi associé à un personnage de comte, à un farfadet et son univers est pour le moins mystique, voire féérique. On sait « qu’il est entré très jeune au monastère, au début du siècle «. Comme Magnus est né vers 1940, on peut penser que ce moment de l’histoire se déroule vers 1980 et frère Jean a probablement 90 ans environ. Son caractère est paradoxal puisqu’il est à la fois extravagant et discret. B : Frère Jean demande à Magnus d’écouter les bruits de la forêt. Au cœur du silence, Magnus va « écouter « le chant des feuilles est des abeilles : « Magnus a un léger sursaut, il tourne la tête vers la gauche ; son regard capte l’instant où une feuille jaune translucide, aussi fine qu’une aile d’insecte, atteint le sol à quelque distance de lui. Son ouïe a perçu avant ses yeux«. Ensuite les corps de Magnus et de Frère Jean semble ne fait qu’un, ce qui bouleverse Magnus. Ce passage est légèrement fantastique. C : Après cette expérience, Magnus semble avoir compris le sens de sa vie ainsi que ce qu’il doit faire.
Cependant, la fin de ce roman est assez floue et de nombreuses interprétations sont possibles. Finalement, Magnus ne retrouve pas la mémoire, ni sa famille. Il n’a toujours pas de véritable identité mais il semblerait que l’expérience du frère Jean et de ses abeilles lui ait appris à vivre vers l’avant. III) Des rencontres féminines essentielles 1) Myriam A : Myriam est la fille de Lothar. C'est-à-dire qu’on peut la considérer comme la nièce de Magnus, vu que Lothar fait office de père adoptif pour celui-ci durant quelques années. B : On peut dire qu’elle se rapproche de Magnus enfant car, comme lui, elle n’utilise pas trop les mots mais plutôt les images : elle sculpte. De plus, comme elle est plus fugitive et discrète que les autres, ce qui est un trait de caractère important chez Magnus enfant. 2) Théa et May A : Théa veut dire déesse. Ce prénom représente quelqu’un d’introvertie mais méfiante, qui garde les problèmes pour soi et qui est bonne en communication, comme le personnage de Magnus. May veut dire Perle (en Grec) et « Celle qui élève « en hébreu. Or on peut dire qu’il y a de la mère en May ; elle est plus âgée que Magnus et, en lui offrant le livre Pedro Páramo, elle l’aide à avancer dans sa quête de soi. D’où le choix du prénom. B : Théa et May ont toutes deux offertes
une renaissance à Magnus, mais, alors que Théa le « remet « au monde à l’aide de mots et de mensonge, May le remet sur la voie de la vérité. De plus May permet à Magnus de chasser temporairement ses fantômes, les horreurs de son passé et d’aller de l’avant. Avant sa mort, Magnus se sent libéré. 3) Peggy A : Peggy est une femme qui a une peau très blanches et de jolies taches de rousseurs. Adolescent, Magnus en tombe amoureux et Peggy devient la compagne de celui-ci. Le prénom Peggy a peut être était choisi car piggy en anglais veut dire « petit cochon «. B : On peut dire que Peggy et l’alter égo de Magnus car, alors que Peggy laisse son ex mari mourir devant elle, quelques années plus tard Magnus voit Peggy mourir devant lui sans pouvoir rien y faire. Ces scènes se ressemblent beaucoup. De plus, dans la scène presque surréaliste dans la maison de Peggy, les deux protagonistes se libèrent de leur secrets qui les habitent l’un et l’autre. IV) Les autres thèmes de réflexion 1) Le langage : la parole, l’écriture et la lecture A : Théa est le symbole de la façon dont l’Homme a utilisé la parole pour le pire. Par celle-ci, elle apprend à parler à Magnus tout en l’égarant dans le mensonge. Théa fait aussi une apologie des nazis et de la supériorité de la race Aryenne. Elle raconte
des histoires en forme de conte qui enchante Magnus enfant. On peut dire qu’elle reproduit l’instrumentalisation des mots par les nazis. B : Juan Preciado, personnage principal de Pedro Páramo, part sur les traces d’un père qu’il n’a jamais connu. Or, au moment ou Magnus lit se livre, il est sur les traces de son « père adoptif «, Clemens Dunkeltal, et il n’a jamais connu son vrai père. De plus, Juan Preciado est talonné par une cohorte de fantômes réduit à des échos, comme Magnus, qui est poursuivi par les fantômes de son passé : sa petite enfance qu’il a oublié. Lors de sa lecture, est dans le désert sous un soleil brulant, Magnus a un malaise est retrouve une partie de sa mémoire refoulée. Il découvre que Clemens et Théa ne sont pas ses vrais parents et que sa vraie mère est morte brulée lors d’un bombardement. Les mots de ce roman peuvent être considéré comme magiques puisqu’ils permettent à Magnus de retrouver des bribes de son passé dans uns scène presque surnaturelle. 2) Histoire et Histoire A : L’historien, Magnus et Sylvie Germain recherchent tous les trois le passé. Ils veulent le comprendre et l’analyser : Magnus recherche sa petite enfance et Sylvie Germain analyse le nazisme. Enfin le métier de l’historien est de rechercher et d’analyser le passé. Leur travail est donc commun.
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