Oussama et Omar, alliés contre nature
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
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des bouteilles de champagne dans le bustier de ses compagnes...
Au même moment, le jeune Omar apprenait le Coran dans ununivers rigoriste de mâles, aux relents parfois homosexuels, et dont la femme était bannie.
A la mort du patriarche et fondateur de l'empire familial, Oussama hérite d'une grosse somme d'argent et entretient une écuriede course.
Tout change quand ce jeune Saoudien occidentalisé, comme le père avait voulu que le soit sa descendance, estreconverti par des islamistes locaux et s'envole pour l'Afghanistan, que l'armée rouge vient d'envahir en 1979.
C'est là que leroyaume wahhabite envoyait ses têtes brûlées en espérant que, s'ils s'en sortaient, ils seraient devenus antisoviétiques, expliqueOlivier Roy.
Le chef des services secrets d'alors, le prince Turki, n'imaginait pas qu'ils pourraient en revenir radicalisés etantimonarchistes.
C'est l'époque où la CIA - toujours aussi clairvoyante ! - se faisait du jeune Oussama l'image d'un « terroriste habillé par Gucci», apportant des dizaines de millions de dollars saoudiens par mois aux moudjahidins (Peter Bergen dans Holy War Inc.
: Insidethe Secret World of Osama Bin Laden ).
Oussama importait des bulldozers pris dans le parc de la compagnie de constructionfamiliale, qu'il conduisait lui-même à travers la montagne pour construire des bases militaires et, déjà, creuser des grottes.
S'EST-IL battu ? Peu sans doute, selon l'ancien patron local de la CIA ; guère, disent des Saoudiens aujourd'hui ; comme unlion, assure sa légende.
En particulier lors de la bataille de Jaji, au cours de laquelle il aurait pris le kalachnikov d'un généralsoviétique - qu'il ne quitte plus jamais - et vu tomber à ses pieds un obus qui n'explosa pas.
Il y perçut un signe du destin, un deplus.
La suite, on la connaît, son retour manqué au pays, où son militantisme dérangeait, son exil au Soudan puis son expulsionvers l'Afghanistan, au printemps 1996, sous la pression de Washington.
Entre-temps, il avait fondé Al-Qaida, établi un réseauterroriste multinational et trempé dans des attentats antiaméricains ou des attaques contre les intérêts des Etats-Unis.
La mission qu'il s'était donnée était mondiale.
Elle visait les centres du pouvoir américain, donc les villes où ils se situent et lesbases militaires, ainsi que les capitales de leurs alliés du monde arabe, alors que c'est des maisons en terre séchée du payspachtoune que sont sortis les talibans, que c'est dans la campagne qu'ils ont commencé à bâtir leur image de justiciers barbus etenturbannés.
Au début du moins, l'objectif véritable de Ben Laden était de renverser la monarchie de Riyad, impie et inféodée àWashington, comme celui du mollah Omar consistait à détruire le pouvoir corrompu de Kaboul.
Paradoxalement, alors que ce dernier s'était converti à l'idéologie mondialiste de son ami d'Al-Qaida, allant même jusqu'àpréconiser le jeudi 15 novembre « la destruction de l'Amérique », c'est dans les coins les plus reculés d'un des pays les plus isolésde la planète qu'Oussama Ben Laden avait été contraint de se replier en 1996.
Encore plus aujourd'hui.
Mais l'islam à la taliban n'est pas l'islam arabe, bien qu'il soit influencé par le wahhabisme venu du désert saoudien et qu'il fassedu prosélytisme à coups de millions de dollars.
Le mollah Omar n'est pas un propagandiste du panarabisme ni un terroristeinternational ; son terreau, c'est l'Afghanistan, et plus particulièrement le pays pachtoune, où il a voulu imposer sa vision nationale.Ce n'est pas un tribun utilisant à son profit les merveilles de la technologie pour perpétrer des attentats sophistiqués et faire passerson message auprès des déçus de la mondialisation.
Il ne connaît rien aux arcanes de la finance internationale, qui n'ont aucunsecret pour le banquier du djihad, se contentant de puiser quand il le faut dans l'un des deux coffres fermés à clé qu'il serre sousson lit, l'un rempli d'afghanis, l'autre de dollars.
Il n'a que mépris pour « l'ordinateur ou d'autres machines tout aussi absurdes »(entretien publié par Politique internationale, 1997, no 54), qui crépitent dans les grottes-refuges d'Al-Qaida, et il a interdit cettemême télévision qu'utilise pour sa part Ben Laden avec tant de brio, tout comme les cassettes vidéo.
Tout cela au nom du « renouveau de l'islam et de sa mission : sauver le monde de l'ignorance ».
Rien ne permet de dire non plusque les « Arabes » d'Afghanistan aient interdit à leurs filles d'apprendre à lire ; Oussama Ben Laden a fait venir de l'étrangerd'excellents professeurs pour éduquer ses fils, qui ne se limitent pas à ânonner le Coran comme les petits Afghans dans lesmadrasas.
Le chef suprême des talibans fuit la publicité, et on ne possède pas de bonne photo de lui ; il n'a donné que de rares entretienset veut instaurer un régime islamique à ras de terre, basé sur la charia et la coutume pachtoune, le pachtounwali.
Ce n'est quedepuis l'arrivée de son maître à penser qu'il a tourné son regard vers l'Occident et le monde arabe.
Jusque-là, l'adversaire detoujours, c'était l'Inde, qu'avaient conquise les Moghols venus d'Afghanistan avant d'en être chassés par les Anglais.
Une Inded'où provenait le bouddhisme, qui a sculpté les bouddhas géants de Bamiyan - dynamités par les talibans - et à laquelle ilreproche, comme ses maîtres de la secte des Déobandis, très puissante dans les madrasas du Pakistan (elles-mêmes largementfinancées par des ONG saoudiennes), de vouloir étouffer l'islam dans un monde hindouiste.
Un Pakistan en guerre larvée depuisplus d'un demi-siècle avec son grand voisin, en particulier à propos du Cachemire, et dont 16 % de la population est d'ethniepachtoune.
Ce n'est que récemment que le mollah Omar a repris à son compte les incantations de Ben Laden contre deschrétiens et des juifs, dont on parle fort peu chez les paysans afghans..
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