numismatique
Publié le 13/04/2013
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1 | PRÉSENTATION |
numismatique (du grec nomisma, « monnaie «), science dont l’objet est l’étude descriptive et historique des monnaies, médailles et jetons.
La numismatique est une science privilégiée de l’histoire économique. Elle fournit de précieuses indications sur l’organisation politique des anciennes sociétés, sur les événements marquants de leur histoire, sur les liens qu’elles ont entretenus avec les civilisations contemporaines, et offre une vitrine du développement des arts et des techniques.
2 | L’ORIGINE DES MONNAIES |
2.1 | Les pièces antiques |
Dans l’Antiquité, les pièces d’or et d’argent sont couramment utilisées pour le commerce, en échange d’autres biens. Leur valeur dépend de leur poids et de la pureté du métal, qui doivent être vérifiés à chaque transaction. Au VIIe siècle av. J.-C., en Asie Mineure, les Lydiens ont l’idée de façonner de l’électrum (alliage naturel d’or et d’argent) en forme de haricots secs dont le poids et la pureté sont fixes, et de les marquer avec des symboles officiels. Les monnaies découvertes à partir de cette époque sont appelées monnaies grecques et sont classées géographiquement, de l’Espagne à l’Asie centrale, en englobant tout le bassin méditerranéen. Le défaut de ce classement est de regrouper sous un même vocable des pièces sans lien avec le monde grec. En 550 av. J.-C., la frappe de monnaies métalliques est courante dans toutes les grandes villes commerçantes. La plupart des pièces grecques sont ornées de divinités.
Les monnaies romaines (entre le Ier siècle av. J.-C. et le Ve siècle apr. J.-C.) sont frappées à l’effigie des empereurs après la fin de la République. Avec elles commence le classement chronologique de la numismatique.
2.2 | Les pièces médiévales et classiques en Europe |
L’Empire byzantin inaugure la période des monnaies médiévales, de la réforme d’Anastase (495) à la chute de Constantinople (1453).
Les monnaies gauloises, à partir du IVe siècle av. J.-C., sont les premières pièces gravées (or et argent).
Pendant tout le Moyen Âge européen, le système de classification est resté, dans certains pays, celui fixé par l’empereur Charlemagne : une livre vaut 20 sous et 240 deniers. Au XVe siècle, la découverte du Nouveau Monde et de ses ressources en métaux précieux suscite un accroissement considérable de la production de pièces. À partir de cette époque, la plupart des royaumes, duchés, principautés ou villes libres d’Europe occidentale se mettent à émettre leurs propres monnaies.
2.3 | Les pièces non européennes dans l’histoire |
L’islam proscrivant la représentation d’êtres vivants, les pièces arabes ne portent en général que des inscriptions, souvent tirées du Coran.
Dans le Nouveau Monde, les Espagnols commencent à frapper de la monnaie en 1535, à Mexico. Le gouvernement britannique ne donne pas à ses colons d’Amérique du Nord un système monétaire propre. Outre la monnaie britannique, dont la valeur est calculée en livres, en shillings et en pence, les colons utilisent également des pièces françaises, hollandaises, allemandes et espagnoles.
En Extrême-Orient, l’argent a toujours été le principal métal utilisé dans les transactions commerciales. Il était coulé en lingots de formes diverses portant des inscriptions indiquant le nom du marchand et la valeur ainsi que la pureté du bloc de métal. Les pièces rondes frappées de type occidental ne sont apparues au Japon qu’en 1870 et en Chine en 1889.
2.4 | Cas particulier : l’histoire des pièces françaises |
En France, Philippe Auguste, roi de 1180 à 1223, rétablit l’unité monétaire du royaume avec le denier d’argent parisis. Saint Louis, au XIIIe siècle, limite la circulation et la validité de la monnaie et s’engage, en 1266, à ne frapper que de la monnaie « de bon aloi «, l’écu d’or. Créé en 1360, le franc sert à l’origine à payer la rançon du roi Jean le Bon, prisonnier des Anglais. Louis XI crée l’écu du soleil et Louis XII le teston d’argent. En 1540, François Ier place la frappe de la monnaie sous le contrôle d’un graveur général des monnaies. Un siècle plus tard, Louis XIII restaure le système monétaire avec le double louis d’or, qui conserve un poids et un titre identiques jusqu’en 1709.
En 1795, le franc remplace la livre tournois. Le symbole de la République est, pour la première fois, apposé sur les « monnaies de confiance «. La pièce de 5 francs en argent est créée par le Directoire. C’est en 1849 que le visage de Marianne et la devise « Liberté, Égalité, Fraternité « apparaissent pour la première fois. Visible sur les pièces de 1 franc ayant cours jusqu’en 2002, « la Semeuse « de Roty date de 1897.
Depuis l’introduction de l’euro, les faces nationales des pièces émises en France sont illustrées par « la Marianne « de Fabienne Courtiade (pièces de 1, 2 et 5 centimes), « la Semeuse « de Laurent Jorio (pièces de 10, 20 et 50 centimes) et « l’Arbre de vie de la République française « de Joaquim Jimenez (pièces de 1 et 2 euros).
3 | L’ÉTUDE DES MONNAIES |
Les monnaies d’autrefois ne portent pas toujours les indications qui les rendent aujourd’hui facilement identifiables. La date, l’autorité émettrice, celle responsable de sa fabrication, la valeur faciale et la masse monétaire totale font souvent défaut. La numismatique s’attache à déterminer la matière utilisée, sa dimension, son poids, sa valeur, l’identification des deux faces (avers ou trousseau, et revers ou pile), la classification ainsi que les signes particuliers apposés par le graveur.
3.1 | La forme et le métal |
Les pièces sont fabriquées à partir d’un morceau de métal appelé flan. Diverses méthodes sont utilisées pour déterminer la composition des monnaies anciennes : analyse chimique ou microchimique, mesure de la densité de l’alliage, spectrographie, fluorescence, activation neutronique. L’analyse chimique présente l’inconvénient d’altérer le matériau.
Les pièces n’ont acquis une forme ronde parfaite et n’ont été dessinées sur la tranche qu’à partir de l’époque moderne. Une fois le métal déterminé, le poids d’une monnaie permet de connaître sa valeur, mais une pièce ne pèse jamais son poids originel, en raison de l’usure. Les chercheurs s’attachent donc à déterminer soit le poids du lingot initial, soit le coefficient d’usure en fonction du métal et de la circulation de la pièce.
Pendant des siècles, toutes les pièces — à l’exception des plus petites unités — ont eu une valeur intrinsèque, c’est-à-dire qu’elles contenaient une quantité de métal, généralement de l’or ou de l’argent, égale à leur valeur nominale, qui était fixée par l’autorité émettrice. Les fluctuations économiques (besoins en monnaie, rareté des métaux, et rapports entre or et argent) ont conduit celle-ci à en faire varier le poids et la valeur. Tous les pays ont aujourd’hui remplacé leurs pièces en métal précieux par des pièces fabriquées avec des métaux peu onéreux sans valeur intrinsèque.
3.2 | La fabrication des pièces |
En Occident, les pièces sont frappées depuis des siècles, à la différence de l’Extrême-Orient, où elles ont longtemps été coulées. Le coin est la matrice gravée en creux qui vient frapper le métal. Le coin mobile vient frapper le revers de la pièce. C’est le côté qui porte le nom ou le symbole de l’autorité émettrice.
En France, jusqu’à Louis XIII, les médailles sont obtenues par la fonte ou la frappe. Sur le revers (pile) est gravé l’emblème et sur l’avers (trousseau), l’effigie du souverain. Le flan, coincé entre les deux coins, est frappé avec un marteau. C’est aux Italiens qu’on attribue l’invention des moulins destinés à découper des disques de métal vierge uniformément ronds. En 1547 est introduite la première machine hydraulique (balancier ou frappe au moulin), inventée par l’Allemand Bracher. Elle est remplacée par la presse monétaire de son compatriote Dietrich Ulhorn, perfectionnée par les Français Thonnelier et Gingembre en 1811, puis remplacée elle-même par la presse monétaire de Munich.
Le coin mobile s’usant plus vite, on sait qu’il en était fabriqué environ deux à trois fois plus que des coins fixes. En observant sur les pièces l’usure progressive des coins, on peut reconstituer l’histoire d’un atelier de fabrication et la chronologie des différentes émissions. Les combinaisons de coins fixes et de coins mobiles utilisés pour une pièce fournissent des indications sur le passage d’un règne à un autre, l’existence d’ateliers centraux et secondaires, les alliances monétaires entre villes et États, etc. Par extrapolation du nombre de pièces frappées avec un coin, on peut déduire le volume de la masse monétaire à un moment donné. La position relative des deux côtés permet parfois de déceler l’atelier d’origine.
3.3 | L’autorité émettrice |
Les pièces ne portent pas toujours la date de fabrication et le nom du souverain régnant, ce qui oblige à recourir à des critères de style ou à étudier les marques pour en déterminer l’origine et la période. Cela se révèle impossible lorsque le motif ne varie pas pendant une longue durée. Il est nécessaire alors d’étudier les techniques de fabrication (coins, poids, alliage).
La frappe de la monnaie relevant de l’autorité centrale, l’inscription ou la figure qui orne la monnaie donne des indications sur la nature de cette autorité (ville, État, royaume, duché, république, etc.). L’existence de plusieurs monnaies dans un même État ou la frappe de monnaies concurrentes permettent d’apprécier les limites du pouvoir central.
3.4 | La numismatique et l’histoire |
Les légendes font parfois référence à des événements (bataille, commémoration, révolution), des cultes, tandis que les figures (types) peuvent reprendre des œuvres d’art ou des détails vestimentaires, qui sont autant d’indications sur les mœurs et la culture de l’époque.
Les pièces en circulation étaient parfois réutilisées par d’autres États, qui leur apposaient une surfrappe, ce qui dénote une pénurie de métal.
La numismatique a recours à divers types de documents écrits (archives monétaires, livres de compte, récits de voyageurs, textes officiels, etc.) qui permettent de situer la monnaie dans son temps.
Pour les pièces anciennes en particulier, le lieu de leur découverte est une donnée de première importance ; l’archéologie est donc un support essentiel de la numismatique. En retour, elle permet souvent de dater les objets mis au jour à proximité de pièces de monnaie. Celles ayant une grande valeur faciale font souvent partie de trésors et le lieu même de leur découverte fournit des renseignements sur les grands courants commerciaux, les invasions et les événements politiques. Pour un archéologue, la découverte d’un trésor monétaire est riche d’enseignements car elle permet de mettre en rapport des pièces d’origines et de dates de fabrication différentes. L’intention du propriétaire (thésaurisation, crainte d’un vol ou d’une invasion) permet de connaître la rapidité de la circulation monétaire et son aire d’extension. La menue monnaie, quant à elle, est souvent découverte isolément et constitue une source d’information pour l’histoire locale.
4 | LES COLLECTIONS DE PIÈCES |
Les collections de pièces représentent un phénomène très ancien, dont on trouve déjà des témoignages dans l’Italie du XIVe siècle. C’est à cette époque que se constituent les collections des grands princes et hommes d’Église, qui sont à l’origine des cabinets des Médailles nationaux. Au XIXe siècle, cet engouement s’est répandu, et de nombreuses revues et associations ont vu le jour.
Les principales collections dans le monde sont celles du cabinet des Médailles à Paris, du British Museum de Londres, du Musée impérial de Vienne, les collections de Berlin et d’Istanbul, et celles de l’American Numismatic Society.
L’état de conservation des pièces est un élément déterminant de leur valeur commerciale sur le marché des collectionneurs. Une « fleur de coin «, c’est-à-dire une pièce de monnaie de très belle facture parce que frappée avec des coins neufs, vaut dix fois plus qu’une pièce de qualité moyenne et mille fois plus qu’une pièce fruste.
Les collectionneurs classifient ainsi les pièces selon leur état : intacte (FDC ou fleur de coin), superbe (éclat terni mais sans défaut), très beau (TB), beau (fruste), B (très fruste).