"nourriture" chez DESCARTES
Publié le 16/08/2010
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DISCOURS DE LA METHODE, Cinquième partie.
Puis aussi on connaît de là que le vrai usage de la respiration est d’apporter assez d’air frais dans le poumon pour faire que le sang qui y vient de la concavité droite du coeur, où il a été raréfié et comme changé en vapeurs, s’y épaississe et convertisse en sang derechef, avant que de retomber dans la gauche, sans quoi il ne pourrait être propre à servir de nourriture au feu qui y est ;
L’HOMME.
où si elles entraient sans être ainsi derechef épaissies, elles ne seraient pas suffisantes pour servir de nourriture au feu qui y est.
Et des veines il en passe peut-être aussi quelques parties en la nourriture de quelques membres ;
D’où il est facile à concevoir que, lorsque les plus grosses montent tout droit vers la superficie extérieure du cerveau, où elles servent de nourriture à sa substance, elles sont cause que les plus petites et les plus agitées se détournent, et entrent toutes en cette glande :
et que les plus courts de ces filets se vont rendre en l’espace c, c, où chacun se termine contre l’extrémité de quelqu’un des petits vaisseaux qui y sont, et en reçoit sa nourriture.
Je désire que vous considériez après cela que toutes les fonctions que j’ai attribuées à cette machine, comme e la digestion des viandes, le battement du coeur et des artères, la nourriture et la croissance des membres, la respiration, la veille et le sommeil ;
LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, LETTRE DE L’AUTEUR A CELUI QUI A TRADUIT LE LIVRE, LAQUELLE PEUT SERVIR ICI DE PREFACE.
mais les hommes, dont la principale partie est l’esprit, devraient employer leurs principaux soins à la recherche de la sagesse, qui en est la vraie nourriture ;
LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 22.
Et on n’a pas sujet de penser que la comparaison que je fais du soleil avec la flamme ne soit pas bonne, à cause que toute la flamme que nous voyons sur la terre a besoin d’être jointe à quelque autre corps qui lui serve de nourriture, et que nous ne remarquons point le même du soleil.
Et ainsi ce n’est pas proprement pour être conservée qu’elle a besoin de nourriture, mais afin qu’il renaisse continuellement d’autre flamme qui lui succède à mesure que l’air la dissipe.
c’est pourquoi nous n’avons pas sujet de juger qu’il ait besoin de nourriture comme la flamme, encore qu’il lui ressemble en autre chose.
LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 92.
Car il n’y a point d’autre raison qui fasse que le foin qu’on a renfermé avant qu’il fût sec s’échauffe peu à peu jusqu’à s’embraser, sinon que les sucs ou esprits qui ont coutume de monter de la racine des herbes tout le long de leurs tiges pour leur servir de nourriture, n’étant pas encore tous sortis de ces herbes lorsqu’on le renferme, continuent par après leur agitation, et sortant des unes de ces herbes entrent dans les autres, à cause que le foin étant renfermé ces sucs ne se peuvent évaporer ;
LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 117.
Et parce que, de ce qui a déjà été dit, on connaît assez pourquoi il luit et échauffe, et dissout en plusieurs petites parties tous les corps qui lui servent de nourriture, et aussi pourquoi ce sont les plus petites et plus glissantes parties de ces corps qu’il en chasse les premières, et pourquoi elles sont suivies par après de celles qui, bien qu’elles ne soient peut-être pas moins petites que les précédentes, sortent toutefois moins aisément, à cause que leurs figures sont embarrassantes et divisées en plusieurs branches (d’où vient que, s’attachant aux tuyaux des cheminées, elles se changent en suie) ;
LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 109.
Il est aussi quelquefois arrivé au commencement de notre vie que le sang contenu dans les veines était un aliment assez convenable pour entretenir la chaleur du coeur, et qu’elles en contenaient en telle quantité qu’il n’avait point besoin de tirer aucune nourriture d’ailleurs.
LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 110.
Quelquefois, au contraire, il est arrivé que le corps a eu faute de nourriture, et c’est ce qui doit faire sentir à l’âme sa première tristesse, au moins celle qui n’a point été jointe à la haine.
LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 127.
ce qui pouvait venir de ce que son poumon, vide de sang par faute de nourriture, était promptement enflé par le premier suc qui passait de son estomac vers le coeur, et que la seule imagination de manger y pouvait conduire, avant même que celui des viandes qu’il mangeait y fût parvenu.
Correspondance, année 1640, A Monsieur REGIUS, 22 mai 1640. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 24 mai.).
La première se fait dans Ie ventricule et dans les intestins, lorsque la nourriture broyée par les dents et avalée par la bouche, ce qui s’entend du boire et du manger, est dissoute et convertie en chyle par la force de la chaleur que le coeur lui communique, et de l’humeur que Ies artères y ont poussée.
mais je dirais simplement le chyle, parce que toutes ses parties servent à la nourriture du corps ;
Correspondance, année 1646, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, Juin 1646 (Les éditions contemporaines datent cette lettre de mai 1646.).
Et j’estime que la différence qui arrive en cela vient de ce que le premier sujet de tristesse que quelques-uns ont eu au commencement de leur vie, a été qu’ils ne recevaient pas assez de nourriture, et que celui des autres a été que celle qu’ils recevaient leur était nuisible.
Correspondance, année 1647, A Monsieur CHANUT, 1er février 1647.
et bien que, quelques années après, elle ait commencé à avoir d’autres joies et d’autres amours, que celles qui ne dépendent que de la bonne constitution et convenable nourriture du corps, toutefois, ce qu’il y a eu d’intellectuel en ses joies ou amours, a toujours été accompagné des premiers sentiments qu’elle en avait eus, et même aussi des mouvements ou fonctions naturelles qui étaient alors dans le corps :
Car, s’il est vrai que nos premiers sentiments d’amour soient venus de ce que notre coeur recevait abondance de nourriture qui lui était convenable, et au contraire, que nos premiers sentiments de haine aient été causés par un aliment nuisible qui venait au coeur, et que maintenant les mêmes mouvements accompagnent encore les mêmes passions, ainsi qu’il a tantôt été dit, il est évident que, lorsque nous aimons, tout le plus pur sang de no s veines coule abondamment vers le coeur, ce qui envoie quantité d’esprits animaux au cerveau, et ainsi nous donne plus de force, plus de vigueur et plus de courage ;

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Il est aussi quelquefois arrivé au commencement de notre vie que le sang contenu dans les veines était un aliment assezconvenable pour entretenir la chaleur du coeur, et qu'elles en contenaient en telle quantité qu'il n'avait point besoin de tirer aucunenourriture d'ailleurs.
LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 110.
Quelquefois, au contraire, il est arrivé que le corps a eu faute de nourriture, et c'est ce qui doit faire sentir à l'âme sa premièretristesse, au moins celle qui n'a point été jointe à la haine.
LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 127.
ce qui pouvait venir de ce que son poumon, vide de sang par faute de nourriture, était promptement enflé par le premier suc quipassait de son estomac vers le coeur, et que la seule imagination de manger y pouvait conduire, avant même que celui desviandes qu'il mangeait y fût parvenu.
Correspondance, année 1640, A Monsieur REGIUS, 22 mai 1640.
(Les éditions contemporaines datent cette lettre du 24 mai.). La première se fait dans Ie ventricule et dans les intestins, lorsque la nourriture broyée par les dents et avalée par la bouche, cequi s'entend du boire et du manger, est dissoute et convertie en chyle par la force de la chaleur que le coeur lui communique, etde l'humeur que Ies artères y ont poussée. mais je dirais simplement le chyle, parce que toutes ses parties servent à la nourriture du corps ; Correspondance, année 1646, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, Juin 1646 (Les éditions contemporaines datent cette lettre de mai 1646.). Et j'estime que la différence qui arrive en cela vient de ce que le premier sujet de tristesse que quelques-uns ont eu aucommencement de leur vie, a été qu'ils ne recevaient pas assez de nourriture, et que celui des autres a été que celle qu'ilsrecevaient leur était nuisible. Correspondance, année 1647, A Monsieur CHANUT, 1 er février 1647. et bien que, quelques années après, elle ait commencé à avoir d'autres joies et d'autres amours, que celles qui ne dépendent quede la bonne constitution et convenable nourriture du corps, toutefois, ce qu'il y a eu d'intellectuel en ses joies ou amours, atoujours été accompagné des premiers sentiments qu'elle en avait eus, et même aussi des mouvements ou fonctions naturelles quiétaient alors dans le corps : Car, s'il est vrai que nos premiers sentiments d'amour soient venus de ce que notre coeur recevait abondance de nourriture quilui était convenable, et au contraire, que nos premiers sentiments de haine aient été causés par un aliment nuisible qui venait aucoeur, et que maintenant les mêmes mouvements accompagnent encore les mêmes passions, ainsi qu'il a tantôt été dit, il estévident que, lorsque nous aimons, tout le plus pur sang de no s veines coule abondamment vers le coeur, ce qui envoie quantitéd'esprits animaux au cerveau, et ainsi nous donne plus de force, plus de vigueur et plus de courage ;. »
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