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Meiji, restauration de

Publié le 11/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Meiji, restauration de (en japonais Meiji Ishin), période de profondes transformations politiques et sociales qu’a connu le Japon dans le second tiers du XIXe siècle, marquant la fin du shogunat des Tokugawa de la période d’Edo et l’entrée du pays dans l’époque contemporaine.

Au sens strict, la restauration de Meiji désigne la journée du 3 janvier 1868, lorsque l’empereur (tenno) est rétabli dans son ancienne fonction de chef de l’État. Dans une acception plus large et plus couramment utilisée par les historiens, le terme englobe les quelques années précédentes, ainsi que la courte guerre civile qui s’ensuit.

Mouvement non révolutionnaire, la restauration de Meiji est à la fois la victoire d’un mouvement conservateur (avec le retour à un système de gouvernement antique) ; le début de l’ouverture réelle du Japon — et l’avènement d’un processus totalement réformateur.

2   LA MONTÉE DES MOUVEMENTS CONTESTATAIRES

Dans le Japon des années 1860 s’affrontent plusieurs mouvements contestant le pouvoir en place. En 1858, la signature du traité de commerce proposé par Townsend Harris, consul pour les États-Unis, exacerbe le mécontentement des ennemis de l’ouverture du pays. La même année, la mort du shogun Tokugawa Iesada (1824-1858) et la querelle de succession qui s’ensuit provoque une crise politique opposant conservateurs et partisans d’une évolution de l’institution shogunale.

Les premiers l’emportent et font nommer shogun Tokugawa Iemochi (1846-1866) ; mais la sévère politique du président du conseil Ii Naosuke (1815-1860) encourage l’alliance de tous les opposants au régime sous une bannière unique : sonno joi (« respect pour l’empereur et expulsion des étrangers «). Les véritables partisans de la restauration du pouvoir impérial sont minoritaires, l’empereur apparaissant plutôt comme le prétexte à l’union de toutes les forces contre le pouvoir en place.

3   L’ALLIANCE CONTRE LE SHOGUNAT DES TOKUGAWA

En 1860, Ando Nobumasa (1819-1871) succède à Ii Naosuke. Désireux de ne pas laisser aux seuls adversaires du bakufu (le shogunat) le soutien de la cour, il propose que le jeune Iemochi épouse une princesse impériale. Certains conseillers ambitieux de l’entourage de l’empereur Komei (1831-1867) recommandent à la cour d’accepter contre la promesse de faire rapidement expulser les étrangers hors du pays.

Dans les fiefs du sud-ouest du pays, en particulier ceux de Choshu, Satsuma et Tosa, des samouraïs (tels que Kido Takayoshi, Ito Hirobumi, Yamagata Aritomo, Saigo Takamori ou Okubo Toshimichi), ambitieux pour leur pays, désireux de le moderniser et de le doter d’une armée forte, prennent la tête de mouvements subversifs. Ultra-patriotes et xénophobes, ils sont prêts à se rallier à la cause impériale et sont très désireux de voir appliquer l’édit d’expulsion signé en juin 1863. Le bakufu tente de gagner du temps, mais les guerriers du Sud-Ouest n’hésitent pas à tirer sur les navires occidentaux — échauffourées qui provoquent paradoxalement l’apaisement des sentiments anti-étrangers. Les troupes shogunales marchent alors sur le fief de Choshu, lui ordonnant de se soumettre : elles sont facilement repoussées. Le daimyo du fief de Satsuma tente de proposer au bakufu la mise en place d’un gouvernement de coalition entre le shogunat, la cour et les grands daimyos, mais il est évincé et accepte finalement l’alliance avec Choshu, signée en 1866 entre Kido Takayoshi et Saigo Takamori.

Le jeune shogun Iemochi décède en août 1866, laissant le pouvoir à Tokugawa Yoshinobu (1837-1868). L’empereur meurt à son tour, en janvier de l’année suivante : son fils Mutsuhito monte alors sur le trône sous le nom de Meiji. Le daimyo du fief de Tosa tente à son tour de faire entendre le projet d’un gouvernement de coalition et conseille à Yoshinobu de remettre sa démission à l’empereur. Le shogun approuve l’idée et rend sa charge le 19 novembre 1867. Pourtant, les troupes de Choshu et de Satsuma, rejointes par celles de Tosa, ne désarment pas et avancent vers le Japon central.

4   LA RESTAURATION DU POUVOIR IMPÉRIAL

Profitant de la confusion, les partisans les plus convaincus du pouvoir impérial déclarent la restauration officielle de celui-ci le 3 janvier 1868. La charge de shogun est supprimée dès le lendemain, tandis que tout le domaine shogunal est confisqué. Une ordonnance confirme également le transfert du pouvoir effectif auprès de l’empereur et de son conseil. Pour rendre la restauration populaire, un édit octroie au peuple la liberté d’expression, tandis que les étrangers sont assurés du maintien des traités de commerce.

Jusque-là, la restauration n’a pas fait de victime, mais les vassaux directs du shogun déchu, qui redoutent la perte de leurs revenus, s’arment contre le nouveau régime. Il s’ensuit une courte guerre civile (Boshin senso), assez peu engagée — tous les adversaires souhaitant en fait la modernisation du pays et de ses institutions.

5   LA GUERRE CIVILE (BOSHIN SENSO)

Des combats entre partisans de l’ancien régime et tenant de la restauration s’engagent un peu partout dans le pays. Les vassaux insoumis du Japon central sont d’abord vaincus à Toba puis à Fushimi. L’armée de la restauration, essentiellement composée de guerriers des fiefs du Sud-Ouest, s’avance ensuite vers Edo, dont le château se rend sans résister. Quelques combats ont encore lieu dans le nord du pays au cours de l’année 1869, contre certains daimyos rassemblés sous la bannière du clan Aizu. Quant à la flotte shogunale de l’amiral Emoto Takeaki, elle est finalement vaincue à Hakodate le 27 juin 1869.

Malgré la guerre, un édit impérial déclare la pacification du pays le 25 février 1868. Une nouvelle ère, l’ère Meiji (littéralement « gouvernement éclairé «) est proclamée au mois d’octobre — mais prend effet de façon rétroactive au 3 janvier 1868. Enfin le gouvernement impérial s’installe définitivement à Edo, qui devient à cette occasion Tokyo, la « capitale de l’Est «.

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