manse
Publié le 07/02/2013
Extrait du document
manse, durant le haut Moyen Âge en France, unité familiale d’exploitation agricole.
Mentionnée dans les rares documents carolingiens (en particulier les polyptyques) évoquant la structure foncière des terres agricoles, la (ou le) manse est la propriété éminente d’un puissant, laïc ou religieux. Elle comprend, outre le bâti et dépendances, les terres cultivées ou en friche. Les manses libres sont la jouissance des paysans disposant d’un train de culture (attelage et araire, voire charrue) et se situent au-dessus des manses serviles, de plus petite taille, dont les utilisateurs dépendent de la location des outils.
La diversité des manses — par le statut, la superficie et la composition (d’un seul tenant dans l’Ouest et le Centre, ou éclatés en parcelles entre Loire et Rhin) — tient sans doute à leur création ; elles sont souvent issues d’une initiative privée hors du contrôle administratif. Au IXe siècle, les manses commencent à s’effriter : elles sont divisées en demi et en quart de manses en Île-de-France ; à l’inverse, dans le village de Villance (Ardennes) ravagé en 892 par une incursion normande, les moines ne parviennent à réattribuer que deux manses sur la quinzaine libérée.
La manse est une unité de compte fiscale dont dérivent les feux sous les Capétiens. Elle constitue la transition entre deux systèmes d’exploitation agricoles : la villa romaine et la seigneurie féodale (voir Seigneurial, système). Remplacée par la tenure, la manse n’est plus qu’un souvenir linguistique après le XIIe siècle (masure parisienne, mas provençal).