L'hypothèse de l'inconscient ruine-t-elle l'idée de responsabilité?
Publié le 20/07/2010
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L'inconscient, c'est le refoulé: tout contenu jugé gênant pour le sujet est soumis à une censure, par le processus de refoulement. Bien que l’existence de l’inconscient ne puisse être prouvée dans l’absolu, on peut en émettre l’hypothèse. L’idée de responsabilité quant à elle nous appelle à assumer pleinement nos actes et nos choix. Ainsi, on peut se demander si l’hypothèse de l’inconscient peut supprimer notre responsabilité. Cette question nous conduit aux interrogations suivantes: sommes-nous conscients de tout ce que nous faisons? L’inconscient fournit-il des excuses à nos actes? L’inconscient supprime-t-il notre liberté de choix? Tout d’abord, on peut se demander si nous sommes conscients de tout ce que nous faisons. Le fait d’être toujours conscients de nos actes impliquerait que nous pourrions expliquer la totalité de nos actes et de nos pensées. Cependant, nous nous trouvons souvent dans l’incapacité de nous comprendre nous-mêmes. En effet, l’existence d’actes manqués, de lapsus ou encore de rêves nous montre bien que la signification et le pourquoi de certains de nos comportements restent obscurs, même pour la personne qui agit. On peut donc dire que nous ne sommes pas pleinement conscients de tout ce que nous faisons et pensons: certaines de nos actions semblent échapper à notre contrôle et notre volonté, ou tout au moins à un contrôle conscient et donc non censuré. Ainsi, l’inconscient permettrait d’expliquer tout nos actes, par nos expériences passées ou nos pensées qui composent notre inconscient puisque ce sont celles qui ont en fait été refoulées via le processus de la censure: nous n’y avons plus accès consciemment mais elles continuent de guider quelques uns de nos comportements. Ainsi, l’inconscient fournit-il des excuses à nos actes? Puisque l’hypothèse de l’inconscient permettrait d’expliquer les actes qui semblent nous échapper, on pourrait penser que nous ne sommes pas pleinement responsables, et que l’existence de l’inconscient permettrait d’excuser certains comportements, puisqu’ils ont échappé à la volonté du sujet. Cependant, nous ne pouvons nous cacher derrière l’hypothèse de l’inconscient pour nous trouver des excuses. En effet, certaines pensées et certaines pulsions procèdent de l’inconscient, mais le passage à l’acte est conscient lui. Notre liberté, c ‘est le pouvoir de rester notre propre maître, de nous maîtriser et dons de maîtriser nos pulsions, qui ne sont que des mouvements du corps que nous pouvons contenir. Par exemple, si toutes les personnes laissaient s’exprimer leurs pulsions de meurtre, le monde serait bien moins peuplé qu’il ne l’est actuellement. Ce qui prouve bien que nous sommes libres de maîtriser (ou non) les pulsions qui nous viennent de l’inconscient, et que l’hypothèse de l’inconscient ne peut donc excuser nos actes. En quoi cette hypothèse ne supprime-t-elle pas l’idée de liberté de choix? Comme nous l’avons vu précédemment, l’inconscient peut, certes, guider nos pulsions, mais nous faisons perpétuellement le choix d’un éventuel passage à l’acte. Nous sommes libres de choisir consciemment notre comportement. De plus, cette liberté de choix est indispensable puisqu’elle confère au sujet sa subjectivité. En effet, si l’hypothèse de l’inconscient supprimait la liberté de choix, le sujet serait esclave de son inconscient, et n’exprimerait donc pas sa subjectivité, qui réside dans ses choix personnels. Charles Melman a d’ailleurs montré l’importance de la reconnaissance de la responsabilité du sujet à travers la reconnaissance de son entière responsabilité, et donc la condamnation d’un acte répréhensible. Ce psychiatre prend l’exemple d’un homme qui avait tué une belle-mère trop encombrante en raison d’un besoin que soit reconnue sa fonction paternelle; la condamnation pour meurtre, qui découle de la reconnaissance de sa responsabilité, est nécessaire. Ainsi, cet homme voit sa paternité reconnue. La liberté, qui se traduit par des chois perpétuels, est dons la condition absolue de la responsabilité. Même si l’hypothèse de l’inconscient est indispensable pour comprendre tous nos actes, elle ne peut excuser nos comportements, puisque nous sommes totalement libres de laisser s’exprimer (ou non) les pulsions qui procèdent de l’inconscient, en passant (ou non) à l’acte. Le sujet est donc responsable de ses actes, même s’il n’est pas forcément responsable de ses pulsions. L’hypothèse de l’inconscient, formulée par Freud, ne ruine dons pas l’idée de liberté et par conséquent celle de responsabilité.
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