L'horizon bleu de M. Chirac
Publié le 17/01/2022
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Sans atteindre les proportions de la grande « Chambre bleue » de 1993 (472 députés RPR et UDF), issue d'un vote de rejetdu mitterrandisme finissant, la nouvelle majorité acquise au chef de l'Etat (369 élus UMP, 22 élus UDF et 3 divers droite)dépasse légèrement celle du général de Gaulle après les événements de mai 1968 (387 élus UDR et centristes), consacrant laprééminence présidentielle sur le scrutin législatif.
Comme en 1981 et - dans une moindre mesure - en 1988, le président de laRépublique obtient des Français la majorité parlementaire qu'il leur avait demandée.
Dans le droit fil du vote du 9 juin, le résultatde dimanche atteste ainsi la recherche d'une cohérence institutionnelle, après trois périodes de cohabitation qui ont divisél'exécutif durant neuf des seize dernières années.
Pour autant, l'heure n'est pas à la bipolarisation que paraissait annoncer ce retour aux fondements de la Ve République.
Lemaintien, in extremis, d'un groupe communiste et d'un groupe UDF dans le nouvel hémicycle assure encore la pérennité de ce quele consitutionnaliste Maurice Duverger appelait le « quadrille bipolaire ».
Au sein de la droite, François Bayrou voit récompensée son obstination à faire exister un courant différent en dehors de l'UMP.A l'instar de sa performance à l'élection présidentielle, sa représentation au Parlement sera modeste, mais elle permet à M.Bayrou de se poser, à long terme, en alternative au chiraquisme omnipotent.
Car c'est bien de cela qu'il s'agit : même si sesmembres se sont arrogé, durant l'entre-deux-tours, le label « majorité présidentielle », le groupe UDF sera inutile à la majorité deM.
Raffarin ; davantage que l'émanation d'un parti centriste, il constitue, dès à présent, un carré d'opposants à M.
Chirac àl'intérieur de la droite.
M.
Bayrou postule que ses rangs grossiront au fil des ans.
A gauche, le schéma est inverse.
Si le Parti communiste réussit, in extremis, à sauvegarder son groupe malgré la défaite deRobert Hue, c'est parce que les socialistes lui ont apporté une aide décisive.
Les efforts de François Hollande pour parvenir àdes candidatures uniques PS-PCF ont favorisé la survie de la représentation communiste à l'Assemblée.
Derrière ce sauvetage entrompe l'oeil, la fragilité de l'ex-gauche plurielle demeure.
Le PS, qui perd nombre de ses figures, se trouve privé d'alliés assezforts pour lui permettre d'offrir, dans un délai rapproché, la perspective d'une alternance.
Après ses deux défaites consécutives, levoici prisonnier du théorème énoncé par Tocqueville : « Il est de l'essence même des gouvernements démocratiques que l'empirede la majorité y soit absolu ; car, en dehors de la majorité, dans les démocraties, il n'y a rien qui résiste.
»
HERVE GATTEGNO ET ANNE-LINE ROCCATI Le Monde du 18 juin 2002
CD-ROM L'Histoire au jour le jour © 2002, coédition Le Monde, Emme et IDM - Tous droits réservés.
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