LETTRES DE GUERRE.

LETTRES DE GUERRE. Recueil de let¬tres que, mobilisé, Jacques Vaché (1896-1919) écrivit. de 1916 à 1918, à quelques-uns de ses amis et qu'André Breton, principal destinataire, publia en 1920. Requis par l'actualité, Jacques Vaché a changé d'existence comme on change de trottoir. Interprète auprès d'offi¬ciers britanniques, il longe cette « première ligne « où la paresse des événements l'a placé, sanglé, monoclé, impeccable, portant la perfection technique de l'ins¬trument qu'on veut qu'il soit, au point où elle se change en la plus contagieuse dérision. Flegme, désin¬volture masquent ici la supercherie en vertu de laquelle on salue dans cet Ubu maigre, ce mannequin d'acier, ce corps déserté, Jacques Vaché « en personne « — Jacques Vaché, nativement acquis à l'idée que la plaisanterie, quelle qu'elle soit, a assez duré et, de ce fait, résolument anywhere out of the world. Cet homme qui, entre toutes choses, tient à la liberté de mourir pour rien, ' objecte à être tué en temps de guerre «. Un temps, il caresse l'idée d'un suicide mental. Mais, décidément non, on ne fait pas à l'umour sa part, l'umour sans h, soit au « sens de l'inutilité théâtrale et sans joie de tout. Peu après l'armistice, Vaché et l'un de ses amis meurent d'avoir fumé une dose excessive d'opium. Cette aventure, d'une admi¬rable cohérence, n'a laissé que d'involontaires traces (ces seules lettres, ou presque, en fait de textes). Exaltée par André Breton, elle fascina maints esprits qui tentèrent d'en retrouver le ton — sinon l'inégalable laconisme — dans les plus lucides erreurs du sur¬réalisme, et ne cessa de les hanter comme leur plus haute, leur plus insatiable exigence.