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LES POLITIQUES COMMERCIALES ENTRE LIBRE-ÉCHANGE ET PROTECTIONNISME

Publié le 06/10/2012

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Plan 1. Les hésitations de l’Histoire   1. Libre-échange et Protectionnisme       1. Définitions       2. Inventaire (typologie ?) des mesures protectionnistes   2. Panorama historique       1. Avant 1947 : le protectionnisme est la règle, le libre-échange l’exception           1.   L’essor du libre-échange           2.   Retour au protectionnisme       2. Après 1947 : le libre-échange devient la règle mais le protectionnisme demeure vivant           1.   Fonctionnement du GATT           2.   Les limites du GATT           3.   Apports et limites de l’OMC   3. Le verdict ambigu de l’Histoire       1. Paul Bairoch sur le XIXème siècle       2. Point méthodologique : les difficultés de la vérification historique des théories économiques       3. Travaux sur le XXème siècle, analyses récentes 2. Les enseignements complexes de la théorie économique   1. Le commerce : un jeu à somme positive       1. Rappels sur le mercantilisme       2. Commerce et gains de productivité statiques       3. Commerce et gains de productivité dynamiques       4. Libre-échange ''   Productivité et Croissance   2. Le problème du partage du gain       1. A la recherche des termes de l’échange       2. Des avantages en dynamique : la question de la détérioration des termes de l’échange       3. De l’importance de la spécialisation       4. Le partage du gain à l’intérieur des Nations   3. Les avantages comparatifs ne tombent pas du ciel       1. Economies d’échelle et avantages
comparatifs       2. Effets d’apprentissage et protectionnisme éducateur       3. La politique commerciale stratégique   4. Les coûts et les limites du protectionnisme       1. Le coût du protectionnisme       2. Le protectionnisme, otage d’intérêts particuliers       3. Le risque de représailles Cours Les hésitations de l’Histoire 1 Libre-échange et Protectionnisme 1 Définitions Libre-échange : théorie, doctrine et pratique qui préconisent la suppression de toute entrave aux échanges internationaux (« laisser-faire « devenant « laisser-passer « au niveau international) Attention : libéralisation, notion plus large que libre-échange (échanges de biens et services) ; à différencier aussi de la notion d’ouverture Protectionnisme : ensemble de mesures visant à protéger la production d’un pays contre la concurrence étrangère Le problème est de savoir où se situe la frontière entre protectionnisme et libre-échange, un pays étant souvent les deux à la fois. 2 Inventaire (typologie ?) des mesures protectionnistes Protection tarifaire (droits de douane) :     - droits ad valorem : pourcentage de la valeur des produits     - droits spécifiques : somme fixe par produit   ( le mouvement des prix est à prendre en compte; si les prix augmentent, la protection ad valorem se renforce ; si les prix baissent, c’est la protection spécifique qui se renforce     - la notion de protection effective : (valeur ajoutée avec droit de douane ''   valeur ajoutée au prix mondial) / valeur ajoutée au prix mondial Le problème :     - Pays A veut protéger son secteur d’assemblage
    - Il établit un DD de 25% sur les voitures   ( A quelle protection effective du secteur de l’assemblage cela correspond-il ? Récupérer la suite Protection non-tarifaire (tout le reste !) : « protectionnisme gris «     - limitations quantitatives :         o quotas imposés ou décidés conjointement         o Restriction Volontaire d’Exportation (RVE) : Arrangements Multifibres (démantèlement en 2005) (cf. voir cours First Lap), 130 accords pour 10% du commerce mondial en 1986 surtout dans l’automobile, l’électronique     - mesures indirectes :         o normes : techniques, sanitaires, environnementales               ▪ ex : notice en français, tous les magnétoscopes importés devaient passer par le bureau des douanes de Poitiers en 1985…         o subventions : à la recherche, à l’exportation, crédits à taux préférentiel               ▪ ex : PAC, subventions aéronautiques, subventions agricoles américaines         o attribution des marchés publics         o manipulation du taux de change : monnaie sous-évaluée ( produits nationaux moins chers à l’étranger et produits étrangers plus chers sur le marché national               ▪ ex : yuan chinois, yen japonais 1 Panorama historique 1 Avant 1947 : le protectionnisme est la règle, le libre-échange l’exception 1   L’essor du libre-échange Avant 1840 : protectionnisme généralisé (Acte de Navigation britannique, Zollverein allemand, USA, Japon et Russie protectionnistes) 1840-70’s : mouvement partant de Grande-Bretagne se propageant en Europe et dans le reste du monde (sauf USA) dans les années 50 (traité de libre-échange
France-Angleterre en 1860 : clause de la Nation la plus favorisée) 2   Retour au protectionnisme Entre 1870’s et 1913 : le protectionnisme redevient la règle (tarif Méline en 1892, Bismarck en Allemagne en 1879) sauf en Grande-Bretagne Entre-deux-guerres : renforcement du protectionnisme, même en Grande-Bretagne ; repli aggravé par la crise de 1929 (dévaluations successives, préférence impériale) ; tentative de renouveau libre-échangiste fin des années 30 2 Après 1947 : le libre-échange devient la règle mais le protectionnisme demeure vivant Octobre 1947 : signature du General Agreement on Tarifs and Trade (GATT) entre 23 pays Mars 1948 : charte de la Havane prévoyant la création d’une Organisation Internationale du Commerce (OIC)     ➢ Abaissement plus important et rapide des droits de douane : 40% de DD en moyenne avant le GATT pour 4% aujourd’hui (DD divisés par 10 en 50 ans)       Actuellement, 40% des échanges se font sans droits de douane, « en franchise totale «     ➢ Elargissement progressif de l’accord : 23 pays au départ, 120 au début des années 90 et 147 à l’OMC actuellement 1   Fonctionnement du GATT Négociations multilatérales régulières pour l’abaissement des droits de douane Organisations de « cycles de négociation « (« Rounds «) Principe de l’accord global : négociation globale et non sectorielle, par produit ( consensus Principe de non-discrimination : « clause de la nation la plus favorisée « (même si l’autre Etat ne fait pas partie du GATT) Deux exceptions à cette clause :     - constitution d’unions régionales (zone de libre-échange ou
union douanière) à l’unique condition que cette union ne provoque pas la hausse de la protection de la zone vis-à-vis des pays partenaires en dehors de l’union     - traitement différencié des pays en développement : accès privilégié des produits des PED aux marchés des pays développés sans généraliser à tous les partenaires du GATT Principe de consolidation : on ne revient pas sur un accord passé, sauf si on accorde alors de nouvelles concessions Ne sont pas prises en compte les protections non tarifaires ; d’où la mise en place d’un « « code de bonne conduite « « : seule la protection douanière est autorisée formellement, interdiction des mesures non tarifaires (quotas, subventions) Le problème est de définir cette protection non tarifaire : code des marchés publics, code des subventions, code anti-dumping (ces deux derniers sont définis lors du Tokyo Round en 1979) En cas de litiges entre partenaires, processus d’arbitrage : discussions bilatérales puis, si échec, constitution de « groupes spéciaux « d’experts Exceptions :     - « clause de sauvegarde « (article XIX) : si la concurrence internationale risque de porter un préjudice grave aux Etats, ils peuvent mettre en place des mesures de protection (aides, quotas…) mais application temporaire (4 ans), à tous les partenaires et compensation des pertes dans les pays affectés par les mesures           ex : Arrangement MultiFibres, PAC Paul Krugman parle de « mercantilisme éclairé «, d’un « dogme du libre-échange « Chaque pays essaie de proportionner son ouverture à l’obtention de concessions de la part de ses partenaires Le
GATT correspond à une volonté de créer une régulation internationale pour éviter les circonstances d’avant-guerre (tout le monde se protégeait de ses voisins, dévaluations en cascade…) ; volonté de coordination des politiques économiques 2   Les limites du GATT 1) Des négociations de plus en plus difficiles Chaque pays doit faire des concessions Au départ, les accords sont assez faciles mais au fur et à mesure, il est devenu difficile de ne pas toucher aux domaines sensibles des Etats (ex : l’agriculture, les services…) Les problèmes sont apparus lors de l’Uruguay Round, lorsque qu’on a voulu élargir le domaine d’application des négociations à l’agriculture, les services et la protection de la propriété intellectuelle 2) Détournement des principes du multi-latéralisme Suite à des négociations bilatérales et des mesures unilatérales, les Etats ont négocié des accords sous couvert de respecter le GATT, au nom du GATT et du non-respect par les partenaires :     - droits anti-dumpings et droits compensateurs ( mesures discriminatoires, surtout prises par de grands pays (USA, Canada, Australie, Europe) ; le nombre de cas traités par les groupes spéciaux est très faible par rapport à ceux traités par les Etats de façon bilatérale ou unilatérale     - sanctions unilatérales           ex : Trade Act (USA, 1974) “section 301” ( autorise le Président américain à lever des mesures de rétorsion à l’encontre des pays qui ne respecteraient pas les accords commerciaux ou qui seraient coupables d’une pratique « injustifiable, déraisonnable ou discriminatoire et réduirait ou mettrait en difficulté
le commerce américain «. Autrement dit dès qu’un pays étranger met en oeuvre une règle moins libérale que les USA, ces derniers s’autorisent à mettre en ' uvre une mesure de rétorsion ; renforcé par la « super 301 « en 1988 qui identifie quelques pays « coupables «, cibles privilégiées de la politique commerciale : Japon, Inde, Brésil ; les pays disposent de 1 à 2 ans pour engager des négociations pour se mettre en conformité ! 3) Un système très inégalitaire Leadership américain et européen 1992 : accords de Blair-House (USA-Communanuté Européenne)( mise en place de compartiments pour les subventions, pour décider ce qui sera ou non négociable : « boîte verte « non négociable (aides à la production : politique environnementale, gel des terres…), « boîte bleue « à négocier plus tard (aides forfaitaires, non-proportionnées à la production : aides à l’irrigation, au remembrement) et une dernière boîte qui pourra être négociée (aides proportionnées à la production : subventions à l’exportation…) ; les partenaires se mettent aussi d’accord sur une baisse programmée de 36% des droits de douanes sur les produits agricoles d’ici la fin de la décennie. 3   Apports et limites de l’OMC Désormais, il s’agit d’une organisation, le siège étant à Genève, basée sur le principe d’une voix par pays. Mise en place de conférences ministérielles : réunion entre ministres du commerce des pays (Europe représentée par un unique représentant, actuellement Peter Mendelson) 1999 : conférence de Seattle ( échec fracassant (émergence du mouvement alter-mondialiste) 2001 : début du cycle de Doha (Qatar)
baptisé le « cycle du développement « 2003 : échec de la conférence de Cancun 2005 : accord à Hongkong pour poursuivre les négociations Septembre 2006 : à Rio de Janeiro, les Etats ont réaffirmé leur volonté de poursuivre les négociations Deux problèmes ont bloqué les négociations : l’agriculture et la propriété intellectuelle Les PED ne veulent pas ouvrir des négociations sur l’ouverture des marchés des services réclamée par les pays développés si ces derniers n’acceptent pas de négocier sur l’agriculture. Quant à la propriété intellectuelle, la question est épineuse sur l’accès aux médicaments pour les pays en développement ; un accord a été trouvé en 2001 : PED autorisés à produire des médicaments génériques pour leur marché ; autorisation pour les PED incapables de les produire de les importer des PED précédents. A Cancun ont émergé les acteurs du Sud qui se sont regroupés pour faire entendre leur voix (globalement sur la question agricole, avec le G-20) ; ils se sont organisés en sous-groupes (G-20 avec Mercosur, Inde, Chine… et G-90 avec Afrique, PMA, Caraïbes-Pacifique), ils ont mis en place des accords structurés. Réussite de l’OMC : création de l’Organe de Règlement des Différends (ORD) Ex : cf. dossier 1 page 19 ; même taux entre Nord et Sud quand à l’issue des affaires Face à l’échec de l’OMC, on constate le développement d’accords bilatéraux (encadrés par l’OMC) : Europe-Mercosur… ces accords couvriraient la moitié des échanges mondiaux 2 Le verdict ambigu de l’Histoire 1 Paul Bairoch au XIXème siècle Les politiques protectionnistes n’ont pas toujours été
inefficaces Mythes et paradoxes de l’histoire économique (Paul Bairoch) Le protectionnisme n’a pas forcément été inefficace ; pourtant l’idée dominante est favorable au libre-échange ( Paradoxe Idée dominante remise en cause actuellement (progression à suivre) Paul Bairoch fait 4-5 études différentes (essentiellement sur le XIXème) :   1) les effets du libre-échange au Royaume-Uni (1846-1860)   2) l’Europe continentale   3) les pays neufs non-européens   4) les pays en développement 1) Indéniable succès du libre-échange britannique : forte croissance des exportations (6% de moyenne par an), croissance du revenu par habitant surtout (dépasse les 2% par an) Le commerce a été un des piliers du développement britannique :     - accès aux matières premières     - importation de produits alimentaires bon marché     - débouchés pour les produits industriels britanniques Ce commerce permet de retarder l’état stationnaire de Ricardo : baisse des salaires de subsistance ( restauration du profit ( retardement de l’Etat stationnaire Nuances :     - le commerce était déjà dynamique avant la mise en place du libre-échange     - le libre-échange avait été précédé par une période protectionniste, période durant laquelle s’est effectué le décollage de la RI     - on ne peut pas généraliser les effets bénéfiques du libre '' échange aux autres pays car le Royaume-Uni a une position particulière : domination technique sur le reste du monde 2) Liens entre la politique commerciale et la Grande dépression :     - la dépression éclate à l’apogée de la période libre-échangiste     - la reprise
s’effectue au moment où les mesures protectionnistes deviennent significatives     - le Royaume-Uni souffre moins de la dépression alors qu’il reste libre-échangiste     - les pays européens connaissent une reprise beaucoup plus forte avec le protectionnisme     - Paul Bairoch explique ça par les différences de structure entre les pays         Ex : le poids de l’agriculture (à peine 20% de la population active en GB contre souvent + de 50% dans les pays européens)         Libre-échange ( afflux de produits agricoles en provenance du Nouveau Monde ( baisse des prix agricoles ( baisse des revenus agricoles ( Dépression         Libre-échange ( baisse des prix ( hausse du pouvoir d’achat ( hausse de l’activité               ( hausse des débouchés 2) Pour les pays d’Europe continentale, les échanges commerciaux ont connu une croissance plus rapide pendant la période protectionniste que pendant la période de libre-échange (cf. tableau XII dossier 2 page 5) 3) Les Etats-Unis ont connu une croissance plus forte que l’Europe pendant la Grande dépression, ils sont restés protectionnistes et les vingt meilleures années de croissance américaine pendant le XIXème ont été réalisées lors des périodes les plus protectionnistes 4) Phénomène de désindustrialisation (exemple de l’Inde et de l’Angleterre) lié aux échanges avec les métropoles : textile, métallurgie… Conclusion : Le libre-échange n’a pas le même effet sur les pays suivant le développement de ces pays 2 Point méthodologique : les difficultés de la vérification historique des théories économiques Recherche d’une corrélation
entre croissance et échanges commerciaux 4 problèmes :     - définition des périodes :         o la baisse des prix dans le cas de droits spécifiques provoque la hausse de la protection         o interprétation du traité de libre-échange France/Grande-Bretagne (1860)         o études des politiques menées (difficiles à interpréter) ou des droits de douane (problème de mesure)     - sens de la relation : quel facteur est la conséquence de l’autre ?         o croissance ( ? ( développement des échanges, ouverture, politique de libre-échange     - interactions stratégiques entre pays : les effets des politiques commerciales d’un pays dépendent de celles menées par les autres pays         o Grande-Bretagne ''   Europe continentale : le libre-échange britannique aura permis aux pays européens de connaître une forte croissance grâce à leur protectionnisme : ils profitent des produits britanniques tout en protégeant leurs produits     - problème des raisonnements « toutes choses égales par ailleurs « : seules les politiques commerciales varient entre les périodes ; ce qui n’est pas le cas dans la réalité (politiques industrielle, budgétaire, monétaire…) D’autres explications sont possibles, autres que le rôle du commerce, si on introduit un délai :     - « grappes d’innovation « ( forte croissance ( politique libre-échangiste     - ralentissement de l’innovation ( faible croissance ( politique protectionniste 3 Travaux sur le XXème siècle, analyses récentes Libre-échange :     - études de la Banque Mondiale : les pays les plus dynamiques sont aussi les pays les plus ouverts
    - le taux d’ouverture ne traduit pas forcément une politique de libre-échange     - Dani Rodrik (cf. Figure 1 page 1) : travaux remettant en cause la relation     - Centre d’Etudes de Prospective et d’Information Internationale (CEPII) : apporte une nuance dans la relation ; sur la période 1990-2000, le taux de croissance des « pays ouverts « ou « s’ouvrant sur la période « est supérieure à celui des pays « fermés « ; cependant il y a hétérogénéité entre les pays ouverts ; il distingue donc les pays à bas revenus et à revenus moyens et constate que la relation vaut pour les pays à revenus moyens ; cela crédite l’idée que le libre-échange n’est favorable qu’à partir d’un certain niveau de développement. Les enseignements complexes de la théorie économique 1 Le commerce : un jeu à somme positive 1 Rappels sur le mercantilisme Avant les analyses classiques du commerce international (Smith et Ricardo, puis Stuart Mill), les mercantilistes considéraient le commerce international comme un jeu à somme nulle : ce que les uns gagnent, les autres le perdent. C’est le point de vue de marchands prédisposés à réfléchir en termes de parts de marché. C’est le mérite des Classiques d’avoir montré que le commerce international pouvait être à l’origine d’un gain mutuel à l’échange. Les mercantilistes considéraient, eux, que seuls les Etats qui dégageaient un excédent commercial (entrée d’or dans le pays) gagnaient à l’échange commercial. 2 Commerce et gains de productivité statiques Pour les Classiques, le commerce permet un jeu à somme positive. Smith : si les pays se spécialisent
selon leurs avantages absolus, tous les biens sont produits plus efficacement ( gain total que les pays vont se partager. Ricardo : si les pays se spécialisent selon leurs avantages comparatifs, un gain global d’efficacité apparaît aussi, même si un pays moins efficace s’occupe d’un des biens ; les pays les moins productifs auront un taux de salaire plus faible ; les pays qui « jouent « les bas salaires y gagnent aussi. Krugman parle de « pop internationalism « (théorie « pop « du commerce international) : cette théorie met en compétition les Nations, suite à une incompréhension du modèle ricardien. Théorie sur les bas salaires (cf. Cours de Flebi) 3 Commerce et gains de productivité dynamiques Le modèle classique ne tient pas compte des échelles de rendements croissants ; la spécialisation fait qu’on produit à plus grande échelle, permettant ainsi une hausse de la productivité. Smith, Recherche sur la nature et les causes de le Richesse des Nations : la division du travail est limitée par l’étendue du marché ; plus le marché est vaste (d’où l’ouverture internationale), plus la spécialisation se renforce, plus les gains de productivité sont favorisés. « Effets d’agglomération « d’activités : cumuler autour de certaines filières un ensemble de structures (enseignement, sous-traitance…) ; exemple de la Silicon Valley « Effets d’apprentissage « : innovation, progrès technique Les innovations sont encouragées par l’étendue du marché. Hausse de la diversité des produits (plus de choix) : plus de consommateurs, d’entreprises Hausse de la concurrence ( innovations 4 Libre-échange
''   Productivité et Croissance           Schéma à intégrer 2 Le problème du partage du gain 1 A la recherche des termes de l’échange Exemple :     - le Portugal se spécialise dans le vin     - la Grande-Bretagne se spécialise dans le drap     - Prix vin - Port / px drap Port (1) < px vin / px drap (3) < px vin GB / px drap GB (2)           (1) et (2) : situation en autarcie           (3) termes de l’échange mutuellement avantageux           Plus le terme de l’échange se rapproche du rapport de prix d’un pays, plus se pays est perdant dans l’échange Exemple chiffré :     - 1 /3 < 1 /1 < 3 / 2     - avant, au Portugal, une unité de vin permettait d’avoir 1/3 d’unité de drap ; avec le terme de l’échange 1/1, une unité de vin produit permet d’avoir une unité de drap. John Stuart Mill fait intervenir la demande relative des biens au niveau mondial ; cette demande va fixer les termes de l’échange. Plus les termes de l’échange sont éloignés des termes de l’échange en autarcie, plus le gain est important. Si les biens que vous exportez sont relativement peu demandés par rapport aux biens que vous importez, les termes de l’échange ne vous sont pas favorables. Si vous exportez des biens dynamiques au niveau de la demande mondiale et si vous importez des biens moins demandés, les termes de l’échange se fixent à un niveau plus favorable pour vous. D’où l’importance du choix de la spécialisation. Nuance : tout le monde y gagne quand même, même si certains y gagnent plus que d’autres 2 Des avantages en dynamique : la question de la détérioration des termes de l’échange Deux
causes de la détérioration : * Evolutions de la technologie : le rythme du progrès technique et donc des gains de productivité diffère d’un bien à l’autre * Evolutions de la demande Pour conserver un gain, il faut que les pays s’adaptent aux évolutions de la demande et de la technologie. Il faut faire évoluer sa spécialisation au niveau mondial. Thèse controversée de la détérioration des termes de l’échange (pays du Sud) Hans Singer et Raul Prebisch (1950), analyse statistique des termes de l’échange entre 1876 et 1938 : entre 1876 et 1905, les termes de l’échange (indice de la valeur des exportations / indice des la valeur des importations) ont chuté de 15% ; accélération de cette chute durant l’entre-deux-guerres ( détérioration des termes de l’échange des pays du Sud ; les pays du Sud n’auraient aucun avantage à participer au commerce international, ce dernier serait le signe d’un appauvrissement plus que d’un enrichissement. Exemple fictif :     - un pays du Sud exporte du cacao, 1 000 E la tonne, 10 millions de tonnes exportées, recette de 10 milliards     - achat au Nord des voitures, 10 000 E la voiture donc 1 million de voitures achetées     - augmentation de la production de cacao, 1 000 E la tonne, 12 millions de tonnes exportées, recette de 12 milliards     - achat au Nord des voitures, 15 000 E la voiture donc 800 000 voitures           ( « croissance appauvrissante « Cependant, on dit que les chiffres des auteurs ont été critiqués. De plus, la hausse du prix des importations sont expliqués par une hausse de la qualité. En outre, les importations ont été considérés
en CAF et les exportations en FAB ; donc la baisse du prix des importations peut s’expliquer en partie aussi par la baisse du coût du transport ; d’où un biais dans la détérioration des termes de l’échange. Les importations considérées en FAB auraient amené une diminution moindre. CNUCED : la détérioration a surtout affecté les pays les moins avancés (PMA) Explications de cette détérioration :     - les structures sociales de production sont différentes au Nord et au Sud Gain de productivité au Nord ( hausse des salaires et des profits (syndicats, situation oligopolistique) Gain de productivité au Sud ( baisse des prix (concurrence, pas de syndicats) Du côté de la demande, celle des produits primaires est moins dynamique     - la structure du marché mondial Produits primaires : quelques acheteurs face à une multitude de producteurs ; concentration chez les acheteurs, dispersion chez les vendeurs Plans d’Ajustement Structurel : privatisation des offices de commercialisation 1988, Houphouet Boigny, président de Côte d’Ivoire alors : il décide de stocker son cacao pour faire augmenter les prix ; les coûts de stockage se sont révélés prohibitifs, d’autres producteurs (Malaisie) ont pu approvisionner le marché Instabilité des termes de l’échange des producteurs de produits primaires 3 De l’importance de la spécialisation Toutes les spécialisations ne se valent pas : « bonne « et « mauvaise « spécialisation CEPII : classification Les pays qui ont « convergé «, ceux qui ont rattrapé les pays les plus riches, sont ceux qui ont su adapter leur spécialisation au mieux : Japon,
NPI d’Asie. Les PMA sont spécialisés sur les produits les moins dynamiques (produits primaires). Les PI sont spécialisés sur les produits à fort contenu technologique, en innovation. 4 Le partage du gain à l’intérieur des Nations * Effets redistributifs à l’intérieur des Nations HOS : au Nord baisse des salaires, hausse des profits ou hausse des salaires du travail qualifié, baisse des salaires des non-qualifiés Difficultés de reconversion * Commerce international ((?) chômage et/ou inégalités au Nord HOS :     - libéraux ( hausse des inégalités     - socio-démocrates ( hausse du chômage des travailleurs non qualifiés Excès d’offre de travail non qualifié au Nord ( baisse des salaires non qualifiés Excès de demande de travail qualifié au Nord ( hausse des salaires qualifiés La plupart des économistes considère que le commerce international n’est pas responsable de ces évolutions : estimations chiffrées : en France, dans les années 1990, même les études les plus pessimistes concluaient que 300 000 emplois ont été supprimés en raison du commerce international avec le Sud (sur plus de 3 millions de chômeurs) Raisonnement : Echanges avec le Sud limités : surtout échanges Nord-Nord ( 60% du commerce européen est intra-européen) ; si on ne tient pas compte des matières premières qui ne sont pas en concurrence avec nos productions, il ne reste plus grand chose. Echanges avec ces pays presque équilibrés : exportations en direction du Sud donc créations d’emplois qui compensent les pertes dans les rares branches concurrentielles avec le Sud Limites : exportations ne
comportant pas le même type d’emploi que les importations / exportations comportant moins d’emplois que les importations Quelles explications à ces inégalités :     - évolutions vers emplois plus qualifiés de la structure des emplois (tertiarisation, demande différences de la part des consommateurs…)     - désyndicalisation… Daniel Cohen, Richesse du Monde. Pauvreté des Nations :     - évolution de l’organisation du travail parallèlement à la révolution technologique (NTIC) ( travail organisé autour de travailleurs qualifiés ; surtout accélération à partir des années 1980     - hausse des inégalités intra-groupes : « appariements sélectifs «, « effet O-ring « (à chaque niveau d’une production (surtout si elle est importante), il faut les meilleurs, de l’ingénieur à l’ouvrier ( hausse des salaires de ces meilleurs employés, les meilleurs sont avec les meilleurs et on les paie en conséquence) Adrian Wood, How trade hurt unskilled workers, Journal of Economic Perspective, 1995 :     - il conteste la comparaison entre les importations et les exportations (contenu et type d’emplois)     - le progrès technique peut être en partie induit du commerce international : « innovations défensives « ; les branches les plus concurrencées, les plus ouvertes connaissent la plus forte progression de la productivité totale des facteurs qui explique le progrès technique 1 Les avantages comparatifs ne tombent pas du ciel En partie, la spécialisation des pays est arbitraire une fois qu’on intègre les rendements d’échelle, elle ne dépend plus d’avantages naturels : on n’est plus les meilleurs là où on
produirait le mieux mais là où on est spécialisé. Libre-échange généralisé : politique la plus efficace et la plus « juste « Le partage du gain était influencé par la spécialisation des pays ( le protectionnisme est une politique rationnelle pour un pays, d’autant plus si les autres pays influent sur leur spécialisation La spécialisation des pays à un moment donné est le produit de l’Histoire ; le protectionnisme peut donc se révéler une politique réaliste mais aussi efficace (pour le monde entier) et juste, légitime 1 Economies d’échelle et avantages comparatifs L’existence d’économies d’échelle peut renforcer les gains issus de la spécialisation, donc favorise les échanges internationaux (élargissement des marchés) Avantages comparatifs ( intérêt à spécialisation Ou spécialisation ( économies d’échelle ( avantage comparatif La spécialisation d’un pays peut devenir le fruit du hasard ou de l’Histoire, elle peut être construite par des politiques publiques (subventions à un secteur industriel donné…). Si les pays développés sont spécialisés sur les secteurs les plus porteurs du commerce international, c’est le résultat en partie de leur Histoire, des politiques publiques mis en place par la passé. Regard différent sur le rôle des FTN : si on considère que les FTN exploitent les avantages comparatifs des pays, elles exploitent des différences naturelles entre pays (vision traditionnelle) ; mais si on considère que la spécialisation dépend de l’Histoire d’un pays i.e. est arbitraire, ce sont les FTN qui construisent les avantages comparatifs des pays par leur stratégie. 2 Effets
d’apprentissage et protectionnisme éducateur On devient de plus en plus efficace au cours du temps car il existe des effets d’apprentissage du fait de se consacrer à une production : progrès induit par l’activité économique (learning by doing) Donc le premier pays qui se spécialise dans une production va acquérir une avance sur les autres producteurs ; cette avance va lui faire tenir le marché et les concurrents potentiels ne pourront pas venir contester cette position, à cause de leur retard. La technologie n’est pas mobile au niveau mondial. Plus on considère que l’information circule parfaitement, plus il y aura de concurrence, moins ses effets d’apprentissage seront effectifs. D’où l’idée d’un protectionnisme éducateur pour bénéficier de ces effets ; après cette période de protectionnisme éducateur, un avantage comparatif sera peut-être révélé lors de la mise en concurrence avec les autres pays. Mais ce protectionnisme est temporaire : subventions aux « industries naissantes «. Sans ce protectionnisme, les producteurs locaux étant moins efficaces, les firmes étrangères peuvent s’emparer du marché et tuer dans l’' uf cette industrie locale. Si les entreprises sont plus efficaces à terme dans cette production, il y a un avantage mondial de ce protectionnisme. List, Système national d’Economie Politique (1841) Il justifiait la protection de l’industrie allemande naissante pour lutter contre la compétitivité de l’Angleterre ; d’où la création du Zollverein pour réduire la zone des échanges entre des pays qui se développent ensemble sur un avantage comparatif. «  Le libre-échange
est notre but, le protectionnisme notre voie « On retrouve cette idée dans le GATT avec le « principe de traitement différencié «, dérogation au principe de non-discrimination ( donner un accès privilégié aux pays du Sud sur les marchés du Nord Ex : accords de Lomé (Europe et pays d’Afrique, Caraïbes et Pacifique), années 70-80       accords de Cottonou, années 90 Juillet 1991 : la Commission européenne met en place une protection temporaire (jusqu’à décembre 1999) de l’industrie automobile pour leur laisser le temps de se moderniser et d’affronter la concurrence japonaise. 3 La politique commerciale stratégique Les théoriciens de la Nouvelle théorie du commerce international ont justifié la mise en ' uvre de politiques de protectionnisme ; ils ont démontré que dans le cadre d’une concurrence imparfaite, les politiques publiques protectionnistes pouvaient se révéler efficaces pour les pays qui les mènent. J. Brander et Barbara Spencer Concurrence imparfaite ( situation oligopolistique voire monopolistique 2 Les coûts et les limites du protectionnisme 1 Le coût du protectionnisme Protectionnisme ( perte d’efficacité par rapport au libre-échange (au plus à court terme) Droits de douane (-) ( hausse du prix ( perte de bien-être pour les consommateurs     ( effets en cascade (conséquence sur d’autres secteurs, surtout si la protection porte sur un produit souvent utilisé en consommations intermédiaires) (+) ( recettes douanières       ( gain pour les producteurs nationaux qui vendent plus et plus cher Moins de concurrence peuvent aussi ne pas produire d’effets éducateurs :
les entreprises nationales peuvent prélever une rente sur leur marché captif et n’ont pas intérêt à innover Ex : Accords MultiFibres :     - but : amortir le coût social du désengagement dans cette industrie     - hausse de l’intensité capitalistique de la production     - gaspillage de capital     - effet sur l’emploi limité Libre-échange : le gain peut être redistribué pour qu’il n’y ait que des gagnants 2 Le protectionnisme, otage d’intérêts particuliers Ecole du Public Choice (James Buchanan…) : s’intéresse à la prise de décisions publiques, par des hommes politiques intéressés par leur réélection. Dans ce cadre d’analyse, on peut comprendre pourquoi certains pays sont protectionnistes, les lobbys protégeant le pays étant plus puissants que ceux promouvant le libre-échange. Les perdants sont dispersés et supportent chacun un coût faible, les gagnants sont organisés (syndicats, groupes de pression) et chacun gagne beaucoup. Pression des lobbies et choix des élections Ex : lobbies agraires en Allemagne (revirement de Bismarck), tarifs Méline, FNSEA (France) Cette théorie est une des justifications du « mercantilisme éclairé « du GATT 3 Le risque de représailles Même si le protectionnisme peut être plus efficace et plus juste, il comporte toujours des coûts et des risques de dégénération en protectionnisme généralisé. Economies d’échelle : Dans une situation de concurrence pure et parfaite, la taille n’a pas d’influence. En concurrence imparfaite, les rendements croissants expliquent les échanges de biens similaires entre pays similaires (chaque pays va se spécialiser
dans un pays et ainsi tirer profit des économies d’échelle car le marché sera plus vaste) ( gain à l’échange ; cela explique aussi le partage inégal du gain à l’échange, car les produits ne se valent pas, n’ont pas les mêmes économies d’échelle. Elément à considérer lors du choix de la spécialisation. Externalités et industries stratégiques : Définition : un comportement d’un agent a des effets sur d’autres sans que ce soit sanctionné par le marché Externalités positives : infrastructures publiques… Externalités négatives : pollution… Lien avec le commerce international : certaines industries sont source d’externalités fortement positives ; d’où l’intérêt de s’y spécialiser (connaissances, technologies…) ; par exemple, la connaissance est non rival, c’est un bien public. Le libre-échange permet des transferts de technologie ; mais le choix de produire, c’est considérer qu’il existe des externalités plus fortes dans le cadre d’une production locale. Compétitivité :     - entreprises : capacité à gagner des parts de marché, du moins les conserver         o concurrence par les prix ( compétitivité-prix         o concurrence par les produits ( compétitivité hors-prix               ▪ qualité des produits               ▪ services…     - Nations ?         o les Etats ne font pas faillite         o les Etats sont des marchés les uns pour les autres (raisonnement non applicable au niveau des entreprises) ( le commerce mondial est un jeu à somme positive         o le niveau de vie d’un pays dépend d’abord des déterminants internes au pays ; à long terme, les gains de
productivité permettent la hausse du niveau de vie         o compétitivité-coût d’une économie :               ▪ coûts salariaux unitaires : évolution des salaires en fonction de l’évolution de la productivité         o compétitivité-prix d’une économie :               ▪ prise en compte des taux de changes : dans le cas d’une dépréciation, les produits exprimés en monnaie étrangère deviennent moins chers.               ▪ politique de dévaluation ou de « désinflation compétitive «                     • rigueur salariale (désindexation des salaires en 1982 en France sous Delors : les salaires ne sont plus indexés sur la compétitivité)                     • limite : si chaque pays le fait, les effets s’annulent         o compétitivité hors-coût :               ▪ technologie : problème de spécialisation                     • un pays spécialisé dans un pays à fort contenu technologie pourra retirer une rente de monopole de cet avantage technologique sur le RDM (Vernon)               ▪ structurelle : les structures des marchés nationaux ont une influence sur votre capacité de conquérir des parts de marché ; construire des « champions nationaux « : permettre à des entreprises d’atteindre une taille critique leur permettant de s’imposer dans le commerce mondial ; zones franches ; marché intérieur ----------------------- Taux d’ouverture Taux de croissance Composants 6 000 Euros Composants 6 000 Euros Assemblage 2 000 Euros Assemblage 2 000 Euros Voiture 10 000 Euros prix mondial + DD Chez A, DD de 25% sur les autos importées Voiture 8 000 Euros

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