Les grands courants de la pensée économique
Publié le 22/03/2014
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Les grands courants de la pensée économique Section 1 : La pensée économique du XVIème siècle au XIXème siècle Jusqu'au XVIe siècle environ, la pensée économique n'a pas d'autonomie, elle n'existe qu'à travers d'autres champs de pensée, comme la philosophie ou la théologie. À partir du moment où les interrogations sur l'enrichissement de la Nation se sont faites plus pressantes, la pensée économique a pu se développer de façon autonome. §1 Le mercantilisme (XVIème et XVIIème siècle) : l’enrichissement monétaire et commercial Le mercantilisme apparait dans un contexte particulier caractérisé par : - les grandes découvertes (Nouveau Monde), le développement de l’activité commerciale (thé, café, cacao, tabac, maïs…) - la formation des Etats modernes, - l’évolution des mentalités (laïcisation du monde avec la Renaissance et la Réforme). Colbert (1619-1683) A - Le commerce extérieur est source de richesse Le mercantilisme prône l’intervention de l’Etat afin d’obtenir un excédent commercial, cause principale de la richesse de la Nation. * Le courant mercantiliste n'est pas homogène, il comporte plusieurs écoles: - Selon le mercantilisme espagnol, il faut accroître le stock de métaux précieux grâce aux mines des colonies. En fait, dès cette époque, un Français, J. Bodin (1530-1596), critique cette affirmation et annonce ainsi la théorie quantitative de la monnaie. Celle-ci indique que l'abondance de monnaie est source d'inflation. - Selon le mercantilisme anglais, il faut exporter le plus possible aux prix les plus élevés, et importer le moins possible aux prix les plus faibles. Cela permet de dégager un excédent commercial qui fait rentrer l'or. - Selon le mercantilisme français, il faut être industrieux et développer l'activité manufacturière, ce que fera Colbert (1619-1683). Les importations doivent se limiter aux matières premières, tandis qu'il est possible d'exporter des produits manufacturés dont le prix est plus élevé. * Le mercantilisme est une des premières tentatives d'analyse des phénomènes économiques. S'être posé la question de la cause de l'enrichissement, qui est toujours un fondement de la recherche économique, est son grand mérite. B - Une convergence d'intérêts entre les marchands et le souverain * L'analyse mercantiliste développe une vision harmonieuse de l'organisation sociale et économique: Les sources d'enrichissement des marchands permettent également d'enrichir l'Etat et le souverain. Il y a là une vision de la compatibilité des intérêts, qui annonce la « main invisible « d'A. Smith (1723-1790). * L'objectif des marchands est en effet de s'enrichir par leur commerce, ce qui provoque un excédent commercial qui est le moyen pour le souverain d'obtenir les recettes fiscales qui satisfont son propre objectif, c'est-à-dire la puissance politique et militaire. À leur tour, les marchands profitent de la protection du souverain et de la conquête de nouveaux territoires. Cette école recommande aux gouvernants de faciliter le développement des manufactures pour accroître le volume des exportations et décourager l’introduction de produits étrangers. * Cette politique économique a été notamment appliquée par Colbert qui a utilisé la puissance réglementaire de l’Etat pour favoriser le développement de l’économie nationale. §2 Le libéralisme des physiocrates (XVIIIème siècle en France) Quesnay (1694-1774) « Quid operatur terram suam satiabitur «=> On trouvera à se satisfaire de celui qui cultive sa terre«Non oderis laboriosa opera et rusticationem creatam altissimo «=> tu ne détesteras pas le travail laborieux et placeras au plus haut la création du travail agricole.« Ex natura jus, ordo et leges, ex homine arbitrium regimen et coercitio «=> Diriger et maitriser selon le droit, l’ordre et les lois de la nature et selon le jugement des hommes=> Il valorise la capacité productive du travail car une terre non cultivée par la main de l’homme ne livre aucune richesse, la combinaison des deux enrichit le Royaume A – L’existence d’un produit net agricole * Selon les physiocrates, seule l'agriculture est en mesure de produire un produit net, c’est-à-dire un surplus, par rapport aux moyens utilisés : la seule activité productrice. L'activité manufacturière au contraire est stérile car elle ne dégage aucun produit net: elle transforme les richesses mais n’en crée pas. L’industrie est tout de même très utile, puisqu’elle fournit à l’agriculture des outils dont l’utilisation lui permet d’augmenter le produit net. * L'idée de richesses créées et de produit net préfigure la notion de valeur ajoutée : c'est une avancée considérable par rapport au mercantilisme qui assimilait la richesse à la monnaie. Les physiocrates avancent également que l’investissement accroît la création de valeur ajoutée, lorsqu'ils soulignent que l'utilisation de produits manufacturés augmente la productivité agricole (exemple: la charrue.). B - Le circuit économique * Le Tableau économique de F. Quesnay (1758) F. Quesnay (1694-1774) procède à la première tentative de comptabilité nationale en représentant la circulation des flux réels et monétaires. Il met en évidence le fait que, par le jeu des échanges, les dépenses des uns constituent les gains des autres. * Les physiocrates distinguent trois classes d'agents économiques : la classe des agriculteurs qui est la classe productive ; la classe des propriétaires fonciers; la classe urbaine qu’ils nomment classe stérile. * Les avances qui comprennent l'investissement et les biens intermédiaires permettent le progrès agricole. Quesnay considère qu’à ces avances peuvent diminuer si des taxes trop lourdes grèvent le revenu des agriculteurs, si les dépenses non agricoles de la classe stérile et de celles des propriétaires sont trop fortes et si les commerces intérieur et extérieur manquent de liberté. Il est donc nécessaire d’assurer la liberté de l’économie. Ces prémices de la pensée économique sont d'autant plus importants qu'au-delà de leurs erreurs, ils ont fait avancer la pensée économique. Celle-ci n'évolue pas de façon discontinue: chaque nouvelle théorie puise ses sources dans les courants antérieurs, et la pensée économique se modifie progressivement au gré de l’histoire des faits économiques. §3 Le libéralisme de l’école classique Les économistes classiques La révolution industrielle britannique au XVIIIème siècle révèle un nouveau courant de pensée, fondement de la pensée économique moderne. Par ailleurs, après avoir favorisé dans un premier temps l’essor de l’économie française, la politique mercantile s’avère peu à peu décevante en raison de ses rigidités (multiplication des règlements dans l’industrie et le commerce freine les initiatives privées et perturbe l’activité économique). Les structures mentales se modifient sous l’influence du libéralisme et de l’individualisme : c’est la liberté qui permet d’obtenir ce qui semblait ne pouvoir l’être que par l’autorité de l’Etat. A – Le fondement du libéralisme : l’ordre naturel Les classiques ne représentent pas un courant unifié. Leurs diverses analyses inspireront les penseurs du XIXème siècle, aussi bien les néoclassiques, qui reprennent la notion de libéralisme, que Marx (1818-1883), qui reprend celle de valeur-travail. A la fin du XVIIIème siècle, le libéralisme devient un courant de pensée dominant, tant sur le plan politique que sur le plan économique. a) Les vertus du libéralisme source d’enrichissement Le livre d’Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), est considéré comme un des textes fondateurs de la pensée économique libérale. A. Smith se montre très optimiste dans la mesure où il considère que la poursuite de l’intérêt individuel –ou « la tendance de chaque homme à améliorer sans cesse son sort « - entraîne pour chacun un comportement qui a pour effet d’aboutir, au niveau de la nation, à la meilleure organisation économique. * La main invisible: A. Smith (1723-1790), père du libéralisme, considère qu'une force extérieure au marché incite chaque agent économique cherchant à satisfaire son intérêt particulier (ce que les néoclassiques nommeront plus tard homo oeconomicus) à satisfaire l'intérêt général sans que cela n'entre dans ses intentions. L'intérêt général est l'agrégation des intérêts particuliers. La division du travail apparaît comme un moyen d'accroître la production de richesses, pour satisfaire tous les intérêts. L'État doit être un État minimal qui n'entrave pas la liberté d'entreprendre et le fonctionnement du marché, thème repris par les néoclassiques.« Donnez moi ce dont j’ai besoin et vous aurez de moi ce dont vous avez besoin « A Smith, La Richesse des Nations, livre 1, chapitre 2 Pour Smith, la richesse de la nation réside dans le travail, dans sa capacité à produire des biens et des services, dans sa capacité à les échanger et dans sa capacité à se spécialiser dans l’activité où chacun est non seulement le plus productif d’un point de vue quantitatif mais aussi d’un point de vue qualitatif. - Cette spécialisation du travail provoque une division du travail entre les membres de la population. - La recherche de la satisfaction de l’intérêt individuel stimule cette spécialisation à partir du moment où libre de travailler et d’échanger, chacun reçoit en fonction de son travail donc de son mérite. * Le libre-échange: - A. Smith justifie le libre-échange. Ainsi, les restrictions aux importations provoquent, selon lui, une mauvaise répartition du capital et une insuffisante division du travail ; de même, les incitations aux exportations entraînent une structure économique moins efficace que celle qui aurait résulté du libre jeu des phénomènes naturels.Selon la loi des avantages absolus, chaque économie a intérêt à se spécialiser là où elle dispose d'un avantage supérieur à celui des autres économies.Il est un libéral très hostile à l’intervention de l’Etat dans le domaine économique, sauf dans certains domaines comme la protection du pays contre l’ennemi ou l’organisation de la justice- D. Ricardo (1712-1823) justifie le libre-échange par les « avantages comparatifs « qui en résultent pour chaque pays qui pratique la division international de l’activité économique, soit la spécialisation de la production. Selon la loi des avantages comparatifs, quelle que soit la situation, la spécialisation et l'échange international ont un intérêt. Un avantage comparatif existe toujours là où l'avantage est le plus grand, ou là où le désavantage est le plus faible.Dans les Principes de l’économie politique et de l’impôt (1817), D. Ricardo s’oppose lui aussi à toute intervention de l’Etat, notamment dans le domaine social ; ainsi, toute mesure qui vise à relever les salaires provoque, selon lui, un accroissement du nombre de chômeurs.- D'après J.-B. Say (1761-1832), « l'offre crée sa propre demande «. Toute production d’un bien offert sur le marché donne lieu à une distribution de revenus que les titulaires vont utiliser intégralement pour demander des biens ayant une valeur identique. b) Une autorégulation qui exclut l’action de l’État * La loi des débouchés de J.-B. Say: Say (1803), dans le Traité d’économie politique, énonce sa loi de Say (Say’s Law of market) : « un produit terminé offre dès cet instant un débouché à d’autres produits pour tout le montant de sa valeur «. - D'après J.-B. Say (1761-1832), « l'offre crée sa propre demande «. Toute production d’un bien offert sur le marché donne lieu à une distribution de revenus que les titulaires vont utiliser intégralement pour demander des biens ayant une valeur identique. Ainsi, « les produits s’échangent contre les produits « et « dans toute nation, plus les producteurs sont nombreux et les productions multipliées, et plus les débouchés sont faciles, variés et vastes «. * Toute offre représentant une demande en puissance, J-B Say en déduit que les crises générales de surproduction sont impossibles et que l’intervention de l’Etat, par conséquent, n’est pas nécessaire. * J.-B. Say annonce ainsi les néoclassiques et même l'économie de l'offre. - Aucune crise de surproduction durable et généralisée n'est donc possible si les mécanismes du marché fonctionnent. Une surproduction limitée à un produit peut apparaître ponctuellement et faire baisser son prix. * De ce fait, les facteurs de production se reportent sur une autre production dont le prix est plus élevé. L'excédent est ainsi définitivement résorbé. * La loi de la population de T.R. Malthus (1766-1834): Malthus a établi un constat. A terme, la surpopulation et la sous-production agricole conduiront à une aggravation de la misère et à l’apparition de graves famines. Ce constat éludera la plus importante partie de son œuvre. Malthus place au centre de son analyse le rôle de la demande dès l’énoncé de son principe de population. Il considère que les deux problèmes majeurs de son époque, résident dans la misère de la classe laborieuse en raison de la faiblesse de son niveau de vie, conséquence de la faiblesse des salaires et le chômage. - La population suit une progression géométrique, tandis que la production suit une progression arithmétique. La production agricole devient alors insuffisante pour nourrir toute la population. La régulation naturelle et sociale est le plus sûr moyen d'enrayer la progression géométrique de la population. * Il faut abolir toute charité en faveur des pauvres, pour ne pas encourager leur comportement nataliste. * Malthus rejette donc toute action sociale de l'Etat. - Malthus n'envisage pas que la pression démographique puisse être un facteur d'augmentation de la demande et de la production, ce qui rendrait compatibles croissance économique et croissance démographique. * Les thèses anti-natalistes développées à propos des pays du tiers-monde puisent leur source dans le malthusianisme d'où leur appellation: thèses néomalthusiennes. B – Déséquilibres et état stationnaire sont malgré tout envisageables a) La théorie de la rente foncière de D. Ricardo Ricardo partage le point de vue pessimiste de son ami Mathus à propos de l’évolution économique à long terme. Il prévoit un baisse à terme des taux de profit des différents secteurs de l’économie et par égalisation de taux de profit global, entraînant un arrêt de l’accumulation du capital. Il redoute alors l’état stationnaire. * Des rendements décroissants: - Pour faire face à l'accroissement de la population et donc de la demande, il devient nécessaire de cultiver de nouvelles terres moins fertiles ; les rendements agricoles sont donc décroissants. - Il en résulte que la rente foncière versée aux propriétaires fonciers s'accroît au détriment des profits des fermiers qui diminuent car cette rente est différentielle; elle est égale à la différence entre la quantité produite sur une terre donnée et celle obtenue en cultivant la terre la moins fertile (seule cette dernière ne donne pas lieu à un paiement de rente). * Cette idée annonce le raisonnement à la marge des néo-classique s * Le risque d'état stationnaire: - Les terres moins fertiles nécessitant plus de travail pour les cultiver, le prix du blé augmente ainsi que, par voie de conséquence, les salaires puisque l'achat de blé est nécessaire à la subsistance. * Il en résulte que les profits diminuent. Or, le profit étant la motivation principale de la production, celle-ci tend vers un état stationnaire c'est-à-dire la situation d'une économie sans croissance. - La seule solution est d'importer du blé, et donc d'accepter le libre-échange. b) L’ordre naturel est relativisé par certains classiques * Pour J.-S. Mill (1806-1873), qui développe un courant réformiste, l'existence de la main invisible est parfois contestable dans la mesure où l'intérêt du plus fort peut prévaloir et les inégalités exister. Cela nécessite alors l'intervention plus grande de l'État. « Un Etat qui écrase ses hommes en faisant d’eux de plus dociles instruments entre ses mains même s’il vise des objectifs bénéfiques, constatera qu’avec de petits hommes, rien de grand ne peut réellement être accompli. « John Stuart Mill, On Liberty (1859) Ardent défenseur de la liberté individuelle, il prône le libéralisme politique et économique, vante les avantages du libre-échange, diffuse l’expression laissez-faire mais parallèlement légitime un certain nombre d’exceptions où il prône l’intervention de l’Etat. Son libéralisme économique se trouve fortement teinté de socialisme mais sa confiance pour ne pas dire sa foi dans la concurrence et sa profonde méfiance voire crainte, aujourd’hui prophétique à l’égard du communisme comme système attentant aux libertés individuelles, le confortent dans sa conviction personnelle d’un libéralisme économique social et non dans un socialisme libéral. * T.R. Malthus, en s'appuyant sur le rôle fondamental de la demande, et annonçant en cela Keynes, entrevoit une possibilité de déséquilibre. Il met en cause la loi des débouchés (Say) en affirmant que la demande peut être inférieure à l'offre. Dans les faits, il n’est pas du tout vrai que les produits soient toujours échangés contre du travail productif, il faut prendre en considération : le nombre et les besoins des consommateurs. Un engorgement général, une surproduction générale est possible contrairement à cette vision partagée par Say, J.S.Mill et Ricardo, selon laquelle offre et demande s’égalisent puisque l’offre appréhendée selon une quantité de biens et services produits trouve un débouché en s’échangeant. La diversité des théories classiques est révélatrice des tâtonnements de la pensée économique; ainsi, les économistes classiques ne s'accordent pas sur les limites de la notion de production, J.-B. Say inclut parfois certains services dans la production, tandis qu'A. Smith les exclut. §4 Le marxisme et la pensée socialiste L’essor du capitalisme industriel s’est accompagné du développement d’une classe ouvrière vivant dans la pauvreté. La misère ouvrière a suscité une contestation sociale radicale. Le marxisme Le marxisme se développe au XIXème siècle sur la base des œuvres de K. Marx (1818-1883) et F. Engels (1820-1895), qui puisent en partie leurs sources dans le courant classique. Ce courant ne développe pas une analyse de l'économie socialiste mais une critique du capitalisme qui serait un mode de production condamné à disparaître. Au sein du courant socialiste, on distingue le socialisme utopique, représenté par Saint-Simon, Fourier, Louis Blanc et Proudhon, et le socialisme scientifique (Marx et Engels). Dans ses œuvres, Le Manifeste communiste (1848), la Critique de l’économie politique (1859) ou Le Capital (1867-1884), Marx s’efforce d’appuyer sa critique sociale du capitalisme sur une analyse scientifique. A – Une théorie de l’exploitation - La domination d’une classe sociale ne peut être que temporaire. Au fur et à mesure que les techniques évoluent, le système est de moins en moins adapté à la situation nouvelle. Les superstructures, plus rigides, se modifient plus lentement que les infrastructures : il en résulte un décalage entre les deux.Pour Marx, l’Etat, élément de la superstructure d’une société de classes, constitue alors l’instrument du pouvoir de la classe dominante qui s’en sert en vue du maintien de ses privilèges.Mais des contradictions de plus en plus graves se manifestent et aboutissent à un changement souvent violent, du système.« L’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de la lutte des classes «Le Manifeste du Parti Communiste (1848) a) Une théorie fondée sur la valeur-travail * La force de travail est une marchandise particulière: Marx va mettre à jour la lutte des classes à partir d’une étude des lois de répartition de la valeur, qui conditionne l’évolution du système capitaliste. Les mécanistes de la répartition capitaliste provoquent les crises économiques et à terme provoqueront l’effondrement du système capitaliste dans sa globalité. A la différence des « classiques «, Marx montre que le salaire n’est pas la contrepartie monétaire du travail mais l’expression monétaire de la valeur de la force de travail - La valeur d'échange de la force de travail est égale à celle des subsistances nécessaires aux travailleurs (salaire de subsistance). La valeur de ces subsistances est égale à la quantité de travail nécessaire à leur production. La valeur d'échange de la force de travail est donc définie comme celle de toute autre marchandise, par la quantité de travail nécessaire pour la reproduire. Elle possède une qualité que n’ont pas les autres marchandises, elle est source de valeur échangeable. - Ainsi, lors de la passation du contrat de travail, le salarié met à disposition de l’employeur toute sa force de travail, sa valeur d’usage. Il ne reçoit en contrepartie que sa valeur d’échange, le salaire de subsistance ; Comme la valeur d’usage crée une valeur supérieure à la valeur d’échange, il y a exploitation et apparition de plus-value, valeur-travail gratuite que s’approprie le capitaliste. * La plus-value: - Le capitaliste extorque une plus-value (profit), qui est la différence entre la valeur de la richesse créée par le travailleur et celle de sa force de travail, c'est-à-dire son salaire. Ce faisant, le propriétaire des moyens de production (le bourgeois) exploite celui qui ne possède que sa force de travail (le prolétaire), car la valeur créée au-delà du salaire devient la propriété du capitaliste. - Le taux de plus-value, ou taux d'exploitation, est le rapport de la plus-value aux salaires versés. Le capitaliste souhaite accroître le taux de plus-value. Il maintient les salaires au niveau le plus bas, et essaie d'augmenter la plus-value en augmentant la durée de la journée de travail (plus-value absolue), ce qui s'avère limité, ou la productivité du travail (plus-value relative). b) La lutte des classes est le moteur de l'histoire Dans les différentes sociétés, Marx distingue l’infrastructure et la superstructure. - L’infrastructure désigne la technique, les modes de production et d’échanges ainsi que les rapports qu’ils déterminent. - La superstructure comprend les institutions et l’organisation politique, le régime juridique. * Pour Marx, l’infrastructure commande la superstructure ; les institutions, les idées ne font que refléter le mode de production. * Chaque mode de production définit un type de rapports de production, lequel engendre à son tour un type de rapports sociaux. * Chaque société doit passer par des stades bien déterminés que Marx nomme « modes de production «. - Ces différents stades sont: le communisme primitif, l'esclavagisme, le féodalisme, le capitalisme, le socialisme et le communisme. - Le socialisme est une étape transitoire vers le communisme qui est une société d'abondance sans classes sociales ni Etat. * Marx affirme que « l'histoire de toute société jusqu'à nos jours, c'est l'histoire de la lutte des classes «. Que cette lutte oppose l'esclave au maître, le serf au seigneur ou le salarié au capitaliste, elle est l'aspect primordial de la contradiction de chaque mode de production. La lutte des classes est le principal facteur de l’évolution historique : la machine à vapeur a donné naissance au capitalisme, le propriétaire des biens de production devient capitaliste, il commande le travailleur ou prolétaire. B – Le capitalisme et ses trois contradictions Pour Marx, le capitalisme révèle une opposition grandissante entre les capitalistes, de moins en moins nombreux, et les prolétaires, de plus en plus nombreux. L’accumulation croissante du capital et la baisse tendancielle du taux de profit, la paupérisation du prolétariat et la sous-consommation ouvrière provoquent des crises économiques qui doivent conduire à l’effondrement du système. a) Le mode de production capitaliste * Selon la conception marxiste, le système capitaliste repose sur des rapports de production bien définis: la propriété privée des moyens de production et le salariat. * Deux classes antagonistes s'opposent: les bourgeois qui possèdent les moyens de production et les prolétaires qui vendent leur force de travail. Ces deux classes sont en lutte car leurs intérêts divergent, elles se disputent la richesse créée et les prolétaires sont exploités par les capitalistes car ils sont rémunérés en dessous de la valeur réelle de leur production. Seul le travail est une source de valeur; pourtant, le salaire est un salaire de subsistance, tout juste suffisant pour permettre aux ouvriers et à leurs familles de survivre. b) Les contradictions du mode de production capitaliste * La première contradiction du capitalisme est la paupérisation de la classe ouvrière qui amène à l'aggravation de la lutte des classes. - Cette paupérisation est due à l'exploitation à outrance et à la création « d'une armée industrielle de réserve « composée de chômeurs qui permettent d'assurer la flexibilité de la production. - Le capitalisme est tout d'abord source d'une croissance importante. Mais cette croissance s'essouffle vite car il génère des contradictions qui nuisent à son efficacité. * Ainsi, la recherche des gains de productivité, et la concurrence entre les capitalistes augmentent la composition organique du capital, c'est-à-dire l'intensité capitalistique (pour une même production, le capitaliste utilise de plus en plus de capital et de moins en moins de travail). - Or seul le travail est créateur de richesses et donc source de profit. En diminuant sa part dans la composition organique du capital, le capitaliste diminue donc son taux de profit. La tendance à la baisse du taux de profit est la deuxième contradiction du capitalisme. - La troisième contradiction est la crise de surproduction. En raison de la paupérisation de la population salariée, les débouchés sont faibles. Pourtant les capitalistes pour accroître leur profit continuent à augmenter la production. * Cette situation entraîne une tendance à la surproduction surtout visible lors des crises lorsque les ouvriers sont encore plus paupérisés. Les faits contredisent le matérialisme historique. La révolution bolchevique s'est produite dans un pays où le capitalisme n'était pas encore développé. Lénine (1870-1924) l'a justifié dans sa théorie de l'impérialisme, en affirmant que la révolution s'était déroulée là où le « maillon « de l'impérialisme était le plus faible. Le renversement des régimes socialistes de 1989 à 1991 représente une anomalie par rapport au matérialisme historique, que la théorie marxiste ne peut expliquer. Section 2 : Le renouvellement de l’analyse économique (1870-1970) C'est au troisième tiers du XIXème siècle que le courant néoclassique est né. Cette école a fondé une certaine conception de l'économie : la microéconomie. Les trois principaux .fondateurs de l'économie néoclassique sont le Français Léon Walras (1834-1910), l'Anglais Stanley Jevons (1835-1882) et l'Autrichien Carl Menger (1840-1921). Les marginalistes Les néoclassiques Les néo-classiques se reconnaissent volontiers comme des économistes « marginalistes « par référence au calcul à la marge, c'est-à-dire à l’utilisation des dérivés dans le calcul mathématiques puisque c’est à la marge que se révèle la valeur. En tant qu’héritiers des classiques, ils considèrent l’économie de marché comme le système le plus efficace pour assurer la prospérité économique. Comme leurs aînés, ils voient dans la liberté individuelle d’entreprendre, de produire, d’échanger, de consommer, le meilleur moyen d’y parvenir. La libre concurrence, l’exercice libre de l’initiative individuelle assurent l’équilibre du marché et procurent aux individus leur équilibre économique. Le processus d’évolution dans l’analyse de la valeur conduit les économistes néoclassiques à écarter la conception de la valeur travail pour privilégier celle de la valeur utilité, rareté. §1 La concurrence et l’autorégulation des marchés A – Les conditions de la concurrence pure et parfaite * Pour que les marchés puissent s'autoréguler, il faut que les conditions de la concurrence pure et parfaite soient respectées: - l'atomicité du marché, c'est-à-dire une multitude d'offreurs et de demandeurs sur le marché, afin qu'aucun ne puisse à lui seul avoir un impact sur les prix ; - l'homogénéité des produits : les produits doivent être comparables afin que la concurrence joue uniquement sur les prix; - la fluidité du marché: à tout moment chacun peut entrer ou sortir du marché; - la transparence du marché: toutes les informations doivent être parfaitement disponibles afin de pouvoir faire jouer la concurrence. * Les agents économiques sont des « Homo oeconomicus «, c’est-à-dire des individus rationnels qui cherchent à maximiser leur profit s’ils sont producteurs et à maximiser leur satisfaction s'ils sont consommateurs. Ils disposent d'une information parfaite; ils sont donc capables de décider en connaissance de cause et de prévoir les conséquences de chacune de leurs décisions. B – L’équilibre général de L. Walras Walras est le 1er à proposer, le modèle d’équilibre général de concurrence parfaite. Il fixe les conditions de l’équilibre général afin de déterminer « sous un régime hypothétique de libre concurrence «, comment la combinaison de tous les comportements individuels selon une rationalité propre conduit à l’équilibre général, à l’équilibre simultané de tous les marchés. * Sur chacun des trois marchés principaux, le marché des biens et des services, le marché du travail et le marché du capital, se confrontent une offre et une demande qui sont le résultat de l'agrégation des demandes et des offres individuelles. - Sur chaque marché, l'offre est une fonction croissante du prix et la demande en est une fonction décroissante. La libre variation des prix permet d'assurer l'équilibre. - Si une modification intervient sur l'un des marchés, elle se répercute immédiatement sur les autres marchés, qui compensent la variation de façon à maintenir l’équilibre. * La fixation des prix s'effectue par tâtonnements. À l’image de l'intervention du commissaire priseur lors d'une vente à la criée, des ajustements successifs permettent de fixer un prix d'équilibre, égalisant la quantité offerte et la quantité demandée sur chaque marché. L'équilibre général est ainsi atteint. * Grâce à la flexibilité des prix, l'économie est en équilibre : - il.ne peut y avoir de crise de surproduction car la variation du prix des biens et services permet d'égaliser l’offre et la demande; - toute l'épargne est forcément investie car la libre variation du taux d'intérêt permet d'égaliser l'épargne et l’investissement. - il ne peut y avoir de chômage, sauf s’il est volontaire, car la libre variation permet d'égaliser l'offre et la demande de travail. L’œuvre de Walras est marquée par une préoccupation constante : Faire de l’économie le savoir du bien-être de tous et de la justice sociale et des mathématiques, le moteur de cette quête. Politiquement, Walras se pose comme un socialiste libéral. Walras balaye l’héritage des « classiques « pour établir ses propres fondements. Il y a trois axes d’approche de l’économie selon Walras indissociables et d’égale importance. Il s’agit de créer la richesse sociale la plus importante, répartie de la manière la plus juste. Walras rappelle en ces termes son projet libéral : « Quand sortirons-nous de la double ornière où nous jettent tour à tour et l’individualisme absolu et le communisme absolu ? Et quant chercherons-nous enfin dans la conciliation du communisme et de l’individualisme la conciliation même de l’intérêt et de la justice ? « Œuvres économiques complètes, Vol IX, p 42, Economica §2 Les fondements de l’analyse microéconomique A - Le marginalisme * Pour déterminer quelles sont les motivations des individus, les néoclassiques utilisent une méthode de raisonnement : le marginalisme. L’idée est que les agents économiques rationnels ne raisonnent pas sur des quantités globales, mais sur des quantités additionnelles. * Ainsi le consommateur rationnel consomme jusqu'à ce que son utilité marginale (degré de satisfaction procurée par la dernière unité consommée), qui décroît au fur et à mesure de la consommation, soit égale au prix. * Les facteurs de production sont rémunérés à leur productivité marginale. Elle est égale au produit marginal qu'une unité additionnelle de facteurs permet d’obtenir. - En effet, le producteur rationnel embauche tant que la production du dernier salarié est supérieure au salaire qu'il lui verse, c'est-à-dire jusqu'à ce que la productivité marginale (qui est décroissante) soit égale au salaire. - Pour maximiser son profit, le chef d’entreprise doit comparer ce que lui coûte chaque unité supplémentaire (coût marginal) avec le gain qu'elle lui procure (prix de vente). - Le producteur rationnel produit tant que le coût marginal est inférieur au prix de vente. * La quantité optimale est donc celle qui égalise le coût marginal avec le prix de vente. B - Optimum de V Pareto et école du bien-être (A. Marshall) http://www.lyc-arsonval-brive.ac-limoges.fr/secosoc/breve.php3?id_breve=669=>optimum de Pareto Exemple de frontière d'efficacité de Pareto : si les situations préférables sont celles où f1 et f2 sont les plus faibles, le Point C n'est pas sur la frontière de Pareto parce qu'il est dominé par les points A et B. Les points A et B sont tous les deux efficaces * Pareto considère que si toutes les conditions de la concurrence pure et parfaite sont réunies, l'optimum économique est atteint. Il s'agit de la meilleure situation possible.A l'optimum, il est impossible d'améliorer la situation d'un individu sans détériorer celle d'un autre. Mais les néoclassiques admettent une certaine intervention de l'État. Selon l’école du bien-être et son principal représentant A.C. Pigou, le marché ne permet pas toujours d'atteindre l'optimum. Ainsi, le marché ne peut tenir compte des externalités (effets de l'activité ne donnant pas lieu à des contreparties monétaires) et la redistribution des revenus peut parfois être nécessaire pour atteindre l’optimum. * Pour Marshall, l’économie est faite pour l’homme et par l’homme. Il loue sur ce point l’œuvre de J.S Mill qui a ouvert la voie en plaçant « l’élément humain « au centre de son analyse là où Ricardo l’avait éloigné. Il conforte l’héritage de J.S. Mill et s’impose comme le maître de la tradition cambridgienne où l’économie du bien-être (Welfare) guide la politique économique. C – Les apports de l’école néoclassique et des marginalistes L’école « classique « anglaise a dominé la pensée économique pendant près d’un siècle mais, à la fin du XIXème siècle, apparaissent simultanément en Europe de nouvelles écoles qui renouvellent la pensée classique et que l’on appelle « néo-classiques ou marginalistes «. Au-delà de leurs spécificités, elles possèdent de nombreux traits communs : - ce sont des écoles libérales, convaincues de l’efficacité des mécanismes de marché ; - leur théorie de la valeur est fondée non sur la quantité de travail nécessaire pour fabriquer une marchandise, mais sur l’utilité marginale de cette marchandise ; - l’introduction de l’analyse à la marge (coût marginal, productivité marginale…) permet à la plupart d’entre elles une utilisation plus poussée des outils mathématiques ; - les agents économiques sont supposés rationnels et désireux d’optimiser. Trois écoles ont joué un rôle majeur dans l’évolution de la science économique : Il y a plusieurs libéralismes, et les oppositions à l’intérieur de ce courant dominant sont parfois très fortes. Les pères fondateurs du courant, les économistes classiques ont écrit de nombreuses pages montrant que leur vision du monde n’est pas dépourvue de réflexion sur les aspects sociaux (à l’exemple du “père fondateur” Adam Smith qui rédige une “Théorie des sentiments moraux” avant “Recherches sur la nature et les causes de la richesse des Nations”). Jean-Baptiste Say énonce la loi des débouchés selon laquelle l’offre fait toujours naître la demande permettant de l’absorber mais Thomas Robert Malthus pense que l’épargne ne se transforme pas toujours en dépense ce qui est une cause de crise. Vilfredo Pareto est à la fois l’économiste décrivant l’équivalence entre équilibre général de marché et optimum économique et le sociologue qui rédigera un gros "traité de sociologie générale" en 1916. Les frontières du marxisme et la circulation des idées qui sont à l’origine ou qui perpétuent ce courant. L'existence de déséquilibres plus ou moins durables met en cause les principes les principes de l'analyse néoclassique. C'est la raison pour laquelle Keynes propose une nouvelle conception de l'économie, et les nouveaux libéraux, tout en maintenant un raisonnement fondé sur la rationalité individuelle, admettent la possibilité de certains déséquilibres. §3 John Maynard Keynes (1883-1946) Il est un des économistes du XXème siècle dont l’influence sur l’enseignement universitaire, l’opinion publique et les gouvernements aura été la plus profonde et la plus durable. Ancien élève d’Alfred Marshall, il devient à son tour professeur à Cambridge. La pensée keynésienne Il se fait connaître en contestant avec courage et lucidité les thèses de la délégation britannique (dont il est pourtant l’un des principaux experts) à la Conférence de la paix en 1918. Il soutient dans les Conditions économiques de la paix (1919) que le montant trop élevé des réparations exigées de l’Allemagne ne peut conduire ce pays qu’à une crise économique et sociale de grande ampleur. La crise de 1929 l’amène à penser qu’une situation de chômage durable peut apparaître en économie de marché. C’est la thèse qu’il développe dans la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936) et qui le conduit à préconiser l’intervention de l’Etat. A la conférence de Bretton-Woods en 1944, il dirige la délégation britannique et s’efforce d’obtenir la création d’un système monétaire stable et d’une véritable monnaie internationale indépendante du dollar. La crise de 1929, crise de surproduction (ou de sous-consommation) généralisée, donne l'occasion à J.M. Keynes (1883-1946) de s'opposer aux néoclassiques. L'analyse keynésienne est une analyse macroéconomique qui s’attache à montrer que l'agrégation des comportements microéconomiques ne détermine pas un équilibre de plein-emploi. A – L’équilibre de plein emploi permanent est impossible a) L’infirmation de la loi des débouchés La loi des débouchés énonce simplement qu’en produisant et en vendant son produit l’entrepreneur engage des dépenses (salaires, produits intermédiaires) et réalise un profit constituant des revenus. Comme l’épargne n’est qu’un report de consommation dans le temps, tout le revenu se transforme en dépenses absorbant la production. => Cette théorie repose sur une conception particulière de la monnaie : c’est un simple instrument d’échange, elle n’est pas désirée pour elle-même. Loi des débouchés de J.B. Say * Ce n'est pas l'offre, mais la demande effective (demande globale anticipée par les entreprises - elle est composée de la consommation et de l’investissement) qui est la variable déterminante. Keynes infirme le raisonnement de J.B. Say (1767-1832), repris par les néoclassique. Il reprend l'idée intuitive de T.R. Malthus (1766-1834) selon laquelle le niveau de la demande effective détermine le niveau de l’offre, et non l’inverse. * L’apport décisif de Keynes est dans la liaison réalisée entre le fait qu’il n’y a aucune raison pour que le marché des biens soit systématiquement et en permanence en équilibre et l’existence d’un chômage involontaire. Keynes pose clairement le lieu de sa rupture avec les économistes "classiques" en discutant la présentation de l’un de leurs représentants, Arthur Cecil Pigou. L’absence d’ajustement automatique du salaire nominal (qui n’est pas un prix de marché mais l’expression d’une convention) empêche que la mécanique néoclassique s’applique. b) Les fondements théoriques de l’interventionnisme * Le plein emploi n'est pas systématiquement atteint: - Les entreprises ajustent le niveau de la production aux sollicitations de la demande effective, et le niveau de la production détermine le niveau d’emploi. - Mais le niveau de la production atteint ne correspond pas obligatoirement au niveau de plein emploi. Un chômage involontaire est possible. c) La préférence pour la liquidité La logique du marché est remplacée par la logique du circuit. : Une représentation animée des enchaînements keynésiens. * Les trois motifs de la préférence pour la liquidité: - Les encaisses de transaction permettent de réaliser les dépenses de consommation entre deux versements de revenus, - Les encaisses de précaution sont constituées par les ménages pour se prémunir notamment contre les risques liés à la maladie à la famille, à la vieillesse et à l’emploi. Ces encaisses ont tendance à croître avec l'augmentation du niveau des revenus. - Les encaisses de spéculation sont constituées lorsque les agents économiques préfèrent conserver de l'argent liquide dans l'espoir d'une meilleure, rémunération future de leurs avoirs. * L'épargne se décompose en deux parties. La première est de l’épargne qui se transforme en investissement, composante de la demande. La deuxième reste liquide et n’alimente pas la demande. C'est la raison pour laquelle le niveau de la demande effective peut être insuffisant. La monnaie n'est pas neutre et peut être préférée pour elle-même (préférence pour la liquidité). B – La nécessité de l’intervention de l’Etat a) La relance de la demande effective * Seul l’Etat peut intervenir pour restaurer le plein emploi -L’Etat est en effet le seul qui puisse accroître ses dépenses (politique de relance afin d’augmenter la demande effective), alors que dans la crise tous les autres agents économiques (ménages et entreprise) ont tendance à réduire les leurs. - L’augmentation des dépenses publiques ne doit pas être compensée par celle des prélèvements fiscaux : le déficit budgétaire est donc une nécessité pour relever le niveau de la demande globale et donc de la production. * Keynes préconise de compléter l’action de la politique budgétaire par la mise en œuvre d’une politique monétaire de baisse des taux d’intérêt susceptible de favoriser la reprise de l’investissement. * L'État doit favoriser la demande d'investissement en agissant sur les taux d'intérêt. Ainsi la baisse des taux d'intérêt incite les entreprises à investir; pour cela l'État doit mener une politique de création monétaire afin d'accroître l'offre de monnaie. * L'État peut aussi augmenter ses propres investissements et donc ses dépenses, mais sans augmenter ses recettes afin de ne pas nuire à la demande des autres agents économiques par une imposition plus forte. b) L’effet multiplicateur de l'augmentation de la demande http://ecomultimedia.free.fr/multiplicateur/multipli.html=> animation * Un effet multiplicateur amplifie la relance et donc accentue les effets des interventions de l'État. Cet effet multiplicateur a été présenté par Kahn en 1931 et repris par Keynes. Une augmentation de la demande (demande d'investissement dans le cas du multiplicateur de Kahn) suscite une augmentation plus forte de la production. En effet, plus de demande signifie plus de production, et donc plus de revenu distribué; une partie de ces revenus supplémentaires (mesurée par la propension marginale à consommer c'est-à-dire la part d'une augmentation de revenu utilisée à l'augmentation de la consommation) se transforme en demande supplémentaire d'où une nouvelle hausse de la production, donc des revenus et de la demande... Le multiplicateur (k) est égal à l'inverse de la propension marginale à épargner. Lorsque la demande augmente, la production augmente k fois plus. * Ce multiplicateur joue pour toutes les composantes de la demande (demande de consommation, demande d'investissement, demande de l'État et demande extérieure) et cela aussi bien à la hausse qu'à la baisse. c) La postérité keynésienne A la suite de la publication de la Théorie générale, de nombreux débats théoriques vont se produire et les idées keynésiennes vont se répandre très largement. Des économistes tels que Hicks (prix Nobel en 1972), Hansen ou Samuelson (prix Nobel en 1970), s’efforcent de réaliser une synthèse entre certains apports néo-classiques qui restent valides à leurs yeux et l’essentiel de la macroéconomie keynésienne. La politique de New Deal, menée aux Etats-Unis en 1933, est antérieure à l'achèvement en 1936 de la construction de la théorie keynésienne ; elle est pourtant conforme à certains de ses principes. C'est surtout après la Seconde Guerre mondiale que les politiques économiques keynésiennes se généralisent. Elles sont ensuite remises en cause par l'existence de dysfonctionnements dûs, entre autres, au contexte d'économie ouverte (inflation et contraintes extérieures.). Section 3 : Les grands courants de pensée contemporains Avec Marx, Keynes a initié un courant majeur de l’analyse économique dont les partisans ont revendiqué leur appartenance à la pensée de ce dernier, en se qualifiant de keynésiens. Les concepts au cœur du keynésianisme : - le chômage involontaire : dû à l’insuffisance de la demande effective, anticipée par les chefs d’entreprise, - l’autorégulation des marchés ne garantit pas en général le plein-emploi (équilibre de sous-emploi), - la réalisation du plein-emploi s’obtient par la relance des dépenses publiques, - l’insuffisance de la demande commande l’insuffisance de l’offre à court terme et constitue l’origine première de la crise économique. - l’économie est par nature incertaine, instable et monétaire §1 Le prolongement de l’analyse keynésienne Les quatre principaux courants qui revendiquent l'héritage de Keynes sont le keynésianisme, la théorie du déséquilibre, la théorie post-keynésienne et la nouvelle économie keynésienne. A – L’opposition entre le keynésianisme et l’école post-keynésienne Samuelson (1915-2009) Prix Nobel 1970 Hicks (1904-1989) Prix Nobel 1972 Les deux principaux fondateurs du keynésianisme sont Samuelson et Hicks. Le keynésianisme (appelé aussi courant de la synthèse néoclassique ou synthèse classico-keynésienne) est un courant qui a fondé la macroéconomie traditionnelle (modèle IS-LM par exemple). Il a créé une nouvelle orthodoxie qui a dominé la pensée économique de l'après-guerre, jusqu'au milieu des années 1970, et qui a largement inspiré les politiques économiques de cette période. a) Le keynésianisme Les économistes du courant de la synthèse classico-keynésienne postulent que l'économie est en équilibre car l'offre s'ajuste à la demande et le taux d’intérêt permet d'égaliser l'offre et la demande de monnaie. En revanche, cet équilibre est généralement de sous-emploi, ce qui motive la mise en œuvre de politiques monétaires et budgétaires. John Richard Hicks, publia "Mr Keynes and the Classics : A suggested interpretation" dans la revue Econometrica (1937). Il envisage la Théorie générale comme un cas particulier de la théorie classiqueIl repense l’équilibre général de l’économie à partir de deux droites :- la droite IS représente l’équilibre entre l’investissement (I) et l’épargne (S), donc l’équilibre sur le marché des biens ;- la droite LM représente l’équilibre entre la demande de liquidités (L) et l’offre de monnaie (M), donc l’équilibre sur le marché monétaireCe modèle permet de présenter dans un seul diagramme les relations entre le taux d’intérêt et le niveau de production sous deux formes : une liaison traduisant l’équilibre offre demande de biens et une relation traduisant l’équilibre offre et demande de monnaie. Il n’y a pas de marché du travail car l’économie est supposée être en situation de capacités de production excédentaires : les entreprises peuvent répondre sans délai à une augmentation de la demande, ce qui implique que le revenu et la production sont entièrement déterminés par la demande globale. Le modèle IS-LM est un modèle à prix fixes puisqu’il n’y a pas de contrainte pesant sur la production. b) L’école post-keynésienne http://www2.ac-lyon.fr/enseigne/ecogestion/legt/IMG/ppt/politique_economique_et_carre_magique.ppt=> carré magique (France : 1970-2000-2005) Les représentants les plus illustres de cette école sont M. Kalecki, J. Robinson et N. Kaldor (1908-1986). * Le courant post-keynésien est un courant qui regroupe différents économistes ayant en commun d'appuyer leur analyse sur le principe de la demande effective tel qu'il a été présenté par Keynes dans la théorie générale. Ce courant est loin d'être unifié et les différentes analyses sont souvent éloignées. * Les post-keynésiens préconisent des interventions fortes et fréquentes des pouvoirs publics essentiellement dans le sens du soutien à la croissance. Selon eux, la politique monétaire n'est pas une priorité; il faut lui préférer une politique de revenu et une politique-budgétaire qui sont plus appropriées pour jouer sur le niveau de la demande. L'État a donc un rôle important a tenir pour soutenir la demande effective, et notamment l'investissement, qui en est une composante importante. B – La théorie du déséquilibre a) Les prix étant rigides, les ajustements se font par les quantités * Du fait de la concentration dans de nombreux secteurs de l'économie et des ententes entre entreprises, de nombreux marchés sont en situation monopolistiques ou oligopolistiques, ce qui crée une rigidité des prix à la baisse. Selon E. Malinvaud, la raison principale de la rigidité réside dans le coût des transactions (collecte de l'information, perte de temps, coût de l'adaptation). * L'obéissance à la loi du marché nécessiterait de multiples et fréquents changements de fournisseurs, ce qui alourdirait énormément les coûts de transaction. * La demande est donc relativement inélastique par rapport aux prix, et les offreurs sont moins incités à les faire varier. * Les prix étant rigides, ils ne permettent pas l'égalisation de l’offre et de la demande. En cas de déséquilibre entre l'offre et la demande, l'ajustement se réalise par les quantités, ce qui signifie que le volume échangé est égal au niveau le plus faible de l’offre ou de la demande (si, par exemple, la demande est supérieure à l'offre, la quantité échangée sera celle de l'offre). L'ajustement s'effectue au « côté court du marché «. b) Les différents déséquilibres engendrent des chômages différents Devant la persistance du sous-emploi, un certain nombre d'économistes (Robert Clower, Axel Leijonhufvud aux Etats-Unis, Jean-Paul Benassy ou Edmond Malinvaud en France) remettent en cause l'existence et l'efficacité des mécanismes d'ajustement par les prix. Alors que les libéraux raisonnent sur la base de marchés en équilibre, ces auteurs considèrent que le cas général à étudier est celui de marchés en déséquilibre. En effet, dans la réalité, les prix ne sont pas flexibles mais rigides. * Le chômage keynésien. Edmond Malinvaud a montré alors que deux cas différents de chômage pouvaient se présenter : Cette analyse conduit à attirer l'attention des gouvernements sur le risque d'erreur de diagnostic en matière de chômage. Elle conclut cependant à la validité des solutions keynésiennes (politique de grands travaux notamment) lorsque le chômage est dû à l'insuffisance de la demande. * L'inflation contenue. - Nature du déséquilibre: * sur le marché des biens et des services, la demande est supérieure à l'offre; * sur le marché du travail, la demande est supérieure à l'offre. - Cause et résolution du déséquilibre: malgré leurs débouchés, les entreprises ne peuvent produire plus et répondre à la demande à cause d'une situation de plein-emploi. Il existe peu de solutions conjoncturelles, il est nécessaire d'augmenter la productivité par le biais du progrès technique. C - La nouvelle école keynésienne (NEK) http://video.google.com/videoplay?docid=5912197070334712687#=> le monde selon J Stiglitz (30 mns) La nouvelle économie keynésienne est un courant théorique né dans les années 1970-1980. Pour les nouveaux économistes keynésiens, les individus sont rationnels, mais des déséquilibres existent et se propagent car les marchés ne peuvent s'autoréguler du fait de la viscosité (rigidité) des prix et des salaires, et de l'imperfection de l'information. Parmi les nombreux nouveaux économistes keynésiens, il est possible de citer E. Phelps, G. Mankiw ou J. Stiglitz. a) La viscosité des prix et des salaires * La rigidité des prix - Pour les nouveaux économistes keynésiens, tous les marchés ne sont pas des marchés à prix flexibles. Les entreprises évoluent davantage dans un contexte de concurrence imparfaite que dans un contexte de concurrence pure et parfaite; elles sont donc plus souvent des « price makers « que des « price takers «, contrairement à ce que soutient la théorie libérale. * Il peut être rationnel pour des entreprises de ne pas systématiquement ajuster leurs prix aux modifications de la demande. - Les nouveaux économistes keynésiens expliquent notamment les rigidités nominales (les prix nominaux ne s'ajustent pas librement en fonction de l'état de l'offre et de la demande) par les coûts de catalogue qui désignent l'ensemble des coûts liés à une modification de prix. * Le chômage peut être involontaire - Renouant avec la tradition keynésienne, les nouveaux économistes keynésiens cherchent à démontrer que le chômage peut être involontaire car des rigidités salariales nuisent à l'ajustement du marché et parce que les entreprises peuvent avoir intérêt à rémunérer leurs salariés au-delà du salaire d'équilibre. - Les salaires ne sont pas négociés au jour le jour en fonction du marché, mais ils le sont pour une période déterminée qui peut varier en fonction des habitudes de chaque pays. * Ainsi, des contrats de travail signés pour un certain laps de temps créent des rigidités importantes et nuisent à l'ajustement des marchés. - De nombreux modèles expliquent pourquoi les agents économiques peuvent s'entendre sur des salaires différents du salaire d'équilibre, tout en étant parfaitement rationnels. * Ainsi, la théorie des contrats implicites explique que les salariés attendent de l’entreprise qu'elle joue un rôle d'assurance et ils acceptent des salaires inférieurs au salaire d'équilibre en échange de la garantie d'une stabilité de ceux-ci. * La théorie du salaire d'efficience montre que l'entreprise peut avoir intérêt à offrir des salaires plus élevés que ceux du marché pour diminuer le turnover (fidéliser les salariés par reconnaissance envers l'entreprise), pour attirer les salariés les plus qualifiés et stimuler la productivité du travail (thèse développée notamment par Stiglitz et Shapiro en 1984); Ainsi, le fonctionnement des marchés ne peut-il pas aboutir spontanément à l'équilibre de plein emploi: l'intervention de l'Etat doit permettre de suppléer aux défaillances du marché. b) L’information asymétrique Une des conditions de la concurrence pure et parfaite est la transparence du marché, c'est-à-dire l'information complète et gratuite pour tous les agents économiques. Au contraire, les nouveaux économistes keynésiens considèrent que les cas d’information asymétrique sont fréquents. * La sélection adverse - La sélection adverse (ou anti-sélection) désigne la situation où la concurrence est perturbée par le fait que seule une des parties se livrant à l'échange connaît effectivement la valeur du bien; dans ce cas, l'agent victime de manque d'information risque de sélectionner uniquement les mauvais produits. - Les deux principaux exemples de sélection adverses ont celui des voitures d’occasion (présenté par Akerlof,) et celui des assurances (présenté par Rothschild et J. Stiglitz). * La sélection adverse a tendance à chasser les bons produits du marché (seuls les mauvais produits sont sélectionnés) et les bons assurés (ceux dont le risque est le plus faible ) et peut même, à terme, faire disparaître le marché. * L’aléa moral - Dans de nombreux cas, il est impossible ou difficile de contrôler si un partenaire respecte son contrat. Le problème de l'aléa moral se rencontre dans deux cas principaux : * soit le « principal « (le mandant) ne peut pas contrôler l'action de l' « agent « (mandé) qui peut en profiter pour « tirer-au-flanc «, soit le principal peut observer l’action, mais n'a pas la possibilité d'en juger l'opportunité. - Dans le modèle du « tire au flanc «, il est difficile de contrôler la bonne volonté d’un agent; * par exemple, les dirigeants d'une entreprise peuvent être accusés de tirer au flanc par les actionnaires si ces derniers ne sont pas absolument sûrs qu'ils mettent tout en œuvre pour maximiser les dividendes, ou les salariés par les chefs d'entreprise s’ils ne sont pas sûrs qu'ils font tous les efforts pour être plus productifs. * Dans le modèle des professions d'expert, il est difficile d'évaluer l'opportunité d'une action; c'est par exemple le cas des interventions des chirurgiens ou des dentistes. - Dans les deux cas, le coût d'un contrôle efficace est très élevé et donc le meilleur moyen est de rendre la sanction assez forte pour qu'elle compense la faible probabilité d'être démasqué. Pour rendre les coûts de surveillance supportables, il faut alourdir la sanction. La nouvelle économie keynésienne veut montrer que des déséquilibres durables sont possibles et que le chômage peut être involontaire. Ce courant considère que les interventions de t'Etat sont nécessaires, mais il se méfie des interventions trop fréquentes ou trop lourdes comme les déficits budgétaires importants. D – L’école de la régulation L'arrêt d'une forte croissance dans les années qui ont suivi la crise pétrolière de 1973 a suscité l'approfondissement d’une réflexion portant sur les structures du capitalisme par une nouvelle école connue sous le nom d'école de la régulation. * Les principaux représentants de cette école sont des économistes français (Aglietta, Boyer, Mistral). * Leurs analyses sont au confluent de la doctrine marxiste, des méthodes de la Nouvelle histoire de F. Braudel et de la macroéconomie keynésienne. * Définissant la régulation comme « la conjonction des mécanismes concourant à la reproduction d'ensemble des systèmes «, Aglietta, Boyer et Mistral notamment, sont amenés à bâtir une double typologie : - la première fondée sur la nature du régulateur dominant distingue la régulation concurrentielle de la régulation monopoliste; - la seconde, fondée sur le mode d'accumulation, oppose régime d’accumulation extensive et régime d’accumulation intensive. * En ce sens, les crises économiques majeures sont des crises de mutation entre une régulation ancienne qui ne permet plus la croissance économique et une nouvelle régulation qui permettra de résoudre les causes profondes de la crise. La modélisation des analyses de Keynes a créé le keynésianisme qui a fondé la macroéconomie moderne. L'analyse post-keynésienne est surtout reconnue en France; dans les pays anglo-saxons, elle n'est pas considérée comme vraiment keynésienne. La théorie du déséquilibre annonce la nouvelle économie keynésienne. §2 Le renouveau des théories libérales Depuis le milieu des années 1960, on assiste à un renouveau des théories libérales. Les néolibéraux considèrent que la mise en place des politiques keynésiennes, loin de corriger les déséquilibres, les accroît. Il existe de nombreux courants néolibéraux mais les deux principaux courants sont la théorie de l'offre et le monétarisme. A – Les néolibéraux considèrent qu’il faut désengager l’Etat et freiner la redistribution a) La théorie de l'offre La théorie de l'offre (supply side) a notamment comme représentant Arthur Laffer. * La théorie de l'offre s'oppose à la théorie de la demande de Keynes, et considère que ce n'est pas la demande qui détermine l'offre, mais l'offre qui crée la demande: elle reprend en cela la « loi des débouchés «. * Toute politique visant à augmenter la demande au détriment de l'offre est donc récessive. * Ainsi les théoriciens de l'offre considèrent qu'une politique de redistribution est néfaste: - En prélevant des revenus à ceux qui ont la plus forte propension à épargner, pour les distribuer à ceux qui ont la plus forte propension à consommer, elle diminue l'épargne et donc l'investissement. - La distribution de revenus sociaux peut déresponsabiliser les individus, et les inciter à l'oisiveté en leur conférant un statut d'assisté. * Trop d'État est dissuasif. En effet, les prélèvements obligatoires élevés, nécessaires au financement des budgets de l'Etat et des organismes de protection sociale, dissuadent les individus de produire et les incitent au travail au noir. C'est ce qu'illustre la courbe de Laffer en montrant qu'à partir d'un certain seuil d'imposition les recettes de l'État diminuent. Laffer considère que la pression fiscale, lorsqu’elle devient excessive, produit deux effets : - elle décourage l’offre, les agents économiques étant de moins en moins incités à accroître leur activité pour un supplément de revenu disponible (après impôt) de plus en plus faible ; - elle réduit par conséquent les rentrées fiscales totales. b) Ecole des « choix publics « s'oppose à l'intervention de l'État Au-delà de la critique relative à l’efficacité des politiques économiques, les auteurs de l’école des choix publics (professeurs à l’Université de Virginie comme James Buchanan, prix Nobel en 1986, ou Gordon Tullock) remettent en cause le bien fondé de la production de biens publics par l’Etat. La critique est double : à la fois critique de la procédure de choix démocratique et critique de la bureaucratie : La solution préconisée par les libéraux de l’école des choix publics est double : - il faut limiter et encadrer la procédure de choix démocratique par des règles constitutionnelles (interdisant par exemple les déficits budgétaires) - les services publics (téléphone, télévision, eau…) doivent perdre leurs contrats d’exclusivité et se trouver confrontés à la concurrence. * Selon James Buchanan, l’imperfection du marché ne rend pas légitime l’intervention de l'État. En effet, l'étude dès différentes activités publiques menée par l'école des « choix publics « montre que l'État est chaque fois moins efficace que ne l'aurait été le secteur privé. * L'État opère un effet d'éviction sur le secteur privé. Toutes les disponibilités en travail ou en capital qu'il utilise sont un manque à gagner pour le secteur privé. B – Les monétaristes considèrent que les politiques keynésiennes sont neutralisées par l’inflation L’école monétariste s’est constituée dans les années 1960 à l’Université de Chicago, autour de M. Friedman, prix Nobel en 1976, à partir d’une critique libérale de l’interventionnisme keynésien. Les thèses de cette école ont trouvé un écho croissant dès lors que dans un contexte de crise du système monétaire international (1971) et de stagflation (1974), les politiques keynésiennes se révélaient le plus souvent incapables de restaurer tout à la fois le plein emploi, la stabilité des prix et l’équilibre extérieur. Comme son nom l’indique, l’originalité de cette école tient en grande partie à ses thèses sur la monnaie, présentées notamment dans l’Histoire monétaire des Etats-Unis (1963). - Il faut à la fois contrôler la masse monétaire pour éviter l’inflation et la stabiliser pour amortir les oscillations du taux de croissance autour de sa tendance à long terme. - Il faut substituer aux politiques monétaires menées par les gouvernements une « règle monétaire « intangible, fixant un taux de croissance de la masse monétaire égal au taux de croissance à long terme du PIB. a) Le refus des politiques monétaires de relance * M. Friedman (né en 1912) considère que l'inflation est le phénomène le plus néfaste à l'économie. Selon lui, elle est toujours due à un phénomène monétaire, et elle est la résultante d'une mauvaise politique de l'État. « Reconnaître qu’une inflation grave est toujours et partout un phénomène monétaire n’est que le prélude à une bonne intelligence de la cause de l’inflation et du remède à utiliser «. Milton Friedman, La monnaie et des pièges, Dunod, 1993, p 193 * Une politique de relance de type keynésien ne peut être efficace, car elle engendre l’inflation pour deux raisons: - La hausse des revenus nominaux ne permet de relancer l'économie qu'à très court terme car les agents économiques ne sont victimes de l’illusion monétaire que pendant un temps limité. Ils se rendent rapidement compte qu'en réalité leur pouvoir d'achat n'a pas augmenté du fait de la hausse des prix induite par la politique keynésienne. - Il existe un chômage naturel né de l'inadaptation de certains actifs à remplir les conditions fixées par le marché du travail, une politique de relance ne peut donc pas créer des emplois, mais est en revanche source d'inflation. b) Revenu permanent et flexibilité des taux de change Les études économétriques portant sur la fonction de consommation (1957), celle de la demande de monnaie (1956) ou sur la relation inflation-chômage (1977) ont conduit Milton Friedman à utiliser deux concepts nouveaux : * La théorie du revenu permanent de Friedman constitue un argument supplémentaire contre les politiques de relance de la consommation de type keynésien. - La consommation dépend essentiellement du revenu permanent qui est, selon Friedman, le revenu de toute une vie, que chaque individu anticipe. - Les variations de la composante transitoire du revenu comme le résultat d'événements chanceux ou accidentels (y compris les politiques de relance), ne modifient que très marginalement la consommation. * Les monétaristes s'opposent aux taux de change fixes car ils croient dans les vertus rééquilibrantes des forces du marché; Friedman pense que, dans un système de changes flexibles, les taux de change permettent d'équilibrer automatiquement la balance des paiements. Les néolibéraux considèrent donc que les interventions de l'État sont dangereuses et non légitimes. Les Etats doivent se désengager de l'économie; il faut déréglementer, privatiser et ne plus mener de politiques monétaires et budgétaires susceptibles d’être inflationnistes. C – La Nouvelle Economie Classique (NEC) http://www.imf.org/external/pubs/ft/fandd/fre/2007/09/pdf/people.pdf=> Robert Barro La nouvelle économie classique est parfois appelée « école des anticipations rationnelles « en raison de l’importance qu’elle a donnée à cette hypothèse. C’est un courant néolibéral né aux Etats-Unis dans les années 1970. Son chef de file est Robert Lucas de l'université de Chicago et, parmi ses principaux théoriciens, on peut citer Thomas Sargent, Neil Wallace, Edward Prescott et Robert Barro. * Ces économistes considèrent que les agents économiques sont parfaitement rationnels (anticipations rationnelles), que l'économie est en état constant d'équilibre et donc que l'Etat doit abandonner toutes les politiques discrétionnaires, c'est-à-dire les politiques conjoncturelles. a) Les hypothèses de la nouvelle économie classique * La reprise du modèle de l'équilibre général - Les nouveaux économistes classiques reprennent la théorie néoclassique et considèrent que l'offre globale et la demande globale proviennent de l'agrégation des offres et des demandes individuelles. * C'est le niveau d'équilibre entre l'offre et la demande de biens et de services qui détermine le niveau de la production. - Chaque agent économique ajuste son comportement en fonction du prix. Ainsi, une augmentation des prix informe les offreurs que la demande est supérieure à l'offre et donc qu'ils peuvent offrir davantage (et produire plus si ce sont des producteurs). * La droite d'offre se déplace alors vers la droite et la production augmente. - Au niveau macroéconomique, la droite d'offre est verticale (le niveau de la production est indépendant du niveau des prix). La confrontation entre l'offre et la demande détermine le niveau des prix. Tous les marchés étant en situation constante d'équilibre, le chômage ne peut être que volontaire. * Les anticipations rationnelles Former une anticipation rationnelle reviendrait à connaître la courbe d’offre et la courbe de demande et à en déduire le prix d’équilibre de la période future ; c’est en fait connaître les différentes variables explicatives et savoir comment elles influent sur la variable à anticiper. - Le concept d'anticipations rationnelles a été introduit par John Muth en 1961, de la façon suivante : « Dans le cadre d’un modèle, les anticipations sont rationnelles si elles sont identiques aux prévisions de ce modèle «. Ainsi l’anticipation rationnelle n’est pas nécessairement l’anticipation exacte de l’avenir ; elle n’est rationnelle que par rapport à l’information disponible. * L'idée est que les individus utilisent au mieux les informations dont ils disposent. * Non seulement, ils connaissent toutes les informations nécessaires sur le présent, mais ils anticipent aussi bien que les économistes et le pouvoir politique les événements futurs. * Les individus ne peuvent donc être trompés et l'économie est en équilibre. - Cela signifie notamment que les individus ne peuvent être victimes de l'illusion monétaire; * ils sont capables d'anticiper exactement l'inflation et ajustent leurs comportements à la valeur réelle des marchandises. * Dans ce cadre. la monnaie est donc neutre. Si l’information est partielle ou de mauvaise qualité, même des agents économiques rationnels feront de mauvaises anticipations. La NEC formule ainsi deux hypothèses : 1) les agents économiques utilisent l’information disponible de façon rationnelle et forment des anticipations rationnelles car l’irrationalité des conduirait à des erreurs coûteuses. 2) Mais l’information dont ils disposent est parfois imparfaite, ce qui peut conduire les agents économiques à faire de mauvais choix et provoquer des oscillations macroéconomiques. b) Les cycles sont souhaitables, les politiques conjoncturelles doivent être abandonnées * Les cycles économiques sont des cycles d'équilibre - Le cycle économique est un cycle d'équilibre, c'est-à-dire une fluctuation s'expliquant par la tendance spontanée de l'économie à revenir à son niveau d'équilibre; les fluctuations sont dues à l'adaptation des comportements suite à une modification des contraintes. - L'école du cycle économique réel est un courant de la nouvelle économie classique. * Ce courant considère que les origines du cycle doivent être recherchées dans la sphère réelle ; ils peuvent être des chocs exogènes (choc pétrolier, accident naturel...) ou surtout des chocs technologiques. - Le progrès technique accroît la productivité et déplace la droite d'offre sur la droite, d'où une augmentation de la production, de l'emploi et une diminution du niveau général des prix. * L’abandon de la politique économique conjoncturelle - La politique monétaire est inefficace car toute modification prévisible de la quantité de monnaie est rationnellement anticipée et n'a donc aucun effet sur l’emploi et la production qui demeurent à leur niveau naturel; seul le niveau général des prix est modifié. * Donc, si les anticipations des agents économiques sont correctes, une croissance monétaire forte crée de l’inflation mais n'a aucun effet sur le chômage qui reste à son niveau naturel; * une faible création monétaire est désinflationniste, mais n'a pas d'effet sur le chômage qui reste à son niveau naturel. - La politique conjoncturelle budgétaire n'est pas non plus efficace selon le principe d'équivalence ricardien; principe présenté par R. Barro selon lequel les effets de l'augmentation des dépenses publiques sont les mêmes, qu'elle soit financée par une hausse des impôts ou par le déficit budgétaire, car dans le second cas les individus anticipent une augmentation future des impôts et réduisent donc leur consommation. La nouvelle économie classique a renouvelé la pensée libérale et a ainsi rejeté un certain nombre de modèles nés de l'analyse keynésienne. À son tour, elle va être mise en cause par la nouvelle économie keynésienne. www.ac-nice.fr/ses/.../theorieseconomiques/Nouvelles%20th-ories.ppt * Les grands points de rupture (synthèse simplificatrice, et donc non parfaitement exacte) Néoclassiques Keynes Courant néolibéral traditionnel Nouveaux économistes classiques Nouveaux économistes keynésiens Marché Acceptation de la loi de l’offre et de la demande Autorégulation par les prix Acceptation de la loi de l’offre et de la demande Pas de régulation par les prix Acceptation de la loi de l’offre et de la demande Autorégulation par les prix Acceptation de la loi de l’offre et de la demande Autorégulation par les prix Acceptation de la loi de l’offre et de la demande Régulation par les prix (mais imparfaite) Rationalité Rationalité au sens habituel Pas d’hypothèse de rationalité Rationalité au sens habituel Rationalité au sens fort Rationalité au sens faible Lien entre microéconomie et macroéconomie Analyse essentiellement microéconomique. Le lien n’est pas exclu No bridge Analyses tantôt microéconomiques, tantôt macroéconomiques Analyse macroéconomique se fondant sur l’analyse microéconomique Analyse macroéconomique se fondant sur l’analyse microéconomique Cadre d’analyse habituel Economie pure Economie réelle Economie réelle Economie pure Economie réelle Déséquilibres Impossibles (raisonnement dans le cadre d’une économie pure) Déséquilibres sur le marché du travail Possibles Impossibles Possibles Intervention de l’Etat Dangereuse sauf (monopoles, biens collectifs et effets externes) Souhaitable Dangereuse car le marché est meilleur (ou moins mauvais) dans tous les cas Inutile, voire dangereuse Possible §3 La pensée hétérodoxe L'orthodoxie économique est celle des grands courants économiques, parfois antagonistes, comme les néoclassiques et les keynésiens. La pensée économique n'est pas toujours confirmée par les faits, c'est pourquoi certains économistes s'inscrivent en marge de l'orthodoxie économique. Le point commun des différents économistes hétérodoxes est qu'ils tentent de dépasser les clivages théoriques traditionnels. Ils soulèvent certains problèmes économiques qui étaient restés dans l’ombre jusqu'alors, comme l'ont fait, dans des directions différentes, J. A. Schumpeter (économiste américain, d'origine autrichienne, 1883-1950) ou J. K. Galbraith (économiste américain, 1908-2006). Schumpeter (1883-1950) Galbraith (1908-2006) A – L’hétérodoxie de J.A. Schumpeter: l’importance de l’innovation a) La destruction créatrice * L'innovation est déterminante : - L'innovation constitue selon Schumpeter « l'impulsion fondamentale qui met et maintient en mouvement la machine capitaliste «. - L'innovation est un phénomène majeur qui permet à Schumpeter, en reprenant les travaux d'autres économistes, de montrer que l'évolution économique est cyclique, chaque cycle correspondant à la mise en œuvre puis au déclin d'une « grappe « d'innovations. - Il existe au moins cinq domaines d'innovation possibles, non exclusifs les uns des autres: les objets de consommation, les méthodes de production, les marchés, les matières premières ou les produits semi-finis et l'organisation productive (concentration par exemple). * Une dynamique des structures par le principe de la destruction créatrice: - L'histoire économique est en perpétuel mouvement car la destruction créatrice fait disparaître les structures anciennes, et ouvre la voie aux activités nouvelles. - Il est inutile de préserver un domaine dans lequel une innovation est parvenue à saturation. - La destruction n'est pas une fin, puisqu'elle est créatrice. Elle permet en effet de mobiliser les facteurs de production et les efforts, pour que de nouvelles méthodes de production et de nouvelles activités se développent. b) L’entrepreneur, moteur de la croissance * Le rôle de l'entrepreneur: - L'entrepreneur, « révolutionnaire de l'économie, pionnier involontaire de la révolution sociale et politique « selon Schumpeter, est l'instigateur de l'innovation; l'impulsion vient de lui. - L'esprit d'entreprise, guidé par la recherche du profit, est la dynamique qui assure la croissance et le développement. * Mais le système s'habitue à l’innovation (« au romantisme des aventures d'antan succède le prosaïsme «) et avec la disparition, du fait de la concentration, des petites et moyennes entreprises, la figure emblématique de l'entrepreneur et le prestige de la bourgeoisie s'effacent progressivement. * Le capitalisme, victime de son succès va laisser la place au socialisme. B – L’hétérodoxie de J.L. Galbraith : le pouvoir économique a) La technostructure dans l'entreprise * La disparition de l'entrepreneur: - Avec la naissance puis le développement de la grande entreprise, la propriété s'est divisée entre de multiples propriétaires. L'entrepreneur-propriétaire disparaît progressivement. * Dans ce système de propriété partagée, la propriété confère toujours un pouvoir juridique, mais ne donne plus le pouvoir économique. - La grande entreprise est de plus en plus complexe à gérer, et l'entrepreneur ne peut être à lui seul compétent en tout pour la diriger. * La dissociation entre le pouvoir juridique et le pouvoir économique: - L'entreprise se dote d'un personnel salarié, compétent pour assumer les différentes fonctions entrepreneuriales. Les cadres de l'entreprise sont des technocrates qui constituent la structure dirigeante, d'où l'appellation de technostructure. - Ainsi une certaine partie du salariat détient le pouvoir économique qui échappe à l'actionnariat. b) La filière inversée de la décision de consommation * La théorie néoclassique fonde la fonction de demande sur l'autonomie du choix du consommateur. Celui-ci est un agent économique rationnel qui arbitre en fonction de sa contrainte budgétaire, d'un système de préférences, et d'un système de prix; c'est la théorie du « consommateur-roi « * La théorie de la filière inversée de Galbraith tend à montrer que le consommateur est soumis à un conditionnement qui passe essentiellement par la publicité, propre à influencer ou déterminer sa décision, sans même qu'il s'en aperçoive. Elle rejette donc l'hypothèse de l'homo oeconomicus. Schumpeter et Galbraith ne sont pas les seuls auteurs hétérodoxes, on pourrait aussi citer F. List ou C.-B. Dupont-White. Les différentes pensées hétérodoxes ont en commun leur force de proposition. Il est impossible de les intégrer dans les courants orthodoxes. En effet, la juxtaposition des différentes pensées économiques est davantage propice à appréhender la complexité des faits économiques que ne le ferait une théorie économique unifiée. Prolongement Les ultra-libéraux américains d’aujourd’hui allant jusqu’à prôner l’avènement d’un État zéro, laissant toutes les activités humaines régies par des marchés sont très éloignés des tenants d’une limitation de l’intervention publique aux seuls domaines pour lesquels le marché montre des difficultés et pour les projets de moyen ou long terme (théories de la croissance endogène). Ils sont aussi à l’image de certains libertariens comme Robert Nozick, capables de réclamer la disparition de l’héritage et la redistribution totale des facteurs de production à chaque génération. Comment situer l’école autrichienne et la variété de ses discours de Ludwig von Mises à Friedrich von Hayek, mais aussi Joseph Schumpeter ? Les mêmes divergences s’observent dans la pensée d’inspiration keynésienne. Le courant dominant des années 60, dit de "la synthèse néoclassique" et représenté particulièrement par l’économiste américain Paul Anthony Samuelson est très différent de celui qui continue le travail de John Maynard Keynes à Cambridge Joan Robinson et Nicolas Kaldor. Les deux sont étrangers aux préoccupations des néokeynésiens de l’école dite des "déséquilibres" ou des "équilibres avec rationnements", elles mêmes rejetées par les tenants de "l’économie du circuit". Pour le marxisme, la pratique du socialisme "réel" et l’histoire bouleversée des mouvements révolutionnaires du XXe siècle accentue encore ce sentiment de diversité. Joseph Staline, Léon Trotski, Mao Ze Dong, Fidel Castro, se référaient tous à Marx, et les économistes officiels de ces régimes et/ou de ces déviations réclamaient l’héritage d’une pensée purement marxiste, les autres étant en fait de “dangereux manipulateurs trichant et déformant la pensée du maître”. Que dire dans ces conditions de ceux qui empruntent à différents courants et que les spécialistes actuels de l’histoire de la pensée qualifient d’auteurs "hétérodoxes". Il paraît souvent naturel de les considérer comme des dissidents, mais eux-mêmes affirment parfois être au contraire soucieux du respect de la pensée d’origine des grands auteurs. La prudence s’impose donc dans la détermination des étiquettes politiques pouvant être associées à tel ou tel courant de la pensée économique. C’est pour cette raison qu’il faut dans un premier temps tracer un tableau assez large des éléments communs aux auteurs qui se réclament (ou sont rangés) de (dans) chacun de ces paradigmes. Cette présentation prend en compte une contrainte forte : une théorie se développe dans un environnement historique qui doit être éclairé d’un triple point de vue : * Les caractéristiques socio-économiques de la période, parce que la révolution industrielle et la crise de 1929 ne conduisent pas aux mêmes préoccupations. * Le climat culturel et le mouvement général des idées, parce que les auteurs ne sont pas insensibles aux débats des autres sciences ou à la réflexion philosophique. * Les objectifs spécifiques des auteurs dans leur propre domaine : critiquer les idées économiques dominantes du moment soit pour les réfuter, soit pour les conforter à partir d’une nouvelle argumentation, traiter des questions laissées jusque-là sans réponse. http://www.lyc-arsonval-brive.ac-limoges.fr/jp-simonnet/spip.php?article556&lang=fr=> les grands courants de pensée 1936-2011 : l'actualité de la "Théorie générale" Denis Clerc Alternatives Economiques n° 306 - octobre 2011 En 1936, John Maynard Keynes publie la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie. Trois quarts de siècle plus tard, la crise ravive l'intérêt pour ce livre majeur et conforte la validité de ses analyses. La Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie fête ses trois quarts de siècle sans avoir pris une ride. Mieux : aucun autre livre de théorie économique paru au cours des cinquante ou soixante dernières années ne demeure aussi actuel. Car le maître livre de John Maynard Keynes fournit une grille d'analyse quasiment prémonitoire des deux dimensions de la crise qui secoue le monde occidental depuis 2008 : la crise économique d'abord, la crise financière, ensuite. Une économie de sous-emploi Le capitalisme livré à lui-même engendre quasi fatalement du chômage involontaire : telle est la thèse centrale de Keynes, le fil rouge qui relie tous ses livres, mais qui constitue plus particulièrement le coeur de la Théorie générale. Pourquoi ? Parce que le mécanisme des prix, ce grand régulateur mis en avant par les économistes orthodoxes, joue très bien à l'échelle de l'entreprise (la microéconomie), mais est impuissant à créer un équilibre de plein-emploi à l'échelle macroéconomique, celle de la société tout entière. Supposons que la demande " effective " - Keynes appelle ainsi la somme de ce qui est acheté, que ce soit par les consommateurs, l'Etat ou les entreprises - soit insuffisante pour assurer le plein-emploi. Les entreprises, ou celles d'entre elles qui sont le plus en difficulté pour écouler leur production, réduiront la voilure - licenciements, réduction de leurs investissements - afin de retrouver la rentabilité espérée. Mais, par une sorte d'effet pervers, la conjonction de telles décisions prises en vue d'améliorer la situation individuelle de chaque entreprise va avoir pour effet de réduire un peu plus la demande effective : celle de consommation puisque les revenus distribués seront moindres, et celle d'investissement puisque les entreprises réduisent leurs programmes dans ce domaine. Si bien que le volume de l'emploi, loin de s'améliorer, va se dégrader encore. Le cercle vicieux se boucle. Cependant, si cette analyse permet d'expliquer les difficultés de l'autorégulation par le marché seul, elle ne donne pas les raisons pour lesquelles la tendance au sous-emploi l'emporterait sur la tendance au plein-emploi. Aussi Keynes s'appuie-t-il sur un second raisonnement. Pour qu'il y ait équilibre de plein-emploi, explique-t-il, il faut que toute l'épargne soit absorbée par le financement d'investissements nouveaux. Si la première l'emporte sur les seconds, la demande effective sera insuffisante, et le cercle vicieux ci-dessus se mettra de nouveau en place : une partie des revenus distribués - l'épargne excédentaire - sera en quelque sorte stérilisée et n'alimentera pas la demande. Il faudrait donc, pour compenser, qu'une partie plus importante des revenus soit consommée. Hélas, avance Keynes, la " propension à épargner " est stable, au moins à court terme. Contrairement à ce que prétendent les économistes orthodoxes (Keynes les appelle " classiques "), elle ne dépend pas du taux d'intérêt, mais de bien d'autres facteurs. Quant au montant de l'investissement, certes il est encouragé par une baisse du taux d'intérêt (puisque cela réduit le coût du financement de l'investissement, donc améliore sa rentabilité à venir), mais il dépend surtout des anticipations que font les entreprises sur la demande effective à venir. Ces anticipations peuvent être optimistes. Alors l'investissement augmente, l'épargne trouve à s'employer, la demande effective se gonfle et la croissance est au rendez-vous, justifiant et encourageant les anticipations optimistes : cela peut même conduire au boom. Mais la prudence est souvent de mise dans les affaires économiques. Comme la conduite d'un automobiliste dans le brouillard, mieux vaut ralentir qu'appuyer à fond sur l'accélérateur lorsque l'incertitude vous empêche de voir assez loin : en dehors des périodes de boom, la prudence prévaut et le sous-emploi l'emporte. Une finance instable Cette analyse qui s'appuie fortement sur les anticipations et l'incertitude de l'avenir, Keynes (qui fut lui-même un spéculateur avisé) l'a utilisée aussi à propos des marchés financiers. Pour lui, l'incertitude de ce que sera l'avenir, même proche, fait qu'" il entre dans l'évaluation du marché [financier] toutes sortes de considérations qui n'ont aucun rapport avec le rendement futur " d'un titre, d'une action ou d'une obligation. Si bien que " dans les périodes anormales, notamment lorsque l'hypothèse de la continuation indéfinie de l'état actuel des affaires est moins plausible que d'habitude (…), le marché se trouve exposé à des vagues d'optimisme et de pessimisme irraisonnées ", chacun s'efforçant d'" anticiper de quelques mois la base conventionnelle d'évaluation bien plus que [de] prévoir de longues années à l'avance le rendement escompté d'un investissement (…) ". En d'autres termes, dans ces périodes " anormales ", les professionnels ne s'intéressent pas à ce que valent les titres, mais seulement au prix auquel ils pourront les revendre.[…] Une nouvelle jeunesse Ces analyses ont été fortement contestées. On leur a reproché leur caractère trop macroéconomique, le fait que, centrées sur la demande, elles ignoraient l'offre, et qu'à trop brider les marchés, on les privait d'efficacité. On a considéré qu'elles étaient acceptables à la rigueur pour une économie fermée, mais inadaptées dans une économie ouverte où les capitaux circulent librement : lorsque les coûts salariaux diminuent, les exportations augmentent et compensent alors la réduction ou la stagnation de la demande intérieure, comme le montrent clairement les exemples actuels de la Chine ou de l'Allemagne. Quant à l'excès éventuel d'épargne, s'il trouve à s'employer à l'étranger, il n'exercera plus d'influence dépressive sur l'économie d'origine, mais, au contraire, une influence bénéfique par les revenus importés que cette exportation de capitaux engendre : par leur consommation opulente, les riches recyclent alors les revenus de leur épargne placée à l'étranger. Dans le domaine financier, l'accent a été mis sur " l'efficience " des marchés, c'est-à-dire leur capacité à refléter à chaque instant toute l'information existante, et seulement cette information. Bref, la Théorie générale a pu paraître ringarde. Mais la crise actuelle lui a redonné une jeunesse considérable. Car c'est bien parce que la demande privée s'effondrait qu'il a fallu regonfler fortement la demande publique : l'épargne excédentaire a pu alors trouver un débouché dans l'achat de titres publics, au lieu de peser sur la demande effective et engendrer le cercle vicieux de la dépression. La baisse d'activité a donc été limitée, mais au prix d'un endettement public sensiblement accru. Quant aux marchés financiers, ils se sont montrés tout sauf efficients. Les notes des agences spécialisées, qui reflètent non pas la valeur intrinsèque des titres, mais celle que le marché leur accorde, ont abouti à alimenter dans un premier temps la bulle spéculative des produits structurés contenant des subprime, avant, dans un deuxième temps, d'alimenter désormais la méfiance à l'égard des titres publics de la zone euro. Pour contenir cette méfiance, voire l'inverser, les pays concernés en rajoutent dans l'austérité, réduisant d'autant la demande effective et ranimant ainsi les risques de récession. Difficile, hélas, d'imaginer plus belle illustration de la validité des analyses de Keynes concernant la nocivité des marchés financiers et la tendance dépressive du capitalisme quand il n'est pas régulé. [1] Voir " Mr Keynes and the Moderns " sur www.voxeu.org Notes * (1) " Quelques questions de circonstances à John Maynard Keynes ", Economie appliquée n° 3, 2010. Cet entretien imaginaire est tout à fait remarquable. C'est de cet article qu'est tirée la citation qui suit, issue elle-même d'un discours de Keynes en 1938 à l'assemblée annuelle d'une société d'assurances. Théories économiques : Macroéconomie Courbe de Phillips La courbe de Phillips pose l'existence d'une relation négative entre inflation et chômage. Un gouvernement aurait le choix entre relancer l'économie et par suite l'emploi au prix d'un peu d'inflation, et freiner la croissance et ralentir l'inflation au prix d'un surplus de chômage. M. Friedman (prix Nobel 1976) et E. Phelps ont critiqué cette interprétation due à Samuelson (prix Nobel 1970) et Solow (prix Nobel 1987). Ils soutiennent que si, à court terme, il existe bien une relation positive, à long terme, la courbe devient une droite verticale. Un gouvernement qui relancerait l'économie ferait reculer dans un premier temps le chômage mais au prix d'une inflation plus élevée. L'adaptation des agents à plus d'inflation ramènerait à long terme le taux de chômage à son niveau " naturel ". Si l'hypothèse des anticipations adaptatives autorise un arbitrage exploitable à court terme, celle des anticipations rationnelles ruine même à court terme un tel arbitrage. Dans le modèle de Lucas, les agents ajustent instantanément leurs anticipations de prix et de salaires à la nouvelle politique économique. Toute politique économique est-elle donc inutile ? Pas nécessairement si les modifications de politique économique sous forme de règles négociées sont " bien " interprétées par les agents économiques. Elles ont alors probablement plus d'effets sur l'économie que les modifications de politique économique laissées à la discrétion des gouvernements. (Phillips, Friedman, Phelps, Samuelson, Solow, Lucas) Modèle de Solow Le modèle décrit comment un accroissement du stock de capital, de la quantité de travail (ou de la population) et le progrès technique interagissent et affectent la production au sein de l'économie. À long terme, il montre que l'économie tend vers un état stationnaire. Cette situation d'équilibre est déterminée par le taux d'épargne, le progrès technique et la croissance démographique. Le taux d'épargne et le progrès technique étant des données dans le modèle, la croissance économique dépend, à long terme, de celle de la population. (Solow) Modèles " millésimés " ou à générations de capital (vintage models) Ces modèles, développés par Solow (prix Nobel 1987) proposent une nouvelle méthode pour analyser le rôle de la formation du capital dans la croissance économique et tiennent compte en particulier de l'âge du capital. Selon Solow, le progrès technique est contenu dans le capital de l'économie, contrairement à la nouvelle théorie de la croissance endogène (pour laquelle le moteur de la croissance vient des externalités). Les nouveaux investissements incorporent les dernières techniques connues. Le millésime du capital doit donc être pris en compte dans les modèles. Ainsi se trouve définie une nouvelle façon d'agréger du capital issu de différentes périodes. Ces vintage models ont depuis été employés dans d'autres modèles économiques, tels les modèles d'équilibre général calculable. (Solow) Modèle IS-LM Créé par Hicks (prix Nobel 1972), ce modèle est repris et modifié par Hansen, Lerner, Samuelson (prix Nobel 1970). Il est composé de deux équations : IS (Investment et Saving) exprime l'égalité entre l'épargne et l'investissement (équilibre sur le marché des biens) et LM (Liquidity et Money) traduit l'égalité entre l'offre et la demande de monnaie (équilibre sur le marché de la monnaie). Le modèle comporte deux variables endogènes, le revenu national Y et le taux d'intérêt i, les autres variables sont considérées comme exogènes (masse monétaire M, dépenses gouvernementales G). Le modèle permet d'étudier, dans une économie fermée, les effets des variations de M et G sur le revenu et le taux d'intérêt. Ce modèle va donner naissance au consensus théorique baptisé par Samuelson "synthèse néoclassique" : démarche macroéconomique qui complète le schéma d'analyse keynésien par des équations inspirées de la logique néoclassique (maximisation de l'utilité marginale, analyse du point de vue de l'offre). (Hicks, Samuelson) Théorie de l'état stationnaire A l'origine du phénomène se trouve l'opposition entre deux mouvements qui apparaissent inéluctables et incontrôlables à l'époque : d'une part, la croissance démographique et, d'autre part, les rendements décroissants de la terre. L'accroissement de la production provoque une hausse de la demande de travail, qui implique une hausse des salaires. Cette amélioration des conditions de vie conduit à une croissance de la population. Celle-ci implique une hausse de la demande de produits agricoles. La production agricole augmente. Toutefois, les terres mises en culture pour augmenter la production se heurtent à de srendements décroissants. Le coût de production et donc le prix des denrées agricoles augmentent. Il en résulte que les propriétaires des terres les plus fertiles bénéficient de rentes ; en revanche, les profits des industriels diminuent, la part des salaires restant constante dans le revenu national. Les profits diminuent, l'investissement baisse bloquant la croissance. Le commerce international et le libre échange peuvent retarder l'échéance mais cette solution ne peut-être que de court terme.(Ricardo, Malthus) Théorie de l'oscillateur La théorie montre comment les interactions entre le principe du multiplicateur keynésien (source de stabilité économique) et celui de l'accélérateur (source d'instabilité) peuvent créer des fluctuations cycliques endogènes. Cinq types de situation se présentent : 1°/ il n'y a pas de fluctuation et le niveau de revenu décroît vers son niveau initial ; 2°/ l'évolution du niveau de revenu prend la forme d'oscillations amorties ; 3°/ ces oscillations sont explosives ; 4°/ la croissance est exponentielle ; 5°/ des oscillations auto entretenues. (Samuelson) Théorie de la croissance endogène Cette théorie montre en quoi plusieurs facteurs peuvent faire apparaître des externalités positives et par conséquent être source de croissance pour la collectivité : investissement en capital physique, investissement en capital public, investissement en capital humain, apprentissage par la pratique, division du travail, recherche et innovations technologiques. La croissance est endogène au sens où elle ne dépend que des seuls comportements des agents et des variables macroéconomiques. (Barro, Lucas, Levine, Romer) Théorie de la régulation de la croissance Elle analyse les régimes de croissance. Ceux-ci dépendent d'une part d'un régime de productivité, c'est-à-dire de l'ensemble des déterminants de la progression de l'efficacité économique (organisation du travail et des entreprises, degré de concentration des entreprises, degré de mécanisation, type d'innovation, etc.) et, d'autre part, d'un régime de demande c'est-à-dire de l'ensemble des mécanismes de répartition des gains de productivité entre salaires, profits, prix relatifs qui alimentent la demande. (Aglietta, Boyer, Bénassy, Mistral) Théorie des cycles économiques On distingue différents types de cycles : 1°/ les tendances séculaires ou trends d'une période d'un siècle par référence aux travaux de F. Braudel ; 2°/ les mouvements de longue durée de type Kondratiev de l'ordre de 25 à 45 ans ; 3°/ les cycles classiques ou cycles courts de type Juglar qui durent 6 à 10 ans ; 4°/ le cycle Kitchin qui dure 40 mois ; 5°/ les mouvements saisonniers comme la production agricole. Les cycles peuvent avoir trois origines. La première est d'ordre exogène d'où le terme des cycles exogènes. Dans ce cas, c'est l'environnement qui est à l'origine du cycle : accident climatique, interdépendance croissante des économies qui propage les cycles d'activité d'un pays à l'autre , des chocs politiques, les politiques économiques ou bien encore les échéances électorales à l'origine de cycles politico-économiques. Une deuxième origine est endogène c'est-à-dire lié à l'activité économique elle-même. Les facteurs déclencheurs peuvent être l'accumulation du capital, le partage de la valeur ajoutée, le développement des innovations (explication schumpétérienne des cycles kondratiev), une modification ou choc que peut subir les fondamentaux d'une économie (goût des ménages, techniques disponibles, dotations en ressources des agents). Une troisième origine est financière. C'est le cas pour les cycles d'endettement. l'expansion conduit à une croissance des crédits qui lorsque l'activité se retourne a pour conséquence un désendettement et un approfondissement de la dépression. (Kondratiev, Schumpeter, Juglar, Kitchin) Théorie du capitalisme monopolistique d'Etat (CME) Le capitalisme se heurte à une crise de suraccumulation c'est-à-dire d'excédent de capital par rapport à la masse de profit. L'action de l'Etat consiste à dévaloriser certains capitaux afin de rétablir le taux de profit. Cette intervention prend diverses formes : financement public privilégié, nationalisation, transfert au privé d'entreprises ou de secteurs redevenus rentables.(Boccara) Théorie keynésienne de la crise La crise est contingente. Deux éléments jouent un rôle : la monnaie et les anticipations de la demande. La monnaie peut être conservée pour elle-même et ainsi provoquer des fuites dans le circuit économique. Comme les entreprises produisent lorsqu'elles ont la certitude d'écouler leur production, elles vont chercher à anticiper la demande. Il en résulte un niveau de production qui satisfait la demande mais qui ne correspond pas forcément au plein emploi. Il n'existe pas de mécanisme autorégulateur. En outre, le chômage peut accentuer les comportements d'épargne de précaution et les mauvaises anticipations des entrepreneurs. Seule l'intervention de l'Etat par une politique économique adéquate peut susciter une demande supplémentaire.(Keynes) Théorie marxiste de la crise Seul le travail vivant crée de la valeur. Or poussé par la concurrence, le capitaliste utilise de plus en plus des machines et donc du travail mort. Il déclenche ainsi la crise. Même si le rendement du travail vivant augmente, sa quantité diminue. Il en résulte : 1°/ une diminution de la demande de biens de consommation puisqu'il y a de plus en plus de chômeurs ce qui diminue l'incitation à produire ; 2°/ un déséquilibre entre la section produisant des biens de consommation et celle produisant des biens de production ; 3°/ une baisse de la rentabilité du capital puisque les prolétaires, soit au niveau de la répartition (partage profits - salaires) soit au niveau de la production (lutte contre les cadences) lutteront contre les capitalistes ; 4°/ une baisse inéluctable du taux de rentabilité du capital puisque le capitaliste aura recours de plus en plus au capital constant (autrement dit aux machines ou travail mort). L'existence de contre-tendances : concentration du capital, prise en charge par l'Etat d'une partie du capital, ne sont que des solutions de court terme. (Marx, Engels, Lénine, Luxembourg) Théorie néoclassique de la crise Celle-ci est impossible dans un système d'économie de marché de concurrence pure et parfaite. Toute offre crée sa propre demande selon la loi de J. - B. Say. Si une crise se produit cela peut être dû au non respect des conditions de concurrence pure et parfaite (présence des syndicats, non contestabilité des marchés) ou à l'intervention de l'Etat que cela soit pour stabiliser la conjoncture, pour la politique de redistribution ou pour l'allocation des ressources. Ainsi, la multiplication des réglementations et des programmes étatiques de lutte contre la pauvreté et le chômage produit-elle l'inverse du but recherché (trappes à chômage et à pauvreté). (Say, Hayek, Friedman, Laffer, Buchanan) Théorie régulationniste de la crise Au sein du mode de production capitaliste, il existe différents régimes d'accumulation et différents modes de régulation. Le passage d'un régime d'accumulation à l'autre ou bien d'un mode de régulation à un autre constitue une crise ou rupture. Lorsqu'aucun changement institutionnel ou de politique économique est nécessaire on parle de " petite crise ". Autrement, c'est-à-dire en cas de non reprise spontanée, on parle de " grande crise ". (Aglietta, Boyer, Bénassy, Mistral) http://www.ladocumentationfrancaise.fr/revues-collections/problemes-economiques/theories/macroeco.shtml L’analyse prémonitoire des crises actuelles : * Le capitalisme n’est pas régulé, il entraîne nécessairement du chômage partiel car le marché est incapable de s’autoréguler donc on aboutit à une situation de sous-emploi * Privilégie consommation plutôt que l’épargne. Keynes, pour soutenir la production, de plus il préconise que l’épargne résiduelle soit absorbé par les investissements nouveaux. Or Keynes estime que cette proposition à épargner. Investissement encourager par la baisse des taux, mais dépend des anticipations des chefs d’Etats sur la Demande effective. * Keynes montre bien les incertitudes par rapport à l’avenir sur les marchés financiers et en particulier il montre le métier de trader. * Trop centré sur la demande, trop bridé, les marchés perdent leur efficacité. Cette analyse serait acceptable dans une économie fermée mais inadaptée dans une économie ouverte où les capitaux circulent librement * Marché final non efficient ne reflète pas l’information qui existe sur le marché bulle spéculative sur les marché des subprimes et méfiance des titres publics. Seule réponse actuelle des pouvoirs publics sont les plans d’austérité.
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