L'énigmatique Thabo Mbeki
Publié le 17/01/2022
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dès 1997.
A l'approche des élections, M.
Mbeki a encore renforcé son emprise en durcissant le discours du pouvoir et en multipliant lesmesures en faveur de la population noire.
Il a notamment procédé à une série de nominations au plus haut niveau pour atténuer ladomination de la minorité blanche dans des secteurs-clés comme la justice ou la finance.
Pour favoriser le changement au bas del'échelle, M.
Mbeki a fait voter la loi très contestée sur l'"affirmative action" qui devrait permettre de favoriser l'emploi des Noirsdans le secteur privé.
Signe que le pouvoir a déjà changé de mains, M.
Mbeki a imposé ses vues au président Mandela àl'occasion de plusieurs décisions importantes ces derniers mois.
La plus spectaculaire et la plus symbolique d'entre elles a été le recours en justice lancé par l'ANC contre le rapport de laCommission vérité et réconciliation (TRC).
Chargée de faire la lumière sur les crimes de l'apartheid, la commission a eu le tort -aux yeux de l'ANC - de rappeler les dérapages commis par le mouvement lors de la guerre de libération.
Décidée par M.
Mbekien tant que président de l'ANC, l'action en justice a été unanimement fustigée comme une tentative d'abus de pouvoir et uneatteinte au processus de réconciliation.
Elle a provoqué la fureur du président de la TRC, Mgr Desmond Tutu, qui - sans lenommer directement - s'en est pris à M.
Mbeki de manière extrêmement virulente.
"Je ne me suis pas battu contre des gens quise prenaient pour Dieu pour que leurs successeurs leur ressemblent.
Les opprimés d'hier pourraient devenir les oppresseurs dedemain.
Je ne serais pas surpris que cela arrive", fulminait Mgr Tutu après avoir fait appel, en vain, à son ami le présidentMandela.
La polémique autour de la TRC a relancé les interrogations et les critiques sur la personnalité de M.
Mbeki.
Beaucoup enAfrique du Sud y ont vu une illustration supplémentaire du style souvent jugé autoritaire du personnage.
Pendant longtemps, unebonne partie de la presse a d'ailleurs décrit le prochain président du pays comme un politicien "manipulateur" et "autocrate" quiélimine sans scrupule ses rivaux et qui accepte difficilement la contradiction.
Sur un ton d'avertissement paternaliste, le présidentMandela lui-même s'était fait l'écho de ces critiques lors du congrès de l'ANC.
Devant les délégués du parti, le chef de l'Etat avaittenu à mettre en garde son héritier contre "la tentation d'utiliser sa position pour faire taire les critiques et s'entourer de gens qui nesavent que dire oui".
L'ascension de M.
Mbeki, il est vrai, est avant tout celle d'un homme d'appareil ambitieux et manoeuvrier.
Ces dernièresannées d'ailleurs, plusieurs de ses concurrents à l'intérieur de l'ANC - comme le populaire Cyril Ramaphosa - ont préféré quitterla politique pour le monde des affaires, plutôt que de se laisser marginaliser.
Pour les Sud- Africains, M.
Mbeki était pourtant unquasi-inconnu quand il est revenu d'un exil de vingt- huit ans, en 1990.
Mais ce travailleur acharné pouvait déjà se prévaloir d'unlong parcours au sein de l'ANC.
Fils de Govan Mbeki, un des dirigeants historiques du mouvement anti- apartheid, Thabo a étéle bras droit d'Oliver Tambo, une autre figure légendaire de la cause noire.
Diplômé de l'université anglaise du Sussex, il areprésenté l'ANC en Angleterre et dans plusieurs autres pays étrangers.
Au début des années 90, ce joueur d'échecs a participéaux négociations ayant abouti à la fin de l'apartheid avant d'être nommé, en 1994, vice-président du gouvernement d'uniténationale par M.
Mandela.
Cinq ans plus tard, M.
Mbeki n'a pas entièrement réussi à se débarrasser de son image de "Machiavel" de la politique sud-africaine.
La perspective d'une majorité écrasante en sa faveur a fait resurgir la crainte d'une dérive hégémonique du pouvoir noir.Afin de justifier une demande de fonds auprès de donateurs étrangers, un institut d'études politiques sud-africain a même étéjusqu'à évoquer l'arrivée au pouvoir de M.
Mbeki comme une menace pour la démocratie.
Soucieux de rassurer les investisseursétrangers et les milieux d'affaires, le leader de l'ANC a affirmé qu'il n'avait aucune intention de modifier la Constitution ou deremettre radicalement en cause la politique menée jusqu'à présent.
Ses conseillers, de leur côté, ont multiplié les interviews et les tribunes dans les journaux pour rassurer sur les intentions de leurpatron et le dépeindre comme un homme raisonnable et ouvert.
M.
Mbeki lui- même s'est prêté au jeu mais sans pour autantréussir à sortir de sa réserve.
Poussé dans ses retranchements lors d'une émission télévisée, le vice-président sortant a fini parcouper court aux questions trop personnelles.
"Je suis prêt à révéler aux Sud-Africains la taille de mes chaussures et de meschemises et aussi combien de tasses de café je bois par jour.
Mais ce qui les intéresse, je pense, c'est avant tout de savoir ce quele nouveau gouvernement va faire pour eux", a lâché M.
Mbeki, d'un air agacé.
S'il est désormais à son aise dans les townships et fait des efforts pour paraître moins coincé, le successeur de M.
Mandelaentend bien garder ses distances avec les médias et il protège toujours farouchement sa vie privée.
Récemment, un livre etplusieurs articles biographiques ont quand même résolu en partie "l'énigme Mbeki" et donné un peu de chair au personnagepolitique.
Ils rappellent notamment les turpitudes du jeune homme qui, à seize ans, mit enceinte la fille du proviseur de son villagedu Transkei.
La famille Mbeki dut payer cinq têtes de bétail en dédommagement et elle adopta l'enfant.
Devenu adulte, ce dernierdisparut sans laisser de traces au début des années 80, probablement en essayant de rejoindre un camp de l'ANC en exil.
Marié,.
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