Le sac de Nankin
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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bombardement [...].
Les ruines, ce qui restait de pierre, de béton, de tôle, de surfaces pavées, tout était littéralement criblé, troué,rongé par l'effet d'un déluge de fer.
Je visitai encore la campagne à l'ouest de la ville.
Même ici, la guerre avait laissé unedestruction terrible.
[...] Dans les champs, on tombait sur l'épouvante de cadavres de soldats chinois gisant encore un peupartout ".
Les combats de Shanghai avaient commencé le 13 août - cinq semaines après l' " incident du pont Marco-Polo ", le 7 juillet,près de Pékin, qui déclencha la guerre - par un " blitzkrieg " des Japonais, qui croyaient pouvoir écraser les Chinois par leursupériorité stratégique et tactique.
" Le Japon gagnera la guerre en un mois ", déclara le général Sugiyama, ministre de la guerre.
Ilest vrai que les nationalistes avaient mollement résisté autour de Pékin.
Mais l'incident suscita une assez profonde réactionpatriotique pour interdire tout règlement négocié.
Résistance communiste
Après des décennies de " grignotage " du territoire chinois - occupation de Port-Arthur (Dalian) en 1905, des ex-concessionsallemandes après le traité de Versailles, de la Mandchourie après l' " incident de Moukden " du 18 septembre 1931, etgraduellement du nord de la Chine, - la guerre éclatait enfin au grand jour.
Conquérant économique qui ruinait l'industrie chinoise,l'Empire du Soleil-Levant et la clique de militaristes qui le dirigeait étaient devenus pour les Chinois des occupants d'une cruautéqui n'a toujours pas été oubliée.
Malgré une résistance acharnée et des succès initiaux à Taierzhuang pour le général nationaliste Li Zongren, et à Pingxingguanpour le communiste Lin Biao, malgré le dynamitage des digues du fleuve Jaune par les nationalistes pour ralentir l'avance nippone- qui causa des centaines de milliers de morts parmi la population, - le " Gimo " dut abandonner sa capitale provisoire de Wuhanfin 1938 pour se réfugier à Chongqing (ou Chungking).
L'entrée des Etats-Unis dans la guerre permit, après 1941, aux Chinoisde bénéficier du soutien américain.
Tchiang Kaï-Chek, qui donnait la priorité au blocus des zones communistes - " Ils sont le cancer de la Chine, alors que lesJaponais n'en sont que la vermine ", disait-il, - céda encore du terrain à l'envahisseur lors des offensives de 1944.
Lescommunistes trouveront dans cette guerre le tremplin militaire et politique qui leur permettra de terminer la guerre en héros de lalutte antijaponaise.
C'est en capitalisant sur cette réputation gagnée dans la guérilla, de même que sur les erreurs politiques etstratégiques de Tchiang Kaï-Chek, qu'ils parviendront à remporter en 1949 la guerre civile.
Collaboration mort-née
Après la bataille de Shanghai, le " sac de Nankin " aura donc été le révélateur d'un nouveau nationalisme chinois.
On pourraitdire que c'est là que se trouvent les premiers germes de la défaite japonaise, dans cette violence profonde et absurde, dans cemépris de l'adversaire, au point de perdre toute perspective politique.
La " collaboration " y est mort-née, et l'image du Japon, enAsie surtout, ne s'en est pas encore définitivement relevée.
Quelle famille chinoise n'a pas connu dans son sein, parmi la parentèle,les amis ou les voisins, des victimes de la barbarie de l'armée nippone ? Il faudra plus de vingt ans pour que Pékin, commed'ailleurs Séoul, acceptent d'absoudre le Japon.
PATRICE DE BEER Le Monde du 14 décembre 1987
CD-ROM L'Histoire au jour le jour © 2002, coédition Le Monde, Emme et IDM - Tous droits réservés.
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