Le Réel, Est-Ce Ce Qui Saute Aux Yeux ?
Publié le 22/07/2010
Extrait du document
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nous n'avons pas de moyen de savoir si ce qu'ils nous montrent est réel ou non.
Comment savoir ce qui est réel siles sens nous trompent? Sur quoi peut-on s'appuyer pour définir le réel? Pour savoir en premier lieu si nousn'hallucinons pas, donc si nous sommes en mesure connaître le réel ou pas, le test le plus simple est celui de lacohérence de l'expérience, c'est à dire d'un ensemble de sensations liées entre elles et qui sont cohérentes entreelles.
Tous les sens doivent montrer la même chose et si il y a discordence entre les sens, il y a hallucination.
Mais ilpeut arriver que les hallucinations soient concordantes, c'est-à-dire que tous les sens offrent une vision iréelle.
Ledeuxième test est alors celui de l'expérience concordante: on peut parler d'hallucination lorsque l'expérience que l'onvit n'est pas concordante avec ce que l'on sait du monde (c'est l'exemple par exellence de l'éléphant rose).
Mais unnouveau problème apparaît alors: si le réel est la concordance des expériences entre elles, tout événement inéditprend la figure de l'iréel.
Le dernier test pour savoir si nous hallucinons ou pas est de vérifier la cohérence des sujetsqui percoivent entre eux (c'est-à-dire que si je suis le seul à voir l'éléphant rose, je suis le seul à halluciner carpersonne d'autre ne le voit).
Qu'est-ce qui me garantit alors que les autres ne font pas partie de l'hallucination?Les sens sont donc soumis à des hallucinations qui peuvent être collectives et concordantes.
Il est alors impossiblede savoir si nous voyons le réel ou pas.
Ce que nous appellons réel est attésté par les sens; mais l'hypothèse del'hallucination fait comprendre qu'ils ne suffisent pas à nous assurer du réel qu'ils nous montrent.
Dès lors, si les sensne garantissent pas le réel, qu'est-ce que le réel? Ce que nous appellons réel, c'est une croyance, ou l'objet d'unecroyance, car rien ne nous permet de déterminer le réel.
Nous n'avons aucune certitude que ce que nous percevonssoit réel.
Ce que nous avons en revanche, c'est des raisons de considérer que le réel existe; cependant, cela resteune croyance.
Notre perception, voire notre proprioception (la perception de notre propre corps), peuvent êtrehallucinatoires et hallucinés.
Il est donc possible d'halluciner l'exterieur, mais aussi soi-même.
Ce que nous avonsétablit comme réel n'est pas déterminé.
Le réel, c'est donc une croyance qui s'appuie sur trois niveaux: la sensationd'abord, puis l'expérience, et en dernier lieu le sujet.
Mais qu'apporte cette croyance? A quoi sert-elle? Et qu'est-cequi saute alors aux yeux?Le réel est donc une croyance en ce qui existe, le réel est ce qu'on croit qu'il existe.
Ainsi ce qui saute aux yeuxn'est pas le réel, car celui-ci ne peut pas être définit tel que nous l'avions fait dans un premier temps.
Ce qui sauteaux yeux alors, c'est la croyance en un réel possible.
Si l'on ne fait que croire, c'est que l'on tient pour réel un étatde chose vis-à-vis duquel on n'a pas de certitude absolue, donc dont on peut douter.
Si on croit, ce n'est pas LEréel qu'on croit, mais UN réel possible, puisqu'on n'est pas certain de celui-ci.
Ainsi ce qui saute aux yeux, ce n'estnon pas le réel, mais un réel, une représentation du réel selon chacun.
C'est une représentation du réel selonchacun car pour croire, il faut représenter la croyance pour en saisir au mieux sa puissance et assurer sa pérénité(par exemple, la représentation des dieux dans certaines religions sont nombreuses: icônes, sculptures, vitraux,signes..).
Il en va de même pour la croyance en un réel: si on ne se représente pas un monde qui nous paraît réel,on ne peut pas y croire.
Ce qui saute aux yeux c'est la représentation du réel.
Mais cette représentation n'est pasuniverselle ou commune à tout homme.
La représentation que l'on se fait du réel, l'idée que l'on a de celui-ci se faitselon les interprétations que chacun fait de ce qui l'entoure.
Ce qui saute aux yeux, c'est ma propre représentation,mon idée personnelle et unique du réel.
Le réel n'est pas ce qui saute aux yeux car il n'existe pas de réel universel,mais des réels multiples, diiférents selon chaque individu; et c'est son réel, pas celui d'un autre, qui saute aux yeux.Nous sommes alors en présence d'un problème: nous nous sommes demandé si c'était le réel qui sautait aux yeux oubien autre chose.
Nous avons ainsi vu que oui, c'était bien le réel qui sautait aux yeux.
Mais nous venons de voirque finalement ce qui sautait aux yeux n'était pas le réel, mais de multiples représentations du réel: il n'est alors pasce qui saute aux yeux.
Ces deux réponses, à la fois nécessaires et contradictoires, nous ont conduites dans uneimpasse: en effet, comment comprendre que le réel est ce qui saute aux yeux, tout en n'étant pas ce qui saute auxyeux? Peut-être avons nous mal compris la question.
Ne faudrait-il pas plutôt se demander si le réel peut vraimentsauter aux yeux? Avons nous eu raison de considérer que le réel pouvait être une évidence?
Nous avons vu que le réel n'était pas définit par les sens et que nous ne faisions que croire en une représentationd'un monde réel, d'un réel possible.
Nous ne sommes donc ni sûrs de nos sens, ni de la verité de notrereprésentation, car la croyance admet le doute.
De quoi pouvons nous être absoluement sûrs alors, si l'existence dumonde qui nous entoure n'est pas certaine? La seule chose dont on peut être vraiment sûr, c'est de notre propreexistence, car nous sommes des êtres pensants.
Prenons un exemple utilisé par Descartes dans les MéditationsMétaphysiques.
Face un morceau de cire, chaque sens nous donne une information (forme cylindrique, dur, froid,inodore...).
Si on place la cire dans le feu, les sens vont donner des informations contraires aux premières (informe,liquide, chaud, odeur particulière...).
Les sens varient, mais il reste une chose invariable.
Si on sait qu'il s'agit biendu même morceau de cire, ce n'est pas gâce aux sens, mais grâce à notre esprit.
En supposant que rien n'existedans le réel, en doutant de tout, en remettant tout en cause jusqu'à notre propre existence, une chose resteinchangée et réelle.
Même si l'on pense voir quelque chose, même si cette chose est fausse, même si on l'hallucine,on a réellement eu une pensée.
Ce que l'on vit ou ce que l'on perçoit n'est peut- être pas réel, n'existe peut-êtrepas, mais l'action de penser existe bel et bien.
Pour être trompé, pour douter, il faut exister.
Pour penser, il fautexister.
Et on existe parce qu'on pense.
Et c'est d'ailleurs à cette conclusion qu'aboutit Descartes dans le Discoursde la Méthode: "je pense donc je suis", dit-il.
La seule chose réelle, c'est donc l'esprit et l'existence de celui quipense, même si tout le reste, tout ce qui peut entourer cet esprit et cette chose pensante n'existe pas.
De fait, ondoit notre existence à notre pensée, à notre esprit.
Mais cette affirmation n'est valable que pour celui qui remet encause et doute du réel universel ou d'une possibilité de monde réel.
Qu'en est-il de celui qui croit au réel et qui neremet pas en cause l'existence des choses et leur réalité?Si l'on croit au réel, si on admet qu'un réel est possible, si on ne doute pas de l'existence du monde qui nousentoure, comment comprendre ce réel? Ceux qui croient au réel sont ceux qui admettent que le réel (ou leur réel)est accèsible par les sens.
Cependant, tout, dans un monde que l'on suppose réel, ne peut pas être perçu parl'homme (les infrarouges, les ultrasviolets, les distances, les forces ou les volumes par exemple).
Mais ces éléments.
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