Le Personnage de Julien Sorel dans Le Rouge et le Noir de Stendhal
Publié le 21/07/2010
Extrait du document
* Egotisme de Stendhal * Beylisme : Attitude des héros de Stendhal, caractérisée par une conscience de soi, une énergie, une recherche du bonheur. * Julien se destinait à jouir d’une situation acquise au prix de grandes peines et de grands sacrifices. * Dans ce roman, le personnage se trouve plusieurs fois face à des moments décisifs de sa vie où il se retrouve face à une décision à prendre. Cependant, certaines situations lui sont parfois imposées par les circonstances. * La carrière de Julien Sorel est jalonnée d’obstacles. * Il est l’enfant chétif d’une famille de robustes charpentiers, il est donc repoussé et méprisé par celle-ci * Il vit plongé dans ses lectures et études tandis que l’autorité paternelle lui rappelle sans cesse sa part de travail dans la production familiale. * Ainsi, la lecture l’isole de son entourage et du cadre dans lequel il a grandi : il est seul, sans amis. * Sa connaissance du latin lui assure cependant un certain prestige et le rend capable de tout de même rapporte une somme non négligeable à sa famille. * Il se retrouve ainsi dans l’obligation de quitter sa position de « fainéant «, de « poids mort « pour sa famille : mais la proposition de devenir précepteur des enfants de M. de Rênal met en valeur son talent. * Comme dit Alfred de Musset dans Les Confessions d’un enfant du siècle : les jeunes «d’une fortune médiocre prirent un état et se résignèrent soit à la robe soit à l’épée « * Cette dualité apparaît déjà dans le titre du roman : Julien doit, en effet, miser, parier, sur une des deux couleurs, sur un des deux ordres. * Julien hésite avant de s’engager chez les Rênal : cette lâcheté l’irrite cependant, et il se ressaisit pour affronter sa nouvelle vie. C’est ainsi que Julien fait le « premier pas « vers son destin, qu’il prend alors en main. * La rencontre de Mme de Rênal et de Julien constitue un moment décisif dans la vie de ce dernier. Julien, pauvre mais paré de la supériorité de sa science rencontre Mme de Rênal, femme supérieure de part sa naissance et sa fortune. * La surprise des personnages à leur rencontre avec le frêle Julien contribue à son succès. * Stendhal a cherché, à travers ces personnages, à se faire le peintre à la fois d’un drame sentimental et d’un tableau réaliste. * Julien Sorel est un personnage solitaire, et c’est cette solitude volontaire et orgueilleuse qui le place au-dessus de la petitesse des personnages qui l’entourent. * Obligé de quitter Verrière, il choisit d’entrer en séminaire à Besançon : c’est une décision prise pour réaliser ses vœux d’ambition. * Il y découvre la pratique de l’hypocrisie qui ne lui est pourtant pas naturelle car il pense tant à l’être. On peut dire de lui que c’est un impulsif intelligent qui a compris le danger de la franchise : ainsi, il n’est ni arriviste, ni Tartuffe. * De plus, Julien est poussé par le souci d’une dignité orgueilleuse. * Le moment où Julien quitte pour la première fois Verrières pour Besançon est aussi l’un des moments décisifs de son histoire : il passe d’un milieu à l’autre, des Rênal aux de la Mole, de Mme de Rênal à Mathilde. * Il s’agit de deux mondes imperméables qui n’auront pas de relation, si ce n’est la lettre de Mme de Rênal, à l’origine de la catastrophe finale. * Parti pour un nouvel avenir, Julien garde une nostalgie et a du regret, alors qu’il sait qu’il devrait oublier et ne pas se souvenir. * A partir de ce moment-là, il se donne beaucoup de peine pour ne pas se trahir, être hypocrite. Pour peu qu’il donne libre cours à ses sentiments, il se ressaisit. * La présence de nombreux prêtres dans l’entourage de Julien fixe l’anticléricalisme de Stendhal qui prend position contre les Jésuites car étant libéral. Deux types de prêtres sont présentés : les bons curés (qui sont persécutés par la Congrégation, honnêtes, pauvres) et les hypocrites (arrivistes, puissants, et riches) * Le déclenchement de la catastrophe finale advient en fait au moment de la réaction de Julien à la lettre de Mme de Rênal : l’énergie, un élément clé du beylisme, se dégage alors. C’est en se heurtant contre un obstacle que le personnage est amené à la conscience de soi-même : l’échec devient alors le stimulant de l’énergie. * Commence alors une course vers le but et des actes qui se succèdent : mis au courant par Mathilde de la lettre à son père, la toute 1ère réaction de Julien est de vouloir partir tout de suite. * Ainsi, cette décision est prise sur le champ et très vitre accomplie : une fois engagé, Julien ne pense plus, ne raisonne plus. Le personnage se trouve absorbé par un sentiment et demeure insensible à ce qui n’est pas ce sentiment. * C’est ainsi que la passion s’installe chez Julien. Cette passion n’est autre que le désir de vengeance qui le pousse vers le meurtre de Mme de Rênal. * On peut constaté que le voyage de retour à Verrières de Julien n’altère en aucune façon et annonce la double fin contrastée : le triomphe de Julien est aussitôt suivi de la pire catastrophe. * L’acte accomplit mène Julien devant la justice qui représente les jugements de valeur de la société de l’époque : Stendhal critique de cette manière son hypocrisie et ses intrigues. * Julien, d’ailleurs, ne demande aucune grâce, et, par orgueil, il repousse catégoriquement le pardon. * Pendant le procès, c’est le sentiment de révolte qui anime l’accusé : c’est sa rupture complète avec la société, et il en éprouve la joie de pouvoir déclarer qu’il ne connaitra aucune autre loi que la sienne. * Après le mouvement crescendo où nous avons vu Julien atteindre le sublime, nous assistons à sa chute, où il se dépouille de son ambition, de son hypocrisie, et de son énergie : la seule chose qui lui restent sont les sentiments, à peine les émotions. * Il approche ainsi la fin de sa carrière de héros révolté qui a manqué de justesse la gloire et le bonheur. * L’ambivalence du personnage est ainsi mise-à-nue : face à la mort, il est à la fois plein de peur et de défi, plein d‘humilité et d’hostilité vis-à-vis des figures féminines qui l’entourent durant ses derniers jours. * Son esprit, même après la condamnation, reste divisé : « Car enfin, j’ai voulu la tuer par ambition, ou par amour pour Mathilde ? « * De plus, il se rend clairement compte de son acte contradictoire. * Cependant, il conserve son ambition jusqu’à la fin. * Le départ de Mme de Rênal peu avant son exécution met fin à son conflit intérieur : il ne pense plus qu’à elle. * Lors de ce séjour en prison, Julien effectue un réel monologue intérieur qui lui permet de se réconcilier avec lui-même * En fait, ce que nous propose Stendhal est un destin idéal : la vie de Julien n’est en effet qu’une suite d’événements et d’expériences. * Julien, chargé de connaissances et de sentiments, a donné de nombreux exemples d’énergie, même si bien souvent elle est gardée sous pression. * La décision spontanée de Julien de se venger de Mme de Rênal, au final, n’étonne pas tant que ça le lecteur : il est évident qu’il n’a jamais réellement cesser de l’aimer. * Vis-à-vis du fait divers dont est tiré ce roman, le dénouement a été conservé tel quel, à la seule différence que, dans ce dernier, Julien s’accuse et la victime, Mme de Rênal, le disculpe. * L’acte meurtrier de Julien Sorel symbolise l’échec des aspirations d’une génération et résulte de sa prédisposition au crime passionnel, compte tenu de son caractère ardent. * On peut voir dans ce dénouement l’histoire d’une ambition et non pas celle d’un crime dont il faut considérer le mécanisme et non la fatalité. * L’œuvre de Stendhal doit ainsi sa cohérence à cet équilibre que lui assure le conflit interne de Julien entre la tendresse et la sécheresse.
«
Julien Sorel est un jeune homme né pauvre d’un père charpentier qu’il
n’apprécie guère.
Ses frères, dès sa plus tendre enfance, l’ont battu et mis de côté.
Il
a ainsi développé une profonde haine à leur égard couplé d’un très grand mépris.
En
grandissant, il ne fut pas moins fébrile et s’intéressa davantage à la culture.
Ce début
de réflexion et d’intelligence amplifia la colère dans la maison familiale.
En devenant précepteur chez M.
de Rénal, qui est alors maire de Verrières, il
rencontre la très douce et vertueuse Mme de Rénal qui deviendra sa proche amie.
D’abord, Mme de Rénal paraissait indifférente.
Puis, lorsque qu’il lui fit de nombreuses
avances elle se livra à lui.
Elle fut ainsi infidèle à son mari, ce qui alla jusqu’à la rendre
malade.
Elle fut le premier amour de Julien qui, charmé par son doux caractère, ne
cessera de penser à cette femme et à l’ardeur de leurs passions interdites.
Tout au
long du roman, Julien Sorel est froid, il ne considère que très peu de personnes et
apparaît souvent comme quelqu’un de pragmatique.
Il critique régulièrement les
manières et le caractère des être qui l’entourent.
Grâce à ses grandes habilités en
langue et son charmant visage, il parvient à gravir l’échelle sociale en étant d’abord
précepteur, puis séminariste et enfin secrétaire particulier de M.
de la Molle.
C’est
alors un personnage ambitieux qui se contredit souvent et qui apparaît comme un
profond hypocrite en tentant de maîtriser son caractère rebelle.
Il se démarque en
revanche par ses qualités physiques et morales exceptionnelles opposées à la
médiocrité de son entourage.
Julien vit passionnément, il croit en l’amour et tente de
le vivre avec différentes femmes dont Mme de Rénal et Mathilde de la Molle dont il
salira la réputation et l’honneur.
Mathilde est, elle aussi, une figure contradictoire qu’il
méprisera d’abord, charmera ensuite, et dont il finira par se lasser.
Elle apparaît en
effet comme froide, distinguée et méprisante puis comme une figure de l’excès,
provocante voire même violente.
Le jeune homme croit également en la liberté, ce
mot l’exalte et le passionne.
Il vit pour faire ce qui lui plaît et n’hésite pas à réagir de
façon démesurée..
»
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