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Le mot "vue" de l'oeuvre de DESCARTES

Publié le 10/08/2010

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descartes

Règles pour la direction de l'esprit, Règle deuxième.

car s'il en avait une vue claire et nette, il pourrait l'exposer à son adversaire, de telle sorte qu'elle finirait par forcer sa conviction.

  Règles pour la direction de l'esprit, Règle quatrième.

Ceux qui s'accoutument ainsi à marcher dans les ténèbres s'affaiblissent tellement la vue, qu'ils ne peuvent plus supporter la lumière du jour ;

  Règles pour la direction de l'esprit, Règle sixième.

En effet, certaines choses sont sous un point de vue plus absolues que sous un autre, et envisagées autrement, elles sont plus relatives.

  Règles pour la direction de l'esprit, Règle septième.

Mais si nous déduisons une proposition d'autres propositions nombreuses, disjointes et multiples, souvent la capacité de notre intelligence n'est pas telle, qu'elle puisse en embrasser l'ensemble d'une seule vue :

C'est ainsi que, sans pouvoir d'une seule vue distinguer tous les anneaux d'une longue chaîne, si cependant nous avons vu l'enchaînement de ces anneaux entre eux, cela nous permettra de dire comment le premier est joint au dernier.

  Règles pour la direction de l'esprit, Règle douzième.

Nous disons donc premièrement que les choses doivent être considérées sous un autre point de vue quand nous les examinons par rapport à notre intelligence, qui ne les connaît que quand nous en parlons par rapport à leur existence réelle.

Par exemple, de ce que dans l'air il n'est rien que la vue, le tact ou quelque autre sens puisse saisir, nous concluons que l'espace qui le renferme est vide, nous joignons mal à propos la nature du vide à celle de l'espace ;

  Règles pour la direction de l'esprit, Règle quatorzième.

il se peut faire que par une sorte de déduction il se représente celles qu'il n'a pas vues, par leur ressemblance avec les autres.

  ABREGE DE LA MUSIQUE, Choses à remarquer.

De là vient qu'une figure, si régulière soit-elle, n'est pas agréable à la vue lorsqu'elle est embarrassée de plusieurs traits, comme est cette partie de l'astrolabe qu'on appelle la mère ;

  ABREGE DE LA MUSIQUE, Du diton, tierce mineure et des sextes.

Il faut maintenant expliquer pourquoi le troisième genre de diton en la sixième figure est le plus parfait, et que, sur une corde de luth, il fait un tremblement sensible à la vue, plutôt que le premier et le second ;

  DISCOURS DE LA METHODE, Quatrième partie.

sinon qu'il y a encore cette différence, que le sens de la vue ne nous assure pas moins de la vérité de ses objets, que font ceux de l'odorat ou de l'ouïe ;

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS PREMIER, DE LA LUMIERE.

Toute la conduite de notre vie dépend de nos sens, entre lesquels celui de la vue étant le plus universel et le plus noble, il n'y a point de doute que les inventions qui servent à augmenter sa puissance ne soient des plus utiles qui puissent être.

en sorte que, portant notre vue beaucoup plus loin que n'avait coutume d'aller l'imagination de nos pères, elles semblent nous avoir ouvert le chemin, pour parvenir à une connaissance de la nature beaucoup plus grande et plus parfaite qu'ils ne l'ont eue.

Et c'est seulement sur ce patron que toutes les autres qu'on a vues depuis ont été faites, sans que personne encore, que je sache, ait suffisamment déterminé les figures que ces verres doivent avoir.

mais considérez-la en ceux qui, étant nés aveugles, s'en sont servis toute leur vie, et vous l'y trouverez si parfaite et si exacte, qu'on pourrait quasi dire qu'ils voient des mains, ou que leur bâton est l'organe de quelque sixième sens, qui leur a été donné au défaut de la vue.

Même vous pourrez aisément décider la question, qui est entre eux, touchant le lieu d'où vient l'action qui cause le sentiment de la vue :

ainsi faut-il avouer que les objets de la vue peuvent être sentis, non seulement par le moyen de l'action qui, étant en eux, tend vers les yeux, mais aussi par le moyen de celle qui, étant dans les yeux, tend vers eux.

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS SECOND, DE LA REFRACTION.

Et il est temps que je commence à vous décrire quelle est la structure de l'oeil, afin de vous pouvoir faire entendre comment les rayons qui entrent dedans s'y disposent pour causer le sentiment de la vue.

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS QUATRIEME, DES SENS EN GENERAL.

Mais il faut que je vous dise maintenant quelque chose de la nature des sens en général, afin de pouvoir d'autant plus aisément expliquer en particulier celui de la vue.

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS SIXIEME, DE LA VISION.

Toutes les qualités que nous apercevons dans les objets de la vue, peuvent être réduites à six principales, qui sont :

Et premièrement, touchant la lumière et la couleur, qui seules appartiennent proprement au sens de la vue, il faut penser que notre âme est de telle nature, que la force des mouvements, qui se trouvent dans les endroits du cerveau d'où viennent les petits filets des nerfs optiques, lui fait avoir le sentiment de la lumière ;

De plus, à cause que nous sommes accoutumés de juger que les impressions, qui meuvent notre vue, viennent des lieux vers lesquels nous devons regarder pour les sentir, quand il arrive qu'elles viennent d'ailleurs, nous y pouvons facilement être trompés.

Et celui qui est dans la chambre obscure que j'ai tantôt décrite, attribue au corps blanc RST les couleurs des objets V, X, Y, à cause que c'est seulement vers lui qu'il dresse sa vue.

On se trompe aussi en ce que les corps blancs ou lumineux, et généralement tous ceux qui ont beaucoup de force pour mouvoir le sens de la vue, paraissent toujours quelque peu plus proches et plus grands qu'ils ne feraient, s'ils en avaient moins.

Eet qu'encore qu'elles ne seraient pas entièrement rondes, elles ne laisseraient pas de paraître telles, comme aussi une tour carrée étant vue de loin paraît ronde, et tous les corps qui ne tracent que de fort petites images dans l'oeil, n'y peuvent tracer les figures de leurs angles.

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS SEPTIEME, DES MOYENS DE PERFECTIONNER LA VISION.

Le troisième, que les rayons qui les forment soient assez forts pour mouvoir les petits filets du nerf optique, et par ce moyen être sentis, mais qu'ils ne le soient pas tant qu'ils blessent la vue.

Et le quatrième, qu'il y ait le plus d'objets qu'il sera possible dont les images se forment dans l'oeil en même temps, afin qu'on en puisse voir le plus qu'il sera possible tout d'une vue.

Een sorte qu'il semble que les yeux se forment, au commencement, un peu plus longs et plus étroits qu'ils ne doivent être et que par après, pendant qu'on vieillit, ils deviennent plus plats et plus larges, Or, afin que nous puissions remédier par art à ces défauts, il sera premièrement besoin que nous cherchions les figures que les superficies d'une pièce de verre ou de quelque autre corps transparent doivent avoir, pour courber les rayons qui tombent sur elles en telle sorte que tous ceux qui viennent d'un certain point de l'objet, se disposent, en les traversant, tout de même que s'ils étaient venus d'un autre point qui fût plus proche ou plus éloigné, à savoir, qui fût plus proche pour servir à ceux qui ont la vue courte, et qui fût plus éloigné tant pour les vieillards que généralement pour tous ceux qui veulent voir des objets plus proches que la figure de leurs yeux ne le permet.

Pour la troisième condition qui est requise à la perfection de la vue de la part des organes extérieurs, à savoir que les actions qui meuvent chaque filet du nerf optique ne soient ni trop fortes ni trop faibles, la nature y a fort bien pourvu en nous donnant le pouvoir d'étrécir et d'élargir les prunelles de nos yeux ;

car il est manifeste que si on la faisait plus grande, il n'entrerait point pour cela dans l'oeil plus de rayons du point vers lequel on dresse sa vue, et que pour ceux qui y viendraient de plus des autres lieux, ne pouvant aider à la vision, ils ne feraient que la rendre plus confuse.

Et c'est ainsi aussi que ces Indiens, qu'on dit avoir pu fixement regarder le soleil sans que leur vue en fût offusquée, avaient dû sans doute auparavant, en regardant souvent des objets fort éclatants, accoutumer peu à peu leurs prunelles à s'étrécir plus que les nôtres.

Mais ces choses appartiennent plutôt à la médecine, dont la fin est de remédier aux défauts de la vue par la correction des organes naturels, que non pas à la dioptrique, dont la fin n'est que de remédier aux mêmes défauts par l'application de quelques autres organes artificiels.

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS NEUVIEME, LA DESCRIPTION DES LUNETTES.

au lieu que pour ceux qui ont la vue fort courte, elle doit être assez concave.

Notez toutefois que ces proportions ne sont pas si absolument nécessaires, qu'elles ne puissent beaucoup être changées, en sorte que sans tailler autrement la superficie abc pour ceux qui ont la vue courte, ou longue, que pour les autres, on peut assez commodément se servir d'une même lunette pour toutes sortes d'yeux, en allongeant seulement ou accourcissant le tuyau.

De plus il ne sera pas inutile non seulement d'appuyer cette lunette tout contre l'oeil, en sorte qu'il ne puisse venir vers lui aucune lumière que par elle, mais aussi d'avoir auparavant attendri sa vue en se tenant en lieu obscur, et d'avoir l'imagination disposée comme pour regarder des choses fort éloignées et fort obscures, afin que la prunelle s'ouvre d'autant plus, et qu'ainsi on en puisse voir un objet d'autant plus grand.

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS DIXIEME, DE LA FACON DE TAILLER LES VERRES.

Car vous savez que ces verres doivent être un peu plus concaves pour ceux qui ont la vue courte que pour les autres.

  LES METEORES, DISCOURS SECOND, DES VAPEURS ET DES EXHALAISONS.

De plus, les vapeurs représentées vers B et vers E et vers F sont transparentes et ne peuvent être discernées par la vue d'avec le reste de l'air, d'autant que se remuant fort vite et de même branle que la matière subtile qui les environne, elles ne la peuvent empêcher de recevoir l'action des corps lumineux, mais plutôt elles la reçoivent avec elle.

  LES METEORES, DISCOURS TROISIEME, Du sel.

de là vient que s'arrangeant ainsi plusieurs centaines toutes ensemble, elles forment premièrement une petite table qui au jugement de la vue paraît très carrée, et qui est comme la base du grain de sel qui commence à se former.

  LES METEORES, DISCOURS SIXIEME, DE LA NEIGE, DE LA PLUIE, ET DE LA GRELE.

comme aussi elle avait accourci ceux qui conjoignaient les autres que j'avais vues tomber immédiatement auparavant.

  LES METEORES, DISCOURS SEPTIEME, DES TEMPETES, DE LA FOUDRE ET DE TOUS LES AUTRES FEUX QUI S'ALLUMENT EN L'AIR.

Car enfin je ne puis rien dire que par conjecture de ce qui se fait dans les grandes mers que je n'ai jamais vues et dont je n'ai que des relations fort imparfaites.

  LES METEORES, DISCOURS HUITIEME, DE L'ARC-EN-CIEL.

à savoir en faisant que les liqueurs dont la réfraction serait la plus grande, fussent les plus proches des spectateurs, et qu'elles ne s'élevassent point si haut, qu'elles empêchassent la vue de celles qui seraient derrière.

Mais j'avoue qu'il y faudrait de l'adresse et de la dépense, afin de proportionner ces fontaines, et faire que les liqueurs y sautassent si haut que ces figures pussent être vues de fort loin par tout un peuple, sans que l'artifice s'en découvrît.

  LES METEORES, DISCOURS NEUVIEME , De la couleur des nues et des cercles ou couronnes qu'on voit quelquefois autour des astres.

et lors ouvrant les deux yeux je vis deux couronnes autour de la flamme dont les couleurs étaient aussi vives que je les aie jamais vues en l'arc-en-ciel.

  LES METEORES, DISCOURS DIXIEME, De l'apparition de plusieurs soleils.

Mais l'observation la plus belle et la plus remarquable que j'ai vue en cette matière, est celle des 5 soleils qui parurent à Rome en l'an 1629, le 20 de Mars, sur les 2 ou 3 heures après midi ;

  L'HOMME.

car je les suppose du tout semblables aux parties de notre corps qui ont les mêmes noms, et que vous pouvez vous faire montrer par quelque savant anatomiste, au moins celles qui sont assez grosses pour être vues, si vous ne les connaissez déjà assez suffisamment de vous-même :

Il reste encore le sens de la vue, que j'ai besoin d'expliquer un peu plus exactement que les autres, à cause qu'il sert davantage à mon sujet.

Car vous devez savoir que la figure de cette humeur est tellement compassée, eu égard aux réfractions qui se font dans les autres parties de l'oeil, et à la distance des objets, que lorsque la vue est dressée vers quelque point déterminé d'un objet, elle fait que tous les rayons qui viennent de ce point, et qui entrent dans l'oeil par le trou de la prunelle, se rassemblent en un autre point au fond de l'oeil, justement contre l'une des parties du nerf qui y est, et empêche par même moyen qu'aucun des autres rayons qui entrent dans l'oeil ne touche la même partie de ce nerf.

et je ne dis pas aussi quels objets de la vue lui doivent être agréables ou désagréables ;

mais qui sont communes à l'attouchement et à la vue, et même en quelque façon aux autres sens.

Et enfin, que l'âme pourra connaître la grandeur des objets de la vue, et toutes leurs autres semblables qualités, par la seule connaissance qu'elle aura de la distance et de la situation de tous leurs points ;

Et, pour conclusion, il faut remarquer que tous les moyens que l'âme aura pour connaître la distance des objets de la vue sont incertains ;

Pour le lieu d'où procède l'action, vous savez déjà que, si l'objet ABC , par exemple, agissait contre un autre sens, que contre celui de la vue, il ouvrirait d'autres tuyaux, en la superficie intérieure du cerveau, que ceux qui sont marqués 2, 4, 6.

Car pour ceux qui peuvent être clairement aperçus de la vue, les anatomistes les y ont déjà tous remarqués ;

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE PREMIER, De la différence qui est entre nos sentiments et les choses qui les produisent.

de sorte que, si je vous montre que l'attouchement même nous fait concevoir plusieurs idées qui ne ressemblent en aucune façon aux objets qui les produisent, je ne pense pas que vous deviez trouver étrange, si je dis que la vue peut faire le semblable.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE II, En quoi consiste la chaleur et la lumière du feu.

car étant si petites que la vue ne nous les saurait faire distinguer, elles n'auraient pas tant de force qu'elles ont pour agir contre les autres corps, si la promptitude de leur mouvement ne recompensait le défaut de leur grandeur.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE VI, Description d'un nouveau monde ; et des qualités de la matière dont il est composé.

entrons-y seulement si avant que nous puissions perdre de vue toutes les créatures que Dieu fit il y a cinq ou six mille ans ;

Bien que la mer ne soit pas infinie, ceux qui sont au milieu sur quelque vaisseau peuvent étendre leur vue ce semble, à infini ;

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE IX, De l'origine et du cours des planètes et des comètes en général, et en particulier des comètes.

en sorte qu'il ne manque à cette comète pas une de toutes les particularités qui ont été observées jusques ici en celles qu'on a vues dans le vrai monde, du moins de celles qui doivent être tenues pour véritables ;

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE XIV, Des propriétés de la Lumière.

Pour les comètes qui ne sont pas dans le même ciel que le Soleil, elles ne peuvent pas à beaucoup près envoyer tant de rayons vers la terre que si elles y étaient, non pas même lorsqu'elles sont toutes prêtes à y entrer, et par conséquent elles ne peuvent pas être vues par les hommes, si ce n'est peut-être quelque peu, lorsque leur grandeur est extraordinaire.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Seconde.

qui peut être senti, ou par l'attouchement, ou par la vue, ou par l'ouïe, ou par le goût, ou par l'odorat ;

Certes ce ne peut être rien de tout ce que j'y ai remarqué par l'entremise des sens, puisque toutes les choses qui tombaient sous le goût, sous l'odorat, sous la vue, sous l'attouchement, et sous l'ouïe, se trouvent changées, et que cependant la même cire demeure.

d'où je voudrais presque conclure, que l'on connaît la cire par la vision des yeux, et non par la seule inspection de l'esprit, si par hasard je ne regardais d'une fenêtre des hommes qui passent dans la rue, à la vue desquels je ne manque pas de dire que je vois des hommes, tout de même que je dis que je vois de la cire ;

Et, de plus, si la notion ou perception de la cire m'a semblé plus nette et plus distincte, après que non seulement la vue ou le toucher, mais encore beaucoup d'autres causes me l'ont rendue plus manifeste, avec combien plus d'évidence, de distinction et de netteté faut-il avouer que je me connais à présent moi-même, puisque toutes les raisons qui servent à connaître et concevoir la nature de la cire, ou de quelque autre corps que ce soit, prouvent beaucoup mieux la nature de mon esprit ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Sixième.

Car, si cela n'était, lorsque mon corps est blessé, je ne sentirais pas pour cela de la douleur, moi qui ne suis qu'une chose qui pense, mais j'apercevrais cette blessure par le seul entendement, comme un pilote aperçoit par la vue si quelque chose se rompt dans son vaisseau ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L'AUTEUR AUX PREMIERES OBJECTIONS.

car ou c'est quelque réelle et semblable machine qu'on aura vue auparavant, à la ressemblance de laquelle cette idée a été formée, ou une grande connaissance de la mécanique qui est dans l'entendement de celui qui a cette idée, ou peut-être une grande subtilité d'esprit, par le moyen de laquelle il a pu l'inventer sans aucune autre connaissance précédente.

Mais tout ainsi que, lorsque nous jetons les yeux sur la mer, on ne laisse pas de dire que nous la voyons, quoique notre vue n'en atteigne pas toutes les parties et n'en mesure pas la vaste étendue :

mais, lorsque notre vue s'arrête sur une partie de la mer seulement, cette vision alors peut être fort claire et fort distincte, comme aussi l'imagination d'un chiliogone, lorsqu'elle s'étend seulement sur un ou deux de ses côtés.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L'AUTEUR AUX SECONDES OBJECTIONS.

Quant à ce que vous ajoutez en ce lieu-là, qu'elle peut être formée de la considération des choses corporelles, cela ne me semble pas plus vraisemblable que si vous disiez que nous n'avons aucune faculté pour ouïr, mais que, par la seule vue des couleurs, nous parvenons à la connaissance des sons.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION TROISIEME.

l'entendement entend, la vue voit, la volonté veut ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION VIIe.

De plus, l'idée de moi-même me vient (Si un regarde le corps) principalement de la vue ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION VIIIe.

Il semble qu'il ne puisse y avoir en même temps qu'une idée du soleil, soit qu'il soit vu par les yeux, soit qu'il soit conçu par le raisonnement être plusieurs fois plus grand qu'il ne paraît à la vue ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION Xe.

Je puis former quelque image de la création par le moyen des choses que j'ai vues, par exemple, de ce que j'ai vu un homme naissant et qui est parvenu, d'une petitesse presque inconcevable, à la forme et à la grandeur qu'il a maintenant ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION XIVe.

L'idée que notre esprit conçoit du triangle, vient d'un autre triangle que nous avons vu, ou inventé sur les choses que nous avons vues ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA SECONDE MÉDITATION.

mais vous avez dû remarquer que j'ai expressément averti qu'il ne s'agissait pas ici de la vue ou du toucher, qui se font par l'entremise des organes corporels, mais de la seule pensée de voir et de toucher, qui n'a pas besoin de ces organes, comme nous expérimentons toutes les nuits dans nos songes ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA CINQUIEME MEDITATION.

Tout ainsi que quand nous jetons les yeux sur une carte où il y a quelques traits qui sont disposés et arrangés, de telle sorte qu'ils représentent la face d'un homme, alors cette vue n'excite pas tant en nous l'idée de ces mêmes traits que celle d'un homme :

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA SIXIEME MÉDITATION.

premièrement parce que la connaissance d'une chose qui pense s'étend beaucoup plus loin que celle d'une chose qui échauffe, voire même elle est plus ample qu'aucune que nous ayons de quelque autre chose que ce soit, comme j'ai montré en son lieu, et aussi parce qu'il n'y a personne qui puisse montrer que cette idée du soleil que forme cet aveugle ne contienne pas tout ce que l'on peut connaître de lui, sinon celui qui étant doué du sens de la vue connaît outre cela sa figure et sa lumière ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, LETTRE DE L'AUTEUR A CELUI QUI A TRADUIT LE LIVRE, LAQUELLE PEUT SERVIR ICI DE PREFACE.

et le plaisir de voir toutes les choses que notre vue découvre n'est point comparable à la satisfaction que donne la connaissance de celles qu'on trouve par la philosophie ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 3.

Et ce serait, ce me semble, être impertinent de se vouloir servir de cette opinion pour appuyer des raisonnements de physique, car nous ne saurions douter qu'il n'y ait une infinité de choses qui sont maintenant dans le monde, ou bien qui y ont été autrefois, et ont déjà entièrement cessé d'être, sans qu'aucun homme les ait jamais vues ou connues, et sans qu'elles lui aient jamais servi à aucun usage.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 5.

mais si nous corrigeons le défaut de notre vue par des raisonnements de géométrie qui sont infaillibles, nous connaîtrons premièrement que la lune est éloignée de nous d'environ trente diamètres de la terre, et le soleil de six ou sept cents ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 10.

Cela a été observé depuis peu sur Vénus avec des lunettes de longue vue ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 32.

Pensons aussi que ces corps opaques qu'on voit avec des lunettes de longue vue sur le soleil, et qu'on nomme ses taches, se meuvent sur sa superficie, et emploient vingt-six jours à y faire leur tour.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 52.

Car, voyant que le soleil et les étoiles fixes envoient vers nous de la lumière, que les cieux lui donnent passage, et que la terre, les planètes et les comètes la rejettent et la font réfléchir, il me semble que j'ai quelque raison de me servir de ces trois différences, être lumineux, être transparent et être opaque ou obscur, qui sont les principales qu'on puisse rapporter au sens de la vue, pour distinguer les trois éléments de ce monde visible.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 53.

Mais je n'aurai point ici occasion de parler de ce troisième, parce que nous ne remarquons en lui aucune chose qui puisse être vue par nous en cette vie, et que j'ai seulement entrepris de traiter du monde visible, comme aussi je ne prends tous les tourbillons qui sont autour des centres Ff que pour un ciel, à cause qu'ils ne nous paraissent point différents, et qu'ils doivent être tous considérés d'une même façon.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 81.

et il n'y a qu'un seul phénomène en la nature qui nous puisse faire savoir la vérité de ceci par expérience, à savoir lorsqu'il arrive quelquefois qu'une comète passe par une si grande partie de notre ciel, qu'elle est vue premièrement vers l'écliptique, puis vers l'un des pôles, et apèrs derechef vers l'écliptique ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 104.

Il se peut faire aussi que les taches qui couvrent quelque astre soient devenues par succession de temps si épaisses, qu'elles nous en ôtent entièrement la vue ;

Et il se peut faire au contraire qu'un astre que nous n'avons point vu auparavant paraisse tout à coup, et nous surprenne par l'éclat de sa lumière, à savoir si tout le corps de cet astre ayant été couvert jusqu'à présent d'une tache assez épaisse pour nous en ôter entièrement la vue, il arrive maintenant que la matière du premier élément, y affluant plus abondamment qu'à l'ordinaire, se répande sur la superficie extérieure de cette tache ;

et c'est ainsi qu'il arriva, sur la fin de l'année 1572, qu'une étoile qu'on n'avait point vue auparavant parut dans le signe de Cassiopée, avec une lumière fort éclatante et fort vive, laquelle s'obscurcit par après peu à peu tant qu'elle disparut entièrement vers le commencement de l'année 1574.

Et nous en remarquons quelques autres dans le ciel que les anciens n'ont point vues, mais qui ne disparaissent pas sitôt ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 128.

Et je ne me souviens point d'avoir lu que d'une seule qu'elle ait été vue traverser environ la moitié de notre ciel, à savoir dans le livre de Lotharius Sarsius, ou bien Horatius Gratius, nommé Libra astronomica, où il en parle comme de deux comètes ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 129.

Et si nous considérons qu'elle ne saurait être vue de nous que pendant qu'elle est dans le premier ciel, c'est-à-dire dans le tourbillon vers le centre duquel nous habitons, et même que nous ne l'y pouvons apercevoir que lorsqu'elle cesse d'être environnée et suivie par la matière du tourbillon d'où elle vient, nous pourrons entendre pourquoi, nonobstant qu'une même comète se meuve toujours à peu près de même vitesse et demeure de même grandeur, il doit néanmoins sembler qu'elle est plus grande et se meut plus vite au commencement de son apparition qu'à la fin, et quelquefois aussi qu'elle est encore plus grande et se meut plus vite entre ces deux temps qu'au commencement.

Mais si le spectateur est vers Y, cette comète lui paraîtra sans doute plus grande, et avec un mouvement plus vite, quand elle sera vers 5, où il commencera de la voir, que quand elle sera vers 8, où il la perdra de vue ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 132.

De façon que la comète qui est vers 2 a encore celui de ses côtés qui est propre à réfléchir la lumière tourné vers S, et ainsi ne peut être vue par ceux qui sont vers F ;

mais étant vers 3 elle l'a tourné vers F, et ainsi commence à pouvoir y être vue.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 139.

Premièrement, à cause que, même autour des comètes, cette chevelure n'a point coutume d'être vue lorsque leur diamètre apparent n'est pas plus grand que celui des étoiles fixes, à cause que les rayons qui la forment n'ont point alors assez de force.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 195.

Enfin le plus subtil de tous les sens est celui de la vue ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 196.

On avait coutume de bander les yeux à une jeune fille, lorsque le chirurgien la venait panser d'un mal qu'elle avait à la main, à cause qu'elle n'en pouvait supporter la vue, et la gangrène s'étant mise à son mal, on fut contraint de lui couper jusques à la moitié du bras, ce qu'on fit sans l'en avertir, parce qu'on ne la voulait pas attrister ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 200.

Nous expérimentons la vérité de cela tous les jours, non par le moyen d'un seul sens, mais par le moyen de plusieurs, à savoir de l'attouchement, de la vue et de l'ouïe ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 203.

Enfin, Quelqu'un derechef pourra demander d'où j'ai appris quelles sont les figures, les grandeurs et les mouvements des petites parties de chaque corps, plusieurs desquelles j'ai ici déterminées tout de même que si je les avais vues, bien qu'il soit certain que je n'ai pu les apercevoir par l'aide des sens, puisque j'avoue qu'elles sont insensibles.

  LES PASSIONS DE L'AME, PREMIERE PARTIE, ARTICLE 13.

Et j'ai expliqué en la Dioptrique comment tous les objets de vue ne se communiquent à nous que par cela seul qu'ils meuvent localement, par l'entremise des corps transparents qui sont entre eux et nous, les petit filets des nerfs optiques qui sont au fond de nos yeux, et ensuite les endroits du cerveau d'où viennent ces nerfs ;

  LES PASSIONS DE L'AME, PREMIERE PARTIE, ARTICLE 43.

Ainsi quand on veut imaginer quelque chose qu'on n'a jamais vue, cette volonté a la force de faire que la glande se meut en la façon qui est requise pour pousser les esprits vers les pores du cerveau par l'ouverture desquels cette chose peut être représentée.

  LES PASSIONS DE L'AME, PREMIERE PARTIE, ARTICLE 50.

mais néanmoins on dresse ordinairement les chiens couchants en telle sorte que la vue d'une perdrix fait qu'ils s'arrêtent, et que le bruit qu'ils oient après, lorsqu'on tire sur elle, fait qu'ils y accourent.

  LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 85.

mais nous appelons beau ou laid ce qui nous est ainsi représenté par nos sens extérieurs, principalement par celui de la vue, lequel seul est plus considéré que tous les autres.

  Correspondance, année 1629, A R. P. MERSENNE, 8 octobre 1629.

C'est ce qui m'avait donné occasion de vous demander particulièrement la description que vous aviez de ce phénomène, pour savoir si elle s'accordait avec celle que j'ai vue ;

  Correspondance, année 1630, AU R. P. MERSENNE, 25 février 1630.

Pour votre question, savoir si on peut établir la raison du beau, c'est tout de même que ce que vous demandiez auparavant, pourquoi un son est plus agréable que l'autre, sinon que le mot de beau semble plus particulièrement se rapporter au sens de la vue ;

  Correspondance, année 1637, A Monsieur ***  (Huyghens de Zuitlichem), 15 juin 1637. Entre le 8 et le 12 juin 1637.

Et parce qu'on a ajouté quelques clauses en ce privilège, que je n'ai jamais vues en d'autres livres, et qui sont beaucoup plus avantageuses pour moi que je ne mérite, bien que je ne les aie point désirées, et que je n'aie demandé qu'à être reçu au nombre des écrivains les plus vulgaires, je leur en suis tellement obligé, que je ne sais quels moyens je dois chercher pour leur faire paraître ma reconnaissance.

  Correspondance, année 1638, REPONSE DE Monsieur DESCARTES, 12 janvier 1638 (Les éditions contemporaines datent cette lettre de mars, avril ou mai 1638).

et en ce qu'elle les remplit d'une infinité de petits conduits imperceptibles à la vue, par lesquels elle fait monter peu à peu certaines liqueurs, qui, étant parvenues au haut de leurs branches, s'y mêlent, s'y agencent, et s'y dessèchent en telle façon, qu'elles y forment des feuilles, des fleurs et des fruits ;

  Correspondance, année 1638, A Monsieur DE FERMAT, 25 septembre 1638. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 11 octobre 1638).

ce qu'il eût pu dire tout de même de la mienne, sinon qu'il ne l'avait pas encore vue, car elle s'accorde entièrement avec la vôtre.

  Correspondance, année 1638, A Monsieur *** (ZUITLYCHEM), 20 mars 1638. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 9 mars 1638).

Pour Monsieur Fromondus, le petit différend qui a été entre lui et moi ne méritait pas que vous en eussiez connaissance, et il ne peut y avoir eu si peu de fautes dans la copie que vous en avez vue, que ce n'ait été assez pour défigurer entièrement ce que vous y eussiez pu trouver de moins désagréable.

  Correspondance, année 1638, AU R. P. MERSENNE, 24 février 1638. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 1er mars 1638).

J'ai regret que Galilée ait perdu la vue ;

  Correspondance, année 1639, AU R. P. MERSENNE, 15 novembre 1639. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 13 novembre 1639.).

Pour les bluettes d'air ou de feu, vous en pouvez mieux juger que moi, à cause que vous les avez vues ;

  Correspondance, année 1640, A MONSIEUR (MEISSONNIER), Sans date. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 29 janvier 1640.).

Mais pour ces effigies des petits chiens, qu'on dit paraître dans l'urine de ceux qui ont été mordus par des chiens enragés, je vous avoue que j'ai toujours cru que ce fût une fable, et si vous ne m'assurez de les avoir vues bien distinctes et bien formées, j'aurai encore maintenant de la peine à les croire, bien que, s'il est vrai qu'elles se voient, la cause en puisse en quelque façon être rendue, ainsi que celles des marques, que les enfants reçoivent des envies de leurs mères.

  Correspondance, année 1640, AU P. MERSENNE, 1er avril 1640.

car, pour les autres, ils n'auraient pas, ce me semble, tant de facilité qu'ils ont à imaginer une infinité de choses qu'ils n'ont jamais vues, si leur âme n'était jointe à quelque partie du cerveau, qui fût fort propre à recevoir toutes sortes de nouvelles impressions, et par conséquent fort malpropre à les conserver.

  Correspondance, année 1640, A Monsieur REGIUS, 22 mai 1640. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 24 mai.).

A l'endroit où vous dites pourquoi Plemplius a tronqué mes réponses, on pourrait peut-être en ajouter la preuve, savoir que plusieurs les ont vues et transcrites deux ans avant que son livre parût.

Je ne définis rien sur les veines lactées, parce que je ne les ai pas encore vues ;

  Correspondance, année 1640, Au R. P. MERSENNE, 30 juillet 1640.

Et il arrive bien plus souvent que des personnes deviennent troublées d'esprit, sans qu'on en sache la cause, auquel cas on la peut attribuer à quelque maladie de cette glande, qu'il n'arrive que la vue manque par quelque maladie de l'humeur cristalline ;

  Correspondance, année 1640, Au R. P. MERSENNE, 6 décembre 1640. (Les éditions contemporaines datent cette lettre de décembre 1640, sans indiquer un jour précis.).

car c'est celle qu'il dit avoir vue, et je n'ai d'ailleurs jamais eu grande familiarité avec lui.

  Correspondance, année 1640, AU R. P. MERSENNE, 31 décembre 1640. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 24 décembre 1640 ( ?)).

Et parce que la copie en est fort mal écrite, et qu'elle ne pourrait être vue que par un à la fois, il me semble qu'il ne serait pas mauvais qu'on en fît imprimer par avance vingt ou trente exemplaires, et je serai fort aise de payer ce que cela coûtera ;

  Correspondance, année 1643, A MADAME ELISABETH PRINCESSE PALATINE, 15 MAI 1643. (Les éditions contemporaines retiennent comme date le 21 mai 1643).

Seulement puis-je dire, sur ce sujet, qu'estimant infiniment la vôtre que j'ai reçue, j'en userai comme les avares font de leurs trésors, lesquels ils cachent d'autant plus qu'ils les estiment, et en enviant la vue au reste du monde, ils mettent leur souverain contentement à les regarder.

  Correspondance, année 1646, A Monsieur CHANUT, 6 mars 1646.

Si vous avez aussi jeté quelquefois la vue hors de votre poêle, vous aurez peut-être aperçu en l'air d'autres météores que ceux dont j'ai écrit, et vous m'en pourriez donner de bonnes instructions.

  Correspondance, année 1647, A Monsieur CHANUT, 6 juin 1647.

au moyen de quoi, l'impression qui se faisait par la vue en mon cerveau, quand je regardais ses yeux égarés, se joignait tellement à celle qui s'y faisait aussi pour émouvoir en moi la passion de l'amour, que longtemps après, en voyant des personnes louches, je me sentais plus enclin à les aimer qu'à en aimer d'autres, pour cela seul qu'elles avaient ce défaut ;

  Correspondance, année 1647, REMARQUES DE RENÉ DESCARTES SUR UN CERTAIN PLACARD IMPRIMÉ AUX PAYS-BAS VERS LA FIN DE L'ANNÉE 1647, QUI PORTAIT CE TITRE ;.

car bien qu'il ne contienne rien qui s'adresse ouvertement à moi, et qu'il paraisse sans aucun nom, ni de l'auteur ni de l'imprimeur, toutefois, parce qu'il contient des opinions que je juge être très pernicieuses et très fausses, et qu'il a été imprimé en forme de placard, afin qu'il pût être commodément affiché aux portes des temples, et ainsi qu'il fût exposé à la vue de tout le monde, et aussi parce que j'ai appris qu'il a déjà été une autre fois imprimé en une autre forme, sous le nom d'un certain personnage qui s'en dit l'auteur, que la plupart estiment n'enseigner point d'autres opinions que les miennes, je me trouve obligé d'en découvrir les erreurs, de peur qu'elles ne me soient imputées par ceux qui, n'ayant pas lu mes écrits, pourront par hasard jeter les yeux sur de telles affiches.

  Correspondance, année 1647, REMARQUES SUR LE TITRE, REMARQUES SUR CHAQUE ARTICLE.

Car de vrai, si l'observation se fait par la vue, elle ne peut d'elle-même représenter autre chose à l'esprit que des peintures, et même des peintures dont toute la variété ne consiste que dans celles de certains mouvements corporels, comme notre auteur même l'enseigne.

Et certes c'est une chose si véritable que la vue ne représente de soi rien autre chose à l'esprit que des peintures, ni l'ouïe que des sons et des paroles, que personne ne le révoque en doute.

  Correspondance, année 1649, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 20 février 1649. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 22 février 1649.).

Si je ne reconnaissais le vôtre pour tel, je craindrais que vous ne fussiez extraordinairement affligée d'apprendre la funeste conclusion des tragédies d'Angleterre, mais je me promets que votre Altesse, étant accoutumée aux disgrâces de la fortune, et s'étant vue soi-même depuis peu en grand péril de sa vie, ne sera pas si surprise, ni si troublée, d'apprendre la mort d'un de ses proches, que si elle n'avait point reçu auparavant d'autres afflictions.

  Correspondance, année 1649, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 4 juin 1649. (Les éditions contemporaines datent cette lettre de juin 1649.).

Je ne manquerai pas d'en rechercher avec soin les occasions, et ne craindrai point d'écrire ouvertement tout ce que j'aurai fait ou pensé sur ce sujet, à cause que, ne pouvant avoir aucune intention qui soit préjudiciable à ceux pour qui je serai obligé d'avoir du respect, et tenant pour maxime que les voies justes et honnêtes sont les plus utiles et les plus sûres, encore que les lettres que j'écrirai fussent vues, j'espère qu'elles ne pourront être mal interprétées, ni tomber entre les mains de personnes qui soient si injustes, que de trouver mauvais que je m'acquitte de mon devoir et fasse profession ouverte d'être, etc.

descartes

« Et c'est seulement sur ce patron que toutes les autres qu'on a vues depuis ont été faites, sans que personne encore, que je sache,ait suffisamment déterminé les figures que ces verres doivent avoir. mais considérez-la en ceux qui, étant nés aveugles, s'en sont servis toute leur vie, et vous l'y trouverez si parfaite et si exacte,qu'on pourrait quasi dire qu'ils voient des mains, ou que leur bâton est l'organe de quelque sixième sens, qui leur a été donné audéfaut de la vue. Même vous pourrez aisément décider la question, qui est entre eux, touchant le lieu d'où vient l'action qui cause le sentiment de lavue : ainsi faut-il avouer que les objets de la vue peuvent être sentis, non seulement par le moyen de l'action qui, étant en eux, tend versles yeux, mais aussi par le moyen de celle qui, étant dans les yeux, tend vers eux. LA DIOPTRIQUE, DISCOURS SECOND, DE LA REFRACTION. Et il est temps que je commence à vous décrire quelle est la structure de l'oeil, afin de vous pouvoir faire entendre comment lesrayons qui entrent dedans s'y disposent pour causer le sentiment de la vue. LA DIOPTRIQUE, DISCOURS QUATRIEME, DES SENS EN GENERAL. Mais il faut que je vous dise maintenant quelque chose de la nature des sens en général, afin de pouvoir d'autant plus aisémentexpliquer en particulier celui de la vue. LA DIOPTRIQUE, DISCOURS SIXIEME, DE LA VISION. Toutes les qualités que nous apercevons dans les objets de la vue, peuvent être réduites à six principales, qui sont : Et premièrement, touchant la lumière et la couleur, qui seules appartiennent proprement au sens de la vue, il faut penser que notreâme est de telle nature, que la force des mouvements, qui se trouvent dans les endroits du cerveau d'où viennent les petits filetsdes nerfs optiques, lui fait avoir le sentiment de la lumière ; De plus, à cause que nous sommes accoutumés de juger que les impressions, qui meuvent notre vue, viennent des lieux verslesquels nous devons regarder pour les sentir, quand il arrive qu'elles viennent d'ailleurs, nous y pouvons facilement être trompés. Et celui qui est dans la chambre obscure que j'ai tantôt décrite, attribue au corps blanc RST les couleurs des objets V, X, Y, àcause que c'est seulement vers lui qu'il dresse sa vue. On se trompe aussi en ce que les corps blancs ou lumineux, et généralement tous ceux qui ont beaucoup de force pour mouvoirle sens de la vue, paraissent toujours quelque peu plus proches et plus grands qu'ils ne feraient, s'ils en avaient moins. Eet qu'encore qu'elles ne seraient pas entièrement rondes, elles ne laisseraient pas de paraître telles, comme aussi une tour carréeétant vue de loin paraît ronde, et tous les corps qui ne tracent que de fort petites images dans l'oeil, n'y peuvent tracer les figuresde leurs angles. LA DIOPTRIQUE, DISCOURS SEPTIEME, DES MOYENS DE PERFECTIONNER LA VISION. Le troisième, que les rayons qui les forment soient assez forts pour mouvoir les petits filets du nerf optique, et par ce moyen êtresentis, mais qu'ils ne le soient pas tant qu'ils blessent la vue. Et le quatrième, qu'il y ait le plus d'objets qu'il sera possible dont les images se forment dans l'oeil en même temps, afin qu'on enpuisse voir le plus qu'il sera possible tout d'une vue. Een sorte qu'il semble que les yeux se forment, au commencement, un peu plus longs et plus étroits qu'ils ne doivent être et quepar après, pendant qu'on vieillit, ils deviennent plus plats et plus larges, Or, afin que nous puissions remédier par art à ces défauts,il sera premièrement besoin que nous cherchions les figures que les superficies d'une pièce de verre ou de quelque autre corpstransparent doivent avoir, pour courber les rayons qui tombent sur elles en telle sorte que tous ceux qui viennent d'un certain pointde l'objet, se disposent, en les traversant, tout de même que s'ils étaient venus d'un autre point qui fût plus proche ou plus éloigné,à savoir, qui fût plus proche pour servir à ceux qui ont la vue courte, et qui fût plus éloigné tant pour les vieillards que. »

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