Le mot "ignorer" chez René DESCARTES
Publié le 18/08/2010
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Règles pour la direction de l’esprit, Règle douzième.
Il peut se faire en effet que nous croyions ignorer les choses que nous savons réellement ;
Autrement on ne pourrait pas dire qu’elle est simple, mais bien composée, d’abord, de ce que nous connaissons d’elle, ensuite, de ce que nous en croyons ignorer.
DISCOURS DE LA METHODE, Cinquième partie.
car même je supposai, expressément, qu’il n’y avait en elle aucune de ces formes ou qualités dont on dispute dans les écoles, ni généralement aucune chose dont la connaissance ne fût si naturelle à nos âmes qu’on ne pût pas même feindre de l’ignorer.
DISCOURS DE LA METHODE, Sixième partie.
car, pour le commencement, il vaut mieux ne se servir que de celles qui se présentent d’elles-mêmes à nos sens, et que nous ne saurions ignorer pourvu que nous y fassions tant soit peu de réflexion, que d’en chercher de plus rares et étudiées :
Que s’ils préfèrent la connaissance de quelque peu de vérités à la vanité de paraître n’ignorer rien, comme sans doute elle est bien préférable, et qu’ils veuillent suivre un dessein semblable au mien, ils n’ont pas besoin pour cela que je leur dise rien davantage que ce que j’ai déjà dit en ce discours :
LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE VI, Description d’un nouveau monde ; et des qualités de la matière dont il est composé.
Mais, avant que j’explique ceci plus au long, arrêtez-vous encore un peu à considérer ce chaos et remarquez qu’il ne contient aucune chose qui ne vous soit si parfaitement connue que vous ne sauriez pas même feindre de l’ignorer.
MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION XIIe.
Il est certain que l’ignorance est seulement un défaut, et qu’il n’est pas besoin d’aucune faculté positive pour ignorer, mais, quant à l’erreur, la chose n’est pas si manifeste :
LES PASSIONS DE L’AME, LETTRE Ire A MONSIEUR DESCARTES.
et même je ferai imprimer cette lettre, afin que vous ne puissiez prétendre de l’ignorer ;
Correspondance, année 1638, Au R. P. MERSENNE, 15 février 1638. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 25 janvier 1638).
(Fermat) a été que j’ai feint d’ignorer son nom, afin qu’il sache que je ne réponds qu’à son Écrit, et que vous ne m’avez envoyé que ses objections, sans y engager sa réputation.
Correspondance, année 1638, Au R. P. MERSENNE, 8 octobre 1638. (Les éditions contemporaines retiennent comme date le 11 octobre 1638).
Il dit ignorer la cause qui soutient les gouttes d’eau sur les choux, laquelle j’ai assez expliquée en mes Météores.
Correspondance, année 1640, Au R. P. MERSENNE, 30 juillet 1640.
Je crois que Monsieur de Martigny vous aura fait voir ce que j’écris au Recteur des Jésuites à l’occasion de ces thèses, car vous ne m’en aviez point nommé l’auteur, et j’ai été bien aise de l’ignorer pour avoir plus d’occasion de m’adresser au Corps.
Correspondance, année 1641, Au R. P. MERSENNE, 1er juillet 1641.
Il faut donc demeurer d’accord qu’on a l’idée de Dieu, et qu’on ne peut pas ignorer quelle est cette idée, ni ce que l’on doit entendre par elle, car sans cela nous ne pourrions du tout rien connaître de Dieu.
Correspondance, année 1645, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, Septembre 1645 (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 6 octobre 1645.).
C’est pourquoi, voyant que c’est une plus grande perfection de connaître la vérité, encore même qu’elle soit à notre désavantage, que l’ignorer, j’avoue qu’il vaut mieux être moins gai et avoir plus de connaissance.
Correspondance, année 1647, MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 20 novembre 1647.
Je n’ai pas jugé à propos d’y mettre rien de plus de votre altesse, ni même d’en exprimer le nom, lequel toutefois il ne pourra ignorer à cause de mes lettres précédentes.
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