Le mot "ignorant" chez René DESCARTES
Publié le 18/08/2010
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Règles pour la direction de l’esprit, Règle huitième.
Et quoiqu’on puisse souvent lui présenter des questions dont notre règle lui interdise la recherche, comme il verra qu’elles dépassent la portée de l’esprit humain, il ne s’en croira pas pour cela plus ignorant qu’un autre ;
ainsi il ne s’en croira pas plus ignorant, parce qu’être arrivé à ce résultat est déjà une science qui en vaut une autre.
DISCOURS DE LA METHODE, Première partie.
et lorsqu’on est trop curieux des choses qui se pratiquaient aux siècles passés, on demeure ordinairement fort ignorant de celles qui se pratiquent en celui-ci.
mais ayant appris, comme chose très assurée, que le chemin n’en est pas moins ouvert aux plus ignorants qu’aux plus doctes, et que les vérités révélées qui y conduisent sont au-dessus de notre intelligence, je n’eusse osé les soumettre à la faiblesse de mes raisonnements ;
MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX SECONDES OBJECTIONS.
mais ils pèchent, ou de ce qu’ils résistent à la grâce divine qui les avertit intérieurement, ou que, péchant en d’autres choses, ils se rendent indignes de cette grâce, Et je dirai hardiment qu’un infidèle qui, destitué de toute grâce surnaturelle et ignorant tout à fait que les choses que nous autres chrétiens croyons ont été révélées de Dieu, néanmoins, attiré par quelques faux raisonnements, se porterait à croire ces mêmes choses qui lui seraient obscures, ne serait pas pour cela fidèle, mais plutôt qu’il pécherait en ce qu’il ne se servirait pas comme il faut de sa raison.
LES PASSIONS DE L’AME, LETTRE Ire A MONSIEUR DESCARTES.
Aussi voit-on par expérience que les peuples en l’esprit desquels elle est le plus enracinée sont ceux qui sont demeurés les plus ignorants et les plus rudes.
LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 75.
Aussi voyons-nous que ceux qui n’ont aucune inclination naturelle à cette passion sont ordinairement fort ignorants.
LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 157.
ce qui donne occasion aux plus ignorants et aux plus stupides de tomber en cette espèce d’orgueil.
Correspondance, année 1630, A Monsieur *** (ISAAC BEECKMAN), 17 octobre 163O.
mais que cela ne serve point à fomenter votre maladie, de ce que j’avoue ici franchement avoir approuvé des choses que vous avez dites, car cela est arrivé si rarement que le plus ignorant du monde ne saurait discourir si mal de la philosophie qu’il n’en puisse dire par hasard autant qui s’accorde avec la vérité, et même plusieurs peuvent savoir la même chose, sans qu’aucun l’ait apprise des autres.
Comme si je me souciais de cela, moi qui ai coutume de m’estimer le plus ignorant des hommes ;
Correspondance, année 1633, AU R. P. MERSENNE, Mars 1633. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 5 avril 1632.).
car je vous dirai que j’ai employé cinq ou six semaines à en trouver la solution, et que si quelque autre la trouve, je ne croirai pas qu’il soit ignorant en algèbre.
Correspondance, année 1638, AU R. P. MERSENNE, 27 mai 1638. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 17 mai 1638).
Mais ce qui lui a fait promettre d’en faire, c’est qu’il a eu peur qu’on lui demandât pourquoi il ne s’est pas adressé à cette matière où il dit avoir employé dix ou onze années, plutôt qu’à une matière de morale ou de métaphysique, qui n’est point du tout de sa profession, dont la vérité ne pouvant être entendue que de fort peu de personnes, bien que chacun se veuille mêler d’en juger, les plus ignorants sont capables d’en dire beaucoup de choses qui passent pour vraisemblables parmi ceux qui ne les examinent pas de fort près ;
Correspondance, année 1640, Au R. P. MERSENNE, 30 juillet 1640.
Pour les discours qu’il fait du sel aérien, et la différence qu’il met entre les esprits vitaux et animaux, les comparant au feu élémentaire et au mercure aérien, ce sont des choses qui surpassent ma capacité, c’est-à-dire, entre nous, qui me semblent ne signifier rien d’intelligible, et n’être bonnes que pour se faire admirer par les ignorants.
Correspondance, année 1642, A Monsieur REGIUS, 3 janvier 1642 ( Les éditions contemporaines datent cette lettre du janvier 1642.).
Vous regarderez la jalousie qu’on fait paraître contre vous comme plus glorieuse que tous les applaudissements des ignorants ;
Correspondance, année 1645, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, Septembre 1645 (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 6 octobre 1645.).
Je me suis quelquefois proposé un doute, savoir, s’il est mieux d’être gai et content en imaginant les biens qu’on possède être plus grands et plus estimables qu’ils ne sont, et ignorant ou ne s’arrêtant pas à considérer ceux qui manquent, que d’avoir plus de considération et de savoir, pour connaître la juste valeur des uns et des autres, et qu’on devienne plus triste.
Correspondance, année 1647, REMARQUES SUR LE TITRE, REMARQUES SUR CHAQUE ARTICLE.
ou que le sommeil ne se pourrait distinguer de la veille, et autres choses semblables qui m’ont quelquefois été objectées par des calomniateurs ignorants, mais que j’ai rejeté toutes ces choses en paroles très expresses, et que je les ai même réfutées par des arguments très puissants et j’ose même dire plus puissants qu’aucun autre ait jamais fait avant moi.
Correspondance, année 1649, A Monsieur CHANUT, 31 mars 1649.
Mais je vois que ceux qui se vantent d’avoir des secrets, par exemple en la chimie ou en l’astrologie judiciaire, ne manquent jamais, tant ignorants et impertinents qu’ils puissent être, de trouver des curieux, qui achètent bien cher leurs impostures.

«
éditions contemporaines datent cette lettre du 17 mai 1638).
Mais ce qui lui a fait promettre d'en faire, c'est qu'il a eu peur qu'on lui demandât pourquoi il ne s'est pas adressé à cette matièreoù il dit avoir employé dix ou onze années, plutôt qu'à une matière de morale ou de métaphysique, qui n'est point du tout de saprofession, dont la vérité ne pouvant être entendue que de fort peu de personnes, bien que chacun se veuille mêler d'en juger, lesplus ignorants sont capables d'en dire beaucoup de choses qui passent pour vraisemblables parmi ceux qui ne les examinent pasde fort près ;
Correspondance, année 1640, Au R.
P.
MERSENNE, 30 juillet 1640. Pour les discours qu'il fait du sel aérien, et la différence qu'il met entre les esprits vitaux et animaux, les comparant au feuélémentaire et au mercure aérien, ce sont des choses qui surpassent ma capacité, c'est-à-dire, entre nous, qui me semblent nesignifier rien d'intelligible, et n'être bonnes que pour se faire admirer par les ignorants. Correspondance, année 1642, A Monsieur REGIUS, 3 janvier 1642 ( Les éditions contemporaines datent cette lettre du janvier 1642.). Vous regarderez la jalousie qu'on fait paraître contre vous comme plus glorieuse que tous les applaudissements des ignorants ; Correspondance, année 1645, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, Septembre 1645 (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 6 octobre 1645.). Je me suis quelquefois proposé un doute, savoir, s'il est mieux d'être gai et content en imaginant les biens qu'on possède être plusgrands et plus estimables qu'ils ne sont, et ignorant ou ne s'arrêtant pas à considérer ceux qui manquent, que d'avoir plus deconsidération et de savoir, pour connaître la juste valeur des uns et des autres, et qu'on devienne plus triste. Correspondance, année 1647, REMARQUES SUR LE TITRE, REMARQUES SUR CHAQUE ARTICLE. ou que le sommeil ne se pourrait distinguer de la veille, et autres choses semblables qui m'ont quelquefois été objectées par descalomniateurs ignorants, mais que j'ai rejeté toutes ces choses en paroles très expresses, et que je les ai même réfutées par desarguments très puissants et j'ose même dire plus puissants qu'aucun autre ait jamais fait avant moi. Correspondance, année 1649, A Monsieur CHANUT, 31 mars 1649. Mais je vois que ceux qui se vantent d'avoir des secrets, par exemple en la chimie ou en l'astrologie judiciaire, ne manquentjamais, tant ignorants et impertinents qu'ils puissent être, de trouver des curieux, qui achètent bien cher leurs impostures.. »
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