Le Kominform, produit et instrument de la guerre froide
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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Marshall et en stratégie de l'endiguement, précisée par G.
Kennan (il faut, disait-il, contenir l'expansion du communisme).
La création du Kominform s'inscrit dans ce contexte général.
Le rapport présenté par le Soviétique Jdanov est parfaitementclair à cet égard.
Pour lui, le monde est divisé en deux camps hostiles.
Entre les deux il n'y a pas de place.
Donc tout ce qui estprogressiste doit se grouper autour du pays qui le premier a construit le socialisme.
Cette vision manichéenne ne tolère pas lesexpériences de communisme national plus ou moins autonome qui, à la faveur de la guerre, ont surgi ici ou là.
Il faut resserrer lesrangs, aligner les démocraties populaires sur l'URSS et faire l'unité de classe dans cette région de l'Europe.
Les partis socialistesde l'Est encore existants vont donc être contraints de se fondre dans un nouveau parti ouvrier, en fait le parti communisterebaptisé.
A l'Ouest, les sociaux démocrates refusent ce schéma ? Cela confirme qu'ils sont les valets du capitalisme, del'impérialisme.
On va donc les traiter de " social-fascistes ".
Au cours de cette première session du Kominform, deux partis prirent figure d'accusés : l'italien et le français.
La délégationyougoslave, Kardelj secondé par Djilas, leur reprocha vivement de n'avoir pas su exploiter l'ambiance révolutionnaire à la fin dela guerre pour prendre tout le pouvoir.
Ce procès-là est intéressant.
En 1943-1944, la stratégie des PC italien et françaiscorrespondait parfaitement à celle de Staline alors que, déjà, Tito prenait quelque liberté avec les directives du Kremlin.
Mais, en1947, Moscou jugeait nécessaire pour illustrer la situation nouvelle de condamner la stratégie ancienne.
Ce débat n'a pas été mentionné dans les documents officiels de 1947.
Il a été révélé par Reale, le second de la délégation italienne, qui, quelques années plus tard, rompit avec le communisme.
LesYougoslaves ont confirmé ses propos.
Bien entendu, Kardelj et Djilas n'avaient pas instruit le " procès " sans avoir le feu vert desSoviétiques.
La suite des événements donne à penser que, dès ce moment, Staline manoeuvrait avec machiavélisme.
Il incitait lesYougoslaves à partir à l'assaut en sachant qu'ils seraient bientôt les victimes de leur impétuosité.
Il avait maille à partir avec Tito.Comment réduire ses tendances nationalistes? En leur faisant jouer le premier rôle dans le procès intenté à des partis frères.Comment alors les Yougoslaves refuseraient-ils un peu plus tard d'avoir des comptes à rendre à la communauté prolétarienneinternationale? Une communauté qui en l'occurrence était identifiée à l'URSS.
De plus, Longo et surtout Duclos, les chefs des délégations des PC mis sur la sellette, reconnurent humblement leurs torts.L'autocritique est souvent une manifestation du social-masochisme.
Mais ils n'oublièrent pas de sitôt l'injure.
Leur ressentimentsera précieux le jour où Staline décidera d'écraser Tito.
Certains ont même pensé que le Kominform fut conçu à seule fin deliquider le schisme yougoslave.
L'explication est un peu trop simple.
Il n'empêche que le Kominform va permettre de faire éclaterl'affaire Tito sans que cela apparaisse comme une querelle soviéto-yougoslave.
A partir de ce moment, le bureau d'information vas'occuper presque exclusivement de la " trahison ".
Dans un premier temps, le Kominform avait son siège à Belgrade.
Mais très vite, bien qu'encore secret, le conflit soviéto-yougoslave avait pris un tour aigu.
Une nouvelle réunion plénière eut lieu en juin 1948, à Bucarest cette fois.
Les neuf ne sont plusque huit, car les Yougoslaves refusent aux autres PC le droit de les juger.
C'est la rupture.
La résolution finale publiée le 28 juin1948 recense huit erreurs fondamentales du PC yougoslave : il y a de tout dans cet inventaire, de l'ultra gauchisme et de ladéviation droitière.
Le réquisitoire peut se résumer en cette phrase tirée du texte : " La direction du parti communiste yougoslavepoursuit une politique inamicale à l'égard de l'Union soviétique et du parti communiste de l'URSS.
" Donc cette direction " suit cesderniers temps dans les questions principales de la politique extérieure et intérieure une ligne fausse représentant l'abandon de ladoctrine marxiste-léniniste ".
Combattre les déviations nationalistes
Le siège du Kominform, ou plus exactement de son journal, va être immédiatement transféré de Belgrade à Bucarest.
Le titrede ce journal : Pour une paix durable, pour une démocratie populaire, avait été imposé par Staline.
Certains lui avaient timidementfait observer qu'un tel titre était beaucoup trop long pour intéresser le public.
Le dictateur avait balayé l'objection : les journalistesbourgeois, disait-il, seront contraints de reprendre notre slogan chaque fois qu'ils nous citeront.
Bien évidemment, les journalistes" bourgeois " parlèrent tout simplement du " journal du Kominform ".
Cette publication va être remplie de diatribes contre Tito.
Au début, le Kremlin semble encore espérer un " redressement ".
Il croit ou affecte de croire que les éléments " sains "imposeront un retour à l'orthodoxie.
Tito et les siens ne sont encore que des déviationnistes.
Lorsque se réunit, fin novembre1949, à Matra, en Hongrie, la troisième session, la voie de son retour est atteinte.
Tito n'est pas simplement un déviationniste.
C'est un fasciste.
A cette réunion, Souslov présente un rapport sur la manière defaire du Mouvement de la paix un instrument au service du " camp anti-impérialiste et démocratique ".
Evidemment, l'envoyésoviétique participe à ce qui est devenu pour le Kominform une priorité, " la dénonciation systématique de la clique de Tito "..
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