Le Japon capitule
Publié le 22/02/2012
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Le Japon tout entier commençait à glisser de toute sa masse vers la tragédie de la " bataille suprême ".
L'armée y préparaitmême les civils, les enfants, les femmes.
Et ce final de la guerre du Pacifique aurait pu, aurait dû, être d'autant plus spectaculaireque Staline, à mille lieues de ce que le naïf empereur du Japon espérait de lui, s'apprêtait à jeter dans cette bataille les armées del'Union soviétique maintenant libérées du péril allemand à l'Ouest.
Les armées russes auraient, calculait-il, entre six mois et un an pour tailler en pièces le Japon.
Leur ligne de départ, à terre, enSibérie, était plus favorable, plus proche du but, que celle de McArthur, attaquant par mer et visant seulement, pour commencer,le sud de l'archipel.
Les Russes avaient des chances d'êtres à Tokyo les premiers !
Le 8 août, l'URSS déclarait la guerre au Japon, et ses troupes bousculaient l'armée japonaise en Mandchourie.
Hélas ! pourStaline, deux jours auparavant s'était produit un événement prodigieux qui changeait la guerre et l'histoire : la bombe deHiroshima ! La guerre russo-japonaise, au lieu de dix mois ou plus, allait durer six jours.
Pour Hiro-Hito lui aussi, le stupéfiant cataclysme renversait la situation.
Du point de vue militaire, sans doute, elle n'ajoutaitguère à la défaite, puisque tout était déjà perdu, et que cent villes japonaises avaient été rasées par les bombes incendiairespresque aussi complètement que Hiroshima.
Mais, du point de vue politique, la bombe atomique changeait tout.
Elle donnait enfinau souverain une arme pour imposer sa volonté de paix aux chefs de l'armée.
Depuis le 26 juillet, le Japon se trouvait devant l'ultimatum que lui avaient adressé de Potsdam Truman, Churchill et TchiangKaï-Chek (Staline, cachant ses plans, n'en était pas).
Il était sommé de capituler, sinon il verrait s'abattre sur lui, disaient les trois," une puissance infiniment plus grande que celle qui dévasta l'Allemagne ".
Le sens caché de cette formule éclatait maintenant augrand jour.
C'est le 14 août, après les bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki, que, au milieu des sanglots, les ministres prostrésdevant l'empereur finirent, comme il le leur demandait, par " accepter l'inacceptable ".
La rébellion d'un groupe d'officiers fanatiques, à Tokyo, faillit encore tout faire échouer.
Un peu partout dans le pays et sur lesfronts d'Asie des centaines d'officiers et de soldats préférèrent se suicider plutôt que de capituler.
Mais la grande masse del'armée céda : l'empereur avait parlé, sa parole libérait ses sujets du devoir de mourir.
La population civile, elle, avait été volontairement maintenue dans l'ignorance.
Le secret était tel que, jusqu'à la paix revenue,jamais le fait même de la bombe atomique ne fut officiellement annoncé au peuple par les autorités japonaises.
Pendant six jours, les Japonais ne recueillirent, à ce sujet, que des rumeurs plus ou moins fantastiques.
C'est seulement après lapaix revenue, et par les informations américaines, qu'ils ont commencé à connaître peu à peu l'horreur de Hiroshima.
Allaient-ils accueillir leurs vainqueurs par une explosion de haine? Après le débarquement, les G.I.
allaient-ils se faireassassiner ? Non seulement il n'en fut rien, mais, de façon inattendue, paradoxale, il ne fallut pas un mois pour que les Américainsfussent traités en hôtes bienvenus ne voyant autour d'eux que des sourires.
Hypocrisie? Retournement de veste à l'échelle d'unpeuple entier ? Ce n'était pas cela, mais plutôt l'immense soulagement de la paix et le sentiment que les occupants étaient aussides libérateurs : ils délivraient le Japon du long cauchemar du fascisme militaire.
Les grandes orientations du " Nouveau Japon " ont été immédiates, visibles dès les premiers jours après la capitulation, et engrande partie spontanées.
La première est cette " allergie atomique ", qui va de pair avec une détestation profonde des militaires,en dépit de toute la légende ancienne des samouraï et du bushido.
La seconde est, sinon l'anticommunisme, du moins l'allergie, pour reprendre le même mot, au communisme.
Dans l'état où ilétait en 1945, ce pays privé de toute liberté et habitué à l'obéissance, ce pays où tout le monde était également ruiné et misérable,aurait pu tomber tout naturellement dans la révolution et le communisme.
Il n'en a rien fait.
L'occupation américaine, bien moins par la contrainte que par un effet en quelque sorte catalyseur, a mobiliséd'emblée dans le tempérament japonais tout ce qui pousse à l'ordre accepté, au travail constructeur, au conservatisme.
Latroisième est l'appartenance au camp américain dans la guerre froide.
Car le Japon est le premier pays où jaillit l'étincelle de laguerre froide elle apparaît au lendemain même de la défaite nippone bien mieux, avant même cette défaite : la bombe atomiqueen est en réalité la retentissante ouverture.
Si Truman et Churchill ont décidé de s'en servir contre les Japonais, une de leursgrandes raisons est d'escamoter la participation des Russes à la victoire sur le Japon.
Ils regrettent maintenant d'avoir invitéStaline à la dernière partie de la guerre du Pacifique et à la curée finale.
L'explosion expérimentale du Nouveau-Mexique leur arévélé, en plein milieu de la conférence de Potsdam, quelle arme fantastique ils ont à leur disposition pour en finir avec les.
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