Le Concept D'Inconscient Est-Il Une Excuse À L'Irresponsabilité ?
Publié le 22/07/2010
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Selon beaucoup de philosophes, comme par exemple Sigmund Freud, père de la psychanalyse, la part inconsciente d’un sujet pensant est bien pus grande que sa part consciente. Cet état de fait pose un problème majeur et à la philosophie et à la société. En effet, un individu inconscient de ses actes peut donc nier qu’il en est responsable, puisqu’il ne sait même pas qu’il les a commis. En ce cas, il est important de savoir si, pour un individu, l’inconscience de quelque chose est une condition suffisante à l’irresponsabilité par rapport à cette chose, ou si au contraire chaque individu est responsable de ce à quoi il est lié. Inconscience et responsabilité d’une chose semblent être deux termes totalement incompatibles. Cependant, on peut arguer que chaque individu est responsable de ce à quoi il est lié, indépendamment de son était de conscience par rapport à cette chose. D’où la possibilité de plusieurs types de responsabilité et niveaux de conscience existent. En premier lieu, les notions de responsabilité et de liberté sont intimement liées. En effet, si on doit répondre de ses actes ou même de ses pensées, c’est parce qu’on est libre d’agir et libre de penser. Si ce n’était pas le cas, si une entité extérieure à nous, quelle qu’elle soit, décidait à notre place de tout ce qui dépend de nous, alors nous ne saurions être responsables des décisions de cette entité qui nous contrôlerait. Et cette liberté est elle-même liée au contrôle que nous avons de nous-même : si nous sommes libres c’est parce que nous sommes les seuls à nous diriger. Donc, responsabilité de soi implique contrôle de soi. Par ailleurs, ce dont je n’ai pas conscience m’et par définition inconnu. Or, il m’est impossible de diriger ce qui ne m’est pas connu, puisque j’en ignore tout, y compris les mécanismes qui permettent de le diriger justement. Donc, ce qui m’est inconnu, je ne peux le contrôler. Donc, je ne peux contrôler ce qui m’est inconscient. On a donc montré que la responsabilité de soi implique le contrôle de soi et que l’inconscience d’une chose implique le non contrôle de cette chose .Par conséquent, les notions de responsabilité et d’inconscience sont diamétralement opposées. Par exemple, supposons que je sois avec deux personnes qui, pour une raison quelconque, en viennent à se disputer. N’ayant aucun moyen de contrôle sur les paroles de ces deux personnes, je ne suis pas responsable des ce qu’elles disent. On a donc montré que responsabilité et inconscience étaient de manière générale deux notions opposées. Cependant, rejeter systématiquement la responsabilité de ce dont on n’a pas conscience peut n’être qu’un moyen de le fuir. Le problème posé par l’opposition entre responsabilité et inconscience d’une chose est qu’il devient alors très facile de refuser d’assumer les conséquences de ce qui dépend de nous, en particulier de nos actes. En effet, notre part consciente est bien plus réduite que notre part inconsciente selon Freud et d’autres : il pourrait donc paraître logique d’imputer la majorité de nos actes à notre part inconsciente. Or, si chaque individu était irresponsable de la plupart de ses actes, ceux commis par exemple sous l’effet de la colère ou par ignorance des conséquences, il deviendrait impossible de vivre en société : ce serait un véritable chaos. En effet, les actions qui portent préjudice à quelqu’un supposent que le préjudice soit réparé. Si l’auteur d’une telle action n’était pas tenu d’effectuer cette réparation, sous prétexte qu’il en était inconscient et donc irresponsable, la vie avec les autres deviendrait extrêmement difficile voire impossible. En conséquence, chaque individu est responsable de ce qui dépend de lui, (ses actions, ses pensées, ses sentiments), ou en tout cas il doit l’être. Indépendamment du fait qu’il en soit conscient ou non, il en est responsable, au sens où il doit en assumer les conséquences : réparer les préjudices qu’il a causés si préjudices il y a, ou recevoir louanges et félicitations dans le cas d’une action ayant eu un effet bénéfique. Cette nécessité d’assumer ce dont on est la cause est d’ailleurs profondément inscrite dans nos mœurs. Ainsi, supposons que par mégarde, je brise un objet. Au moment où je le casse, je ne suis donc pas conscient de le faire, au sens où je n’ai aucun contrôle sur sa chute : ce n’est que plus tard, parfois juste après, que je prends conscience du fait qu’il est brisé. Donc je pourrais affirmer que je ne suis pas responsable de la destruction de cet objet. Pourtant, il est considéré comme normal que j’en ramasse les débris, et que je le rembourse si je n’en étais pas le propriétaire. C’est-à-dire que je dois réparer le préjudice que j’ai causé. Par conséquent, il est nécessaire de répondre de soi-même pour vivre en société, même de sa part inconsciente. Laquelle a d’ailleurs des frontières discutables. En effet, je suis responsable de ce dont je suis lire, ce que je contrôle. Et a priori je ne contrôle pas ce dont je suis inconscient. Seulement, d’une certaine manière, je suis libre d’être conscient ou inconscient d’une chose. EN effet, nous sommes par exemple capables d’oublier souvenirs traumatisants ou certaines pensées gênantes, ce qui ne peut qu’être volontaire puisque ce sont précisément les choses dérangeantes qui sont oubliées. Nous sommes également capables de nous persuader nous-mêmes de e qu’au départ nous savons être un mensonge ; chez les mythomanes par exemple, cette capacité est poussée à l’extrême et nous empêche de vivre normalement. Nous avons donc dans ce cas de figure décidé d’être inconscients de ce que nous savions être la vérité. Donc nous étions libres de le faire, ce qui signifie que nous sommes responsables de ce que nous nous sommes caché. Ainsi, il arrive fréquemment que nous refusions d’admettre que nous avons fait un mauvais choix ayant eu des conséquences négatives, comme par exemple pour un jeune arrêter ses études avant d’obtenir un quelconque diplôme et de fait être sans emploi. Nous nous persuadons alors qu’une cause extérieure est responsable des conséquences négatives de notre choix. C’est ce que Sartre appelles la mauvaise foi, « la tendance à nous inventer des déterminismes pour dissimuler au regard de notre conscience réfléchie cette liberté que nous sommes et la responsabilité qui va avec.« En fait, si l’idée que responsabilité et inconscience sont incompatibles semble contradictoire avec celle que l’on doive assumer tout ce qui dépend de nous indépendamment du fait qu’on en soit conscient ou non, c’est parce qu’on a supposé d’une part, qu’il n’y aurait qu’un seul type de responsabilité, et d’autre part, que le sujet pensant pouvait être soit conscient soit inconscient mais pas les deux à la fois. En réalité, les notions de responsabilité et d’inconscience sont multiples. On peut en effet distinguer trois types de responsabilité. Premièrement, celle qui lie une chose et la personne qui s’y rattache, c’est-à-dire une pensée, un sentiment, une action et son auteur. Autrement dit, la responsabilité qui rattache un effet à sa cause, la cause étant une personne. Cette responsabilité est entièrement indépendante du fait que la cause soit consciente ou non de l’effet qu’elle a provoqué. C’est elle qui, par exemple, nous pousse à remplacer un objet que nous avons cassé par mégarde ; et d’ailleurs, en particulier si cet objet était en vente dans un magasin, la loi nous oblige à le rembourser. Deuxièmement, la responsabilité déterminée par rapport à une action : si elle était préméditée ou effectuée sous l’effet de, par exemple, la colère, si elle a été faite en état de démence ou non, si on peut trouver une quelconque circonstance atténuante ou si l’auteur était en pleine possession de ses moyens. C’est notamment le travail d’un tribunal pénal de justice. Troisièmement, la responsabilité morale, qui ne dépend d’aucun facteur extérieur tel que la loi mais uniquement de l’éducation de l’individu : telle ou telle chose « ne se fait pas « et même si cet individu est irresponsable au regard de la loi, il « se sent coupable «. Selon Freud, le déclencheur de ce sentiment est le surmoi, partie de l’inconscient de l’individu formée par intériorisation des interdits sociaux. Par exemple, une personne commettant des meurtres lors d’accès ponctuels de démence se sentira responsable de ces assassinats, même si aux yeux de la loi il ne l’est pas. Le mot « responsabilité « ne désigne donc pas toujours la même chose. De même, la question de l’inconscience est un problème philosophique à elle seule. La frontière stricte entre conscience et inconscience est plus que discutable : si je suis en état de délire schizophrénique, profondément endormi mais somnambule, ivre, inattentif, ignorant ou parfaitement vigilant et en pleine possession de mes moyens, ce sont différents types de conscience, ou majoritairement des états d’inconscience mais à différents degrés. Ainsi, si je suis ivre ou simplement inattentif pour une raison quelconque, je ne peux dégager ma responsabilité d’une action que j’aurais commise dans un état qui n’est pas considéré comme un état d’inconscience totale, au contraire du délire schizophrénique. On peut également relever chez les philosophes diverses manières de définir l’inconscient : un ensemble d’automatismes chez Descartes ou une partie de moi divisée en deux, mes pulsions (le « ça «) et les interdits sociaux que j’ai intériorisés (le « surmoi «) selon Freud. On en conclut que cette notion est encore plus complexe que celle de la responsabilité. Donc impossible de conclure quant à l’incompatibilité de la responsabilité et de l’inconscience d’une chose de manière tranchée. On en déduit qu’en raison de ces différentes sortes de responsabilité et de ces divers degrés de conscience, il est impossible de donner une réponse globale au problème posé, à savoir si pour un individu l’inconscience de quelque chose est une condition suffisante à l’irresponsabilité par rapport à cette chose, ou si au contraire chaque individu est responsable de ce à quoi il est lié. Chaque cas de figure doit donc être traité séparément, ce que d’ailleurs justifie la complexité du système judiciaire où à chaque action délictueuse corresponde une réponse particulière de la société. Par ailleurs, la question de l’inconscience de ses actes et des conséquences de cette inconscience pour la responsabilité par rapport à ces actes, et globalement à tout ce qui dépend de moi, n’est pas le seul problème philosophique qui peut se poser par rapport à sa responsabilité. En effet, certains individus, notamment coupables de crimes contre l’Humanité, ont déclaré avoir agi parce qu’on leur en avait donné l’ordre. On peut alors se demander jusqu’à quel point le devoir d’obéissance peut dégager de la responsabilité de ce que l’on a fait en obéissant à un ordre.
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rattache un effet à sa cause, la cause étant une personne.
Cette responsabilité est entièrement indépendante dufait que la cause soit consciente ou non de l'effet qu'elle a provoqué.
C'est elle qui, par exemple, nous pousse àremplacer un objet que nous avons cassé par mégarde ; et d'ailleurs, en particulier si cet objet était en vente dansun magasin, la loi nous oblige à le rembourser.
Deuxièmement, la responsabilité déterminée par rapport à une action: si elle était préméditée ou effectuée sous l'effet de, par exemple, la colère, si elle a été faite en état de démenceou non, si on peut trouver une quelconque circonstance atténuante ou si l'auteur était en pleine possession de sesmoyens.
C'est notamment le travail d'un tribunal pénal de justice.
Troisièmement, la responsabilité morale, qui nedépend d'aucun facteur extérieur tel que la loi mais uniquement de l'éducation de l'individu : telle ou telle chose « nese fait pas » et même si cet individu est irresponsable au regard de la loi, il « se sent coupable ».
Selon Freud, ledéclencheur de ce sentiment est le surmoi, partie de l'inconscient de l'individu formée par intériorisation des interditssociaux.
Par exemple, une personne commettant des meurtres lors d'accès ponctuels de démence se sentiraresponsable de ces assassinats, même si aux yeux de la loi il ne l'est pas.
Le mot « responsabilité » ne désigne doncpas toujours la même chose.De même, la question de l'inconscience est un problème philosophique à elle seule.
La frontière stricte entreconscience et inconscience est plus que discutable : si je suis en état de délire schizophrénique, profondémentendormi mais somnambule, ivre, inattentif, ignorant ou parfaitement vigilant et en pleine possession de mes moyens,ce sont différents types de conscience, ou majoritairement des états d'inconscience mais à différents degrés.
Ainsi,si je suis ivre ou simplement inattentif pour une raison quelconque, je ne peux dégager ma responsabilité d'uneaction que j'aurais commise dans un état qui n'est pas considéré comme un état d'inconscience totale, au contrairedu délire schizophrénique.
On peut également relever chez les philosophes diverses manières de définir l'inconscient: un ensemble d'automatismes chez Descartes ou une partie de moi divisée en deux, mes pulsions (le « ça ») et lesinterdits sociaux que j'ai intériorisés (le « surmoi ») selon Freud.
On en conclut que cette notion est encore pluscomplexe que celle de la responsabilité.
Donc impossible de conclure quant à l'incompatibilité de la responsabilité etde l'inconscience d'une chose de manière tranchée.
On en déduit qu'en raison de ces différentes sortes de responsabilité et de ces divers degrés de conscience, il estimpossible de donner une réponse globale au problème posé, à savoir si pour un individu l'inconscience de quelquechose est une condition suffisante à l'irresponsabilité par rapport à cette chose, ou si au contraire chaque individuest responsable de ce à quoi il est lié.
Chaque cas de figure doit donc être traité séparément, ce que d'ailleursjustifie la complexité du système judiciaire où à chaque action délictueuse corresponde une réponse particulière dela société.
Par ailleurs, la question de l'inconscience de ses actes et des conséquences de cette inconscience pourla responsabilité par rapport à ces actes, et globalement à tout ce qui dépend de moi, n'est pas le seul problèmephilosophique qui peut se poser par rapport à sa responsabilité.
En effet, certains individus, notamment coupablesde crimes contre l'Humanité, ont déclaré avoir agi parce qu'on leur en avait donné l'ordre.
On peut alors sedemander jusqu'à quel point le devoir d'obéissance peut dégager de la responsabilité de ce que l'on a fait enobéissant à un ordre..
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