L'armistice : sanglant matin du pays calme
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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sans leur donner les moyens de gagner.
Il est bon que Mao ne devienne pas trop fort, et excellent que la guerre dure pour lesEtats-Unis en Corée, comme pour la France en Indochine, les Anglais en Malaisie, les Néerlandais en Indonésie...
Et voilà laguerre de Corée à la fois stabilisée sur le trente-huitième parallèle qui coupe en deux la péninsule, et assurée de durerindéfiniment.
Cela est nouveau : car la guerre, commencée en juin 1950 par les Coréens du Nord communiste avec l'aide et la bénédictionde Staline, a d'abord été une guerre de mouvement.
MacArthur d'abord ignominieusement refoulé au Sud, puis glorieusementremonté jusqu'au Yalou, frontière de la Chine, puis rejeté en dessous de Séoul par l'entrée en guerre des Chinois innombrables,MacArthur fulmine.
Il veut, pour en sortir, porter le combat en Chine même, en commençant par des bombardements.
C'estrisquer la troisième guerre mondiale.
Truman stoppe cette aventure: il limoge MacArthur.
Coup de théâtre à la fin de juin.
Jacob Malik, ambassadeur soviétique aux Nations unies, propose des conversations pour uncessez-le-feu, qui s'ouvrent d'abord à Kaesong en territoire nord-coréen, puis à Panmunjom sur le 38 e parallèle entre les deux Corées.
On n'attendra pas longtemps pour comprendre qu'on est devant une vieille ruse tactique de la guerre à la chinoise:négocier quand on a besoin de souffler, et continuer bientôt le combat tout en parlant de paix.
Ce qui convient fort bien à Stalineaussi.
Les combattants savent, eux, que cette guerre n'a pas de fin.
Elle est installée.
Elle a construit son univers à part, un monded'horreurs, d'absurdités et d'héroïsme.
Lorsqu'on quitte le paradis du Japon, prospère et joyeux, pour la Corée, on se retrouve sur la planète de la guerre.
Les plusenlisés dans le malheur sont les hommes du bataillon français.
Eux seuls ont été laissés sans " rotation ", c'est-à-dire sanspermissions à l'arrière ou au Japon.
Ils se sont pourtant couverts de gloire, sous le commandement du général Monclar.
Mais àParis, où on a déjà assez de mal avec l'Indochine, le bataillon de Corée est impopulaire, ou négligé.
Sur la planète de la guerre, reste-t-il seulement une Corée ? Dans une bande de territoire de 200 à 300 kilomètres deprofondeur, presque plus un Coréen en vue.
Plus de cinquante villes ont disparu.
Au Nord, côté communiste, nos bombes, disentles aviateurs, ne soulèvent plus que de la poussière et n'allument plus aucun incendie.
Tout est rasé jusqu'au Yalou, et sept millionsde Nord-Coréens vivent sous terre.
Au Sud, il faut beaucoup descendre pour retrouver quelques cités intactes, comme Fusan,d'ailleurs dans un état de misère, de saleté et de surpopulation épouvantable.
Le soldat chinois est plus que jamais fanatique.
La grande nouveauté, pour nous, c'est de découvrir peu à peu l'importance et lapuissance du fabuleux réseau de communications et de fortifications souterraines de l'ennemi.
C'est la réponse de la Chine àl'aviation américaine : les Chinois enterrés tiennent même sous les plus violents bombardements.
Sur de vastes étendues, lesmontagnes et les collines sont truffées de tunnels.
Dans les tranchées peu profondes, des puits étroits descendent dans un" métro " aux galeries interminables, avec logements, soutes à munitions ou à réserves, garages de camions ou même delocomotives, silos pour pièces d'artillerie, etc.
Au sortir du deuxième hiver, un événement historique secoue le monde : Staline est mort ! Et comme par enchantement, avantun mois, c'est un soudain dégel dans les conversations de Panmunjom, où les Chinois se montrent tout à coup conciliants.
Certes,il faudra encore trois mois de palabres, d'incidents et d'accusations mutuelles avant d'aboutir, mais on y arrivera.
Panmunjom :dans la plaine jaune et les collines, le " rond de l'armistice ", étroit terrain neutre où les généraux des deux bords se chamaillentquotidiennement et interminablement dans une espèce de cabane.
Les Américains ont découvert qu'ils pouvaient, à coups de bulldozers, faire grimper leurs chères jeeps et leurs camions jusqu'enhaut des montagnes.
Du coup, ils ont déjà désappris à marcher et grimper : c'est la route qui est venue rejoindre les hommes surles crêtes.
Par des lacets ahurissants, les véhicules à quatre roues motrices se hissent en rugissant jusqu'au sommet.
Quand onredescend, on traverse de formidables zones militaires avec des camps immenses, des dépôts, des positions d'artillerie lourde, oncircule sur des routes géantes que des centaines de coolies coréens réparent à mesure que les camions les défoncent.
Fantastique aussi, la logistique américaine qui ravitaille et qui sert les forces de l'avant.
Il y a dix Américains à l'arrière pour unau front.
L'intendance est d'une importance et d'un perfectionnement incroyables.
Un colonel me fait visiter une des plus bellesnouveautés de son secteur : la blanchisserie régimentaire.
A cheval sur un torrent abondant, il a installé un curieux monstre kaki,vaste édifice de toile, compliqué et fumant de vapeur.
A un bout, en amont, trois cents hommes se présentent, ils se mettent toutnus.
D'énormes machines s'emparent de leurs vêtements, et dans le torrent dont elles font bouillir les eaux, les lavent, pendant queles hommes se douchent.
A la sortie en aval, on rhabille toute la compagnie de vêtements bien repassés.
Le 27 juillet, enfin, à Panmunjom, le général Harrisson et le général nord-coréen Nam Il signent l'accord d'armistice.
Dix-huit.
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