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L'appel de Stockholm

Publié le 22/02/2012

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19 mars 1950 - L'appel de Stockholm a été le point d'orgue d'un vaste mouvement " pacifiste " animé par les militants communistes dans le monde entier, en particulier entre 1948 et 1952. C'est en août 1948 que se tient à Wroclaw (Pologne) un Congrès mondial des intellectuels pour la paix; dominé par l'intervention des Soviétiques, qui soulignent le partage du monde en deux camps (suivant ainsi la doctrine de guerre froide définie par Jdanov lors de la création du Kominform dès l'automne 1947), le Congrès désigne un Comité permanent mondial composé d'intellectuels connus, essentiellement progressistes et communistes; les Français y tiennent une place de choix : Frédéric Joliot-Curie en est président du bureau et Jean Laffitte (permanent du PCF), secrétaire général. Le Comité convoque un congrès mondial des partisans de la paix qui se tient en 1949 à Paris et engage une grande campagne de signatures en faveur de la paix, à l'automne 1949 (six millions de signatures en France). Le 19 mars 1950, alors même que l'URSS vient de se doter de la bombe A, le Comité lance l'appel de Stockholm, qui recommande l' " interdiction absolue de l'arme atomique "; cet appel recueillera (au dire des organisateurs, mais ces chiffres sont absolument incontrôlables) six cent millions de signatures, dont quatorze millions en France. Durant l'année 1950, le PCF, comme tous les partis communistes des pays capitalistes, met la signature de l'appel au centre de son activité et ce, au moment même où le camp communiste passe à l'offensive en Corée (juin 1950). En novembre 1950, se tient à Varsovie, un troisième congrès; le Comité permanent, transformé en Conseil mondial pour la paix, lance, le 25 février 1951, autour de l'appel de Berlin, une grande campagne qui recueillera, en France, neuf millions de signatures; cet appel prônait un pacte des Cinq Grands et une conférence au sommet pour mettre fin aux conflits en cours. Après 1952, le Mouvement de la paix perd de son importance dans la stratégie communiste et donc de sa vitalité. Il a correspondu exactement à la période la plus dure de la guerre froide, au moment où le système communiste s'est replié sur lui-même pour " digérer " ses conquêtes de 1944-1949 (Europe de l'Est et Chine). Ce mouvement était destiné à affaiblir la riposte que le camp occidental pouvait envisager contre cette expansion, et il constitue un excellent exemple du type de campagne que les communistes sont capables de lancer sur le plan mondial quand ils souhaitent toucher un large public. STEPHANE COURTOIS Le Monde du 19 février 1985

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