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L'AMOUR MATERNEL CHEZ MME DE SEVIGNE

Publié le 17/01/2022

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La plus importante partie de la correspondance de Mme de Sévigné a été adressée à sa fille, quand celle-ci, devenue Mme de Grignan, eut rejoint son mari en Provence, où il était lieutenant-général. Comment cette partie-là ne ferait-elle pas, plus intensément que les autres, l'histoire d'une âme ?
L'amour de la marquise pour sa fille a été un sentiment passionné et profond que la séparation exaltait. Passionné, car il était aveugle (ce que prouve son indulgence soumise, jusque dans les plaintes qu'elle lui en fait, pour la froideur de Mme de Grignan) et' injuste (elle ne réserve à son charmant fils, Charles de Sévigné, qu'ami-fié et- affection bien tranquilles). Profond aussi, car elle en avait le coeur exclusivement et constamment comblé. Mais un amour maternel aussi passionné et profond ne donnera-t-il qu'emportement, joie et douleur ? Il sera aussi inspirateur de grâce et de délicatesse. Quand sa fille quitte Paris pour Grignan, Mme de Sévigné est une louve blessée; mais quand elle suit par la pensée ses déplacements, imagine sa vie en Provence, rassemble en nouvelles et en contes tout ce qui peut l'amuser, elle a comme des antennes fines et exquisément sensibles.
C'est pourquoi d'ailleurs elle a pu donner une étonnante variété de tours à l'expression d'un sentiment unique et inaltérable. Tantôt c'est une vision tourmentante de sa fille abandonnée en bateau au terrible courant du Rhône. Tantôt c'est un cri : « Ma chère enfant, je n'en puis plus, votre souvenir me tue en-- mille occasions. «. Tantôt c'est la peur de « tourner les yeux « vers les jours où sa fille, pourtant bien guérie, a été malade. Tantôt c'est une accalmie à peine moins émouvante : « Me voici à la joie de mon cœur, toute seule dans ma chambre à vous écrire paisiblement «.
On voit qu'une telle correspondance a été appelée justement « le livre de l'amour maternel «.

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