L'aménagement des reptiles: motivations d'abord sacrées, puis d'ordre médical...

Dès la plus haute Antiquité, certains animaux revêtirent un caractère sacré. Parmi ceux-ci, les reptiles eurent une certaine importance, particulièrement les serpents. Chez les Perses, le chien et le serpent buvant le sang d'un taureau sacrifié représentaient la terre fécondée. Les Hébreux et les Egyptiens pratiquèrent également l'adoration du serpent. A l'époque minoenne, un culte du serpent exista en Crète et subsista ultérieurement dans la mythologie grecque: ainsi trouvait-on des serpents dans les temples d'Asclépios, à l'Acropole d'Athènes. Ces animaux étaient généralement gardés dans des fosses suffisamment profondes pour les empêcher de s'enfuir. C'est ainsi que sous la domination romaine, Antioche, capitale de la Syrie, posséda une fosse remplie de serpents dans laquelle fut précipitée sainte Thècle, la première femme chrétienne à subir le martyre. La couleuvre d'Esculape (Asclépios), apportée d'Epidaure, parut à Rome en l'an 291 av. J.-C. et s'introduisit, comme un génie familier, dans de nombreux temples et dans presque toutes les maisons romaines. Ces couleuvres et d'autres espèces indigènes se reproduisaient en telle abondance que leur pullulation serait devenue un véritable fléau si la fréquence des incendies n'avait régulièrement détruit une partie de leurs oeufs. Ces couleuvres, outre certains serpents venimeux, fournissaient un grand nombre de remèdes et quantité de guérisons étaient attribuées à leur usage en application, en bouillon, en poudre ou en pastilles nommées «thériaques» (soit «relatives aux bêtes») par les Grecs. L'usage de ces médicaments s'étendit de l'Antiquité jusqu'à la fin du XVIII siècle; le commerce des vipères fut alors si lucratif que de nombreux collecteurs et médecins créèrent des parcs à vipères (vipéreries), constitués de champs généralement entourés de hauts murs de pierres, afin de conserver ces animaux en captivité.