La végétation des marais d'eau douce, en zone tempérée, dépend du régime et de la nature des eaux d'inondation.

Si un lac représente un milieu en perpétuelle évolution chimique, à combien plus forte raison le sera un étang ou un marais intérieur. Un lac, au terme de son évolution (on dira aussi, son vieillissement), sera entièrement comblé et se transformera en une grande étendue marécageuse. Il n'est donc pas hors de propos de parler du métabolisme d'une nappe d'eau, dans le sens d'une transformation complète, cela est comparable à un organisme. Le terme est fréquemment employé. Il nous restera à indiquer les différents milieux eutrophes, oligotrophes et dystrophes qui doivent être distingués pour une totale compréhension du processus. Dans le moment présent, schématisons un peu et parlons d'eaux dormantes. Les plantes à fleurs apparentes ne sont pas absentes des nappes d'eau douce, qu'il s'agisse de plantes flottantes ou de plantes submergées mais fixées au fond. Simplement leur densité est accrue sur les bords, toute cette végétation va donc se développer en couronnes concentriques. La profondeur de l'eau va d'ailleurs régler cette répartition dès le début, mais aussi de moins en moins, car cette profondeur va en s'amenuisant du seul fait de la sédimentation. La végétation se rapprochera inexorablement du centre de la nappe et ce sera la fin. Naturellement, la composition floristique variera non seulement dans l'espace et le temps, mais selon l'emplacement géographique précis. La composition chimique des eaux et les qualités du sol dictent la nature des plantes colonisatrices. C'est aussi pourquoi on peut avoir deux aspects de comblement (tourbières basses ou bombées). Il y a toujours décomposition des végétaux puis minéralisation lente et par là même accumulation de tourbe. Tout est question de savoir aux dépens de quelles plantes elle se forme. A tourbières basses, sol à réaction alcaline. Dans le même sol, un assèchement — provenant d'un abaissement naturel ou artificiel de la nappe d'eau — laisse aux arbres la possibilité de s'implanter. Les tourbières bombées se forment en milieu acide, avec difficulté dans la décomposition des matières. Une tourbière «vivante» forme un biotope original, ne serait-ce que pour une foule d'insectes. Une tourbière comblée est un lieu aseptisé excellent pour la conservation des restes animaux et végétaux. On a pu, des milliers d'années après, se livrer à d'intéressantes déterminations