La Roumanie rejoint les Alliés
Publié le 17/01/2022
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23 août 1944 - Le 23 août 1944 au matin, la Roumanie, occupée depuis près de quatre ans par la Wehrmacht et dirigée par le " Pétain roumain ", Ion Antonescu, est encore la quatrième puissance le l'Axe, avec l'Allemagne, le Japon et l'Italie. Depuis le 22 juin 1941, elle a engagé 780.000 soldats contre l'URSS, dont 350.000 sont tombés au combat, 270.000 civils ont péri.
Si la monarchie parlementaire d'avant-guerre a laissé la place à une dictature fasciste, antisociale et antisémite, l'institution monarchique demeure, avec le jeune roi Michel (vingt-trois ans), dont le père, Carol II, a abdiqué pour s'exiler lors de l'avènement d'Antonescu. Et si les partis politiques ont été interdits et leurs dirigeants emprisonnés la résistance au régime s'est organisée dans la clandestinité.
Le jour même où les troupes soviétiques pénètrent dans le pays, le roi Michel convoque dans son bureau le maréchal Antonescu, le fait arrêter par quelques soldats fidèles, et forme avec les sociaux-démocrates et les communistes un gouvernement d'union nationale. Le 23 août 1944 au soir, la Roumanie est devenue la quatrième puissance alliée, après l'URSS, les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Elle engage contre l'Allemagne et ses satellites 540.000 soldats, dont 170.000 ne reviendront pas (outre 80.000 victimes civiles). Mais L'URSS ne signera l'armistice que le 12 septembre suivant : durant vingt jours, la Roumanie, devenue ennemie de l'Axe, sera encore traitée en ennemie des Alliés.
Le Parti communiste a participé au renversement d'Antonescu selon la mesure de ses forces : un millier de membres environ (dans un pays de 19 millions d'habitants dans les frontières de 1939).
La marche au fascisme
Pourtant, les motifs du retournement roumain du 23 août 1944 sont à mille lieues de la lutte des classes. Jusqu'en juin 1940, la Roumanie, nettement amie des Alliés, qui avaient d'ailleurs garanti ses frontières le 13 avril 1939, réprime fermement le fascisme à l'intérieur et tente de défendre à l'extérieur les Etats nationaux issus de 1918.
Le 22 juin 1940, la protectrice de la Roumanie-la France-succombe aux assauts allemands. Quatre jours après, l'URSS intime à la Roumanie l'ordre d'évacuer en quarante-huit heures les 50.500 kilomètres carrés, peuplés de près de 4 millions d'habitants, de la Moldavie orientale (Bucovine du Nord et Bessarabie). Le roi Carol II cède, tandis que les routes sont déjà noires de réfugiés.
C'est ce traumatisme, dont Carol II ignore les complicités berlinoises, qui jette le pays dans l'orbite allemande. Le roi cède sur tout. En juillet 1940, les légionnaires de la Garde de fer, organisation fasciste, entrent au gouvernement, le royaume se retire de la Société des nations, des pogroms restent impunis, le droit de grève et les conquêtes sociales de 1923 sont abolis. En août, 65 000 kilomètres carrés et 1 600 000 Roumains sont encore abandonnés aux amis de l'Allemagne, le " diktat de Vienne " attribuant deux départements à la Bulgarie, et la moitié nord de la Transylvanie à la Hongrie (qui revendiquait toute cette province où, à côté des 3 500 000 Roumains, vivaient 1 600 000 Hongrois et 600 000 Allemands). En septembre, Carol Il abandonne son trône, laissant la couronne à son fils mineur Michel et son pouvoir à Antonescu et à la Garde de fer. En octobre, la Wehrmacht est " invitée " dans le pays. En novembre, la Roumanie adhère au pacte tripartite les légionnaires massacrent les bourgeois, les " ploutocrates ", les juifs, les anciens dirigeants politiques ou ministres, les intellectuels et bien d'autres. En décembre, les syndicats sont interdits.
Eviter l'occupation soviétique
22 juin 1941. La Roumanie se lance, aux côtés des Allemands, dans l'attaque de l'URSS. Et si Antonescu récupère pour trois ans la Moldavie orientale, il dépasse le Nistre (Dniestr), frontière ethnique et historique de la Moldavie et de la Roumanie, et envoie l'armée au massacre jusqu'à Stalingrad.
A partir de Stalingrad-et seulement à partir de ce moment-là-, tant Antonescu que l'opposition clandestine (c'est-à-dire les anciens partis politiques, en accord avec le roi Michel) cherchent à se dégager des liens avec l'Axe et à conclure un armistice séparé. Leur but commun est d'obtenir des Occidentaux un débarquement dans les Balkans et une occupation du pays par leurs armées, et non par l'armée rouge. Barbu Stirbei, émissaire de l'opposition auprès des Alliés, qui finit par accepter les conditions (y compris le libre passage de l'armée rouge), obtient la " garantie " des frontières de 1939 et de la démocratie parlementaire selon la Constitution de 1923.
En échange de quoi, l'opposition s'engage à rejoindre le camp allié. Telles sont les raisons du retournement du 23 août 1944.
Une semaine après, les Soviétiques sont à Bucarest, à Sofia, à Belgrade : le front des Balkans s'effondre. Mais l'armée rouge ne se contente pas de passer. Tandis que les Roumains se battent contre l'Allemagne en Hongrie, elle s'installe dans le pays à demeure et fournit au PC-qui se gonfle rapidement d'une masse d'opportunistes et d'arrivistes-la force et la logistique indispensables à sa prise du pouvoir.
Le PC s'empare petit à petit, de 1944 à 1948, de tous les secteurs de la société, réduisant l'une après l'autre les résistances rurales, syndicales, patronales, politiques ou culturelles. Le 6 mars 1945, après trois semaines de manifestations anticommunistes, c'est le gouvernement lui-même qui est " démissionné " par Vychinski, ministre soviétique des affaires étrangères, et remplacé par un gouvernement prosoviétique à ministres communistes ou apparentés. En novembre 1946, les élections sont organisées. Les résultats donnent au PC et à ses alliés 91 % des députés.
Le roi Michel est " abdiqué " le 30 décembre 1947, après l'interdiction de tous les anciens partis politiques. La République populaire roumaine peut naître, toujours amputée de la Moldavie orientale. Elle a ses origines dans le coup d'Etat du 6 mars 1945, et nullement dans le retournement du 23 août 1944.
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