La reproduction d'espèces rares: une opération souhaitable dans les zoos, mais qui peut offrir des risques

Lorsqu'une espèce animale se reproduit bien en captivité et que sa population libre est en danger d'extinction, les jardins zoologiques peuvent en prélever des individus afin de constituer des groupes reproducteurs qui se développeront en sécurité. Pour les espèces ne se reproduisant que très difficilement en captivité, ces prélèvements présentent toutefois de grands risques. Tel est le cas du condor de Californie, un des oiseaux de proie les plus rares du monde: l'effectif total de l'espèce, autrefois abondante au sud et à l'ouest des USA ainsi qu'au Mexique, était de 46 individus lors du dernier recensement, en 1967. Si la majorité des oiseaux de proie nidifient difficilement en captivité, la famille des condors fait exception. Quatre espèces sur six, dont le condor des Andes, se sont reproduites dans plusieurs zoos. A l'état sauvage, cet oiseau n'élève qu'un seul petit tous les deux ans, en raison de sa longue période d'éducation dans le nid. Afin de donner au condor des Andes la possibilité de pondre davantage et d'obtenir des petits plus fréquemment, le Zoo de San Diego. prélève le jeune à un certain stade de son développement, afin de l'élever indépendamment des parents. Cette méthode a permis d'obtenir une couvée par an et le condor des Andes s'est ainsi mieux reproduit en captivité qu'il ne le fait en liberté. Divers projets de sauvetage ont été proposés pour le condor de Californie. Il y a quelques années, la «California State Game Commission» autorisa le Zoo de San Diego à prélever des oeufs ou capturer des jeunes de cette espèce, afin de créer un centre de reproduction. Ce projet a malheureusement échoué et a été abandonné. Le risque d'une telle opération était très grand et l'opinion des spécialistes n'a pas fait l'unanimité. La capture d'individus d'une espèce devenue aussi rare et au détriment de sa population libre peut en effet gravement réduire le potentiel de reproduction si les dispositions prises n'aboutissent pas favorablement. La décision est difficile à prendre et il faut parfois admettre qu'une tentative de sauvetage ne peut plus se justifier en certains cas.