La première mort de l'Indochine française
Publié le 17/01/2022
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Afin de contrebalancer le poids de la présence nippone et d'assourdir le chant des sirènes panasiatiques, Decoux favorisel'instruction des 80 % d'analphabètes, facilite l'accès de la fonction publique aux élites locales, égalise leurs traitements à titresidentiques.
Avec son goût du faste et son sens du symbole, il va même jusqu'à flatter les patriotismes lao, khmer et vietnamien.
Tout cela ne va pas, évidemment, sans l'exaltation de la " France tutélaire " personnifiée par un maréchal dont on souligne lesvertus " confucéennes ".
D'Alger, le général de Gaulle commence à regarder vers l'Indochine.
Le chef de la France libre songe au rétablissement del'empire dans son intégralité et juge " indigne et dérisoire d'observer jusqu'au bout à l'égard des japonais une complaisantepassivité ".
L'intention est ferme, les réalités abruptes.
De Gaulle n'a pas les moyens d'agir seul.
Il dépend des Alliés, et, en Extrême-Orient, surtout des Américains, aussi bien pour letransport et le matériel que pour les décisions militaires.
Or Roosevelt qui a été sourd en 1940 et 1941 aux appels de Catroux etde Decoux, est opposé à un retour de la France coloniale en Indochine.
Irréalisme
C'est donc avec le seul soutien de la Grande Bretagne, autre puissance coloniale, qu'un premier élément du corpsexpéditionnaire part à Ceylan, siège du South East Asia Command de lord Mountbatten.
Mais c'est à l'intérieur de l'Indochineque de Gaulle, tenu à l'écart et dans l'ignorance de la stratégie anglo-américainne, juge capital d'organiser une résistance dansl'éventualité d'un débarquement allié ou d'une agression japonaise.
Il désigne à cet effet le général Mordant, chef hiérarchique del'armée d'Indochine comme délégué général du Comité de la France libre.
Mordant n'est guère l'homme de la situation.
Il se montre hésitant, peu efficace.
On le dit rancunier, jaloux de l'amiral Decoux,qu'il déteste et qui le lui rend bien.
Après l'installation du gouvernement provisoire à Paris, Decoux demande confirmation de sespouvoirs.
De Gaulle le juge trop vichyssois pour mener le mouvement de résistance mais lui ordonne de rester à son poste et dedonner le change aux japonais.
L'amiral fait acte d'obédience.
Un conseil de l'Indochine est secrètement constitué avec deuxtêtes, Decoux servant de camouflage à Mordant, chef clandestin.
C'est " atteler un dragon et un tigre à un char de fumée " dirait leproverbe chinois.
Le plan d'opérations mis au point dans la perspective d'un coup de force nippon considéré comme plus probable qu'undébarquement allié baigne dans l'irréalisme.
L'armée doit " en cas d'agression ", se dégager pour éviter l'écrasement et se replierdans les zones de guérilla dans les régions montagneuses imaginées comme autant de Vercors.
En application du plan, on expédie sur le terrain quelques éléments, on parachute des matériels, on établit des liaisons radio, quipermettent d'ailleurs quelques bombardements efficaces.
Après l'avènement à Paris du gouvernement gaulliste, les japonais n'ontplus confiance dans l'administration Decoux et envisagent une prise en main de la colonie.
Lorsque la bataille des Philippines s'avère perdue pour eux en décembre 1944, ils craignent un débarquement et remanient leurdispositif.
Des troupes de Chine et de Birmanie arrivent en renfort pour former la 38 e armée.
Au début de 1945, ils disposent de 60 000 hommes.
Ils organisent aussi les auxiliaires vietnamiens en unité spéciale le Yasu Butaï, à des fins de propagande, derenseignement et de sabotage.
En janvier, de violentes attaques aériennes contre leurs convois maritimes leur font croire à l'imminence d'une opération alliée.En février, la Conférence suprême sur la conduite de la guerre décide de déclencher le coup de force et d'accorderl'indépendance aux Etats indochinois.
Le 9 mars, l'ambassadeur Matsumoto remet à Decoux un ultimatum lui enjoignant de placeradministration et forces armées sous commandement japonais.
Decoux essaye de temporiser, mais l'opération Mei est déjàdéclenchée.
Chez les français, c'est la surprise.
L'armée n'est pas en état d'alerte.
Submergées, les garnisons capitulent presque toutes rapidement.
La quasi-totalité des chefs militaires sont capturés.
A Saïgon,Matsumoto peut déclarer à son entourage " Tout s'est passé comme si rien ne s'était passé! " L'opération Mei aura duré la moitiédu temps envisagé par ses auteurs.
Il y a eu cependant des résistances et des combats héroïques, comme à Dong-Dang, où touts'est achevé par un massacre au sabre et à la baïonnette.
A Lang-Son, le général Lemonnier est tué.
Decoux, Mordant et leurs collaborateurs sont internés, l'armée parquée dans les " camps de la mort lente ".
Les civils sont.
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