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La Poésie Est-Elle Vouée, Selon Vous, À L'Expression Des Sentiments Personnels Du Poète ?

Publié le 22/02/2012

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Le mot poésie vient du verbe grec poiein qui signifie "produire", "créer". Le poète se donne un pouvoir d'invention et de création verbale en exploitant toutes les ressources de la langue. La poésie est un travail sur les mots, un art du langage qui en explore toutes les ressources et vise à exprimer ou suggérer quelque chose, en jouant sur les sonorités, le rythme, la musicalité. A l'origine, la poésie était chantée accompagnée d'une lyre, ce qui a donné naissance à la notion de poésie lyrique. Chaque auteur révèle une partie de lui-même dans son oeuvre, fait partager ses sentiments et ses émotions. On peut néanmoins se demander si l'expression des sentiments personnels rend compte de l'ensemble de la littérature poétique. Certes, la poésie sert souvent l'expression d'un "moi" intérieur. Mais elle est également en lien avec le monde, comme pour la poésie engagée par exemple. C'est également une clé de compréhension du monde. La poésie est un moyen pour le poète d'extérioriser ses sentiments, notamment par le biais du registre lyrique. Elle lui permet d'exprimer l'authenticité de ses émotions, de sa sensibilité, de son intimité. Le lyrisme est ainsi une tonalité majeure de la poésie, et se retrouve partout, du Moyen Age où les troubadours chantaient l'amour, jusqu'au XXème siècle avec des poètes tels qu'Aragon ou Eluard. La poésie lyrique est centrée sur le "moi", chante le malheur, le bonheur, les doutes et les craintes de l'auteur. Elle permet à l'auteur de faire part des émotions intenses, des sentiments, de l'affectivité qui caractérisent l'être humain. Anna de Noailles, dans J'écris, dit ainsi "J'ai dit ce que j'ai vu et ce que j'ai senti". Le poète, par l'utilisation du "je", se place en position centrale. A travers ce "je" auquel chacun peut s'identifier, il incarne la condition humaine au travers de l'expression des sentiments, le plus souvent dans la souffrance. La poésie est en effet souvent reliée à des sentiments mélancoliques ou de désespoir. Pour Musset, l'inspiration poétique proviendrait même de cette souffrance : "Les plus désespérés sont les chants les plus beaux", dit-il. Le thème privilégié, surtout chez les romantiques mais aussi chez les poètes des courants suivants, est celui de l'amour. Les femmes inspirant cet amour, dans le bonheur ou dans la souffrance, sont parfois devenues de véritables muses, comme Jeanne Duval pour Baudelaire ou Elsa pour Aragon. Apollinaire, dans Le Guetteur Mélancolique, crie sa douleur de ne pas être aimé et apostrophe "ô mon c½ur". Les Sonnets de Louise Labbé sont également inspirés par une déception amoureuse. Le poète est souvent un être malheureux, mais l'amour n'est pas la seule cause de son désarroi. Il s'agit parfois d'un mal plus abstrait, plus profond : le spleen. C'est un état d'insatisfaction générale de l'âme, une sensation de vide, d'inachèvement. Au XIXème siècle, de nombreux poètes ressentent un manque essentiel, un besoin d'idéal ou d'ailleurs qu'ils ne peuvent exprimer qu'à travers la poésie. Baudelaire évoque ainsi dans Spleen les "longs ennuis" et "l'Angoisse atroce", qui qualifient son mal-être, son mal de vivre. En plus de ce dégoût du monde, le poète recherche parfois un idéal, un monde meilleur. Baudelaire, dans le poème Elevation, exprime ainsi son désir d'ascension vers un idéal qu'il ne peut trouver sur Terre. Stéphane Mallarmé, dans Poésies, ressent des tourments si profonds que seule la mort lui paraît libératrice : "j'ôterai la pierre et me pendrai". La poésie se fait alors plainte élégiaque. Cet art peut également être l'occasion de s'explorer, de se rechercher, comme Rimbaud quand il affirme que "je est un autre". Au début du XXème siècle, Nerval amorce le mouvement du surréalisme, qui donnera naissance à des poèmes insolites, dominés par des métaphores étranges. Les poètes surréalistes sont en quête d'eux-mêmes, et donnent libre cours à leur inconscient notamment par le biais du poème en prose. Cette prose poétique est qualifiée par Baudelaire de "musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme". Il illustre le genre dans Le Spleen de Paris. Verlaine, dans Les faux beaux jours, s'exprime à travers un lyrisme symbolique, personnel, et renvoie à son passé dans un désir de rédemption. La poésie permet donc ainsi au poète d'exprimer ses sentiments, que ce soit dans l'amour, le spleen ou la quête de soi-même. Cependant, la poésie n'est pas centrée uniquement sur la personnalité et les émotions du poète. Elle lui permet de faire le lien entre l'homme et la nature, et de mieux comprendre le monde. Quant à la poésie engagée, c'est un outil qui permet au poète d'exprimer ses opinions politiques et d'inciter le lecteur à l'action, afin de changer la société. Tandis que certains auteurs comme Verlaine refusent que la poésie soit au service d'un engagement et revendiquent "de la musique encore et toujours!", d'autres écrivains se servent de la poésie pour leur militantisme, et mettent la force de l'écriture au service de leurs idées. Cette poésie engagée prend son essor surtout au XIXème siècle chez les Romantiques, après la révolution. Ainsi, Victor Hugo dénonce Napoléon III dans Napoléon le Petit, et les horreurs de la guerre avec, par exemple, L'Enfant. En effet, la forme poétique renforce la puissance de l'argumentation, permet de susciter colère et pitié chez le lecteur. L'utilisation d'images poétiques telles que "son crâne était ouvert comme un bois qui se fend" dans Les Châtiments, ajoute de l'émotion et augmente les chances de convaincre le lecteur par rapport à une autre forme littéraire. La poésie peut donc aider le poète à susciter une action, à éveiller la conscience de ses contemporains. Robert Desnos, avec Maréchal Ducono, se sert d'un poème pamphlétaire et satirique pour dresser un portrait virulent du maréchal Pétain. Avec la poésie engagée, le poète n'exprime plus seulement ses opinions et sentiments personnels : il agit pour transformer une société qui le révolte. En plus des opinions politiques, l'amour de la liberté est un thème fréquent chez les poètes engagés. On peut le constater par exemple dans l'½uvre Poésie et Vérité de Paul Eluard, avec son célèbre poème Liberté, où il nous fait comprendre la notion abstraite de liberté à travers une série d'images concrètes. Bien qu'elle puisse exprimer des opinions politiques et idéologiques, la poésie reste tout de même une création artistique qui peut également être une clé de compréhension du monde. Le poète, tel que Baudelaire dans L'Harmonie du Soir, peut faire pour ses lecteurs un lien avec la nature, afin de nous redonner un regard neuf sur le monde, ce qui se retrouve dans le courant de peinture des impressionnistes. Par un système d'échos et de correspondances, que l'on peut remarquer dans les Ariettes du recueil Romance sans paroles de Verlaine, le poète nous montre l'unité qui peut exister dans le monde, le lien entre tous les éléments qui le composent, et peut-être tente de nous révéler une part du mystère de ce monde. Dans le poème en prose Aube, la poésie de Rimbaud a le pouvoir d'illuminer le monde, de le féconder par les images, et ainsi de le réenchanter. Dans son célèbre poème Correspondances, Baudelaire définit la nature comme un espace où de multiples relations entre les êtres et les objets sont perturbées. Il évoque des "forêts de symboles", qui doivent être restaurés par le poète afin que le monde retrouve son sens. La poésie peut ainsi avoir pour fonction de rénover notre regard sur notre environnement. Le poète est donc presque un être supérieur, privilégié, doté du pouvoir de changer la vision des gens sur le monde. Rimbaud, dans sa Lettre à Paul Demeny, dit ainsi "Le Poète se fait voyant". De même, dans Les Rayons et les Ombres, Victor Hugo assimile la poésie à un intermédiaire entre les hommes et Dieu : "Car la poésie est l'étoile/Qui mène à Dieu rois et pasteurs!". Jules Laforgue, dans le poème Intarissablement de ses ¼uvres Complètes, s'intéresse à de grands problèmes encore irrésolus par l'humanité, tels que le sens de la vie et de la mort ou encore la puissance du temps. D'autres auteurs, comme Francis Ponge, se rapprochent du réel en décrivant des objets issus de la vie quotidienne, par exemple du pain, dans Le Parti pris des Choses. Il nous amène ainsi à modifier notre perception d'un objet en apparence trivial que nous ne voyons plus, en nous le présentant de manière inattendue. La poésie peut également être une fin en soi, et posséder ainsi une fonction purement esthétique. Le poète peut rechercher une harmonie sonore, rythmique et visuelle, par exemple avec l'utilisation de calligrammes comme Apollinaire dans Calligrammes. Le poète crée un monde d'images, comme Baudelaire qui dans Les Fleurs du Mal décrit le poète comme un albatros. Dans Romance sans Paroles, Verlaine décrit des paysages embellis par l'utilisation d'images poétiques. Dans le recueil Illuminations, Rimbaud décrit des paysages insolites, une réalité transfigurée par le langage. Verlaine nous dit dans Jadis et Naguère, L'Art Poétique, privilégier la recherche du beau, de l'effet rythmique ou sonore sur la construction du sens : la poésie est alors plus à ressentir qu'à comprendre, elle se fait beauté et harmonie pures, c'est un art au même titre que la peinture et la musique. La poésie perce ainsi les apparences afin de démystifier le monde et d'en décrypter le fonctionnement. Elle reste également une création artistique appréciée simplement pour sa beauté.

« chez le lecteur.

L'utilisation d'images poétiques telles que "son crâne était ouvert comme un bois qui se fend" dansLes Châtiments, ajoute de l'émotion et augmente les chances de convaincre le lecteur par rapport à une autreforme littéraire.La poésie peut donc aider le poète à susciter une action, à éveiller la conscience de ses contemporains.

RobertDesnos, avec Maréchal Ducono, se sert d'un poème pamphlétaire et satirique pour dresser un portrait virulent dumaréchal Pétain.

Avec la poésie engagée, le poète n'exprime plus seulement ses opinions et sentiments personnels :il agit pour transformer une société qui le révolte.En plus des opinions politiques, l'amour de la liberté est un thème fréquent chez les poètes engagés.

On peut leconstater par exemple dans l'½uvre Poésie et Vérité de Paul Eluard, avec son célèbre poème Liberté, où il nous faitcomprendre la notion abstraite de liberté à travers une série d'images concrètes. Bien qu'elle puisse exprimer des opinions politiques et idéologiques, la poésie reste tout de même une créationartistique qui peut également être une clé de compréhension du monde. Le poète, tel que Baudelaire dans L'Harmonie du Soir, peut faire pour ses lecteurs un lien avec la nature, afin denous redonner un regard neuf sur le monde, ce qui se retrouve dans le courant de peinture des impressionnistes.

Parun système d'échos et de correspondances, que l'on peut remarquer dans les Ariettes du recueil Romance sansparoles de Verlaine, le poète nous montre l'unité qui peut exister dans le monde, le lien entre tous les éléments quile composent, et peut-être tente de nous révéler une part du mystère de ce monde.

Dans le poème en prose Aube,la poésie de Rimbaud a le pouvoir d'illuminer le monde, de le féconder par les images, et ainsi de le réenchanter.Dans son célèbre poème Correspondances, Baudelaire définit la nature comme un espace où de multiples relationsentre les êtres et les objets sont perturbées.

Il évoque des "forêts de symboles", qui doivent être restaurés par lepoète afin que le monde retrouve son sens.

La poésie peut ainsi avoir pour fonction de rénover notre regard surnotre environnement.

Le poète est donc presque un être supérieur, privilégié, doté du pouvoir de changer la visiondes gens sur le monde.

Rimbaud, dans sa Lettre à Paul Demeny, dit ainsi "Le Poète se fait voyant".

De même, dansLes Rayons et les Ombres, Victor Hugo assimile la poésie à un intermédiaire entre les hommes et Dieu : "Car lapoésie est l'étoile/Qui mène à Dieu rois et pasteurs!".Jules Laforgue, dans le poème Intarissablement de ses ¼uvres Complètes, s'intéresse à de grands problèmes encoreirrésolus par l'humanité, tels que le sens de la vie et de la mort ou encore la puissance du temps.D'autres auteurs, comme Francis Ponge, se rapprochent du réel en décrivant des objets issus de la vie quotidienne,par exemple du pain, dans Le Parti pris des Choses.

Il nous amène ainsi à modifier notre perception d'un objet enapparence trivial que nous ne voyons plus, en nous le présentant de manière inattendue.La poésie peut également être une fin en soi, et posséder ainsi une fonction purement esthétique.

Le poète peutrechercher une harmonie sonore, rythmique et visuelle, par exemple avec l'utilisation de calligrammes commeApollinaire dans Calligrammes.

Le poète crée un monde d'images, comme Baudelaire qui dans Les Fleurs du Mal décritle poète comme un albatros.

Dans Romance sans Paroles, Verlaine décrit des paysages embellis par l'utilisationd'images poétiques.

Dans le recueil Illuminations, Rimbaud décrit des paysages insolites, une réalité transfigurée parle langage.

Verlaine nous dit dans Jadis et Naguère, L'Art Poétique, privilégier la recherche du beau, de l'effetrythmique ou sonore sur la construction du sens : la poésie est alors plus à ressentir qu'à comprendre, elle se faitbeauté et harmonie pures, c'est un art au même titre que la peinture et la musique. La poésie perce ainsi les apparences afin de démystifier le monde et d'en décrypter le fonctionnement.

Elle resteégalement une création artistique appréciée simplement pour sa beauté. Sujet désiré en échange : La fiction relève du mensonge ou de l'illusion.

On ne saurait donc en faire le moyen d'une réflexion sérieuse ; lafiction ne peut servir à l'expression de la pensée.

Cette affirmation vous paraît-elle justifiée ?. »

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